vendredi 30 mai 2014

Rivière-au-Tonnerre

Rivière-au-Tonerre


Cette semaine, je suis allé à Rivière-au-Tonnerre, une charmante municipalité de 350 habitants, à mi-chemin entre Sept-Îles et Havre-Saint-Pierre. Un endroit de rêve. Il est surprenant de voir qu'il y a si peu d'habitants dans ce milieu de rêve.

En haut, vous avez une église normande que l'on peut visiter tous les jours de la mi juin à la mi septembre. Ça vaut le détour. J'irai visiter l'intérieur cet été et je vous en reparlerai.

D'où vient le nom de Rivière-au-Tonnerre. C'est que l'endroit, au bord de la mer, est enclavé et contient de nombreuses roche chauffées par le soleil. Il en résulte ne nombreux craquements par moments qui donnent l'impression de coups de tonnerre.




Situé à quelques 600 kilomètres à l'est de la ville de Québec, Rivière-au-Tonnerre avec son église de style normand, ses kilomètres de plages et ses paysages d'arbres rachitiques et de tourbières, constitue l'un des plus beaux villages de la Côte-Nord. Il doit son nom au déversement puissant des chutes de la rivière du même nom. Ses premiers habitants, des pêcheurs de la Gaspésie, de Baie des Chaleurs et des îles de la Madeleine qui connaissaient l'endroit pour ses pêches abondantes et son havre reconnu pour sa sécurité, s'y installèrent au cours du XIXe siècle. Ils portaient des noms très variés: Vibert, Beaudin, Leblanc, Lebrun, Blaney, Cody, Boudreau, Duguay et Cormier. En 1850, trois familles résidaient à Rivière-au-Tonnerre. En 1871, on en comptait quatorze formées de 33 adultes et 32 enfants (dénombrées par R.P.J.O Perron, vicaire du petit village).



Quand M. Henri Menier devint propriétaire de l'île d'Anticosti, en 1895, il imposa aux résidants des conditions nouvelles d'existence. Il achetait les maisons et les terrains cultivés, il ne chassait personne, mais tous devenaient ses sujets soumis et devaient payer une rente annuelle au nouveau "roi". Quinze familles dont les Bezeau, Dignard et les Noël, préoccupés de jouir des libertés d'antan, immigrèrent à Rivière-au-Tonnerre.



Longtemps isolé du monde, le village vécut sans radio, ni télévision, ni route jusqu'en 1948, année où l'on achemina les lignes électriques à Rivière-au-Tonnerre. Pas étonnant qu'on y ait construit une des plus belles églises de la Côte-Nord à partir de 1908 et que ses décorations aient été patiemment sculptées au canif. En 1951, la population comptait 618 habitants.
Depuis ses origines, toute l'activité économique du village est liée à la pêche. De 1975 à 1985, Rivière-au-Tonnerre a été qualifiée de "capitale du crabe" mais des difficultés administratives ont amené l'usine de transformation du poisson à fermer ses portes en 1988. On continue tout de même à pêcher le crabe aujourd'hui dont les Japonais sont très friands. La population, actuellement au nombre de 350 habitants environ, continue de subir l'exode de ces enfants vers les villes. Mais il y a ce charme indescriptible qui, lui, demeure : une sorte de mélancolie, un sentiment d'infini et de beauté paisible qu'on ne retrouve nulle part ailleurs au Québec. Et, bien sûr, il y a la mer...
Source:
http://pages.infinit.net/kluk/riviere-au-tonnerre/

Rivière-au-Tonnerre Prix tourisme régional 2012

Il y a beaucoup de potentiel touristique sur la Côte-Nord. Mais il a peu de chance d'être exploité comme il le mériterait. Le Plan Nord, c'est pas ça. Ce sont les mines, l'exploration pétrolière. Je crois que pour la région, en investissant autant dans les infrastructures touristiques, les retombées seraient plus importantes pour la population locale.

On a une formule électoralement rentable avec le slogan L'Économie d'abord.
Un parti politique ne serait jamais élu avec le slogan La personne humaine d'abord.

Une autre priorité demeure le domaine de la santé. Avec la réforme de la santé des années 60, on visait l'accessibilité des soins. Les réformes ont avantagé les médecins. Au point de vue de l'accessibilité,  la situation n'a cessé de se détériorer. Une nouvelle stratégie a vu le jour avec le milieu médical: If you can't beat them, join them. Le négociateur en chef des médecins spécialistes devient Ministre de la Santé.


