jeudi 30 septembre 2010

Fermont: l'autre côté du mur

Suite du billet précédent
Laure et Joan
Agente à l'accueil de l'Association touristique de Fermont

Le mur, c'est unique en Amérique, c'est spectaculaire (Voir billet précédent). On se fait un plaisir, au centre de l'Association touristique, de nous le faire visiter avec amour et passion. La fierté est palpable.

Mais si on ne fait que parler de lui, alors c'est comme une carricature de Fermont. Je vous propose une autre visite, selon le parcours habituel normalement emprunté. Avant de commencer la visite, il faut avoir en tête que la construction de Fermont a commencé en 1971 pour se terminer en 1974. Avant l'ouverture de la mine, il n'y avait rien.

Labrador city (à 35 km de Fermont)
Nous sommes arrivés ici par la route du Labrador, en taxi. C'est d'ailleurs de l'intérieur du véhicule que j'ai pris ces photos. Vous voyez la Coop, un marché métro. C'est un vrai super marché qui n'a rien à envier à celui des grandes villes du sud. Et en plus, il appartient aux résidents du mur. Les gens ont vite compris qu'il ne fallait pas dépendre d'un monopole, ce qui était le cas au début. Presque tous les commerces étaient sous la férule d'un même propriétaire.


À gauche de la Coop, il y a l'Hôtel Fermont bien ancré dans le mur. Nous avons côtoyé les deux bâtiments avant de poursuivre notre route jusqu'au bout du mur. En tournant au fond, à droite, nous étions juste devant l'appartement de notre amie Monique.


Déjà, vous remarquez quelques petits détails intéressants:
  • Un paneau à droite indique que la circulation est interdite aux véhicules à moteur. C'est comme ça sur la route de 1,3km qui côtoie le mur écran, édifice multi-fonctionnel de même dimension.

    En longeant le côté sud du mur, c'est le calme. La pollution du gaz carbonique: presque inexistante. Pas de congestion. Pas de fusillade en pleine rue. Le bonheur! C'est génial.

    C'est vraiment un choix. Du moins, c'est ce que j'ai cru. L'immensité du territoire aurait permis facilement une artère plus grande permettant la circulation automobile. Il y en a un peu plus loin, mais elle est très raisonnable.
  • Dans cette partie du mur, la hauteur est de 20 mètres au lieu de 50 mètres, comme c'est le cas plus loin.
  • À gauche, il y a un grand parc et de charmantes venelles Vennelles
    Elles rivalisent toutes de beauté. Les photos n'en sont qu'un pâle reflet.
    Une venelle est une petite ruelle, souvent reliée à deux rues plus importantes. Ce terme d'ancien français est un dérivé du mot veine. Par extension, on l'applique aux petites habitations en bois de cèdre qui les bornent à angle droit avec le mur. J'aime bien le choix et le contraste des couleurs. Ça vaut la peine de cliquer sur la photo pour en avoir une meilleure idée

En contournant l'église, on descend de quelques pas pour se retrouver aussitôt sur le bord d'une patinoire extérieure et de la plage municpale.



De là, un sentier pédestre longe la rivière Daviault et nous mène à la montagne. La campagne et la ville se confondent. Que voulez-vous de plus? De la chasse? De la pêche? du ski? du canot ou du kayak? de l'alpinisme? des pistes cyclable? des sentiers de motoneige? une salle de quilles? Tout est là, accessible à proximité.

Mais Fermont, c'est plus qu'un mur et des venelles. C'est aussi une ville qui a différentes personnalités.


Et ne pensez pas que c'est une ville isolée. Elle n'est qu'à 35 minutes de Labrador City où on trouve de tout. En ce sens, tous les services sont plus accessibles que toutes les villes à l'Est de Sept-Iles.

