jeudi 27 novembre 2008

Se mentir, c'est mourir un peu



Suite du billet précédent

Se mentir, c'est mourir un peu.
(Réflexion personnelle)


à gauche: 1970, avec Sebastein
en bas: 1976: avec Véro


Après la naissance de Frédéric, seul Michel et moi avons revu mon père. Il venait me voir à l'occasion. Il l'a fait par exemple à l'occasion de la naissance de mon premier fils, ma fille et mon dernier. Il leur apportait des cadeaux. Il était tendre et sympathique avec eux. C'était à la fois émouvant et triste de le voir.

Il adorait Laure. Ce qui me frappait dans le comportement de mon père, c'était l'écart terrible entre ce qu'il était et les valeurs qu'il projetait. On aurait dit à l'entendre que c'était un être sans reproche. Il avait une vision juste de tout, jugeait sévèrement tout comportement contraire à la morale chrétienne. Il avait la stature de toutes les grandes vedettes de cinéma américain: il incarnait la perfection en facade. Les autres c'étaient les méchants des films américains. Sauf ma mère. Il a toujours parlé en bien de ma mère.

Cet écart entre ses aspiration et la réalité devait lui faire ressentir une grande souffrance et de la culpabilité. Je me souviendai toujours comment il nous serrait dans ses bras quand il venait nous voir à l'orphelinat, surtout Nicole. Je le regardais pleurer et j'en étais profondément bouleversé.

Dans nos rencontre avec lui, après mon mariage, il nous racontait toutes sortes d'histoires que nous écoutions avec politesse. Certaines nous paraissaient douteuses et loufoques. Il nous a raconté par exemple un jour qu'il avait maîtrisé un homme qui menaçait une dame et qu'on avait parlé de lui dans le journal.

Nous allions le visiter. Je lui écrivais des lettres. Il me répondait gentilment. Nos rencontres étaient chaleureuses. On le sentait fier d'être grand-père. C'était sympathique. Puis, la vie étant ce qu'elle est, le temps s'est fait de plus en plus rare. Les enfants, le boulot, la vie... le temps emporte tout.

Jipé 11 ans
En fin d'année 1984, durant la période de Noël, j'ai reçu un coup de fil de mon père. Il nous souhaitait une bonne année.

On dit qu'un homme ne pleure pas. Il a pleuré ce jour-là. Il se sentait seul. Il demeurait à plus de 200 kilomètres de chez moi. J'ai dû lui dire que le temps me faisait défaut.

Deux ou trois mois plus tard, j'ai reçu un autre coup de fil de mon père. Il m'a dit qu'il venait de sortir de l'Hôpital Notre-Dame à Montréal. En larmes, il a jouté qu'on lui avait annoncé qu'il avait un cancer du poumon et qu'il ne lui restait beaucoup de temps à vivre. Je ne l'ai pas cru. Je pensais qu'il s'ennuyait tout simplement. Je lui ai répondu tout bêtement: Écoute papa, si tu étais si malade que ça, on t'aurait gardé à l'hôpital. Comme réplique, ce n'était pas la plus empathique du siècle. J'avais déjà fait mieux. Et comme vous voyez, mes réactions ont des ratés comme tout le monde.

À la fête des mères, à la mi-mai 1985, ma soeur Manon qui travaillait à l'hôpital Notre-Dame me dit qu'elle avait vérifié et que mon père était effectivement atteint d'un cancer incurable. Mon sang n'a fait qu'un tour. J'aurais dû croire mon père. Je me suis senti coupable. Je n'étais pas fier de moi.

En rentrant chez moi, sans perdre un instant j'ai appelé chez mon père. La dame qui l'hébergeait m'a dit que mon père serait comblé si j'allais le visiter, qu'il en avait bien besoin. Elle m'a dit qu'elle était inquiète de lui. Ça m'a donné un choc. Je l'ai assurée que j'y serais dès le lendemain.

J'ai pris une journée de congé, ce qui était exceptionnel dans mon cas. J'avais hâte de voir dans quel état je le retrouverais. Je souhaitais profondément qu'il soit suffisamment lucide pour ce qui pouvait être un ultime échange. Ma vie s'est repassé comme en accéléré dans ma tête.

Avant d'entrer dans sa maison, j'ai eu l'impression qu'une page importante de notre vie était sur le point de s'écrire.