Caricature La Presse




vendredi 16 mai 2014

Le charme de la mer

Havre-Saint-Pierre 
À gauche: l'hôpital. À droite: la maison bleue où nous résidons. En face, l'Ile du Havre où a habité Louis Joliette. A gauche de l'Ile du Havre: la petite ligne bleue à l'horizon: l'Ile d'Anticosti. Dans le stationnement de l'hôpital: des autos et des camions. Le stationnement est réservé à ce type de véhicules. L'imposant édifice jaune face à la mer: le Portail Pélagie-Cormier, l'endroit d'où partent les excursions pour les îles de l'archipel Mingan. C'est là que Jean Charest avait présenté le plan Nord la première fois. Symboliquement, c'est de là que pouvait partir la plus grande menace pour la région si tout n'était pas fait convenablement.

Hier, Laure et moi avions le plaisir de prendre un bon repas aux fruits de mer au Restaurant La Promenade. Par la fenêtre panoramique du restaurant, un décor de rêve s'offrait à nos yeux. La mer, le ciel, la terre tout autour, tout étais en bleu avec des teintes de toiles de grands maîtres. On ne pouvait s'empêcher d'admirer cette luminosité tout à fait extraordinaire qu'on ne voit pas ailleurs. Je crois que c'est l'absence d'humidité et de pollution qui nous permet une telle ambiance.

Photo: Amélie Charest
Instinctivement, nous n'avons pu nous empêcher d'en parler et dire comment la vue de la mer était réconfortante. Nous avions tous les mêmes sentiments et la même réaction. Pourtant, nous venions tous de régions différentes. Nous sommes ici la majorité du temps depuis janvier 2009. Chaque jour, la mer m'émerveille. Je la contemple et il me semble que je n'ai besoin de rien de plus pour être heureux.

J'aime prendre des marches, faire mes courses à pied. Mais je suis comblé. Même sans sortir, j'ai la mer en vue. Ce matin, en regardant par la fenêtre, j'ai vu se profiler le Bella Desgagnés, ce bateau-cargo qui approvisionne tous les villages que la route ne rejoint pas encore. En plus, il permet de transporter des autochtones, des touristes et leurs véhicules si désiré.


Bella Desgagnés
Le Bella Desgagné ne reste pas là longtemps. Un écriteau précise ceci:
Stationnement exclusif au Centre de Santé.
Remorquage à vos frais.

Il poursuit sa route jusque devant le resto-Bar l'Écoutille, mon voisin d'en face.
J'ouvre la porte et je prends cette photo sans même sortir de la maison.

Bella Desgagnés, 15 mai 2014 face au resto-bar l'Écoutille
Le même endroit, il y a 6 semaines



Bon revenons à la journée d'hier, à la vue du Bella Desgagnés.
Je fais un zoom avec ma caméra pour mieux voir ce qui se passe sur le pont.
À ma grande surprise, je vois que ceux que je voulais espionner m'espionnaient déjà. On y voit un photographe et un caméraman.

Du pont du Bella Desgagnés
Un peu plus loin, il y a des préparatifs pour installer les embarcations maritimes en prévision de la belle saison.



Mais, il y a un vestige de l'hiver qui s'achève: la fièvre du hockey est bien perceptible.
Voyez le drapeau qu'on arbore fièrement.
Marina de Havre-Saint-Pierre: des partisans du Canadien de Montréal
Comment ne pas être heureux quand on vit dans un tel paradis?  Tout ce que la nature nous offre est tellement merveilleux. L'endroit est habité depuis fort longtemps. Il fut découvert en même temps que le Canada, en 1534. Il semble qu'il y avait des autochtones il y a 6000 ans. Et pourtant, malgré la beauté de la nature il n'y a que 3600 habitants. Logiquement, c'est difficile à comprendre quand on pense à tout le problème de surpopulation ailleurs sur la planète.

En même temps, on ne peut s'empêcher de réaliser que la nature est si belle et accueillante, c'est que l'homme n'a pas encore eu l'occasion d'y laisser sa marque. Il faut aller 225 kilomètres à l'ouest pour y voir des feux de circulation.
 
Petit détour improvisé de l'autre côté de l'Atlantique

Des nouvelles de notre fils Jipé en tournée en France



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jeudi 8 mai 2014

Amour et gloire: morts ou vifs

Quand les hommes nous aimerons d'amour
Ce sera le bonheur sur la terre
Mais nous nous serons morts, mon frère
(Parodie du texte de Raymond Lévesques)

Être reconnu et aimé de son vivant, c'est tout un défi.
On peut l'être un peu, beaucoup, passionnément, mais ces sentiments sont très éphémères.
Souvent, les grands hommes, les artistes, les politiciens, les philosophes ou autres doivent attendre d'être morts avant d'être reconnus. Plusieurs, parmi les meilleurs, connaissent même une fin tragique. La liste est longue.

