mardi 29 juin 2010

Entre ciel et terre

Piché, entre ciel et terre. C'est en voyant cette publicité que j'ai réalisé l'importance que j'accorde à l'humilité des grands personnages qui peuvent nous servir de modèles. Le Commandant en est un. Le hasard a voulu que je le rencontre seul à seul.

Robert Piché (Mont-Joli, 1953 - ) est un pilote d'avion civil québécois. Le 24 août 2001, commandant de bord de l'Airbus A330 sur le vol d'Air Transat 236 entre Toronto et Lisbonne, il réussit avec son co-pilote un atterrissage d'urgence sur la piste de la base de Lajes, aux Açores, sans moteurs et après un vol plané de plus de 20 minutes à cause d'une fuite de carburant, sauvant ainsi la vie de ses 291 passagers et des 13 membres d'équipage. (Source Wikipédia)

Dans la bande-annonce, on présente un extrait où on demande au Commandant Piché s'il est conscient que tout le monde le considère comme un héro, il réplique: Je n'ai fait que mon travail. Et il est vraiment comme ça dans la vie. Il a aussi parlé de la peur, celle qu'il a déjà ressentie et celle qu'il n'a presque pas eue lors de la panne d'avion. Mais là n'est pas mon propos dans ce billet. J'aimerais bien y revenir plus tard cependant.

Le film sort en salle le 7 juillet prochain, le jours de l'anniversaire de Zoreilles. Et je ne peux manquer l'occasion de vous présenter le billet que j'ai déjà laissé sur ma rencontre avec le Commandant Piché. Le hasard a voulu que j'aie la chance de le rencontrer seul pendant un bon moment. Sa simplicité est renversante.

Pour vous permettre d'apprécier l'événement à sa juste valeur, je reproduis ici le texte intégal du billet que j'avais laissé le 11 octobre 2008. J'avais dit au Commandant Piché que je considérais comme providentielle ma rencontre avec lui. Il avait ajouté avec une impression qui en disait long sur sa sincérité:

Je crois qu'il y a beaucoup plus que du hasard dans ce qui nous arrive.

J'aurai voulu organiser une rencontre avec lui, je n'aurais jamais pu y arriver. D'ailleurs mon agenda ce jour là avait été planifié, organisé, réglé au quart de tours plusieurs semaines à l'avance. Un autobus devait nous conduire dans un musée de Québec sur l'histoire retraçant le sort réservé aux malades mentaux au Québec depuis le début de la colonie. Il s'agissait d'un colloque international se tenant à Québec. Le 400è anniversaire de Québec avait favorisé ce choix.

Mais le hasard en a décidé autrement. L'autobus n'est jamais venu. Je suis revenu à l'intérieur du Château du Mont-Ste-Anne. C'est alors que j'aperçois le Commandant Robert Piché assis seul dans le Lobby de l'hôtel. À côté de lui, il y a un fauteuil vide. Le commandant parle au cellulaire. Je le regarde. Aussitôt qu'il referme son cellulaire, je fonce en sa direction, lui donne la main et prend place dans le fauteuil qui n'attendait que moi.

Imaginez, j'attendais un conducteur d'autobus et voilà que je me retrouve aux côté d'un pilote d'avion. Je suis seul avec lui pendant au moins 1/2 heure, peut-être 3/4 heure. Le fait dêtre seul me donne une chance impensable autrement: une conversation vraie, riche, profonde centrée sur le vécu du commandant et du mien.

Et vous savez de quoi nous avons parlé? Du sens de la vie, de la mort, de la sensation de mort éminente, de synchronicité. Et la plupartde ces thèmes, ce n'est pas moi qui les ai abordés le premier.

Le commandant est un homme chaleureux, extrêmement humain, cultivé. Mes histoires semblaient l'intéresser. Du moins, il a bien voulu m'en donner l'impression. Il m'a donné la chance de faire un pas dans mon cheminement personnel. Et dire que j'attendais l'autobus.

Il parle avec enthousiasme de ce que la vie lui a appris de plus précieux, comment des événements tragiques lui sont apparus comme miraculeux, comment arès coup il réalise que ces événements ont influençé le cours des choses pour le reste de sa vie. La liberté est pour lui le bien le plus précieux que nous possédons, il l'a compris, condamné à 10 ans de prison. Il a raconté comment cette liberté pouvait permettre à l'homme d'avoir une foi inébranlable en l'avenir si on est déterminé à s'en servir des les situations les plus désespérées.

Imaginez, je lui ai aussi parlé de mon blogue, de vous, de certaines réflexions que vous êtes venus partager avec moi.