On associe souvent les problèmes de toxicomanies aux problèmes de misère et de pauvreté. À Fermont, tous les sports sont accessibles tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Des loisirs, il y en a partout, pour tous les goûts, tous les âges. Les emplois sont nombreux et fort bien rémunérés. En plus, les primes d'éloignement sont fort généreuses. La fiscalité est avantageuse et on peut vivre sans auto. On pourrait donc à s'attendre à ce qu'il n'y ait pas de problèmes de drogues, d'alcool ou de moralité. C'est logique?

Et l'église, elle sert à quelqu'un? En tout cas, une chose est sûre: elle ne sert pas aux funérailles. Il n'y a pas de cimetière à Fermont. Si on a envie de mourir, il faut aller voir ailleurs.
La région toute entière est réservée aux vivants, aux bons vivants.

Laure et Monique dans son coin à l'intérieur du mur


À suivre...

vendredi 24 septembre 2010

Fermont: le mur

Fermont, septembre 2010
Cliquer pour apprécier

Fermont n'a rien à voir avec tout ce que j'avais pu imaginer. Rien. Pour moi, il s'agissait d'un coin perdu, un des derniers retranchements urbains avant le Grand Nord. C'était une ville isolée, sortie de nulle part, le temps d'extraire le minerai de fer qui s'y trouvait. Puis, comme Gagnon, on pouvait tout fermer du jour au lendemain lorsque la rentabilité de la mine ne serait plus assurée.

À partir du printemps 1960, la ville de Gagnon se développe à un rythme vertigineux : des dizaines d’immeubles y sont érigés chaque mois. On construit les églises, les écoles, l’aéroport, l’hôtel de ville, la centrale de la rivière Hart Jaune, l’aréna, l’hôpital de la ville, un vaste centre commercial Brodeur. À la fin de 1960, on dénombre quelque 1300 habitants. De nos jours, il ne reste que des vestiges de la ville de Gagnon, soit deux silos d’entreposage du minerai de fer (...) C'est triste une ville qui meurt, un passé, des amis qui se volatilisent.

J'avais entendu parler du mur de Fermont qui représentait presque une ville en soi. Je le voyais massif, sans âme. Une ville dans un mur? Ben voyons donc! Tu parles d'une idée! Tout ça, c'était dans ma tête.

J'étais loin de la réalité. Très loin. D'un coup, au premier regard j'ai perdu tous mes préjugés. J'ai vu comment un développement bien pensé par de grands promoteurs pouvait créer, de toutes pièces, un milieu avec une qualité de vie des plus enviables. J'ai vite réalisé que, même si une grosse compagnie voulait faire de l'argent, elle pouvait le faire en mettant l'humain et la nature au coeur de ses préoccupations. Loin de s'opposer, ces deux dimensions peuvent s'alimenter l'une l'autre. J'ose l'avouer: je ne voyais pas d'un très bon oeil le Plan Nord tel que présenté par le gouvernement Charest.

Le Plan Nord avec la promotion de son potentiel minier a bénéficié d'une campagne médiatique dont j'ose à peine imaginer le coût. Et ce fameux vidéo avait eu l'effet contraire: me rendre suspect un projet qui semblait relever de la mégalomanie et de l'opportunisme politique.

Je crois que la meilleure façon de faire la promotion de ce type de développements serait de favoriser le tourisme, la visite des lieux, des aménagements, des installations minières et de leurs retombées. Moi, j'ai été conquis instantanément. Mais pour s'y rendre, il faut une route pavée, une route où on ne met pas sa vie en danger. Cette promotion permettrait aussi de donner le goût d'attirer des travailleurs. Urgent besoin de main-d'oeuvre (La Presse, 25 septembre).

Tabarnouche, il faut s'exprimer, demander. On veut une route! On veut une route! On veut une route! So so so solidarité!


Bon! On se calme et on regarde le beau côté des choses:
Lise Pelletier,
mairesse de Fermont

J'ai eu le sentiment que le succès était dû à la collaboration exceptionnelle entre les dirigeants de la mine, le milieu et ses représentants. De quoi faire rêver n'importe quelle municipalité du Québec en quête d'expansion. Cette construction multifonctionnelle de Fermont est un concept architectural unique en Amérique du Nord.

