mercredi 26 mars 2014

Heureux en plein malheur

Suite du billet précédent

Heureux en plein malheur ou
malheureux en plein bonheur

Je vis présentement sur une terre explorée et habitée par un des plus grands explorateurs de la Nouvelle-France: Louis-Jolliet. Son histoire est parsemée de chances inouïes et de grands malheurs. Adulé par les plus grands de son époque dont Frontenac, Mgr Laval et Louis XIV, il a eu un parcours enviable parsemé de tragédies dont l'une des pires fut la perte de ses écrits disparues dans un incendie, sans parler de sa succession entourée de drames. C'est un grand symbole.

 Mon intention était de reprendre l'histoire où je l'avais laissée en 1560. Mais, vous le savez, ma vie ne se passe pas  ainsi. J.ai plein de détours improvisés commandés par le hasard. Conséquence: Louis Joliette devra attendre. Mais je ne perds pas le fil de mon propos. J'y reviendrai.

C'est un peu, je crois, le défi de tout une vie que d'être heureux contre vents et marées, comme ce fut le cas pour Louis Jolliet. Je crois utile de vous remettre à l'esprit un court extrait de mon dernier billet:


En 2010, je travaillais pour Statistique Canada à l'occasion du recensement. Tout près de l'endroit que vous voyez, je me suis présenté dans une très magnifique demeure, face à la mer. Et spontanément, j'ai dit au maître des lieux:

- Un vrai paradis ici. Comment peut-on faire pour ne pas être heureux?
- Un paradis? répondit-il en dissimulant mal un air qui en disait long. Si vous saviez mon cher monsieur! Il ne faut pas se fier aux apparences.  Ma vie est un enfer!

Vous comprendrez le choc que j'ai eu. Je suis resté bouche bée.  Je crois que le vrai bonheur, c'est avant tout une façon d'être qui se trouve en nous. Et je m'empresse d'ajouter: il n'y a pas de recette miracle. Il faut être attentif, saisir les occasions et surtout protéger et mettre en valeur les beautés qui nous entourent et l'histoire qui les rendent encore plus précieuses.


Non, il n'y a pas de recette miracle. Il y a des jours où nous sommes mis à rude épreuve. Il y a des jours où tout s'écroule. On a beau être fort, on est désemparé et même un peu découragé.

Ceci étant dit, permettez que je vous explique ce détour improvisé qui vient retarder un peu la suite de mon récit sur Louis Jolliet. Tout ça est dû à un hasard qui est venu frapper à ma porte en pleine nuit.  J'ai fait un drôle de rêve. Bien des psychologues voudrait se donner le défi de l'analyser. Vous-mêmes peut-être seriez tentez de le faire. Mais, ça ne sera pas nécessaire. J'ai trouvé la clé pour le décoder. On a souvent la clé près de nous. Il s'agit de chercher et avoir un peu de chance. Les rêves sont d'ailleurs de bonnes occasions de mieux nous connaître et voir ce qui se cachent dans notre subconscient. Ils sont révélateurs et fort utiles. Depuis que je suis très jeune, je me souviens souvent de mes rêves.

J'ai rêvé ceci la nuit dernière:
On m'a appris que j'allais mourir à coup sûr sous peu. En soi, il n'y avait rien de drôle. Mais dans mon rêve, j'ai eu un fou rire dont je ne pouvais plus me débarrasser. Je riais, je riais. J'en avais les larmes aux yeux. Tout le monde autour de moi me regardait décontenancé. Une fois éveillé, je me demandais d'où pouvait bien venir ce rêve fou.

Non, je ne veux pas mourir. Il y a plus drôle que la mort. Ça, c'est sûr. Puis, tout à coup, l'origine du rêve m'est apparu très clair. Ça venait du bulletin de nouvelles de la veille. On parlait de ce monsieur venu d'un voyage en Afrique, au Libéria, chez qui on avait identifié un virus mortel contagieux: l'Ebola. On l'a mis en isolement. Jusque là, il n'y a encore rien de drôle.

Au moment où j'ai entendu cette nouvelle, je me suis rappelé tout à coup avoir fait un lien avec un fait vécu dont j'ai déjà parlé dans un de mes premiers billets.