Quand je l'ai quitté, j'ai dit que ma rencontre avait été aussi magique que providentielle. Je pourrais écrire un livre complet sur cette rencontre, les leçons de vie que j'en ai tirées. En lui donnant la main, j'ai dit souhaiter avoir la chance de le rencontrer à nouveau.

Et dire que tout ça est arrivé parce qu'un autobus ne s'est pas présenté là où il devait être, selon mon agenda.



Site officiel du Commandant Piché: Site officiel

J'ai eu la chance d'entendre le Commandant Robert Piché me parler en détails de ce qui est relaté ici:
« Si je n’avais pas fait de prison, je n’aurais jamais été en mesure de faire atterrir l’avion! » Par Jean-François Cusson, chargé de projets, d’après une entrevue avec le commandant Robert Piché.
Il a accompli le plus long vol plané de l'histoire de l'aviation.

Entrevue Piché Entre ciel et terre

mardi 22 juin 2010

Trop tard

On n'a pas toute la vie. J'ai manqué mon coup. L'année dernière, un de mes anciens profs de collège avait manifesté l'intention de venir me visiter sur la Côte-Nord. Et s'il y avait quelqu'un que j'avais le goût de rencontrer, c'est bien lui.

C'est à la fois l'homme le plus sympathique et le plus extraordinaire que j'ai connu. Il aimait la vie, tout le monde sans conditions. Et, tout le monde l'aimait. Il avait une foi et des convictions qui faisaient de lui un personnage rassurant, authentique, passionné. Avec lui, jamais de problème! Il voyait un sens à tout.

Quand j'étais étudiant, il était ce qu'on appelait à l'époque: un directeur de conscience. Il m'avait suggéré de tenir mon journal tous les jours. Pour lui, c'était une bonne façon d'apprendre à s'exprimer par écrit, communiquer ses sentiments, jeter un regard critique sur ce qu'on vivait. Il lisait toutes les pages de mon journal, les commentait, corrigeait mes fautes de français ou mes tournures de phrase. C'est un peu comme ça que je me suis habitué à faire un blogue avant le temps. Rien n'arrive pour rien.

Ce fut un véritable guide. Il a joué un rôle fondamental sur le développement des valeurs profondes qui ont teinté toutes mes relations sociales, mes idéaux. Le sens à donner à ma vie, finalement. Si j'avais fréquenté le même collège en 2010, l'abbé Jules n'aurait pas eu le droit de jouer un tel rôle, laïcité oblige! On aurait demandé à un juge de la Cour supérieur d'intervenir. Il aurait été forcé à répéter ce que le Ministère de l'Éducation voulait qu'il dise.



Il tenait lui aussi son journal. Et Le Journal d'un curé de prison a été réalisé justement à partir de ses notes au quotidien. Il a travaillé 15 ans dans un pénitencier comme aumônier. Si vous lisez le livre, vous ne verrez plus jamais les prisonniers, les marginaux, les délinquents même les plus violents de la même façon. Autrement dit, vous aurez moins peur de cet univers. L'abbé Jules disait même que c'est en prison qu'on pouvait trouver le plus de monde qui avaient envie d'entendre parler de Dieu.

Le Journal d'un curé de prison, il me l'a offet en 2007 lorsqu'il est venu me visiter à Sherbrooke. Ce livre émouvant et tellement riche en enseignements, son journal de bord du temps, on ne peut le lire sans être profondément transformé. Il m'a raconté comment ceux qui étaient les plus rébarbatifs finissaient par se laisser attendir. Dans certains cas, il fallait des mois de patience. Il fallait passer le test. Et les durs ne faisaient pas de cadeau! Le plus surprenant, c'est que plusieurs prisonniers ont gardé contact avec lui longtemps après leur sortie. Il faut le faire!

Il avait un bloguehttp://www.public.sogetel.net/jbeaulac/
Il reçevait en moyenne 300 courriels par jour et consacrait quotidiennement un bon trois heures à s'occuper de sa correspondance. C'était un grand amateur de photographie et de cinéma comme en témoigne son blogue. Il y a écrit pour la dernière fois le 3 juin 2010, soit 13 jours avant sa mort.

L'année dernière, il était déçu de ne pas avoir pu venir me voir à Havre-Saint-Pierre. Il n'était jamais venu et rêver de visiter ce coin de pays. Je l'avais contacté trop tard en saison. Mais je lui avais promis qu'il serait mon premier invité cet année.

J'ai tenu parole. À la fin de mai 2010, je lui ai envoyé une invitation en lui disant qu'il était le premier sur ma liste. Je n'ai pas eu de réponse.