La petite ville de 2800 habitants vit de bien meilleurs moments qu'au début des années 2000. À l'époque, la compagnie Québec Cartier (aujourd'hui dans les mains d'ArcelorMittal) était en difficulté et les travaux d'infrastructure de la ville étaient en suspens.

Aujourd'hui, c'est l'effervescence, soutient la mairesse. L'arrivée de CLM et les perspectives encourageantes chez Arcelor stimulent la communauté. Le centre local de développement a investi comme jamais l'an dernier (un demi-million de dollars), signe que des projets économiques sont en marche.

La ville veut en profiter pour régler son problème de logement et bâtir de nouveaux secteurs résidentiels, y compris des logements sociaux et des appartements pour les retraités. «Dans les six ou huit prochains mois, c'est l'avenir de Fermont qui se joue», affirme Lise Pelletier.
(Le nouvel essor d'une région de fer, La Presse, 25 septembre 2010).

Ralph Erskine
Par ailleurs, il existe 3 autres édifices du même type dans le monde: 2 en Suède et 1 en Russie.

Le mur-écran de Fermont a été pour moi un objet de fierté, comme québécois. Il a été conçu par les architectes québécois Maurice Desnoyers et Norbert Schoenauer (né en Roumanie), qui ont étudié le concept de bâtiments semblables construits en Suède selon les plans de Ralf Erskinen.

Il est intéressant de constater que le mur de Fermont pousse encore plus loin son originalité: le mur est continu et ne se limite pas à des habitations résidentielles: contrairement à la construction pare-brise Erskine , discontinue dans la forme et à usage résidentiel seulement , le renforcement des pare-brise Fermont est continue et a un caractère pluri - utilisation embrassant résidentiels , des installations commerciales , récréatives, éducatives et institutionnelles. (Voir lien précédent)

Svappavaara, mur écran en Suède par Ralf Erskinen


Le mur, c’est plus qu’un centre-ville, c’est pratiquement une ville intérieure, conçue avec l’intention d’atténuer les effets du climat rigoureux des régions subarctiques. Durant les grands froids, l'extérieur du côté nord du mur peut frôler les -40 degrés alors que le côté sud peut se situer aux environ de -20. Le bâtiment a une forme de flèche pointée vers le Nord-Nord-Ouest.

On peut aller presque n'importe où sans sortir. C'est comme un grand bloc appartements de 1,3 kilomètres de long par 50 mètres de haut, 20 par endroit. Les entrées oranges indiquent les endroits où il y a des ascenseurs. Il y a plein de petits trucs du genre qui font apprécier la qualité du concept.

Fermont, septembre 2010
On y trouve environ 500 résidences (330 logements et 158 chambres pour célibataires). Le logement à Fermont est principalement l’affaire des grands employeurs. Entre autres, ArcelorMittal, Consolidated Thompson, le Centre de santé et des services sociaux (CSSS) de l’Hématite, la Commission scolaire du Fer ainsi que quelques autres petites entreprises offrent le logement à la majorité de leurs employées.

Le mur renferme le Centre de la Petite Enfance le Mur-Mûr, l’école secondaire Horizon-Blanc, une bibliothèque publique, l'Hôtel Fermont, des installations sportives (piscine intérieure, salle de quille, patinoire, etc), un centre de santé et de services sociaux, un épicerie, des musés (musé des mines, de la phtoto), des installations pour le journal local, la télé communautaire, un salon de coiffure, de massage, restaurants, nettoyeurs, salle de lavage, sans oublier un bar pour le désennui. Tout est là. J'ai vu que le bar était équipé de lumières bleutées, mais je n'ai pas osé aller voir si tout était conforme et justifiable à l'intérieur. J'imagine que oui.

