lundi 16 mai 2011

Trouver l'erreur

Si tous les gars du monde
Décidaient d'être copains
Et partageaient un beau matin
Leurs espoirs et leurs chagrins
Si tous les gars du monde
Devenaient de bons copains
Et marchaient la main dans la main
Le bonheur serait pour demain.

Ne parlez pas de différence
Ne dites pas qu'il est trop blond
Ou qu'il est noir comme du charbon
Ni même qu'il n'est pas né en France
Aimez-les n'importe comment
Même si leur gueule doit vos surprendre
Le refrain n'est pas nouveau. J'aimais bien l'écouter lorsque j'étais étudiant. Et j'y croyais. Je pensais même que notre génération allait y contribuer, révolutionner le monde.

Ce qui me frappent particulièrement ces jours-ci, c'est un grand besoin de solidarité qui s'exprime sur plusieurs continents. Plusieurs cris se font entendre un peu partout pour que les frères et soeurs d'un même pays cessent de se confronter selon leurs croyances, leurs idéologies, leurs intérêts personnels. Hier encore, j'entendais hier au bulletin de nouvelles un homme dire: Nous sommes tous des égyptiens, un point, c'est tout!

Si tous les gars du monde
Devenaient de bons copains
Et marchaient la main dans la main
Le bonheur serait pour demain.

Pendant que la Grèce au glorieux passé croule sous les dettes, tout près, sur l'ile de Chypre dont une partie est sous sa juridiction, des compagnies canadiennes font des affaires d'or en exploitant les gisements miniers qui s'y trouvent. Aucun pays ne devrait avoir le droit de vider le sous-sol d'un autre pays. Ce qui s'y trouve, c'est un cadeau de la Nature (appelez-là comme vous voulez) pour assurer le bien-être et le bonheur de ses habitants.

Le sol et le sous-sol ne devraient jamais être cédés à des puissances étrangères sans frontières qu'on appelle multi-nationales.

Si tous les gars du monde
Devenaient de bons copains
Et marchaient la main dans la main
Le bonheur serait pour demain.

Il y a loin de la coupe aux lèvres. Il y a beaucoup de chemin à faire pour en arriver là. Le tunnel est long. On organise plus facilement la confrontation que la solidarité.


Je crois de plus en plus que tous les pays du monde auraient les moyens de permettre à la majorité de ses citoyens de vivre avec décence et dignité.
La planète a de quoi nourrir tous ses habitants. Les solutions sont simples: éviter le gaspillage , favoriser l'économie locale et distribuer équitablement les richesses.

Aux État-Unis, les 12 000 familles les plus aisées touchent chaque année autant d'argent que les 24 millions de ménages les plus pauvres, dénonce l'économiste militant Jeffrey Sachs dans un récent ouvrage.

En France, la classe «supérieure» se porte aussi très bien merci. Selon un nouveau rapport de l'institut national des statistiques (INSEE), les 10% des salariés les mieux rémunérés n'ont jamais autant gagné.
Voir Le fossé se creuse .

Mais rien ne vient tout seul. Il faut des conditions, des moyens. Il faut que chaque pays se donne des représentants pour protéger les intérêts de ceux qui les ont élus. C'est ce qu'on appelle la démocratie: un gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple. Les vrais exemples sont rares. En principe, on choisit les meilleurs représentants pour voir à nos intérêts. Mais en réalité, c'est pas sûr que ceux qui sont élus soient avant tout préoccupés par nos intérêts. Et on dirait même que c'est de moins en moins vrai.

Il faut aussi un contexte économique favorable. Voilà un autre thème bien à la mode. Au Canada, par exemple, nos politiciens martèlent continuellement ce slogan: L'économie d'abord! Et ils tiennent parole: les aspects humains, l'écologie, l'intérêt général, l'éthique, les droits fondamentaux, tout ça vient en dernier.

Quand on nous parle d'Économie d'abord, si c'était avant tout un moyen d'en faire profiter la collectivité, ce serait bien. Mais rien n'indique que c'est à nous qu'on pense d'abord. J'en ai connu plusieurs politiciens qui avaient cette préoccupation dans le passé, mais ils sont morts ou pas forts.