J'ai appris hier qu'il était décédé le 16 juin à l'âge de 76 ans d'un cancer du foie. Ce cancer fulgurant l'a emporté en deux mois. Un de mes anciens collègue de collège, devenu juge depuis, a raconté que lorsqu'il lui avait parlé la dernière fois, il suivait des traitement de chimiothérapie. Il avait un bon moral et qu'il était confiant de s'en sortir.

Mais voilà, la vie en a décidé autrement. Et je suis triste. J'avais tellement hâte de le voir, lui faire visiter les paysages d'ici, l'histoire de ce beau pays qui a inspiré Gilles Vigneault.



Jules Beaulac, c'était vraiment un homme de Dieu. Un vrai, comme on n'en trouve si peu. C'était un homme au sourire perpétuel, un visage rassurant que l'on ne peut rencontrer sans se réconcilier avec la vie.

C'était un homme entier qui fréquentait régulièrement les cinémas, commentait les films de tout genre. Il s'exprimait sur tout, même la politique. Le 20 mai, donc moins d'un mois avant sa mort, il critiquait vertement les dépenses du G20 et mettait en cause ce genre de rencontre. On peut voir sa crititque ICI.

Mais voilà, il est parti. Il est parti trop tard pour que je le reçoive cet été. Il a pris un autre bateau, aller seulement.

Havre-Saint-Pierre, juin 2010


S'il existe vraiment une demeure céleste, je sais qu'il y est. S'il y a une vie après la vie et que c'est mieux qu'ici, je suis sûr qu'il a fait un beau voyage. Il sait maintenant ce que tout le monde aimerait savoir, pense savoir ou ne veut pas savoir.

Il est parti trop vite. J'ai manqué le bateau que j'aurais aimé prendre avec lui.
Pneumatique semble à celui que j'ai emprunté dimanche dernier


Ceci me rappelle encore une fois combien il est important de profiter du moment où certaines personnes qui nous sont chers sont encore là, donner tout ce qu'on peut avant de partir nous-mêmes, sans bagage.

Trop tard
Plus globalement, si on regarde notre planete terre, est-ce trop tard?
Bientôt, le pétrole, ce sera la mer à boire. On dit qu'on va colmater la fuite de pétrole. Mais qu'est-ce qui nous dit qu'on va réussir? Et s'il coulait encore dans 5 ans, serions-nous toujours là? Je crois que la situation est préoccupante, peut-être pire qu'on veut nous le laisser croire.



Le pire, c'est qu'au moment même où la menace est de plus en plus préoccupante, on accélère les forages en vue d'installer d'autres plateformes de pompage en pleine mer. Jamais le Québec n'a été autant dans la course pour le pétrole.

Savez-vous que dans le golfe du Mexique, il y a déjà 4000 plateformes de pompage? Voir la situation globale, sans tenir compte du Québec en cliquant ICI.

Cliquez sur la photo

vendredi 18 juin 2010

La peur, c'est efficace?

(Photo: La Presse)

Lorsque j'ai le moral en panne, je me demande toujours si j'y suis pour quelque chose. Je crois que nous sommes tous ainsi. Nous ne sommes pas toujours responsables de nos bonheurs et nos malheurs, mais je crois que ça vaut la peine de se poser la question. Et ce n'est peut-être pas un hasard qu'on ait ce réflexe. Dans mon dernier message, j'ai parlé de la peur comme d'une lumière rouge qui nous prévient d'un danger.

J'ai parlé de l'utilité de la peur et j'ai fait allusion à une publicité insoutenable, mais très efficace sur les risques de l'alcool au volant. J'ai eu des réactions dans les commentaires qui ont suivi mon billet. Et je les ai aimés au point de vouloir leur donner plus de visibilité. J'en reproduit donc quelques-uns.

Zoreilles:
Telle que je viens de la voir, cette pub me révolte autant que celles qu'on présentait ici, versions québécoises payées par la SAAQ. Pourquoi? Parce qu'elle n'atteint pas la cible, tout simplement.L'horreur n'est pas un bon outil de communication ni un moyen d'éducation. (...)Les êtres humains sont ainsi faits: pour changer un comportement, il faut qu'ils aient quelque chose à y gagner.

Caboche:
Je ne privilégie pas la peur, bien qu’en certaines circonstances la méthode fonctionne. Je pense ici à la campagne de peur orchestrée par le gouvernement pour inciter les gens à se faire vacciner contre à la grippe H1N1. Dans ce cas, l’individu était personnellement concerné, « il pouvait en mourir! » tout de suite, là, sur le champ.