Je me suis même laissé dire qu'il y avait eu une magnifique salle de spectacle et de cinéma où l'on présentait des films spécialement pour les monsieurs. Avec l'arrivée d'internet et des films vidéo la salle de cinéma avait moins d'utilité. Une partie de la salle de spectacle a été convertie en poste de police, le reste en cafétéria. Dommage pour la culture! Tant mieux pour la police.



C'est génial. Dans les centres urbains conventionnels, les équipements sont souvent consacrés à une institution, un CÉGEP, par exemple. Dans le mur, tout peut servir à tous: bibliothèque, équipements culturels et sportifs, par exemple.


Tout le monde se croisent, se saluent, échangent. En un rien de temps, nous avons été accostés par des citoyens des plus divers. Le premier à nous avoir accostés, ce fut un employé de la mine presque rendu à l'âge de la retraite. Il nous a parlé avec passion de sa carrière dans les mines. On ne manque pas de moyens pour la grande séduction. Tant de services pour une municipalité qui ne compte que 2800 habitants, voilà tout un tour de force! Un exemple à imiter! De la matière à réflexions.
Voir Fermont, ville moderne!

On voit le mur d'où on arrive nécessairement, sur la route venant du Labrador. On peut remarquer aussi que le site a été bien pensé. Le lac Daviault, en forme de J, protège la ville des feux de forêts éventuels.

Cliquez pour apprécier


Mais Fermont, c'est bien plus qu'un mur. J'ai bien d'autres découvertes à vous faire partager. Notre ami Gaétan semble éprouver beaucoup de nostalgie en pensant à ses années à Fermont. Et je le comprends! Et que dire de Nanou dont le père y a travaillé comme ingénieur. (Voir commentaires sur message précédent).

J'y retournerai, c'est sûr, en voiture, par la route 389; je ferai le trajet à partir de Baie-Comeau (565 kilomètres) aussitôt qu'elle sera pavée. Tant qu'à y être, un aire de repos, avec services, dans un décor facile à choisir à mi chemin, serait une bonne idée! Développer le Nord pour ses ressources, c'est bien. Le faire par amour du milieu et de son décor, c'est encore mieux. Ce coin de pays a tout ce qu'il faut pour attirer des amoureux de la nature et des grands espaces. Il ne reste qu'à créer les conditions favorables.


À suivre...

mercredi 22 septembre 2010

De Labrador City à Fermont


La première fois que j'ai mis les pieds sur le sol francais, en France, c'est fou ce que jai pu ressentir. Je me serais retrouvé sur la Planète Mars avec des petits bohommes verts et des petites bonnes femmes portant des burka vertes et je n'aurais pas été plus émus.


En arrivant au Labrador, j'ai comme eu le même sentiment. D'accord, il n'y pas de tour Eiffel. Il n'y a pas d'arc de Triomphe, mais le dépaysement est aussi frappant. Dans un sens, il l'est peut-etre plus. On se trouve tout près de l'océan à l'Est. Et plus au nord, c'est un tout autre monde. C'est le vrai nord, les glaciers, la neige à perte de vue. Le vrai bout du monde. Du moins pour l'instant. Quand les glaciers seront fondus, ce sera toute une autre paire de manche. Déjà, le Canada se lance dans la construction intensive de bateaux de guerre pour assurer sa souveraineté. À l'occasion, des avions militaires russes sont pris en chasse.

Cliquez


Mais plus au sud, le territoire se développe. La ville de Labrador City vit une forte croissance économique. Depuis quelques années beaucoup de gros noms sont venus s'y installer, Wal-Mart, McDonald's, Subway, Tim Hortons. Le Wal-Mart de l'endroit est l'un des plus petits au Canada. Il parait que l'arrivée d'un Wal-Mart ce fut tout un événement. Plusieurs légendes courent autour du restaurant. Mais ce n'est pas là que notre périple a commencé. C'est dans la magasin Hart de Labrador City.

Résumé du billet précédent
Le lendemain, après avoir déposé nos pénates à Fermont, nous avons pu visiter un peu Labrador City et les environs. Je voyais tout ce beau monde et j'avais le goût de partager mes états d'âme. Nous sommes entrés dans un magasin Hart où une gentille demoiselle nous parlait en anglais d'une façon alerte. Sa façon de s'exprimer me séduisait.