Pensons simplement à ceux-ci: Cicéron, Thomas More, Jésus de Nazareth, Jeanne D'Arc, Martin Luther King, John F. Kennedy, Gandhy



Chacun dans son domaines, ces personnalités ont su transformer le monde. On peut les contester, mais on peut dire qu'ils ont tout donné pour une cause en laquelle ils croyaient sincèrement. Je ne comprendrai jamais vraiment pourquoi tant de monde ont tellement de difficulté à distinguer les profiteurs des vrais natures sincères et engagées.

On pourrait aussi parler de tous ces hommes et ces femmes morts dans la misère, presque inconnus. Pourtant ils avaient laissé de grandes œuvres, des trésors dont on profite encore de nos jours dans tous les domaines: peintures, sculptures, œuvres littéraires, théâtrales, pièces musicales, etc.

Plus près de nous, on ne peut penser à tous les politiciens dont on a reconnu la valeur seulement après leur défaite. A ce titre, le Parti québécois a battu presque tous les records en sacrifiant des chefs dont plusieurs partis politiques auraient rêvé. On peut citer les Parizeau, Landry, Boisclerc, Bouchard etc.

Une fois écartés, ces hommes brillants n'ont pu le droit de s'exprimer, sinon on les traite de belles-mères! Plusieurs candidats d'envergure ont aussi été écartés très vite, du revers de la main, avant d'avoir pu se présenter. Et ça risque de se reproduire encore.

Même René Levesque n'a pas échappé à cette triste réalité. Le Parti qu'il avait fondé, l'équipe du tonnerre qu'il avait rassemblée, lui ont réservé une bien triste fin. On a dit qu'à la fin, sans appui, il n'était devenu que l'ombre de lui-même. La vie politique ne pardonne pas dans certains milieux. La vie elle-même est impitoyable à bien des égards. Il faut souvent attendre d'être mort avant de recevoir toutes les louanges qui font si chaud au cœur.

Dernièrement, j'ai été renversé de constater jusqu'à quelle point peut aller la bêtise humaine quand vient le temps de reconnaître la valeur d'un grand personnage encore vivant. Je veux parler de Gilles Vigneault.

La dernière fois que je suis allé à Natashquan, la patrie de Gilles Vigneault, j'étais un peu triste de voir dans quel état se trouvaient la maison natale de Gilles Vigneault et les autres sites historiques où il avait vécu. J'avais d'ailleurs indiqué sur mon blogue que je ne comprenais pas pourquoi on laissait tout aller à l'abandon. Je trouvais bizarre qu'aucune inscription ne vienne indiquer aux admirateurs de Gilles Vigneault l'identification des lieux en question.

J'ai été très heureux d'apprendre l'année dernière que le Gouvernement du Québec avait décidé de remédier à la situation. On avait annoncé un montant de 175 000$ pour revitaliser les lieux. Natashquan en a bien besoin, isolée sans trop de ressources. La route permet un accès plus facile et le tourisme a besoin d'être soutenu. Mais la réaction de mes concitoyens m'a  renversé. On disait qu'il fallait plutôt donner l'argent à ceux qui en manquaient, aux jeunes, aux vieux, au pauvres. Avec un tel raisonnement, on n'aurait peut-être pas encore découvert l'Amérique.

On comprend mal l'importance des arts pour la richesse et l'envergure d'une nation. Et en plus, c'est rentable économiquement. Les Américains et les Français l'on compris avant nous. En plus, notre créativité à cet égard a souvent été reconnu au plan international. Gilles Vigneault a récolté plus de critiques que d'appui pour la mise en valeur de sa terre natale.

Gilles Vigneault a été insulté et a refusé toute aide pour rénover les lieux. Ces travaux étaient nécessaires pour éviter que tout ce qui reste ne s'effondre, vu l'état des lieux. C'est ce qu'il a exprimé à la fin de l'entrevue à Tout le monde en parle.

Je vous invite à voir la réaction de Gilles Vigneault à l'émission tout le monde en parle.
Cliquez sur Gilles Vigneault à Tout le monde en parle.

Voici ce que j'avais déjà laissé sur mon blogue en 2012:

Jamais je n’aurais pensé visiter si souvent Natashquan. C’est le commentaire que j’avais fait à Laure en ce 23 mai 2012. Il y a quelques années à peine, jeunes retraités, nous disions que ce serait une bonne idée d’aller un jour voir cette ville légendaire qui a vu naître Gilles Vigneault.

Maison paternelle de Gilles Vigneault à Natashquan. Elle est toujours là, telle quelle.

Gilles Vigneault, maison paternelle avril 2010


Au début, j'avais confondu la maison paternelle de Gilles Vigneault et sa maison natale. Je cherchais et je m'informais non sans peine. Je me suis même retrouvé dans la cour d'un inconnu qui me demanda ce que je faisais là. Je lui ai demandé si sa maison était celle de Gilles Vigneault. Il a vite dit que c'était sa maison à lui.