À suivre...




jeudi 20 novembre 2008

Ouverture ou naîveté

Voici deux histoires qui m'ont marqué
Elles touchent nos croyances et notre naîveté

Robert Bradford
L'homme à la valise 1967

Agent de la CIA en poste à Londres, McGill, accusé à tort d'avoir trahi son pays, est contraint de démissionner des services secrets. Voulant à tout prix être réhabilité, il devient détective privé et accepte de résoudre toutes les affaires qu'on lui propose pour la somme de 500 dollars par jour plus les frais. Il n'a qu'un seul bagage : une valise contenant quelques vêtements et son arme.

L'homme a la valise fut une émission très populaire en 1967, l'année de mon mariage avec Laure. Nous avions loué une télé noir et blanc. J'aimais Laure et deux émissions de télé: Chapeau melon et bottes de cuir et L'homme à la valise.

La première émission que j'ai vue de l'homme et la valise fut ma préférée. Je m'en souviens encore. L'homme à la valise, McGill, fut chargé de retrouver en Afrique un criminel qui s'y cachait sous le personnage d'un missionnaire barbu. Il le retrouva. Il fut intrigué de voir comment ce missionnaire était apprécié. Il se comportait comme un saint homme. Au moment de l'arrêter, il lui demanda comment il pouvait faire pour avoir ainsi une double vie aussi différente l'une de l'autre. Le faux missionnaire répondit qu'il s'était fait prendre à son propre jeu. Il était devenu croyant et doté d'un dévouement sans borne pour ses ouailles.

Évêcher St-Hyacinthe

L'autre histoire est vraie celle-là. Je l'avais vécu en 1964 environ. J'étais étudiant au Séminaire de St-Hyacinthe. Nous avions fait la connaissance d'un missionnaire d'Amérique du Sud qui résidait à l'évêcher de St-Hyacinthe en attendant de retourner en mission. C'est un des meilleurs prêtres que j'ai connus. Il prêchait des retraites émouvantes, nous confessait (sauf moi à cause de mes fous rires), recueillait des aumônes pour sa mission du Brésil. Nous étions tous touchés par ses anecdotes, son approche humaine, sa façon de nous expliquer l'évangile.

Au début des vacances, il demanda à un de mes collègues de classe un grand service: se faire reconduire à sa mission. Vous comprendrez qu'il accepta de bon coeur. On ne refuse pas un service à un grand émissaire de Dieu. Chacun doit faire sa part! Le voyage fut très agréable.

Un fois arrivé au Mexique, le missionnaire s'empara de l'auto. Elle ne fut jamais retrouvée. Le missionnaire non plus. Une histoire comme celle-là quand on est adolescent, ça marque! Il faut tout de même avouer qu'on peut parfois faire preuve facilement de beaucoup de naîveté. Même l'évêque s'était fait prendre au jeu.

Ce que je retiens de ces histoires:


Un criminel peut faire un bon religieux. Il peut se prendre lui-même au jeu. Mais le plus souvent, c'est l'inverse. Raêl est un bon exemple. Sa secte a fonctionné longtemps au Québec. Il a profité des tous les avantages fiscaux d'une église. Il a abusé financièrement et sexuellement de ses membres souvent très jeunes. Même ma fille a failli se faire prendre en allant y faire une recherche dans le cadre de son cours de religion. Je me demande bien où il peut être rendu.

Quand je vois tous les abus, toute la violence qui se font au nom de Dieu, je crois qu'il faut souhaiter vivre dans une société civile. Je crois que nous n'avons plus le choix.

En même temps, je crois qu'il y a un vide difficile à combler. Nous manquons de repères, de valeurs communes. C'est la lecture que j'en fais en souhaitant me tromper. Mais je continue de faire confiance à l'humanité et dans les valeurs inscrites dans la nature.

Notre naiveté, c'est aussi du bonbon pour les politiciens. Ils savent que pour une bonne couche de la population on peut dire n'importe quoi, promettre le ciel sur terre et être crus. Ils savent que nous avons la mémoire courte.

lundi 17 novembre 2008

DNE


J'avais prévu vous parler de mes ancêtres dans ce billet. Mais je leur ai permis d'aller se reposer. J'ai trouvé une autre matière à réflexion. Ce matin, à l'émission de Christiane Charest, on a parlé du Prince Charles et ensuite de l'expérience en cours sur la mort imminente (DNE)

Cliquer sur la photo de gauche pour avoir accès aux deux entrevues. Vous pouvez aussi avancer le curseur pour passer directement au reportage sur la mort imminente. L'entrevue est tout à fait renversante. Elle montre que les recherches scientifiques avancent très vite sur le sujet. Les conclusions semblent évidentes à l'effet que la vie peut continuer sans le corps.


