mardi 31 août 2010

Anticosti: l'impact Menier

...Suite du billet précédent


Ophélie, 1e année
Le prof idéal serait celui qui me laisserait manger un biscuit au chocolat pendant les mathématiques...

Maison du Dr Joseph Schmitt
au début du XXè sicècle

Cliquez pour mieux apprécier

Juste à côté de l'hôtel où nous logions à Port Menier, on peut encore admirer l'imposante maison du Dr Schmitt, telle qu'elle était à l'époque de Menier.

On a dit qu'il était impossible de coloniser et peupler l'Ile d'Antiscosti. Il faut dire qu'avant Menier, 29% de l'Ile était couvert de tourbières, comme on en trouve beaucoup près de Havre-Saint-Pierre. Et pourtant le recensement de 1881 indique qu'il y avait 660 habitants sur l'Ile. Il en reste aujourd'hui 240 pour 170 000 cerfs de Virginie en liberté.

Menier fit de l'Ile d'Anticosti une localité moderne. L'Ile avait son médecin, son hôpital, une église, 3 scieries, 2 fermes, des routes cartographiée, un chemin de fer, un bureau de poste, un poste de lélégraphie et de téléphonie, un magasin général, une meunerie, un poste de police, une porcherie, une beurrerie, des ateliers de plomberie, une forge, bref une microsociété indépendante et autosuffisante.

On a dit qu'Anticosti n'avait pas de potentiel touristique. On avait cru qu'Anticosti n'avait aucun potentiel agricole. Et pourtant, Menier a réussi tout un tour de force. Non seulement a-t-il installé une ferme sur l'ile pour y amener l'automie alimentaire. Mais il avait développé une agriculture moderne. L'ile comprenait deux fermes avec des terres enrichies avec des engrais fait de couches chaudes et de goémon (algues laissées par le retrait des marées).

Il a même réussi tout un exploit: Anticosti avait obtenu le premier prix agricole de Montréal en 1904. Il fallait le faire! Les fermes comprenaient 400 têtes de bétails en 1913. Il y avait des vaches, des porcs, des chevaux, des dindes, des oies, des moutons. Lorsqu'il voulait quelque chose, Menier y mettait le prix et il avait les moyens de le faire. Il avait même installé un système de rails permettant de nourrir 90 porcs à l'heure.

Bientôt, de nouvelles familles vinrent s'installer à l'Ile d'Anticosti. Menier avait besoin de leur aide. Il y avait du travail pour tout le monde. Et Menier, qui ne manquait pas de moyen les payait avec de la monnaie frappée à son effigie.

Quand on parcout l'Ile, on est surpris de trouver des vestiges d'outils et d'équipements agricoles imaginés et réalisés sur place. J'ai pu ainsi photographier, cette drôle de machine en ruine qui servait à compacter des cubes de foin pour les entreposer. On voit très bien les palettes qui servaient à compresser le foin à l'aide d'un moteur.


Baie Sainte-Claire

On retrouve ces équipements de ferme tout près du premier village que Menier avait choisi de dévelppement: Baie-Sainte-Claire (nom donné en l'honneur de sa mère). L'endroit était charmant. Mais il y avait un problème. La Baie était impraticable par bateau à marée basse et les récifs rendaient l'endroit trop risqué. Menier a donc fait déménager la centaine de maisons qui s'y trouvaient. Elles ont été relocalisées dans une localité que Menier appela village Port Menier.

Baie-Sainte-Claire
Maisons classées historiques

On n'a conservé que deux maisons qui sont déclarées aujourd'hui monuments historiques. De vraies cabanes au Canada.

Les deux fermes permettaient à la population de l'ile d'être auto-suffisante. L'économie était assez forte pour supporter le peuplement. L'infra-structure avait été mise en place. La voir ferrée permettait aussi à des industries de prospérer puisqu'elle permettait un bon accès à la mer. L'industrie forestière en a largement profité même du temps de Menier.

Cette industrie prospère encore. La chasse et la pêches sont également encore florissantes. Mais pour le reste, au plan social, il ne reste plus beaucoup de vie. Il n'y a plus de ferme, plus d'agriculture comme si ça ne pouvait exister. Tout a disparu. Et pourtant, Menier avait cru à ce potentiel, l'avait développée de façon admirable.