Je privilégie l’humour absurde et le ridicule. Oui, oui, je suis sérieuse. Si on présentait certains comportements inappropriés comme des agissements absurdes et dérisoires, on toucherait peut-être davantage une corde sensible. L’Homme n’aime pas donner une image bête et caricaturale de lui. Et les Québécois sont sensibles à l’humour bien fait.

Barbe blanche:

Pour la publicité, tout comme Zoreille, je ne crois pas que l'horreur soit efficace, il y a actuellement en onde une pub. sur l'alcool au volant qui est à mon avis "génial", c'est en fait une pub. d'il y a quelque temps déjà et qui est tout simplement jouée à reculon, un message très clair, qui invite à corriger un problème à la source, au lieu de corriger ses concéquences.



Réjean:
Moi je dirais plutôt que la peur vient de notre ignorance de qui nous sommes vraiment.

Lise a dit...
Je suis contente de lire que les commentaires amicaux t'ont redonné du souffle. Zoreilles appelle ça du gaz d'avion :-) et c'est vrai.
Je suis d'accord avec tous ces commentaires. Je les trouve passionnants! Être conscients de ses peurs et des messages qu'ils nous envoient, c'est une chose. Les provoquer, c'est une toute autre chose. Je ne pense pas que ce soit souhaitable. Mais la nature se charge de le faire à notre place si nous ne la respectons pas. Parfois, nous avons du mal à comprendre. Et dans ces cas, elle frappe de plus en plus fort jusqu'à ce qu'on ait compris. Il y a là quelque chose de très impressionnant.

Il est évident que nous n'aurons jamais le dernier mot sur elle. Et gare à nous si elle se déchaîne.

Comme a si bien dit Hubert Reeves: La nature survivra longtemps. Mais pour l'homme, c'est moins sûr. Et quant à moi, j'espère que nous aurons des avertissements assez clairs, assez catastrophiques, pour nous réveiller à temps.

Ceci étant dit, je souhaite comme Caboche, Zoreilles et les autres que l'homme trouve des moyens plus élégants pour trouver avantage à modifier ses comportements pendant qu'il en est temps.

J'ai bien aimé la suggestion de Caboche en ce qui concerne l'humour, un art que nous maîtrisons bien. Je trouve d'ailleurs dommage que les maisons de publicité fassent davantage affaire avec des firmes de Toronto et des USA. Nos publicités leur faisaient peut-être trop concurrence... Maintenant, nous avons droit à des publicités traduites. J'ose dire que nous avons perdu au change. Les publicités du Québec ont souvent été copiées. D'ailleurs la publicité sur l'alcool au volant présentée plus haut me semble un remake (excusé l'anglicisme) de celui de la SAAQ mettant en vedette Marie-Josée Croze.

Quant aux publicités gouvernemantales, je doute énormément de leur efficacité. Je crois qu'elles servent avant tout à détourner de l'argent en faveur des bailleurs de fonds de leurs caisses électorales.

Et la peur devient trop souvent un outil dont les politiciens se servent pour exercer leurs pouvoirs, manipuler les opinions, faire accepter des décisions douteuses, empêcher la libre expression des opinions.

Même les pacifistes et ceux qui manifestent contre la brutalité policière utilisent la violence comme moyen d'expression.
Source L'Actualité, 15 mai 2010

lundi 14 juin 2010

Pas assez peur!

Je suis estomaqué. Je me terre! J'étais sûr que si le monde apprenait qu'on fait encore de la prospection pour de nouvelles plateformes prétrolières, ça soulèverait l'indignation. Surtout que ça se fait dans le golfe Saint-Laurent.

Dans ma grande naïvité, je croyais que le simple fait de le dévoiler allait soulever instantanément un tollé de protestations. Mais non. C'est le contraire: on veut le pétrole, nos plateformes en pleine mer. Et on est prêt à se battre avec nos voisins pour l'avoir. C'est tragique à en pleurer.

"Nettoyez les plages, mais ne touchez pas à nos forages": c'est en substance ce que réclament les habitants des zones sinistrées par la marée noire dans le sud des États-Unis, alarmés par le moratoire sur la prospection en mer décrété par le président Obama. Ce n'est surtout pas moi qui va se plaindre du sort des Américains dans ce dossier. Ils voulaient du pétroles et de l'agent, ils en ont.

On se chicane entre le Québec et le Labrador pour savoir à qui appartiendra les puits en haute mer. Et le premier ministre de Terre-Neuve montre les crocs. Pas question de moratoire, pas question de négocier avec le Québec. Ça presse. Il veut le pétrole et l'argent du pétrole.