Dans cet entretien radiophonique, on parle du Dr Sam Parnia qui mène présentement la recherche. Si vous cliquez sur la première photo du billet, vous aurez accès à un reportage. Il est en anglais. Si vous souhaitez une traduction, je peux le faire. En substance, on explique que l'on place des images non visibles à moins d'être au plafond. Si le sujet qui dit avoir flotté au dessus de son corps et peut les décrire après être revenu à la vie après un période de coma, ça signifie que la conscience peut exister indépendamment du corps. On veut faire la recherche sur 1500 patients.

Vidéo sur l'université de Sherbrooke

Il y a quelques années j'avais entendu parler de cette expérience au Centre Hospitalier Universitaire de Sherbrooke. J'avais été très intéressé par le sujet puisque j'avais déjà vécu cette expérience. J'en avais d'ailleurs parlé à des proches de ma famille immédiatement après avoir vécu l'expérience, au risque de passer pour fou.

Aujourd'hui, j'avais à rencontrer un médecin de mes connaissances qui travaille à cet hopital. Il était passionné tout autant que moi par le phénomène et m'a parlé du témoignage d'une personne crédible décrivant ce qu'elle a vécu dans le coma. Pendant cette étape de coma, il avait vu les médecins autour de lui et entendu leurs conversations pendant qu'ils essayaient de le réanimer.

Je vous ai déjà parlé aussi de ma soeur Nicole décédée à l'âge de 11 ans. J'étais en sa présence au moment du décès. J'avais à peine 13 ans. Je ne suis pas le seul témoin de l'événement. Dans le contexte du présent billet, le récit prend toute sa signification.

Nicole était en pleine santé le dimanche. Elle était venue en fin de semaine avant de retourner où elle était pensionnaire. Le mardi, elle fit une poussée de fièvre et fut transportée à l'hôpital en ambulance. J'étais aux côtés de ma mère lorsqu'elle a reçu le coup de fil pour lui annoncer l'incident. Je me rappelle encore de tous les détails. Je vois encore ses jambes trembler tellement le choc fut pénible pour elle.


Nicole à droite (1956)





Nicole fut hospitalisée et sa poussée de fièvre ne put être arrêtée. Elle délirait continuellement. On l'avait placée sous une tente d'oxygène. Le médecin dit à ma mère que sa fièvre avait été tellement forte que même si elle revenait à la santé, elle ne retrouverait pas ses facultés.

À notre grande surprise, au début de la soirée du vendredi 11 octobre, elle s'est assise dans son lit, nous a tous salué à tour de rôle. Puis elle a dit: Comment ça se fait que j'étais morte et que je ne suis plus morte? Ma mère crut au miracle et dit à Nicole qu'elle était bien heureuse de la voir prendre du mieux, qu'elle avait hâte de la ramener à la maison. Nicole, avec un calme et une lucidité étonnant lui répondit: Ne pense pas ça, maman. Tu vas te faire du mal pour rien. Je ne retournerai plus jamais à la maison et c'est très bien comme ça. Elle est décédée quelques heures plus tard, en soirée.

Nicole avait pourtant perdu connaissance au début de la même semaine, avait eu de la
fièvre et déliré sans arrêt le reste de la semaine. Le médecin avait dit qu'elle avait fait trop de fièvre pour retrouver ses facultés. Pour moi, tout ça demeure pur mystère. S'il n'y a pas de vie après la vie, alors je ne vois pas comment expliquer ce qui s'est passé.

Je partage cette expérience parce que je crois qu'elle est porteuse d'espoir. Cette expérience m'a aidé à voir la mort autrement. C'est à l'idée de retrouver Nicole que ma mère a accepté sa propre mort.


Cliquez sur la photo

Photo de Françoise
Blogue Un instant une photo
Cette photo a été primée
Bravo, Françoise!

samedi 8 novembre 2008

les mythes

«Lorsque tu poursuivras ton bonheur, des portes s’ouvriront où tu ne pensais pas en trouver ; et où il n’y aurait pas de porte pour un autre.»
[ Joseph Campbell ]

Cliquez sur la photo pour le texte intégral

C'est fou le hasard

Il m'est arrivé souvent de tomber tout à fait par hasard sur un texte, une conférence, une confidence qui vient répondre comme par magie à un questionnement existentiel.