C'est comme si on voulait prouver que cette terre, de la grandeur de la Corse, était inhabitable. C'est comme s'il ne fallait pas rendre l'ile trop attirante pour les touristes.

Les routes ne sont pas couvertes d'asphalte, sauf à Port Menier. Les risques de crevaison sont très présents. Et il y a pire. On croise régulièrement des camions qui circulent à des vitesses folles. Les arbres en bordure de la route sont couverts d'une poussière blanche à faire pleurer.

C'est comme s'il y avait urgence d'attaquer le paysage avant qu'on ait conscience des dégats qu'ils font. Ce n'est peut-être pas le cas. Mais c'est le sentiment que j'ai ressenti. Et je me suis senti profondément agressé. L'ile éblouit par sa nature calme et tranquile. Et j'avais l'impression que des monstres sur roues venaient bêtement rompre le charme.

On nous a dit qu'il était impensable de faire recouvrir les routes d'asphalte parce que ça coûterait trop cher. On n'a pas l'équipement nécessaire et les coûts seraient trop exhorbitants s'il fallait faire venir l'équipement nécessaire. Mais pour creuser des puits de pétrole, les coûts ne semblent pas un problème. Voici le genre d'équipements qu'on a fait descendre sur l'Ile.

Machinerie de Forage
Ile d'Anticosti juin 2010


C'est drôle comment tout devient possible quand on a de l'argent à faire. Et partout où il y a de l'argent, les politiciens flairent de bonnes affaires où ils risquent de perdre leur âme.

Voir Les liens se multiplient entre l'industrie du pétrole et les libéraux L'appétit des pétrolières et les forages, sans préavis, à proximité des résidences et fermes privées ont quelque chose de carrément sauvage. L'Ile d'Anticosti est menacée dans ses fondements même. Henri Menier doit se retourner dans sa tombe.

On a beaucoup crtiqué Menier pour ses extravagances, entre autre son aventure anticostienne où il a englouti une partie de sa fortune. Il n'avait été que 6 fois sur l'ile. Mais on a oublié de parler de tout ce qu'il a donné aux infortunés habitants qui s'y trouvaient à son arrivée. Il a crée des industries, des infrastructures, du travail pour tout le monde, une hôpital, une école, des routes, un chemin de fer, etc. Rien à voir avec la désolation que laissent les compagnies minières, forestières et pétrolières lorsqu'elles plient bagage.

Et je suis loin d'avoir tout dit sur les démolitions bêtes dont nous gouvernement se sont faits les promoteurs, semble-t-il par soucis d'économie. On dit qu'on n'a pas d'argent quand ça fait notre affaire. Et le plus malheureux, c'est que les citoyens sont contre les projets tant qu'on ne leur offre pas d'argent.

Tant qu'il me restera quelque chose dans le frigidaire
Je prendrai le métro, je fermerai ma gueule, pis je laisserai faire
Mais y a quelque chose qui me dit qu'un beau matin
Ma Rosalie, on mettra du beurre sue note pain

Moi qu'avais des belles îles, des buttes et des sillons
Me voilà perdu en ville, tout seul dans des millions
Je vis sur les autobus, au Pizza King du coin
Les gens me parlent pas plus que si j'étais un chien

Tant qu'il me restera quelque chose dans le frigidaire
Je prendrai le métro, je fermerai ma gueule, pis je laisserai faire
Le frigidaire, George Langford(Ile-de-la-Madeleine)

Peut-on avoir du coeur si on a de l'argent? L'histoire qui suit vous en donnera une idée. Voici un texte savoureux d'une dame qui a rencontré Henri Menier par hasard, lors d'une soirée à l'opéra. Vous y découvrirez un côté charmant de la personnalité de Menier, homme du monde
http://pone.lateb.pagesperso-orange.fr/thyra.htm

Il s'agit d'un beau roman d'amour qui finit par un mariage? Il faut lire pour savoir.
Et je vous dirai bientôt pourquoi j'ai été si triste après avoir tout lu.

À suivre...

Je vous recommande d'aller faire un tour sur le blogue de Barbe Blanche. On peut y lire:
J'ai connu George à la fin des années soixante, lorsqu'il venait chanter à Gaspé. Je faisait l'éclairage de ses spectacles...

Nostalgie quand tu nous rattrape...

De très beaux souvenirs...