Dans l'Artique, on ne compte plus le nombre de pays qui ont maintenant des prétentions sur le territoire au nord du Québec. Tous les pays veulent prendre possession du territoire pour exploiter le pétrole. Et dans ce pays de glaciers, une catastrophe comme celle du golfe du Mexique serait presque insoluble. Au lieu de se serrer les coudes pour trouver une solution, on se chicane pour savoir qui fera plus d'argent sale.

Non, nous n'avons pas encore assez peur. Le peur est notre seule porte de sortie. Mais la catastrophe est loin d'ête assez grâve pour qu'elle soit prise aux sérieux. Je ne sais plus ce qu'il faut faire. Et je souhaite que la situation dégénère pour qu'on ait l'impression que la planète tire à sa fin, que toute vie pourrait disparaîtr de la surface de la terre en 2010. Et même là, je ne suis pas sûr que nos concitoyens seraient assez inquièts pour réagir. S'il y a de l'argent à faire, on continuera.

Je baisse les bras. J'ai l'impression de faire un fou de moi en cherchant des appuis. J'en ai eu. Je l'ai appréciés. Mais je m'attendais à plus. Je croyais dans la sagesse de l'homme. J'ai peine à croire qu'il pourra réagir avant que nous en soyons rendus à une situation de non retour. Il y a des jours où je ne suis pas fier d'appartenir à l'espèce humaine. Et celui-ci est de ceux-là.

Je tourne la page. Je n'aime pas prêcher dans le désert. Je ferme la télé, la radio, les médias électronique. Je décroche.

Je tiens à attirer tout de même l'attention sur une publicité en France qui a su utiliser la peur pour lutter contre alcool au volant. Pour moi, c'est un bijou dans son genre. Je croix que la publicité risque d'être très efficace. On devrait engager ceux qui ont réalisé ce vidéoclip pour leur demandaer d'en produire un sur les dangers des plateformes de pétrole en pleine mer.

Publicité ionsoutenable, mais très efficace, sur les risques de l'alcool au volant. Ce vidéoclip réprésente bien l'état d'insouciance que je sens face aux risques que nous fait courir la situation actuelle. La seule différence, c'est qu'on ne boit pas le pétrole. C'est l'auto qui le fait pour nous. Mais le résultat est le même pour la planète.

Bientôt, le pétrole, ce sera la mer à boire. On dit qu'on va colmater la fuite de pétrole. Mais qu'est-ce qui nous dit qu'on va réussir? Et s'il coulait encore dans 5 ans, serions-nous toujours là?

Comment sensibiliser les gens à une cause, quels moyens utiliser pour nous faire prendre conscience des effets de nos comportements, et par la suite, nous faire réagir? Caboche


http://www.cyberpresse.ca/actualites/201006/28/01-4293994-prospection-gaziere-des-lecons-pour-le-quebec.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B4_manchettes_231_accueil_POS1

mercredi 9 juin 2010

La peur

Notre cerveau est plus fait pour éviter les expériences douloureuses que pour rechercher des situations plaisantes.
Notre cerveau est plus fait pour survivre que pour rechercher le plaisir.
(Voir l'être biologique)

La vie m'a appris que tout ce qui existe sert à quelque chose. En d'autres mots, rien n'est inutile. C'est dans la nature même de l'homme de trouver une explication à ce qu'il ne comprend pas: la mort, la souffrance, par exemple. Et je crois que ce n'est pas un hasard.

Si quelque chose nous semble inutile, c'est qu'il y a quelque chose qui nous échappe, quelque chose à découvrir. Pour Einstein, la peur de la mort était la force la plus créatrice qui soit.

J'ai toujours été stimulé par la peur. Étant peureux de nature, j'ai pu me contenter. J'ai eu la chance de faire beaucoup de chemin. J'étais le 2è d'une famille de 6 enfants. Quand Yves, le plus vieux de la famille me disait: T'as peur de faire telle chose, je vous jure que je relevais le défis.

Yves et moi (1954)
Yves et moi, nous avions tous les deux des airs d'anges. J'ai bien dit: l'air. Nous avions des jeux qui faisaient le bonheur de ma mère. J'avais des plans qui faisaient la terreur de ceux qui avaient à me garder.

En 1951, nous venions d'aménager dans un nouveau logement à Granby. Notre père et notre mère venaient de reprendre une vie commune après un an de séparation.

La nouvelle chambre où je venais de m'installer avec Yves était impeccable. On sentait encore l'odeur de la peinture fraîche.