Suite du billet précédent
À ma grande surprise, la demoiselle nous a adressé la parole rapidement en français aussitôt qu'elle a reconnu notre accent. Quand je vis de belles émotions,j'ai toujours le goût de les partager. J'avais le goût de dire que je venais du bout du monde. L'autre bout. Je ne pouvais trouver meilleure occasion puisque la demoiselle parlait un excellent français. Et en plus, son charme prédisposait aux confidences.

Je m'empresse donc de dire que je venais de très loin et que c'était la première fois que j'avais le bonheur d'adresser la parole à une personne du Labrador. Je croyais bien l'impressionner.

Vous venez d'où? me demanda-t-elle aussitôt, visiblement intéressée. Sherbrooke, répondis-je, puisque c'est ma ville d'origine, l'endroit où je finirai par rentrer un jour. Sherbrooke? Moi aussi! dit-elle aussitôt, un peu émue. Je travaille au magasin Hart de Sherbrooke. Je suis ici temporairement depuis 4 jours. On nous envoie parfois dans d'autres magasins pour notre culture.
C'est fou tous ces hasard. La première vendeuse que je vois est une concitoyenne. Elle nous précise où elle demeure.

À 35 minutes de là, nous arrivons à Fermont. Un camion symbolique est placé juste à l'entrée de la ville de fermont, laquelle a été fondée en 1974.


On a choisi ce camion pour le placer là parce que c'est un véritable symbole. Il a gagné un prix. Le camion de production modèle 789 de Caterpillar trône fièrement à l’entrée de la ville de Fermont. Il détient le record du nombre d’heures en service : 105 630! Donc plusieurs employés de Fermont ont travaillé dans la mine en même temps que lui. On ne l'a pas choisi pour sa grosseur.


En fait, on dit que c'est un tout petit camionde 160 tonnes. Les plus gros pèsent 400 tonnes.

On peut faire des visites touristiques de cette mine de surface où il n'y a pas de mineurs, seulement des ingénieurs, des programmeurs, des manipulateurs d'équipements lourds, etc. Mais je vous dit tout de suite que tout ce que j'ai vu et appris de la mine a complètement changé ma conception des compagnies minières. La suite est palpitante!

À suivre...

lundi 20 septembre 2010

Fermont par Wabush: danger?

Fermont est à 35 km de Labrador City. La partie en jaune, le Labrador, appartient à la province voisine du Québec: Terre-Neuve (Newfoundland). Longtemps, la ligne de la frontière n'était pas indiquée sur les cartes. Elle était contestée par les deux provinces. Ce fut un enjeu pour que les habitants de Terre-Neuve acceptent de faire partie du Canada en 1949.

Se rendre à Fermont, c'est toute une aventure. On peut y aller par la route, mais le chemin est difficilement carrossable, risqué et sans poste d'essence sur de très long parcours. C'est pourtant le seul moyen de s'y rendre en ne sortant pas du Québec.

On peut y aller en train, mais c'est long, coûteux et le train s'arrête à 90 kilomètres plus loin que Fermont. Il faut prendre un taxi, ce qui demande de la coordination. On peut aussi emprunter le bateau et faire un très très long détour. Ou on peut y aller en avion jusqu'à l'aéroport de Wabush en banlieu de Labrador City. C'est ce que nous avons fait. Mais peu importe le moyen, ça vaut vraiment le coup.

Fermont est un petit bijou à découvrir. Je meurs d'envie de vous la présenter. Cette ville m'a tellement séduit que j'ai éprouvé beaucoup de peine à comprendre pourquoi le Québec n'avait jamais pensé à permettre un accès routier qui se respecte. Il m'a semblé qu'on aurait pu prévoir un barrage électrique de moins et compléter le réseau pour se rendre à Fermont, une ville à découvrir. Il aurait fallu peut-être convaincre Franco Fava.