Prenez par exemple le dernier billet. Je me suis questionné sur certains textes religieux racontant des histoires farfelues. Et je me suis demandé si ceux qui nous ont raconté ces histoires y croyaient vraiment.

J'ai trouvé un texte sur cette question. Comment suis-je arrivé à ce texte ? En cherchant une image qui illustre la mort et la vie. La photo m'a entrainé sur un texte de Jacques Languirand. Il présente un monsieur Joseph Campbell qui serait, selon Jacques Languirand, un des penseurs les plus influents de notre époque.

Ce dernier dit ceci en rapportant la pensée de Joseph Campbell:

Une lecture littérale et historique des récits sacrés du christianisme dépouille, à son avis, les mythes de leur vrai sens et de leur dynamisme. Alors qu'ils sont conçus pour évoquer la réalité spirituelle, les symboles bibliques, si on les concrétise,perdent leur référence essentielle et entrent en conflit avec les connaissances scientifiques les plus élémentaires.

Selon lui, tous les mythes appartiennent à une même structure fondamentale et racontent toujours, en grandes lignes, la même histoire. Il précisait que la structure d'un mythe comprend trois étapes :

le départ ou l'exil du héros Ce peut être partir de la maison, ce peut-être se lancer dans les études, ou faire son entrée dans le monde;
une initiation, c'est-à-dire une épreuve et une confrontation avec la mort, au moins symbolique. Comme la crise de la quarantaine, par exemple;puis,
le retour du héros.Le héros ne revient pas pour lui-même mais pour les autres.

Il revient pour témoigner et vivre pour les autres. Il sait désormais que l'on vit les uns pour les autres. Il s'occupe donc de la société, de l'organisation de la chose publique: des générations futures et du monde dans lequel elles vivront.

Rappel de L'énigme du sphinx:
Un jour Oedipe décida lui aussi d'affronter le Sphinx qui lui donna à résoudre l'énigme suivante :
"Quel être a d'abord quatre jambes, puis deux jambes, et finalement trois jambes?"


Sans hésiter Œdipe répondit : "L'homme", car dans sa prime enfance il se traîne sur ses pieds et ses mains, à l'âge adulte il se tient debout sur ces jambes, et dans sa vieillesse, il s'aide d'un bâton pour marcher."
Se voyant déjoué, le Sphinx se précipita du haut de son rocher et se tua comme l’oracle l’avait prédit.


La rencontre avec le Sphinx me rejoint.


Le texte parle de lui-même.Alors, je me tais.



Lorsqu'on vient à confronter la Sphinx et à vaincre la peur de mourir, la mort n'a plus de prise sur soi et la menace de calamité s'évanouit. Vaincre la peur de mourir permet de recouvrer la joie de vivre.

On ne parvient à accepter inconditionnellement la vie que lorsqu'on a accepté la mort, non pas comme le contraire de la vie mais comme l'une de ses manifestations. Car la vie, qui ne cesse de devenir, entraîne fatalement la mort derrière elle. Vaincre la peur de mourir donne le courage de vivre.

On ne lit pas toujours les commentaires. Ça se comprend. Mais permettez-moi de lire le premier commentaire, celui de Réjean. Comme toujours, sa sagesse et sa perspicacité m'impressionnent.

Il m'a donné l'idée d'une nouvelle trilogie illustrée par des faits vécus.

mercredi 5 novembre 2008

Barack OBAMA



Aujourd'hui, la terre vibre d'espoir!

Un vent de fraîcheur vient de se lever. Il était temps. Comme tant de monde sur la planète, je me mets à rêver à un jour meilleur. Je me mets à faire confiance en la sagesse de l'espèce humaine, aux hommes de bonnes volontés.

Ces moments sont trop rares. Il faut en profiter, se refaire un plein d'optimisme. En même temps, je me demande si on n'attend pas trop d'un seul homme. Les risques de désillusions sont grands. Mais je me plait à croire que c'est le début d'un temps nouveau. Je suis inspiré. Je souhaite que ça devienne contagieux.

Et c'est au Québec maintenant de montrer le jugement de ses citoyens. Serons-nous aussi sages le 8 décembre prochain? Aurons-nous le goût d'un vent nouveau? Prendrons-nous le risque ?