Voilà textuellement ce que j'avais écrit le 6 septembre 2008
On peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui ni dans n'importe quelle situation

Un jour, Daniel m'a appelé de sa chambre d'hôpital où il venait d'être admis d'urgence. Je me suis empressé de m'y rendre. On m'a expliqué qu'il était dans une section isolée et que je devais porter un masque pour aller le voir.Pour moi tout ce décor était surréaliste. J'ai entamé la conversation, comme on le fait toujours en demandant à Daniel: Comment ça va ? Et, selon ce que veut l'usage, il m'a répondu: Ça va bien. Et à le voir, rien ne laissait croire que ce n'était pas le cas.

Daniel m'a expliqué le contexte qui l'avait amené à l'urgence et son passage rapide en isolation. Il m'en parlait de façon tellement décontractée que je n'ai pu m'empêcher de rire en imaginant la peur qu'il avait dû ressentir. Nous avons ri de bon coeur, parlant de choses et d'autres. Et je suis reparti de bonne humeur en lui promettant de revenir.

Deux ou trois jours plus tard, j'apprenais son décès. Je prenais toute la mesure du fait que la vie ne tient qu'à un fil. J'étais bouleversé et me sentait incapable de me rendre le voir au Salon funéraire. Il venait de la Gaspésie. Je ne pouvais rien lui apporter en lui rendant visite au Salon funéraire.

Le lundi, en revenant au travail, on m'a appris que toute la fin de semaine, la copine de Daniel avait demandé, au Salon, si j'allais venir faire une visite. Depuis ce temps, je me fais toujours un devoir d'être présent lors d'événements tragiques. Je sais qu'une présence dans ces occasions n'a pas de prix.

Un autre événement m'a beaucoup bouleversé la semaine dernière. C'est au gala de Jutra où on remet les prix pour souligner les meilleures réalisations du cinéma québécois.

Antoine Bertrand
Le plus grand nombre de prix est allé au film Louis Cyr qui relate la vie extraordinaire d'un colosse légendaire. Antoine Bertrand qui interprète le rôle a reçu le prix du meilleur acteur. Il avait de quoi être heureux. La nouvelle n'avait rien de triste. Le film a raflé 9 statuettes.

Pourtant, pendant qu'il faisait son discours de remerciement, je voyais sa copine grimacer et ne pas pouvoir retenir ses larmes. Antoine Bertrand, lui-même a fini par faire de même en parlant de sa mère et en regardant au ciel.

Le lendemain, en consultant le journal j'ai compris pourquoi il était difficile de profiter de si beaux instants de bonheur:
«Louis Cyr tenait la force de sa mère, moi aussi», a-t-il dit, en larmes. Des paroles qui prennent tout leur sens quand on sait que quelques heures plus tôt, il venait d'enterrer sa propre mère, ce qu'il n'a pas précisé sur scène.

 Le coanimateur de la soirée, Laurent Paquin, en est resté figé, incapable de lire son texte.
Louis Cyr, c'est le seul film que j'ai vu au cinéma cette année. Comme par hasard, c'est un des prochains personnages légendaires du Québec auquel je me promettait de réserver une place pour un prochain billet. Son histoire est inspirante. Et en plus, Louis Cyr a les mêmes racines que les gens d'ici. Il est d'origine acadienne.


PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

La mémoire collective: «Louis Cyr n'a pas eu besoin d'un film pour être dans la mémoire collective. Il est encore présent, même cent ans après sa mort. On ne voulait pas lui nuire, on voulait faire un film à la grandeur de ce gars-là. Et finalement, je pense qu'avec le film qu'on vient de faire, on vient de lui donner une autre petite poussée pour encore cent ans», dit avec fierté et soulagement Antoine Bertrand, qui incarne Louis Cyr. Il est avec sa conjointe Catherine-Anne Toupin.
Source: La Presse:

Notre destin n'est pas différent du commun des mortels ni différent de celui d'une nation toute entière. Il est parsemé de grandes joies et de grandes peines, d'exploits grandioses, d'embuches et de petites misères. Personne n'y échappe. Mais je crois qu'il est bon d'avoir de belles sources d'inspirations et de courage. On en puise souvent dans notre entourage et nos proches ont besoin des nôtres. Mais je continue de croire qu'en bout de ligne tout se joue à l'intérieure de nous. On y trouve des forces insoupçonnées. J'ai pu le réaliser dans certains moments particulièrement éprouvant.
L'histoire de Louis Cyr nous enseigne que l'homme le plus fort du monde est aussi le plus faible en certaines circonstances.  C'est peut-être notre plus grand défi que de découvrir les deux facettes qui nous habitent et de pouvoir composer avec elles.

mardi 18 mars 2014

Anticosti, trésor caché


Nous pouvons avoir sous les yeux tous les jours les plus grandes merveilles du monde sans en être conscients. C'est vrai pour la vie en général. Et c'est dommage! On perd souvent trop vite cette capacité d'émerveillement dont nous avions hérité à la naissance. C'était pourtant un très beau cadeau de la vie.  La nature nous parle. Mais je suis souvent surpris de notre incapacité à comprendre son langage, à voir un peu plus loin que son nez.