Voir Geoges Langford, la Butte

vendredi 27 août 2010

Anticosti: la période faste

Suite du billet précédent

On ne peut parler de l'Ile d'Anticosti sans parler d'Henri Menier et bien comprendre le personnage. Il était le fils du non moins célèbre et engagé Émile-Justin Menier.

En 1895, le meilleur moyen d'être riche, ce n'était pas de cultiver du pot, de la mari, du pavot, du crack, des peanuts. La grande était au chocolat. C'était hyper sexé et full payant!

La graine de cacao avait été découverte par les mayas en l'An 600 de notre ère. Et dès le départ, on lui prêta des vertues spéciales, spirituelle, voire même aphrodisiaques. Les nobles d'Europe éprouvèrent à son égard un véritable engouement.

J'en fis même le thème d'un travail de recherches dans mes années de Collège à St-Hyacinthe. C'est donc dire que le hasard a voulu que je m'intéresse à la question depuis longtemps.

Il faut attendre au XIXè siècle pour que le chocolat puisse devenir accessible à tous. Et ce fut grâce à Menier. C'est lui qui développa la technique pour fabriquer du chocolat en tablette. Auparant, le chocolat ne se prenait que comme breuvage. Menier s'associa ensuite à un certain monsieur Nestlé, l'inventeur du lait en poudre. Rien à voir avec la popularité de la poudre que l'on vend présentement dans les bars. Mais aussi payant pour l'époque.

Vous l'aurez deviné, c'est ainsi que prit naissance la chocolaterie Nestlé. Il ne faut donc pas se surprendre de savoir que Menier, le milliardaire, ait voulu se faire construire un château en arrivant sur l'Ile d'Anticosti.


Il possédait déjà de nombreux château en Europe dont celui de Chenonceau dans la vallée de la Loire. De nos jours, on se serait demandé s'il avait des liens avec le milieu de la construction.


Il possédait un autre château qui portait, par hasard, le nom de la chute de l'Ile d'anticosti: Vauréal. D'accord, le château de l'Ile d'Anticosti était plus modeste. Pour Menier, ce n'était qu'un pavillon de chasse. La construction du château, commencée en 1903 a tout de même coûté 100 000$, soit presque le même prix que toute l'ile en entier. Et l'inauguration du château se fit en grandes pompes. Lord Grey, le Gouverneur général du Canada faisait même parti des invités.

Le château comptait 30 pièces richement meublées. Des tourelles du château, Menier pouvait admirer son ile et les chevreuils grâce à un télescope naval. Il impressionnait beaucoup dans le paysage où se trouvait aussi l'auto d'Henri Menier en 1905. Ce dernier n'y séjourna que 6 fois. Menier aimait bien recevoir et bien loger ses nobles amis qui l'accompagnaient à ses excursions de chasse et de pêche.

Une si belle histoire, un si beau patrimoine allait cependant connaître une bien triste fin. Sur un paneau, devant l'ancien site du château, on peut lire: En 1953, les dirigeants de la Consolidated Bathurst font incendier l'édifice devenu dangeureux.

J'ai été étonné de voir comment on avait l'art de toujours maquiller la réalité pour être politiquement correct. J'ai eu le plaisir d'entendre la vraie histoire de la bouche d'un historien très au fait de l'histoire de l'Ile et de la Côte Nord. Sa version correspond aussi aux témoignages que j'ai entendus plus tard sur l'Ile.

Après la mort d'Henri Menier, le 6 septembre 1913 à Vauréal (Val-d'Oise), ses descendants n'ont pas voulu garder l'Ile qui avait englouti une trop grande partie de la fortune d'Henri Menier. C'est la forestière Consolidated Barhurst qui en a fait l'acquisition en 1928. Pour le nouveau maître des lieux, l'édifice n'avait pas d'intérêt. On s'en servait comme entrepôt. Et des jeunes de l'Ile aimaient bien y faire la fête. On avait même découvert une cave à vin où Menier avait rangé une collection précieuse de grands crus. Whow! Ils ont dû se payer la traite. On craignait les accidents et les poursuites qui pouvaient s'en suivre.

Le représentant de la Consolidated Bathurst déclara qu'il n'avait pas été engagé pour faire l'entretien des bâtisses historiques, mais pour faire couper du bois. Il en fit couper et mit le feu au château. Une façon de couper les coûts comme on en voit encore aujourd'hui. Les critères des coupures sont encore aussi discutables.