Yves me dit:

- Jacques, t'as peur de défoncer le mur.
- Moi peur?


Mon père
Bang!

Il n'en fallait pas plus pour que je m'exécute. Une seul coup de pied a suffi. J'ai eu vite affaire à mon père qui s'est chargé de m'apprendre la peur de l'autorité.

Et s'il est vrai que la peur est le commencement de la sagesse, pour moi il en était autrement. Mon père n'a su la vraie histoire qu'une quinzaine d'années plus tard.

1956
Au même endroit, quelques mois plus tard, j'ai mis le feu derrière la maison. Un hangard a brûlé et il a fallu plusieurs alertes pour que les pompiers puissent l'éteindre. Le bloc appartement tout entier a failli y passer.

J'ai eu peur du feu, peur de me faire prendre. Je me sentais coupable. Je me souviens encore très bien des sentiments qui m'habitaient. Je me sentais comme Judas dans l'Évangile après son geste de trahison. C'est vrai. Je me rappelle que j'avais cette image précise en tête. C'était en 1951. On voit que ça marque une histoire pareille.

J'ai vite avoué lorsqu'on ma demandé si c'est moi qui avais mis le feu. Et je me suis senti libéré. Lors de ma première confession un peu plus tard, le seul péché que j'ai avoué fut d'avoir volé une allumette. Dieu me pardonne!

Des peurs, j'en ai connu de toutes les sortes: peur du feu, peur de la mort, peur du diable, peur du noir, peur d'être battu, peur de parler en public, peur de faire de la peine,peur de connaître des problèmes d'argent, peur de se tromper, d'être ridiculisé, décevoir, être accusé, condamné, damné, et j'en passe.

Plus jeune je faisais régulièrement des cauchemars. Je mouillais mon lit parce que j'avais peur d'aller à la toilette dans le noir.

Lorsque j'ai vu dernièrement, sur Le blog de Jean-Louis Muller (Le management dans tous ses états)qu'il y avait 5 grandes peurs, ma curiosité a été piquée. J'avais l'impression d'en avoir connu tellement plus... Vraiment, j'ai été gâté. On paie souvent cher pour avoir peur au cinéma et dans les manèges. Moi, j'ai souvent eu peur gratis!

Puis, en marchant sur le bord de la mer, je me suis mis à réfléchir sur le sens de la peur, celle qui alimente les pires souffrances. C'est fou comme la mer est un lieu propice aux réflexions profondes. J'en ai quelques unes à partager.

Havre-Saint-Pierre, face à l'Hôpital
le 10 juin 2010 10h30




Et quel bel exemple que la mer. Elle respire le calme, la sérénité. Certains jours comme aujourd'hui, on ne peut imaginer jusqu'à quel point elle peut faire peur. Pourtant, elle alimente présentement une vraie peur en moi: la marée noire.
Oui, je n'exagère pas. Qu'est-ce qui va arriver si on ne réussit pas à colmater la fuite de pétrole?
À suivre...

Et dire qu'on fait de la prospection pour des plateformes de pétrole près d'ici: Anticosti, Iles de la Madeleine, Gaspésie... On n'a pas encore assez peur.

Je viens tout juste de retourner sur le bord de la mer, avec l'espoir de vous rapporter une autre bonne photo. Et comme par hasard, une espèce a bondi de l'eau comme pour témoigner de sa présence et demander qu'on ne l'oublie pas. Ce n'est pas une histoire inventée. Je viens juste de photographier cette baleine en face de l'hôpital où travaille Laure. Une baleine qui s'approche d'un hôpital, c'est un puissant symbole!

Baleine en balade Havre-Saint-Pierre (juin 2010)
Voir vidéoclip Pollution sonore, cétacés menacés.

L'Hôpital de Havre-Saint-Pierre (juin 2010)



Comme par hasard, je viens de constater que le dernier billet du Gestionnaire Borg (dans ma liste de blogs favoris) porte sur la peur: la peur du Web 2.0J'adore ce billet et sa conclusion: Arrêter d'avoir peur du méchant loup! Il ne faut pas avoir peur de tout.

Voir aussi Histoire de peur de Barbe blanche.

samedi 5 juin 2010

Le courage de s'impliquer

Cliquez
L'histoire a fait le tour du monde. Elle n'est pas unique. En cliquant sur la photo, vous en apprendrez davantage sur les circonstances tragiques ayant entouré le suicide d'une fille de 15 ans qui avait tout pour elle, tout pour être aimée.