Aucun chef d'État, même élu, ne devrait gérer les ressources naturelles comme si elles le lui appartenaient en propre, sans même se préoccuper de savoir si il va en rester pour les générations futures. . Aucun chef d'État ne devrait pouvoir changer radicalement le paysage du territoire comme s'il lui appartenait. Avant de détourner des rivières, inonder des centaines de kilomètres carrés, il faudrait bien informer l'ensemble des citoyens de ses intentions et laisser place à des discussions publiques.
Un peu moins de Star Académie, d'Occupation double et de Loft story, un peu plus d'informations sur nos enjeux politiques et sociaux, ça ne ferait pas de tort. Je fais écho ici au dernier billet d'Hala C'est qui elle?.

Encore faudrait-il qu'on s'y intéresse. On le pourrait. La preuve en a été faite. L'émission Tout le monde en parle nous en donne la preuve. Mais on pourrait faire plus et mieux.

Le Plan Nord du Québec illustre bien mon propos. À première vue, ce plan est très emballant et bien emballé. Il est plein de promesses. Il a de quoi faire rêver les plus grands pays du monde. Les chiffres sont gros.
  • Jean Charest fait miroiter des investissements publics et privés de 80 milliards.
  • Le plan Nord va toucher 72 % de la superficie du Québec et on a parlé de 500 000 empois en tout pour une popuation de moins de 2 % de la population du Québec — ou 120 000 âmes — qui habitent ce territoire.
  • C'est avec une pompe toujours plus imposante que le premier ministre Jean Charest a dévoilé de nouveau le Plan Nord, faisant cette fois-ci miroiter des investissements privés et publics de 80 milliards en 25 ans, des revenus pour l'État de 14 milliards.


Deux jour plus tard, alors que les réflecteurs étaient éteints, on a dû corriger l'information. Les retombées seraient plutôt de 120 millions par années. Investir 85 milliars pour récolter 120 millions par année? Trouver l'erreur.
Toutefois, avec les 11 projets d'investissement totalisant 8,2 milliards attendus au Nord, le Québec touchera seulement 120 millions de plus en redevances d'ici cinq ans. Au total, les redevances s'élèveront à 1,4 milliard sur cinq ans, soit un peu moins de 300 millions par année, en moyenne. Même si ce montant devrait croître lorsque les projets atteindront leur pleine production, cette somme semble peu élevée eut égard aux profits.

La plupart des régions minières du monde comme l'Australie, le Chili, le Brésil et le Nevada sont en train de revoir leurs rapports avec l'industrie. Soit en haussant leurs redevances, soit en augmentant leurs participations dans des sociétés d'État hybrides, comme le Brésil l'a fait avec Petrobras.

Les sociétés minières font actuellement des profits faramineux sur des ressources limitées. Dans le contexte, ce sont les gouvernements qui ont le gros bout du bâton, et non l'inverse. Surtout dans les régions qui connaissent la stabilité politique. Affirmer l'inverse, c'est entretenir cette vieille mentalité selon laquelle les Québécois sont des porteurs d'eau.
Voir Sophie Cousineau, La Presse

Le Québec est la province canadienne qui perçoit les redevances les moins avantageuses, 5 fois moins que les autres provinces.

Une nouvelle compilation réalisée par la coalition Québec meilleure mine et son alter ego canadien, MiningWatch Canada, indique que le Québec arrive en queue de peloton des provinces canadiennes pour les redevances versées par les entreprises minières. Ainsi, en 2010, les redevances versées par les entreprises comptent pour seulement 2% de la valeur de la production tirée du sol québécois. Il s'agit d'un des taux les plus bas au Canada. Entre 2002 et 2009, le Québec a reçu 427 millions de dollars en redevances sur une production minière de 37,1 milliards, soit 1,1%, alors que la moyenne canadienne est de 5,1%. Voir La Presse La ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, a soutenu récemment que le Québec bénéficie du régime de redevances «le plus contraignant au pays».

On dirait parfois que la politique est un jeu où le gagnant est celui qui conte la plus grosse menterie sans rire.