Des mauvaises langues ont aussi prétendu que le château rappelait trop une époque où les gens étaient mieux traités que sous le rêgne de la papetière. Henri Menier faisait, par exemple, vacciner gratuitement tous les habitants de l'Ile dont le nombre dépassait celui d'aujourd'hui. On en parlait avec nostalgie en disant: "Dans le temps de Menier... " Ces réactions agaçaient au plus au point les maîtres de la Consolidated Bathurst. C'est ce qui aurait précépité la fin du château.

Avant
Après


Inutile de vous dire que j'ai été probablement ébranlé pour les ruines que j'ai pu observer. Ébranlé est un terme très faible. Des jurons typiquement québécois seraient beaucoup plus appropriés à la sitautation. Le pire, c'est qu'il n'y a pas eu que le château qui a été rasé, détruit.

Je vous parlerai de d'autres désastres, d'autres destructions et d'autres dangers que l'on fait courir à l'ile. On nous a dit ici qu'on n'avait jamais vu autant de machinerie lourde débarquer sur l'ile en même temps.


La nature, le patrimoine, la poésie, la mise en valeur du territoire, ce n'est pas le point fort de nos représentants politiques actuels. Et les dégats seront bien souvent irréversibles. Déjà, on dit dans certains milieux que l'Ile d'Anticosti n'a pas beaucoup de potentiel touristique. Et oui, elle a tu potentiel!



Nous avons pu bénéficier cette année d'une formule intéressante, accessible à la majorité des citoyens. Le voyage en avion de l'aéroport de Havre-Saint-Pierre à celui de l'Ile d'Anticosti permettait une formule à 499$ par personne comprenant: le coût du billet d'avion aller-retour, une chambre d'hôtel plus que très convenable, 3 repas gastronomiques par jour, des visites guidées sur l'ile dans des mini van confortables. Dans notre cas, nous avions une suite et des meubles provenant de l'ancien château Menier. Imaginez notre chance!

Nous avons été parmi les derniers à bénéficier de ce forfait. L'an prochain, il faudra payer plus cher pour possiblement moins de services. Je conviens que la formule actuelle commandait certains ajustements. Mais on a souvent trop tendance au Québec à jeter le bébé avec l'eau du bain (Das Kind mit dem Bad ausschütten).



Mes prochains billets feront état des dommages causés par l'homme et de ceux qu'on s'apprête à faire de façon irréversible, autant pour l'Ile d'Anticosti que sur la Côte-Nord et les régions les plus rustiques du Québec.

Sans vouloir être alarmiste, je veux tout de même contribuer à une sensibilisation sur les enjeux importants de la région. Je le fais pour une raison bien simple: j'aime la Nature et la Côte-Nord. Et je crois que l'expression populaire peut être efficace quand elle s'exprime clairement.



Un article intéressant de l'actualité: On dort au gaz.

gasland

Vidéo sur Youtube montrant le débarquement en juin 2010 de matériel de forage
http://www.youtube.com/watch?v=-PhvQIZJ5S4
À suivre...

jeudi 26 août 2010

Anticosti: l'émerveillement

Chute Vauréal, Anticosti, 2005
Chute Vauréal, Anticosti, 2010


L'Ile d'Anticosti a tout pour fasciner. Elle m'a séduit, émerveillé, intrigué, bousculé dans mes principes. C'est un phénomène unique en son genre en Amérique. Il y a peu d'endroit au monde qui ont conservé un paysage sauvage naturel sur une si grande étendue: 17 fois l'Ile de Montréal, soit 222 km par 56 km. On dit même qu'il y a sur l'Ile d'Anticosti une des plus grandes concentrations de fossiles au monde, témoin d'un passé riche en espèces animales embryonnaires.

En même temps, c'est un puissant symbole qui témoigne de la bataille de l'homme à la fois pour et contre la nature. La chute Vauréal, c'est un peu l'emblème de l'Ile d'Anticosti. Avec ses 76 mètres d'altitude, l'équivalent d'un édifice de 15 étages, elle représente la 2è chute en importance au Québec, après la chute Montmorency haute de 83 mètres.