Prendrons-nous le risque d'avoir foi en nous?

dimanche 2 novembre 2008

Dernière visite

Je me souviendrai toujours de la dernière fois que j'ai vu grand-mère Ferland. Elle était à l'Hôtel-Dieu de St-Hyacinthe. Nous connaissions bien l'endroit. C'est là ue nous avions été pensionnaire chez les religeuses. À l'époque, il y avait beaucoup de jeunes religieuses. Plusieurs étaient dynamiques, consciencieuses. Aujourd'hui, les plus jeunes ont plus de 80 ans.

Ma mère nous avait appelés, Laure et moi, pour nous dire que sa mère en avait pour très peu de temps à vivre. Atteinte d'Alzheimer, elle n'avait plus de qualité de vie. C'était une personne précieuse pour nous. Elle et mon grand père avaient gardé un de mes frères avant qu'il soit pensionnaire. Mes grands parents avaient été gardés par ma mère plusieurs années plus tard lorsqu'ils sont devenus non autonomes.

Ma grand-mère était couturière. Elle avait trimé dur. Mon grand-père était tout jeune lorsqu'il est devenu invalide après avoir été piétiné par un boeuf. On avait voulu lui amputer la jambe, mais mon grand-père avait refusé à trois reprises. Il l'a gardée. Et il a survécu.

Aussitôt arrivés, nous nous informons du numéro de chambre et de l'étage. Nous prenons l'ascenseur et nous rendons au poste des infirmières. On nous indique que grand-mère Ferland se trouve au Salon. La préposée nous demande de la suivre. Nous la suivons. Je m'en souviens comme si c'était hier.

Grand-mère Blanche Roberge et
son fils Paul-Yvon Ferland


En entrant dans le salon la préposée va rejoindre la dame et lui dit: Madame Ferland, vous avez de la bien belle visite: votre petit fils. La dame s'avance chambranlante. Elle est amaigrie. Nous ne la reconnaissons pas. Tout à coup, elle dit: C'est qui ça? C'est pas mon petit fils. Je les connais pas. C'est qui eux autres?


C'est là que j'ai compris pourquoi je ne reconnaissais pas ma grand-mère. C'était une autre dame Ferland. Pas ma grand-mère. J'étais surpris de savoir qu'elle était au salon alors qu'elle était mourante en début de journée. Je trouvais qu'elle avait pris beaucoup de mieux en si peu de temps. Nous aurions dû penser que ça ne se pouvait pas. Il y a des moments où l'on veut croire au miracle. Dans certains moments difficiles, on dirait que je met la switch à OFF. On peut alors me passer n'importe quoi.

Après plusieurs démarches, nous finissons enfin par trouver l'endroit et rejoignons la famille éplorée dans un petit salon. Je raconte notre mésaventure. Quand j'ai dit que je trouvais que grand-maman avait pris du mieux pas mal vite, je me souviens très bien que tante Jacqueline a dit: Sacré Jacques, ça prenait juste toi pour venir nous faire rire dans un moment pareil.

Nous sommes allés rejoindre grand-mère dans la chambre où elle se trouvait. Ma mère était à ses côtés et lui épongeait le front avec douceur et tendresse. Cette image m'est toujours restée en tête. Lorsque ma mère a son tour attendait son heure, atteinte elle aussi d'Alzheimer, je me disais qu'il n'y avait pas si longtemps, c'était elle qui était debout à ma place à côté de sa mère.

Elle tourne la roue. De plus en plus vite...

J'ai abordé dernièrement le sujet des expériences de mort imminente. Cliquer sur le lien suivant pour accéder au blogue qui en parle:


Expériences de mort imminente: survie de la conscience ou délire d’un cerveau mourant?
Rédigé par Basile le 3 novembre 2008 — Publié dans Astrologie, Conscience/rêves, Parapsychologie
Pour ce qui est de la nature des expériences de mort imminente (EMI ou NDE), deux écoles de pensée s’affrontent sur ce sujet fortement débattu: ceux qui affirment que ce phénomène est une preuve de l’existence et de la survie d’une conscience après la mort, et les sceptiques qui estiment que les expériences vécues lors des EMI peuvent s’expliquer par le délire d’un cerveau mourant en manque d’oxygène. Y a-t-il des éléments empiriques qui permettraient de trancher? Nous allons dans ce billet tenter une synthèse de récents débats.

samedi 1 novembre 2008

Somnambulisme frappant Prise2


Voici l'endroit exact du crime et son auteur. Cette photo fut prise en 1956. J'ai l'air inoffensif, à l'oeil. Mais... attendez voir.
La photo date de l'année où j'ai pensé faire mon petit cinéma de somnambulisme. Cet endroit tenu par les Pères et les Frères St-Vincent de Paul était un château donné par un Seigneur, le fondateur de St-Hyacinthe.

