samedi 19 décembre 2009

Joyeux décembre

Météo Havre-Saint-Pierre

Acceptation rime désormais avec soumission. Le Québec est conçu comme une terre vierge ou presque, où le nouvel arrivant peut, avec des contraintes minimales, reproduire des modes de vie qui reposent souvent sur des valeurs dont l’Occident a choisi de s’extraire depuis des centaines d’années.
Cliquer sur l'Imposture.
Joseph Facal
Il y a de la Folie dans l'air. Les marchants du huppé Plateau Mont Royal ont changé l'appellation Joyeux Noël par Joyeux Décembre. On veut être inclusifs! Il paraît qu'il faudra s'y faire. C'est ce que l'on a écrit de toutes lettres dans certains médias. Moi qui avais de la misère à croire au Père Noël, voilà qu'il me faudra apprendre à croire au Père Janvier! Ou à la Mère Janvier.


A l'école, on a aboli les cours de religion. On les a remplacés par des cours d'éthique et d'histoire des religions. Un article tout a fait savoureux a été écrit par Joseph Facal dont le lien pour son blogue se retrouve à droite dans mes favoris.

A la fin de cette année 2009, j'ai un souhait: que l'on retrouve la capacité de croire, d'être fiers de ce que nous sommes, de ce que nos ancêtres ont été. Que le décor politique, nos croyances, nos valeurs nous redonnent espoir en l'avenir.

A l'école de l'endoctrinement

par Robert Savard
La Charte des droits protège les minorités...jamais l'inverse.

Cliquez sur le lien pour voir l'article au complet

mercredi 9 décembre 2009

Elle était belle pourtant

Elle était belle pourtant si j'avais pu la garder
Le soir comme une enfant moi je l'aurais bercée
Salvatore Adamo
Sans le savoir, sans l'avoir prémédité, je revis plusieurs pages de l'histoire de la famille. Évidemment, le récit soulève l'intérêt chez ceux qui ont vécu ces événements de près ou de loin. Des émotions et des souvenir remontent à la surface.

Prenez, par exemple, Michel, le plus jeune de mes frères. Aussitôt que j'ai mis mon dernier billet en ligne, il m'a téléphoné. Cette photo de Nicole prise environ 3 mois avant son décès l'a ému.

Michel m'a dit: En voyant cette photo de Nicole, il m'est venu tout de suite à l'esprit cette chanson d'Adamo: Elle était belle pourant. Je suis même allé l'écouter sur You Tube.

Michel (1955 ou 56)

Michel a ajouté: Elle était vraiment belle et pas juste physiquement. Elle avait du caractère. Un jour qu'elle me gardait, j'étais un peu turbulent. Même si elle n'était pas beaucoup plus vieille que moi, elle m'avait pris dans ses bras et était allé me coucher dans mon lit en me disant de ne pas bouger. Je n'avais pas eu le choix que d'obéir.

C'est un peu comme ça, je crois, dans une famille monoparentale avec plusieurs enfants. Les plus vieux prennent les plus jeunes en charge. Il y a quelque chose de positif dans ce phénomène. Ma mère n'avait pas souvent à élever la voix. Les plus vieux s'en chargaient.

Mon père et moi, 1967
Quand mon père est revenu à la maison en 1965, Nicole était décédée depuis déjà 8 ans. Je me souviens pas s'il connaissait la nouvelle avant.

Mais je me souviens bien de la dernière fois que j'avais vu mon père. Nous étions pensionnaires à l'Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe. La vraie maison où nous avons grandi, c'est là.

Dans la section de droite au sous-sol, c'est là que j'étais pensionnaire avec Yves. Juste au dessus, c'était l'étage des filles. C'est la que Nicole et Micheline étaient pensionnaires. L'entrée, vis à vis le clocher, c'était celle du parloir. C'est là qu'on pouvait avoir de la visite le dimanche lorsqu'il n'y avait pas de sortie.


C'est donc par là que s'était présenté mon père, seul, étant séparé de ma mère. Je me souviens très bien que papa avait tenu Nicole dans ses bras pendant tout le temps de la visite. Il pleurait comme un enfant. Le plus tragique, c'est que ce fut la dernière fois qu'il a pu voir Nicole.

Je ne sais pas pourquoi, c'est toujours dur de voir pleurer un homme, surtout son père.

J'étais ému et je le voyais sous un côté humain qui me laissait croire ou du moins espérer qu'il revienne un jour avec ma mère. Malgré ses divergences conjugales, ma mère n'a jamais parlé en mal de notre père. Mais lorsqu'elle parlait de lui, elle y faisait toujours allusion ainsi: Celui que vous connaissez...