Mais, pour ne pas mettre la charrue devant les boeufs (très rare en ce lieu), reprenons le départ en avion où je l'avais laissé à la fin de mon dernier billet.



Suite du billet précédent

Les deux agents de bord ont vérifié si j'avais retrouvé mon billet d'embarquement. Effectivment, je l'avais. Et il était clair que je n'étais pas assis au siège qui m'était réservé. J'avais une bonne raison: un passager était déjà assis à ma place. Ne voulant pas l'incommoder, j'avais pris un siège à la gauche de l'allée. Je n'avais pas voulu prendre de chance en interpellant le monsieur. On ne sait jamais, ça aurait pu être un terroriste ou un homme proche du parti libéral. On peut vite se ramasser devant un juge aux idées préconcues.

J'aurais dû signaler le problème. Le monsieur, assis à ma place, voulait aller à Montréal, donc dans une direction tout à fait à l'opposé. Il a manqué le décollage pour Montréal suite à cet imbroglio. Les agents de bord ont fait un bon travail. Le monsieur qui ne parlait pas français n'aurait surement pas trouvé très drôle de se retrouver à Wabush, à 1200 Km de Montréal à vol d'oiseau.

Mais ce qui m'a surpris, c'est qu'il avait pu franchir la barrière de sécurité sans qu'on s'aperçoive qu'il n'était pas enregistré pour cet avion. On aurait pu croire à une histoire de newfees. Je n'ai pas osé rien dire sur le fait que je n'étais pas sûr de l'endroit où je devais m'asseoir. On aurait pu me traiter de frog ou me prendre pour un belge.

Alors, j'avais pris la place où devait être le contrôleur. Ce dernier a accepté que je la garde. Il a repris le sac lui appartenant, à mes pieds et m'a expliqué la procédure pour ouvrir la porte de secours, à ma gauche, en cas de catastrophe. Voici le schéma que je pouvais voir sur le dos du siège qui me précédait.


Vous comprenez que je souhaitais ne pas avoir l'occasion de vérifier si j'avais bien commpris le principe. Et je me demandais bien à quoi pouvais servir d'ouvrir la porte si nous n'avions pas de parachute.

Je ne pouvais oublier tous les accidents d'avion survenus sur la Côte-Nord dont on a tant parlé cet été. Paradoxalement, je n'ai plus peur du tout de voyager en avion. La sensation est tellement agréable et le décor tellement féérique. Mais je n'orais jamais osé ouvrir la porte et sauter en visant la rivière magnifique en bas.


Par curiosité, je me suis tout de même posé la question: le métier de pilote est-il dangeureux? Qu'est-ce que vous en pensez? Par hasard, j'ai trouvé la réponse à ma question aujourd'hui. Le métier de pilote est effectivement un des plus dangeureux. Vous pouvez voir le top 10 des emplois les plus dangeureux aux USA tel que compilé par Forbes le 9 septembre 2010.

Mais, rassurez-vous, nous sommes arrivés facilement à bon port à Wabush, ville attenante à Labrador City. Aussitôt descendus de l'avion, on réalise que nous ne sommes plus en territoire québécois. Le Québec est à 15 minutes en auto. Mais il y a décalage horaire, linguistique et politique. Même à l'aéroport, je n'ai pu me faire répondre en français. Je ressentais un certain charme cependant lié au dépaysement.



Le lendemain, après avoir déposé nos pénates à Fermont, nous avons pu visiter un peu Labrador City et les environs. Je voyais tout ce beau monde et j'avais le goût de partager mes états d'âme. Nous sommes entrés dans un magasin Hart où une gentille demoiselle nous parlait en anglais d'une façon alerte. Sa façon de s'exprimer me séduisait.


À ma grande surprise, la demoiselle nous a adressé la parole rapidement en français aussitôt qu'elle a reconnu notre accent. Et ce qu'elle m'a dit m'a renversé. Vous ne pourrez jamais deviner.

À suivre...