jeudi 26 août 2010

Anticosti: l'émerveillement

Chute Vauréal, Anticosti, 2005
Chute Vauréal, Anticosti, 2010


L'Ile d'Anticosti a tout pour fasciner. Elle m'a séduit, émerveillé, intrigué, bousculé dans mes principes. C'est un phénomène unique en son genre en Amérique. Il y a peu d'endroit au monde qui ont conservé un paysage sauvage naturel sur une si grande étendue: 17 fois l'Ile de Montréal, soit 222 km par 56 km. On dit même qu'il y a sur l'Ile d'Anticosti une des plus grandes concentrations de fossiles au monde, témoin d'un passé riche en espèces animales embryonnaires.

En même temps, c'est un puissant symbole qui témoigne de la bataille de l'homme à la fois pour et contre la nature. La chute Vauréal, c'est un peu l'emblème de l'Ile d'Anticosti. Avec ses 76 mètres d'altitude, l'équivalent d'un édifice de 15 étages, elle représente la 2è chute en importance au Québec, après la chute Montmorency haute de 83 mètres.

Si vous avez remarqué, il y a une différence marquée avec la photo de la chute prise en 2005 et celle que j'ai prise en juillet dernier. Le débit a beaucoup diminué. On a remarqué le même phénomène pour la chute Montmorency. Certains accusent les changements climatiques provoqués par l'homme. Vérité ou mensonge? Accusation alarmiste? L'avenir le dira. Mais une chose est sûre: le manque de précitation de 2010 a affecté le niveau des cours d'eau.

La chute Vauréal se trouve dans un environnement naturel exceptionnel: un des canyons parmi les plus impressionnants en Amérique du Nord. Il s'étend sur 3 km de long. Il fourmille de fossiles. Et on peut aller y tremper les pieds en famille. Imaginez l'euphorie!

Rivière Vauréal


La nature est grandiose, accueillante et sauvage à la fois. Y faire des randonnées en famille dans le calme a quelque chose d'unique. On se croit seul au monde, à l'abri de tous les conflits et problèmes de la terre. Même les animaux semblent se sentir en sécurité.

Et c'est peut-être parce que la présence de l'homme est si limitée que tout est si en harmonie. Quoique...

Paradoxalement, une si grande ile n'a jamais pu être largement peuplée parce qu'elle était trop inhospitalière. C'est comme si la nature, en ce lieu, avait trouvé le moyen de tenir l'homme à distance pour se protéger. L'homme ne pouvait s'approcher de l'Ile sans y risquer sa vie. On compte plus de 400 naufrages depuis le passage de Jacques Cartier en 1534.


Après plusieurs tentatives infructueuses pour peupler l'Ile d'Anticosti, l'une d'elles a failli réussir. Et c'était vraiment bien parti.

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Un des hommes les plus riches de France, Henri Menier avait acheté l'Ile pour en faire un grand terrain de jeu où y pratiquer ses sports favoris: la chasse et la pêche. Mais il avait aussi de grands projets de peuplement. Le 16 juillet 1895, sans même l'avoir visité, Henri Menier Achète l'ile d'Anticosti pour 125 000$. L'ampleur des investissements qu'il va réaliser pour coloniser ce coin de terre sera unique et va surprendre tout le monde.

En 1905, Henri Menier va même étonner tous les habitants de l'ile en y faisant venir un automobile pour ses déplacements personnels.

À suivre...

7 commentaires:

Barbe blanche a dit…

Il y eut, pendant plusieurs décennies, des chantiers forestiers sur l'ile d'Anticosti.

Jackss a dit…

Barbe Blanche

Tu as raison. C'est sûr que je vais en parler. Pour tout dire, je suis en train de mettre la table, y déposer les fleurs avant de sortir le pot.

Je suis heureux de constater que tu suis la scène, les yeux bien ouverts.

Esperanza a dit…

Mais c'est PASSIONANT! Moi qui rêve d'y aller!

Bon, OK, je me fais un autre bol de Pop-corn! Fébrile pour la suite...

Jackss a dit…

Bonjour Esperanza

Je suis ravi de ton intérêt. Tout ce que j'ai vu là m'a passionné. Je crois que ce que j'ai encore à raconter va stimuler encore davantage ton intérêt.

Il y a sur l'Ile de grandes leçons à tirer du passé et de très grands enjeux cachés.

Zoreilles a dit…

Jacks,

J'avais du retard dans mes lectures chez toi et comme tu sais, je ne veux rien manquer et j'ai déjà hâte d'aller lire ton billet suivant que j'ai aperçu en arrivant. C'est passionnant de vous suivre, d'entendre tes réflexions et d'avoir des images fabuleuses pour les accompagner.

Est-ce que je t'ai déjà dit que mes deux grands-pères (Madelinots tous les deux) allaient parfois pêcher à Anticosti, dans le temps?

Je rêve un jour d'y aller sur leurs traces, sur les tiennes aussi, et tout savoir de cette grande île un peu mystérieuse, si riche de ses ressources, de ses paysages grandioses qu'on ne protège pas assez.

Jackss a dit…

Plus j'en apprends, plus tu m'épates, Zoreilles

Tes deux grands pères ont eu le privilège d'aller pê
cher sur l'ile d'Anticosti? Ajourd'hui, avec la Sepaq et les autres agences, on a moins de mérite. Mais l'avoir fait il y a quelques années, moi ça m'impressionne. C'est comme une page d'un beau roman d'une époque révolue.

Mais l'Ile a quand même conservé son cachet de nature sauvage sur une bonne partie de son territoire. J'aimerais bien te servir de guide si j'en avais l'occasion. Je continue de me documenter.

L'histoire de l'Ile est fascinante, riche. Il y a là quelque chose d'unique où se mêle la générosité, l'exploitation, les incompréhensions, l'esprit d'aventure, l'imagination et l'affrontement de valeurs inconciliables.

Il y à la des choix de société criants auxquels le bon peuple n'est pas prêt d'être associé.

Zoreilles a dit…

Mes deux grands-pères étaient Madelinots et pêcheurs de métier, avant de venir s'établir en Abitibi au début des années 40. Dans les années 30, vers la fin, les stocks de poisson ayant baissé pour des raisons multiples dont la surabondance des phoques, entre autres, ils devaient partir en mer sur des goélettes et des chalutiers et ils allaient parfois pêcher « à Anticosti » qu'ils disaient, ça voulait dire « au large d'Anticosti » plutôt que « sur l'île d'Anticosti ». Les Iles de la Madeleine, c'est situé dans le golfe, comme Anticosti, comme les rivages de la Côte Nord, (ce qui explique qu'ils y avaient leurs habitudes depuis longtemps et y avaient fondé des villages) de la Gaspésie, de l'Île du Prince Edouard, etc. La migration des populations insulaires raconte une histoire fascinante de survie et de courage, de jarnigoine et de débrouillardise, un point de vue maritime de l'histoire du Québec.

Tu sais quand on dit « une heure plus tard dans les Maritimes », le seul coin du Québec qui est touché par le phénomène, c'est les Iles de la Madeleine. Ils vivent à l'heure des Maritimes, au sens propre comme au figuré!