Selon mes souvenirs, c'est la dernière fois que je l'ai vu avant qu'il ne réapparaisse de façon aussi soudaine que mystérieuse. Il disait avoir habité le Grand Nord, la terre de Baffin. Il disait avoir été cuisinier dans l'armée, avoir connu des saisons avec 6 mois de soleil et 6 mois de nuit. C'est ce qu'il disait.

Nous ne savions pas si c'était vrai. Mais nous, nous avions l'impression que nous avions connu plusieurs années de nuit. Et nous souhaitions qu'il nous rapporte plusieurs journées de soleil.

Paradoxalement, Laure et moi vivons sur la Côte Nord. Je n'irai pas jusqu'à dire que nous sommes au pole Nord, mais nous nous y approchons. Nous sommes au 50è parallèle. Nous irons encore plus au nord cet hiver. La photo qui précède a été prise en février dernier, devant notre loyer de Havre-Saint-Pierre.

Mon père disait-il la vérité lorsqu'il parlait de ses aventures dans le Grand Nord?A suivre...

mardi 8 décembre 2009

La maison où j'ai grandi

Météo Havre-Saint-Pierre
Le temps a passé et me revoilà
Cherchant en vain la maison que j'aimais
Où sont les pierres et où sont les roses
Toutes ces choses auxquelles je tenais
Même de mes amis plus une trace
D'autres gens d'autres maisons ont volé leurs places

Françoise Hardy

Cliquez sur la photo pour voir la vidéo de la chanson.
La maison où j'ai grandi, elle ne nous appartenait pas. Nous n'étions que locataires. J'ajouterais même plus: cette maison n'existe pas. Et pourtant, pour chacun de nous, mes frères, mes soeurs, cette maison a une adresse: 2030 Duvernay. Elle a une âme. Mais ce n'est pas vraiment là que nous avons passé notre tendre enfance.

Reprenons tout du début. Ma mère est arrivée à St-Hyacinthe en 1952. Elle avait 29 ans et déjà, elle avait 6 enfants. Elle a habité le 2030 Duvernay toute seule. C'était l'endroit où nous pouvions nous réunir le dimanche, la plupart du temps. Mais il a fallu plusieurs années avant que nous puissions tous y être ou presque. Nicole n'était en effet plus là au moment de la réunification.

Yves (mon frère), Micheline (ma soeur), Francine(cousine), Nicole (sa dernière photo, 3 mois avant son décès)
J'ai été le premier à avoir le privilège de rejoindre ma mère au 2030 Duvernay. J'avais 13 ans. Puis il y a eu beaucoup de va-et vient. Je vous ferai grâce des détails. Je peux vous assurer cependant qu'il y a eu là, par la suite, une telle intensité dans nos émotions que nous avons eu l'impression d'y avoir vécu presque toute notre enfance. Il serait facile d'écrire tout un livre pour ne pas dire tout un roman aux milles rebondissements.

Il y a eu des instants tragiques, des moments pathétiques, des moments de bonheur, de douceurs, du suspense digne d'un film d'Alfred Hitchkok. Certains mystères n'ont jamais été éclaircis. Mais un événement nous a particulièrement marqués.

Un soir, un homme se présenta à la porte du logement de la rue Duvernay. Il frappa. Ma mère ouvrit. Le monsieur la salua avec un sourire et un regard étranges. Ma mère, surprise de la familiarité de l'inconnu s'empressa de demander:
  • Pardon monsieur, est-ce que je peux savoir qui vous êtes?

  • Mais voyons Yvette, s'empressa-t-il de dire. Tu ne me reconnais pas? C'est Roméo.
C'était mon père dont nous n'avions pas eu de nouvelles depuis 9 ans. Nous ne savions pas s'il était mort ou vivant. Imaginez, en 9 ans seulement, il avait changé au point d'être méconnaissable.

La première photo est plus récente que celle qui aurait pu être prise la dernière fois que j'avais vu mon père. Mais elle donne une bonne idée de ce qu'il avait l'air. La 2è photo a été prise peu de temps après le retour inattendu de mon père.
Mon père n'avait que 43 ans lorsqu'il est revenu.
Il paraissait beaucoup plus vieux.
Il en avait vu et en avait fait vivre de toutes les couleurs. Il avait été l'homme de tous les malheurs.
Mais son retour à la maison en 1965 avait été un moment d'extase, de bonheur intense dont je reparlerai dans mon prochain billet. Il est décédé à l'âge de 61 ans.