L'aménagement paysagé était incroyable. Il y avait là un pont des soupirs enjambant un petit ruisseau romantique, des arbres centenaires, des fleurs. En 1968, on a tout rasé pour faire place à des HLM affreux. Il n'y a plus de végétation. Plus d'arbre. Plus de verdure. Fini la nature, fini le romantisme, vive la modernité!

C'est fou ce qu'on manque de respect en Amérique pour le passé. En France, on en aurait fait un musé.

Bref retour sur dernier message:

J'ai prévenu mon frère Yves à l'avance de mes mauvais plans. J'ai expliqué à Yves que Moustache me tombait sur les nerfs et que j'avais le goût de lui payer la traite en faisant le somnambule. J'ai ajouté d'attendre pour dormir parce que j'allais lui donner un bon spectacle. J'avais hâte que le soir arrive et il arriva. Je me suis levé...

La suite
Je me suis levé, j'ai levé les deux bras, j'ai pris un regard fixe. Je me suis avancé dans le dortoir, j'ai fait le tour du lit de Mousatache, les bras toujours à la verticale. Et là, je lui ai assenné deux bonnes claques. Il a levé carré dans le lit, la terreur dans les yeux. Je ne m'étais jamais senti aussi impressionnant. Ça valait la peine de connaître ça au moins une autre fois dans ma vie. J'avais le goût d'une reprise.

J'ai poursuivi mon chemin, ai fait demi tour et suis revenu près du lit de Moustache. Il s'est assis dans son lit. J'ai rajouté deux bonnes taloches pour le même prix. J'ai continué ma marche, les yeux fixes, je suis revenu près du lit. Cette fois, il ne s'était pas recouché. Il s'est protégé le visage. Mais je me suis dit à moi-même Jamais 2 sans 3. J'ai complété ma marche jusqu'à mon lit et me suis recouché en me disant que c'était réglé. J'avais fait ce que je voulais faire.

Bien sûr, ce que j'ai fait, ça ne se faisait pas. C'était pas gentil. Mais c'était la seule façon que j'avais trouvé d'affronter Moustache. Il était pas mal mieux bâti que moi. En temps normal, il aurait gagné la bataille. Mais face à un somnambule, il était complètement décontenancé.

Quand j'y repense, je trouve que c'est inconcevable. Je ne comprends pas comment j'ai pu avoir une idée pareille. Je ne connaissais pas le danger. S'il avait fallu que Moustache décide de faire un match revanche. J'y aurais goûté.

Le plus curieux de cette histoire, c'est que Moustache n'a même pas osé m'en parler. Il devait être traumatisé. Il a simplement dit à Yves, mon frère, que j'étais un vrai fou quand j'étais somnambule. Il n'avait pas tout à fait tort.
Avec la réputation qu'il m'a fait, tout le monde aurait eu le goût de se cacher lorsque j'étais somnambule. Mais c'est la seule fois que j'ai profité de la situation. Normalement, j'aime mon prochain.

Le somnambulisme simple : l'enfant ou l'adulte s'assoit sur son lit tout en exécutant des gestes plus ou moins adroits. De temps en temps, il peut se mettre à parler. Dans le deuxième cas, le somnambule se lève et déambule dans l'habitation pour ensuite retourner spontanément dans son lit. Ses yeux sont grands ouverts et son regard est inexpressif. Si on lui parle, il peut répondre, il peut même exécuter des ordres. Mais le somnambule s'irrite très vite et devient grognon.

Parfois, il peut réaliser des actes relativement élaborés, éviter des meubles, descendre des escaliers, vider une armoire, fouiller le réfrigérateur, se mettre à manger, faire la vaisselle, ou uriner dans un coin; voir même chez les adultes, conduire un véhicule. Sauf dans cette dernière situation, ce type de somnambulisme n'est pas dangereux et se déroule tout au plus une fois par mois durant 10 minutes. L'autre type de somnambule est dangeureux(...)

Rassurez-vous, je n'étais pas un somnambule dangeureux, sauf quand je faisais semblant de l'être. J'ai vraiment terminé ma carrière de somnambule. Mais si je rencontrais celui qui a fait raser le Patro de St-Hyacinthe, la végétation et tout, j'aimerais reprendre du service comme somnambule.