Ce n'est pas sur l'histoire comme telle que je veux attirer l'attention, mais sur l'inaction de ceux qui avaient des responsabilités énormes pour lesquelles ils étaient bien payés. Ce qui est en cause ici, c'est le silence complice. Le plus révoltant, c'est que ça semble être la règle.

L’enquête a démontré que plusieurs des professeurs et administrateurs de l’école que fréquentait Phoebe étaient au courant du harcèlement que subissait la jeune fille (la mère de Phoebe les avait entre autres averti par deux fois) mais ils avaient préféré fermer les yeux. Le lendemain du drame, une autre étudiante de cette école, Rebecca Brouillard, avait décidé de parler à la presse locale et de raconter qu’elle-même subissait des sévices et des traitements humiliants depuis plus de deux ans. Son père a d’ailleurs témoigné que suite à la parution de l’article, sa fille avait de nouveau été harcelée et même physiquement battue. Là encore, semble-t-il que l’administration de l’école était courant de ce qui se passait, mais n’avait jamais rien fait pour y remédier.

Fleurs et ourson laissés devant la porte de la maison de Phoebe
Il fallait plus que des fleurs. Dans la région de Boston où s'est produit l'événement, on a réagi dans le bon sens. Malgré tout le mal qu'on dit des américains, ils savent parfois prendre des décisions pour changer les choses. Il y a encore des gens qui ont des valeurs morales et du coeur. Les gens de la communauté de Boston ne se sont pas contentés uniquement de regarder le show télévisé. Ils ont agi et fait en sorte qu'on ne puisse plus garder secret ce qui doit être connu et faire l'objet d'un bon suivi.

Le silence et la peur ne font jamais bon ménage. Le laisser-faire les alimentent. La meilleure façon de ne pas échouer est de ne rien tenter. (Le Gestionnaire Borg) Un poste de responsabilité commande des obligations qu'on a trop tendance à diluer à travers des phrases comme:
  • Tout le monde est responsable
  • On ne peut mettre une police derrière tout le monde
  • Nous avons déjà apporté des améliorations
  • Il faut avoir des preuves pour agir
Suite au suicide de Phoebe Prince, l'État du Massachuset a voté le 29 avril 2010 une loi prohibant toute action pouvant causer des préjudices physiques ou émotionnels, incluant les messages textes et autres sur internet. L'État a aussi annoncé la mise sur pied d'un programme de formation concernant la lutte au harcellement et à l'intimidation.

Ce programme s'adresse aux facultés, enseignants, parents, étudiants. Les cas d'intimidations doivent être signalés, consignés et les parents doivent être avisés. Tous les employés de l'école, y compris les travailleurs de cafétérias, doivent être tenus de rapporter touts les incidents suspects. On doit faire enquête dans chaque cas.

Nous sommes loin de là ici. Nous sommes meilleurs pour trouver des excuses que pour agir. La réputation des écoles demeure un élément plus important que la protection des jeunes.

J'ai lu un billet intéressant: Les 5 grandes peurs. Il s'agit d'un article sur un tout autre registre, mais j'ai été intéressé par les catégories de peurs dont on parle. Le sujet m'intéresse. Pour moi, la peur c'est ce qu'on peut vivre de plus intolérable. On devient vraiment libre et disponible au bonheur lorsqu'on a vaincu ses peurs. C'est ce que je crois.

Vigile suite au décès de Phoebe
Source de l'image

jeudi 3 juin 2010

La peur de s'engager


Je ne compte plus le nombre de filles belles et intéressantes qui connaissent des déceptions amoureuses. J'en connais et les articles sur le sujet ne manquent pas. Les gars semblent avoir peur de s'engager.

Le phénomène ne se limite pas à l'amour. Il est aussi désolant en politique. Un véritable drame. Avant de vous livrer mon prochain billet, je veux vous laisser tel quel un éditorial aussi triste que vrai. Je parlais tout récemment d'un silence inquiétant, désolant face à des événements tellement inacceptables qui ne semblent plus déranger personne. L'éditorial qui suit tombe donc dans le mille!

Stéphane Laporte
Lucien Bouchard a le droit de dire ce qu’il pense. Il a le droit de dénoncer le projet souverainiste. Il a le droit de prôner un dégel des droits de scolarité. Il aurait même le droit de proposer au Canadien d’échanger Price et de garder Halak. Jacques Parizeau aussi a le droit de dire exactement le contraire de Lucien Bouchard. Et Bernard Landry a le droit de dire le contraire de Bouchard et la même chose que Parizeau, mais en latin.