Où était la maison natale de Gilles Vigneault?
Pourquoi n'y avait-il aucune indication sur sa localisation?
On m'a dit que la maison était en rénovation et deviendrait possiblement un site culturel.

Une fois arrivé sur place, j'ai voulu m'assurer que je venais de repérer la vraie maison natale de Gilles Vigneault.

Et comme j'ai toujours su que la vérité sort de la bouche des enfants, j'ai posé la question à une petite fille dont la maison se trouvait juste en face. La réponse fut claire et sans équivoque, accompagnée d'un geste de la main

Voici la vraie maison natale de Gilles Vigneault


Tout à côté, on s'affairait à refaire une beauté à un bâtiment voisin. En regardant la maison natale de Vigneault et celle-ci, on peut voir une ressemblance d'architecture.
Et visible de là, on peut voir ce paysage emblématique de Natasquan: les galets.
Ce paysage a de quoi inspirer n'importe quel poète.

Sur cette presqu'île trônent 12 des 23 bâtiments originaux construits il y a près de 150 ans. Ces baraquements de pêche servaient autrefois à la préparation du poisson, à l'entretien des agrès ou même à traiter les prises de phoques avant même que Brigitte Bardot ne n'y intéresse.

Aujourd'hui, les galets ne servent qu'à éblouir les touristes. On ne fait plus les pêches miraculeuses qu'on faisait à Natashquan. On a épuisé vite la ressource en draguant les fonds marins, ce qui a rendu presque impossible la regénération de la ressource.

Les premiers blancs venus s'installer à Natashquan venaient de Havre-Saint-Pierre. Ils étaient tous originaires des Iles-de-la-Madelaine où leurs ancêtres acadiens avaient été déportés. Ceux qui s'étaient installés à Natashaquan étaient d'une extrême pauvreté. Ils avaient eu la délicatesse de demander aux montagnais de s'y installer. Ces autochtones avaient sympatisé avec ceux dont la pauvreté s'apparentait à la leur.



Au milieu de la ville de Natasquan, sur la route 138 se trouve une maison d'été que Gilles Vigneault habite encore pendant les beaux jours d'été. J'ai déjà vu des vêtements sur la corde à linge.

La première fois que j'ai vu cette maison, c'était en avril 2010. Actuellement il y a une petite différence. Il y a une pancarte: défense de passer, propritété privée.

Quand je me suis présenté, la  pancarte n'existait pas encore. Je suis  donc allé photographier la maison à l'arrière.

Quand les hommes nous aimerons d'amour
Ce sera le bonheur sur la terre
Mais nous nous serons morts, mon frère
(Parodie du texte de Raymond Lévesques)


Extrait du billet du 26 avril 2009
Nous sommes allés au bout du monde, là où la route s'arrête.

Notre destination: Natashquan, au fin fond de la route carossable de la Côte Nord. C'est facile de s'y rendre. Il n'y a qu'une seule route: la 138. Après Natashquan, il y a la réserve montagnaise de Pointe-Parent, à 7 kilomètres un peu plus à l'est. De là, il y a 18 kilomêtres de route de gravier. C'est tout.

Il est assez impressionnant de voir comment un tout petit village de rien du tout, dans un coin perdu, peut connaître une telle renommée. Il a fallu attendre 1958 pour que l'électricité se rende jusqu'à Natashquan. Il n'y a pas si longtemps, en hiver, la poste était livrée une fois par mois. Le téléphone a déclassé le télégraphe en 1969 et la télévision est arrivée en 1976. On n'arrête pas le progrès! Il n'y a rien de trop beau pour la classe ouvrière.

Il y a une quinzaine d'années, la route ne s'y rendait même pas. Un homme a fait la différence: le poète Gilles Vigneault. Sans lui, le nom de la municipalité ne dirait peut-être rien à personne. Et il n'y aurait peut-être pas encore de route pour s'y rendre. Gilles Vignault a donné la notoriété à la place. Il fallait peut-être un poète pour y parvenir. Mais déjà, vivaient là des personnages plus grands que nature dont je vous reparlerai.

Havre Saint-Pierre est situé à 225 kilomètres à l'Est de Sept-Iles. À partir de Sept-Ils, Havre Saint-Pierre est la seule place de plus de mille habitants. Natashquant, situé à 150 kilomètres à l'Est de Havre Saint-Pierre, compte environ 300 habitants à ce qu'on nous a dit.

A noter que la route s'arrête maintenant 70 km plus loin.
Il est prévu qu'elle se poursuivre jusqu'à Blanc-Sablon, à la frontière du Labrador.