Voir ` Boom minier

Il faut être honnête. Le projet en soi comporte beaucoup d'éléments fort intéressants. Le principal problème vient surtout du fait qu'on ne peut plus faire confiances à nos élus actuels, madame Normandeau en tête. Les compagnies minières sont gourmandes et peu préoccupées par l'économie locale.

Je crois qu'il est temps que la communauté internationale se penche sur la question, se donne des règles et fasse front commun avec les pays qui s'engagent dans cette voie en faisant primer l'intérêt publique des citoyens qu'ils représentent. Concrètment, j'imagine une communauté de pays pour qui choisir ses représentants veut dire quelque chose. Na pas respecter les règles reconnues par le regroupement amènerait des conséquences allant jusqu'à l'exclusion de la communauté économique des États adhérants. Parmi les premières règles, je verrais le respect de propriété du sol et du sous-sol. Aucun pays ne pourrait être envahi par les produits agricoles d'un autre pays s'il peut se suffire à lui-même. Ce n'est pas de dons que l'Afrique a besoin, c'est de protections de son territoire et de ses richesses.

Nous avons pourtant plusieurs beaux exemples de réussite au Québec dont Fermont et Havre-Saint-Pierre où j'habite présentement.
Fermont
Dans ces milieux l'implication sociale et le dynamisme des compagnies minières sont admirables. Paradoxalement, on ne veut pas suivre ces exemples dans l'avenir. Ce n'est pas assez rentable. Ce n'est pas ce qui attire les compagnies, par exemple les compagnies chinoises. Ce sera l'objet de mon prochain billet.

Nous ne sommes pas tous égaux. Les politiciens les plus riches du monde sont
  1. Mouammar Kadhafi: 120 milliards de dollars
  2. Vlamidir Poutine: 40 milliards $(On n'a plus les communistes qu'on avait)
  3. Michael Bloomberg, maire de New York: 18 milliards $.
À noter que mon salaire est confidentiel. Peu d'aliments québécois dans nos assiettes

mardi 3 mai 2011

Les politiciens qu'on mérite...

Il parait qu'on a les politiciens qu'on mérite. Je crois qu'on vient de perdre un grand homme qu'on ne méritait plus.

J'ai beaucoup de choses à dire. Comme plusieurs. Mais pour l'instant, je préfère laisser la voix à d'autres. L'article de Yves Boisvert de La Presse du 2 mai 2011 est très éloquent et mérite réflexion.

On dira qu’il l’aura eu plus facile, puisque jamais il n’aura eu à défendre un bilan, à assumer des responsabilités. C’est oublier un peu vite les premières années du Bloc québécois, les accusations de haute trahison dans certains quartiers, les moqueries. Vingt-et-un ans “faciles” en politique fédérale, ou en politique tout court, ça n’existe pas.

Gilles Duceppe ne l’a pas eu facile. D’abord, il a succédé à Lucien Bouchard, ce qui vous condamne à une comparaison… Ensuite, il a eu à discipliner une bande de députés disparates –venant de tous horizons politiques. Surtout, il a eu à établir la crédibilité du Bloc québécois à Ottawa. Et il l’a fait. Le Bloc, sous la gouverne de Gilles Duceppe, a été un parti assidu, compétent, pertinent.

Quand on a fait le compte des présences et des absences des députés, on a vu que le Bloc se classait tout en haut. Ces gens-là ont fait leur travail, et c’est parce que Gilles Duceppe a donné l’exemple de la discipline. Fallait-il qu’il soit désespéré pour que, la semaine dernière, il souffre d’entendre ce clown de Gérald Larose insulter bêtement tous les politiciens fédéraux et traiter de crapuleux Jack Layton. Aimez Jack ou pas, mais… crapuleux? Misère. Voilà exactement la ligne que jamais Gilles Duceppe n’a jamais franchie: le mépris.