Si vous avez remarqué, il y a une différence marquée avec la photo de la chute prise en 2005 et celle que j'ai prise en juillet dernier. Le débit a beaucoup diminué. On a remarqué le même phénomène pour la chute Montmorency. Certains accusent les changements climatiques provoqués par l'homme. Vérité ou mensonge? Accusation alarmiste? L'avenir le dira. Mais une chose est sûre: le manque de précitation de 2010 a affecté le niveau des cours d'eau.

La chute Vauréal se trouve dans un environnement naturel exceptionnel: un des canyons parmi les plus impressionnants en Amérique du Nord. Il s'étend sur 3 km de long. Il fourmille de fossiles. Et on peut aller y tremper les pieds en famille. Imaginez l'euphorie!

Rivière Vauréal


La nature est grandiose, accueillante et sauvage à la fois. Y faire des randonnées en famille dans le calme a quelque chose d'unique. On se croit seul au monde, à l'abri de tous les conflits et problèmes de la terre. Même les animaux semblent se sentir en sécurité.

Et c'est peut-être parce que la présence de l'homme est si limitée que tout est si en harmonie. Quoique...

Paradoxalement, une si grande ile n'a jamais pu être largement peuplée parce qu'elle était trop inhospitalière. C'est comme si la nature, en ce lieu, avait trouvé le moyen de tenir l'homme à distance pour se protéger. L'homme ne pouvait s'approcher de l'Ile sans y risquer sa vie. On compte plus de 400 naufrages depuis le passage de Jacques Cartier en 1534.


Après plusieurs tentatives infructueuses pour peupler l'Ile d'Anticosti, l'une d'elles a failli réussir. Et c'était vraiment bien parti.

Cliquez
Un des hommes les plus riches de France, Henri Menier avait acheté l'Ile pour en faire un grand terrain de jeu où y pratiquer ses sports favoris: la chasse et la pêche. Mais il avait aussi de grands projets de peuplement. Le 16 juillet 1895, sans même l'avoir visité, Henri Menier Achète l'ile d'Anticosti pour 125 000$. L'ampleur des investissements qu'il va réaliser pour coloniser ce coin de terre sera unique et va surprendre tout le monde.

En 1905, Henri Menier va même étonner tous les habitants de l'ile en y faisant venir un automobile pour ses déplacements personnels.

À suivre...

mercredi 25 août 2010

Anticosti: Ile mystérieuse

Je vous ai promis gros et je suis aussitôt disparu, laissant planer le mystère. Ce long silence fut bien involontaire. Et je n'attendrai pas une commission d'enquête avant de vous révéler tout ce que je sais. Je me retiens pour ne pas vous parler de la Commission Bastarache. Je me permets tout de même de vous laisser le commentaire de Vincent Marissal.

Pour l'Instant, je vous promets de vous parler franchement sur tout ce qui a retenu mon attention sur l'Ile d'Anticosti. L'Ile d'Anticosti, c'est un endroit unique au monde. On y voit des choses étonnantes. Cliquez sur le lien pour en avoir un bref aperçu.



Je vous parlerai de l'Ile, ses beautés, ses secrêts, ses mystères, ce qu'on en sait, ce qu'on ne sait pas, ce que l'on ne veut pas que l'on sache. Certaines pages de son histoire même récente ont été déchirées. Son avenir est laissé dans le noir pour des raisons bien évidentes. Et ça tombe bien, l'Ile est pratiquement isolée de la civilisation. En plus, tout le monde a les yeux rivés ailleurs.

Avec un gouvernement se permettant les pires excès, le silence est d'or. Il ne veut pas parler quand il devrait et il parle quand il ne devrait pas.

Il a enfreint les règles émises par le juge Bastarash. Des décisions capitales se prennent vite.
...

Le fait que la Commission Bastarache attire tous les regards fait peut-être un peu son affaire. C'est l'occasion idéale pour nous en passer des petites vite, comme par exemple le forage de 4 puits de pétroles sur l'ile d'Anticosti. Un sacrilège à mon avis. Pour plus de détails cliquez sur forage par Petrolia.

Voir aussi ce lien fort intéressant: Forage 2010 sur Anticosti

Et si au moins, le Québec pouvait en profiter. Mais non. Hydro-Québec dont nous sommes propriétaires a vendu les droits de prospection à l'entreprise privée pour des peanuts.