Ce qui est inquiétant, ce n’est pas que tous ces ex se prononcent. Ce qui est inquiétant, c’est qu’il n’y a que des ex qui se prononcent. Où sont les prochains? Les next? Les chefs de file de la nouvelle génération? Comment se fait-il que les nouvelles idées sont de vieilles idées venues de ceux qui sont déjà passés par là, qui auraient pu les réaliser lorsqu’ils étaient en place, mais qui ne l’ont pas fait? Comment se fait-il que le débat de société est animé par des gens dont les années de pouvoir sont derrière eux? Par des gens qui ont encore le souci de proposer des solutions, mais qui n’ont plus la fougue pour les appliquer, les concrétiser?

Comment se fait-il que, au Québec, on n’entende que des ex? C’est simple, il n’y a plus de fiancées. Les fiancées ont sacré leur camp. Les fiancées ont cassé. Personne ne veut s’engager. Personne ne veut se marier à la politique. La politique est en train de sécher, au Québec. La politique est un divorcé qui ne pogne plus. Il n’y a que ses ex qui s’intéressent encore à lui. Et ce n’est surtout pas pour reprendre avec lui. C’est juste pour le critiquer, pour chialer davantage. Pour lui redire à quel point il ne fait rien de bon. Pour lui redire qu’il devrait tout faire autrement. Pour lui redire combien elles ont bien fait de le quitter.

Au Québec, tout le monde préfère commenter plutôt que d’accomplir. On est un peuple de gérants d’estrade. Où sont les jeunes loups? Disparus. Durant des années, Mario Dumont était l’incarnation de la nouvelle génération. Un précoce qui un jour deviendrait PM. C’était écrit dans le ciel. Que fait Dumont aujourd’hui? Il commente. Il fait des 360. Il y a quelques années, l’avenir du PQ, c’était André Boisclair. Le nationaliste nouveau. Que fait Boisclair aujourd’hui? Il commente.

Qui a succédé à Mario Dumont? Personne. Qui a succédé à André Boisclair? Pauline Marois. Les seuls prétendants au Québec sont les anciens. Les engagés des années 70 sont encore les engagés des années 2010. Chapeau pour leur vigueur! Chapeau pour leur sens de l’engagement! Mais après eux, ce ne sera pas le déluge, ce sera le désert. Il n’y a pas de relève en politique. Nommez-moi un jeune politicien qui promet. Pas qui fait des promesses, qui promet, qui commence déjà à faire sa marque. En 2004, toute l’Amérique avait déjà repéré Barack Obama.

Le leader de 2014, le leader de 2020, ce sera qui, chez nous? Encore Charest, ça se peut bien... Ou Pauline.

Aux dernières élections municipales, qui représentait le changement, le nouveau Montréal face aux vieux maires, face à Gérald Tremblay? Louise Harel. Une autre battante des années 70. C’est pas normal.

Je n’ai rien contre les politiciens expérimentés. Au contraire, une chance qu’ils sont là : sans leur sens de la nation, le Québec serait un État sous-développé. Mais l’arène politique ressemble à une salle de spectacle de Michel Louvain.

Où sont les jeunes? Et quand je dis jeune, je parle des gens dans la trentaine et même dans la quarantaine. Ils s’occupent de leurs affaires. On a de plus en plus d’exemples de réussite personnelle au Québec, et de moins en moins d’exemples de réussite collective.

Qui succédera à Charest chez les libéraux? Impossible de voir un dauphin. Il n’y a que des brochets. Qui succédera à Marois chez les péquistes? Parizeau?

Si j’étais Lucien Bouchard, c’est ça que je dénoncerais. L’indifférence politique du Québec. Le problème, ce n’est pas de rêver à un pays, c’est de ne plus rêver à rien. Ni au Québec. Ni au Canada. C’est de ne rêver qu’à soi.

C’est un constat lucide de notre société. Nous sommes un peuple d’ex. Ce n’est pas avec des ex qu’on prépare son avenir. Avec des ex, on ne fait que réveiller de vieilles chicanes.

Sans relève politique, le Québec deviendra tôt ou tard un ex à son tour.

· Où habites-tu ?
· J’habite dans l’ex-Québec

Nous sommes de la génération des droits et libertés... Les obligations, c'était pour les générations d'avant.

Youpi! Imagniez, j'ai vu aujourd'hui par hasard un concours de photographies sur des villes du Canada. J'ai soumis celle-ci de Natashquan. Elle a été retenue. Mais je n'ai aucun vote à date. Au moins, j'ai participé. On peut la voir sur le lien suivant:
http://www.bingphotocontest.ca/QC/Natashquan.aspx?Photo=75347