Toutes ces années, il a résisté au sectarisme. Le Canada est un grand pays, ce n’est simplement pas le nôtre, disait-il. On veut simplement gouverner à notre façon. C’est assez différent, comme approche, de ces revanchardes tirades des Larose et autres anciens combattants. Gilles Duceppe a été un chef digne et intelligent qui ne nous a jamais fait honte. Souvent, il appelait les journalistes quand il se sentait injustement critiqué, ou quand il jugeait qu’on (enfin… je) avait fait une erreur. Il était parlable. Il avait des documents à l’appui. Il connaissait ses dossiers.

Yves Boisvert
C’est un monsieur bien, Gilles Duceppe. Et finalement… Finalement, ironie de l’histoire, il a été un des plus remarquables chefs de parti politique à avoir oeuvré à Ottawa. Plus tard, il conviendra de conclure si la machine fédérale a avalé le souverainisme bloquiste, s’il a atteint sa limite… Ou s’il a eu une mauvaise année. Mais hier soir encore, avec sa fidèle Yolande, Gilles Duceppe a été digne, respectueux, mesuré dans ses propos.

Il est sorti de la politique comme il en a vécu. Avec honneur et classe.
Comment expliquer des résulats aussi imprévisibles au début de la campagne électorales? Même au lendemain du débat télévisé des chefs, on disait Gilles Duceppe gagnant. Le Bloc québécois qui était indélogeable au Québec depuis sa fondation est passé de 47 à 3 députés.

Comment expliquer?
  • Un simple hasard?
  • Un vent de changement comme il en souffle sur toute la planète?
  • Une mauvaise conjoncture?
  • Une mauvaise stratégie électorale?
  • La chute de l'option souverainiste accentuée par le manque de leadership au parlement du Québec.
  • La concentration de la presse et des médias qui ne rapportent plus les informations objectivement?
  • L'ignorance des électeurs?
  • Le manque de connaissances de la jeune génération de notre histoire du Québec, ses luttes, ses acquis?
  • Le manque de vision des partis nationalistes québécois?
  • Aucune de ces réponses?
On a dit que le NPD a bénéficié d'une vague...
Havre-Saint-Pierre, janvier 2011
Je trouve qu'on ne pouvait trouver plus triste scénario, une sorte d'ingratitude politique. Rassurez-vous, je n'ai voté ni pour le NPD, ni pour le parti conservateur. Je le concède: ces deux partis n'ont jamais été très sensibles aux intérêts du Québec.

On n'a qu'à penser à cette candidate du NPD de 27 ans travaillant dans un bar qui a pris des vacances à Las Vegas durant toute la campagne électorale. Elle ne pouvait accorder aucune entrevue en français parce qu'elle ne le connaissais pas assez. Elle s'est présentée dans un comté francophone à 99% et a été élue.

Je n'ai rien contre les bars, mais le lien avec la politique n'est pas évident. Du moins, j'ose l'espérer.

Joseph Facal, ancien ministre péquiste, fait un commentaire peu rassurant que l'on peut voir intégralement sur son blogue (voir lien à droite):

Nonobstant ce que je peux penser de ses idées, Michael Ignatieff est celui des quatre chefs qui a fait la campagne la plus étoffée, la plus digne, la moins populiste. Professeur à Harvard, auteur de dix-sept livres, faisant des phrases complètes avec un vocabulaire recherché, cela le rendait forcément, pour beaucoup de gens, "hautain", "déconnecté", "élitiste".

La hauteur est un «défaut» fatal chez nous. Nos chefs ne doivent surtout pas avoir l’air de chefs : ils doivent danser le limbo devant nous. Toujours plus bas. Quant au Bloc, pardonnez-moi, mais il est maintenant plus mort que Ben Laden. On ne retrouvera même pas le corps. Il a fait du bon travail pendant longtemps, mais il vivait sur du temps emprunté et la reconnaissance n’existe pas en politique. Le PQ, lui, peut oublier tout de suite sa «gouvernance souverainiste» et ses fantasmes référendaires. Il ne devrait même pas exclure qu’une collection de nobodys vienne le balayer lui aussi.


Voilà qui rejoint parfaitement ma pensée. Je crois que le parti québécois subira le même sort que le Bloc. Si vous vous demandez pour qui j'ai voté, il n'y a qu'à me le demander.