Pétrolia achète les droits pétroliers d’Hydro-Québec sur Anticosti

Rimouski, le 29 janvier 2008 – Pétrolia (PEA-TSX-V) est heureuse d’annoncer qu’elle s’est portée acquéreur de tous les intérêts d’Hydro-Québec sur les permis d’exploration pétrole et gaz situés sur l’île d’Anticosti. Au Québec, c’est sur l’île d’Anticosti que l’on a découvert les meilleures caractéristiques réservoirs tant du point de vue de l’épaisseur des zones poreuses que de leurs fortes capacités de production.

En contrepartie d’une redevance prioritaire sur la production pétrolière, Pétrolia s’est portée acquéreur des droits d’Hydro-Québec sur 35 permis d’exploration sur Anticosti, soit sur 1 576 794 acres (6 381 km2). Avec cette entente, la Société se substitue à Hydro-Québec et devient par conséquent partenaire de Corridor Resources (CDH TSX) dans l’exploration de ces permis.

Avec cette nouvelle acquisition, la Société détiendra un intérêt dans 21 % de tous les permis d’exploration émis au Québec soit, 3 689 009 acres. En plus d’être opérateur sur la majeure partie de ces permis, Pétrolia détient également un droit de premier refus sur un autre 8 % du territoire sous permis (1 454 289 acres).
Pour en savoir plus, cliquez sur Petrolia.

Je vous prie d'excuser cette parenthèse. Je vous reviendrai avec les charmes de l'ile dans le prochain billet.

Et la finale du voyage vous dévoilera un côté de moi pas nécessairement évident. Et oui, j'ai pété un plomb. Vous comprendrez pourquoi.

À suivre...

mardi 10 août 2010

Anticosti: L'extase

Suite du billet précédent



Je garde de mon séjour sur l'Ile d'Anticosti un souvenir inoubliable, riche en émotions de toutes sortes. En fait nous avons connu toute la gamme des émotions en 3 jours:
  1. L'extase
  2. L'émerveillement
  3. La curiosité
  4. L'indignation
  5. La révolte
  6. Le regrêt
De la traversée jusqu'à l'arrivée, nous avons connu l'éblouissement. Je pourrais même parler d'excitation. Voir un tel décor se dérouler en temps réel, grand format, 3D, c'est impossible à rendre en images.

Cliquez pour mieux voir
Déjà, à notre arrivée, des cerfs de Virginie en liberté sur le terrain de l'Hôtel nous souhaitaient la bienvenue et se laissaient approcher facilement. Je n'ai eu aucune peine à prendre cette photo et plusieurs autres du genre par la suite. Les cerfs semblaient même se donner des airs pour avoir l'allure plus photogénique.

L'Ile d'Anticosti compte 240 habitants et 170 000 cerfs de Virginie. Je me plaisais déjà à imaginer que j'avais le pouvoir de changer certains habitants du globe en cerfs. Je regardais leurs yeux doux et je me disais que si les cerfs étaient majoritaires dans certains coins du monde et du Canada, tout irait bien mieux.

Mon emballement, si fort fut-il, était parsemé d'embuches. C'était l'heure du souper. Nous aurions dû être sur l'Ile à 8h15 et non à 17h. Le repas du midi était compris dans le forfait ainsi qu'une visite guidée. Notre gentille hôtesse nous proposa de prendre le repas du soir et ensuite la suivre pour assister à un coucher de soleil qu'elle allait nous commenter. Nous commenter le coucher de soleil?

Le problème, c'est que le ciel s'était recouvert de nuages gris. Je voulais bien qu'on commente le coucher de soleil, en autant que je ne devrais pas faire appel à mon imagination pour comprendre. Et je n'ai pu m'empêcher d'en informer notre guide en uniforme. Comme premier contact, je crois qu'elle aurait aimé mieux. Elle aurait préféré un plus grand emballement de notre part.

Mais le bon Dieu a été de son bord. L'expédition de soirée fut féérique. La route et les champs étaient bondés de chevreuils en liberté. Par moment, nous pouvions en voir plus d'une vingtaine en même temps. Et quelques renards disparaissaient en vitesse devant nous.

Cliquez

Le décor était spectaculaire. Nous avons vu de vieilles constructions du premier village de l'Ile: Baie-Sainte-Claire. Il ne reste que deux bâtiments. On a dû déplacer presque tous les bâtiments parce que la baie choisie pour établir le village n'était pas pratique. Il y avait trop de récifs et il était impossible de s'approcher des côtes à marée basse.


Le territoire entourant l'Ile d'Anticosti fut baptisé de plusieurs noms dont Le cimetière du Golfe Saint-Laurent. Il y eut plus de 400 naufrages depuis la découverte de l'Ile par Jacques Cartier en 1535.

On nous avait promis un coucher de soleil comme activité. Nous avons été plus que comblés. J'ai trouvé le spectacle tellement grandiose que j'ai fini par apprécier le retard de l'avion réservé pour nous amener sur l'Ile. Le soleil avait même dessiné une croix sur les flots comme pour nous suggérer que des miracles pouvaient toujours se produire.

Finalement, je me suis dit que le hasard avait bien fait les choses. J'ai ajouté qu'il faut lui faire confiance, faire preuve de souplesse, croire en la bonté divine, etc.


Mais je n'avais pas encore assez bien anticipé les autres surprises que nous réservait le hasard. Et notre guide n'avait pas encore eu un véritable aperçu de la gamme complète des réactions que je pouvais avoir, dépendant des situations. Même moi, je ne l'avais pas encore réalisé.


À suivre...

dimanche 8 août 2010

Avion détourné


Le titre de mon blogue n'aurait jamais pu être aussi vrai. Le ciel de la Côte-Nord a connu une série de détours improvisés. J'en ai même provoqué un. C'est fou comment des émotions peuvent transformer son homme. Certains croient que je suis toujours calme et souriant. Dire que je le suis souvent est plus exact. Tout dépend des événements.

Le programme de la journée était pourtant très simple et bien planifié depuis un mois. Le 5 août à 8 heures du matin, je devais partir avec Laure et ma charmante jeune fille pour l'Ile d'Anticosti. Le tout devait se faire en avion. Nous sommes arrivés à l'aéroport à l'heure prévue. Un léger brouillard flottait sur la mer. Mais rien de catastrophique. Il a quand même été convenu de retourner à la maison, à 5 minutes de là, en attendant qu'un avion soit prêt à nous amener.

À 14h00, le ciel était cependant très clair. Un autre problème venait compliquer les plans. Un avion de la compagnie Aeropro était tombé en juin dernier. Il avait fait 6 morts sur la Côte-Nord. Peu de temps avant, la même compagnie avait aussi fait des victimes. Les anomalies s'étaient succédées si bien que Aeropro a été frappé d'un interdit de vol, ce qui devait nous affecter indirectement.

Ma fille, pourtant très brave, n'a pas aimé ces histoires que je lui racontais. Et l'incident allait avoir un effet sur nous. L'avion que nous devions prendre avait dû être mise à contribution, semble-t-il, pour compenser les vols annulés. Il s'en est suivi une série de détours improvisés qui ont eu pour effet de nous garder au sol plus longtemps que prévu. J'ai fait de bons efforts pour garder mon calme. Ça n'allait pas durer. Mais j'étais encore très philosophe lorsque l'avion s'est présenté. J'ai pris la photo que voici. Mais le pilote m'a demandé de faire vite pour la photo car une nuage de brouillard risquait de venir brouiller les cartes.



Je me demandais si, une fois dans les airs, la peur pourrait m'envahir. Jamais je n'aurais eu l'occasion d'avoir peur. Le décor était trop féérique. Il dépassait tout ce que j'avais pu imaginer tellement c'était beau.


Voir Havre-Saint-Pierre du haut des airs, le teminal de la mine à droite, l'hôpital, la Marina, et plus loin l'Ile du Havre, c'était tout simplement trippant. Et au loin, on distinguait déjà l'Ile d'Anticosti.

Cliquez pour agrandir


Voir les iles de l'Archipel de Mingan du haut des airs, ça dépassait tout ce que j'aurais pu imaginer comme excitation. J'ai cru que j'étais rendu au Paradis. J'étais tellement bien que je me disais que si l'avion plongeait dans la mer, je ne pourrais avoir de plus belle mort. Je ne pourrais m'empêcher de mourir le sourire aux lèvres.


Mais, j'étais loin de me douter des émotions qui m'attendaient... Les détours imprévisibles.

À suivre...