Tenez, voici un exemple de rien du tout. À gauche, vous avez un aperçu d'une des fenêtres de ma demeure. Je sais, il n'y a rien d'impressionnant. D'abord la neige cache un peu la vue. On n'a aucune idée du magnifique décor qui s'offre à nous en d'autres temps. On ne peut se douter qu'il y a la mer, une marina en été, le profil de l'Ile d'Anticosti. Rien ne laisse présager le passage d'un des plus illustres découvreurs de la Nouvelle-France. Des milliers de touristes sont passés par là sans se douter de toutes les merveilles cachées et de la richesse historique derrière ce qui semble anodin.

Mais prenons un peu de recul.
Nous logeons actuellement juste à droite, face à l'Ile du Havre qui a inspiré le nom à la municipalité de Havre-Saint-Pierre. L'imposant édifice à gauche, c'est un incontournable et déjà presque un monument historique: le Portail Pélagie-Cormier. C'est en effet là que Jean Charest avait annoncé en grandes pompes son fameux projet du Plan-Nord. Il se trouve en biais face à  l'Hôpital où Laure travaille.

Portail Pélagie-Cormier, Havre-Saint-Pierre
Jusqu'en 2012, à l'entrée du Portail Pélagie-Cormier, un kiosque bien en vue, en été, faisait la promotion de l'ile d'Anticosti. Une gentille dame offrait des forfaits alléchants pour le plus grand bonheur des touristes en mal d'émotions fortes. On pouvait, par exemple, pour 499$ par personne avoir droit aux commodités suivantes: un voyage en avion aller-retour, un séjour de 3 jours et 2 nuits logés à l'Hôtel Port-Menier, comprenant des repas gastronomiques où le poisson frais et les fruits de mer étaient à l'honneur. Imaginez le bonheur, l'extase, les frissons.
Vue aérienne de Havre-Saint-Pierre et Ile du Havre, août 2010
 De nombreux cerf en liberté venaient nous accueillir et rodaient paisiblement à nos côtés. La chambre où nous habitions était très grande. Elle comprenait deux pièces meublées en partie avec des meubles récupérés du fameux Château Menier. Comme ce dernier notre hôtel a été rasée par les flammes e 2012.

Port Menier, Hôtel, 2010
 En plus, notre forfait donnait droit à plusieurs visites guidées sur l'ile.  Le kiosque était achalandé et occupait une employée à plein temps. Il doit exister de nouveaux forfaits, mais il faudra que je me renseigne.

Un si beau paradis n'a cependant jamais bénéficié de l'engouement qu'il aurait du susciter. On dirait que l'ile d'Anticosti a subi un mauvais sort depuis sa découverte. Ses nombreux trésors sont cachés et certains le seront pour toujours. C'est en même temps le sort qui fut réservé à l'un des plus illustres explorateur de la Nouvelle-France: Louis Jolliet. Il est un peu comme le symbole de tour ce qui allait se passer par la suite. 

Louis Jolliet
JOLLIET, LOUIS, explorateur, découvreur du Mississipi, cartographe, hydrographe du roi, professeur au collège des Jésuites de Québec, organiste, commerçant et seigneur, baptisé à Québec le 21 septembre 1645, fils de Jean Jollyet, charron au service de la Compagnie des Cent-Associés, et de Marie d’Abancourt, décédé en Nouvelle-France en 1700.

L’historien peut-il ne pas déplorer la mauvaise fortune qui semble s’être attachée aux papiers personnels de Louis Jolliet et aux documents le concernant ? Des accidents divers et des omissions regrettables ont ménagé comme à plaisir, dans la carrière de ce grand Canadien, des zones de silence et d’obscurite.

L'ile fut découverte au tout début de la colonie et a reçu un traitement royal. Elle fut donnée en cadeau par Louis XIV à Louis Joliet dont l'histoire est à la fois un conte de fée et une histoire à la fin plutôt triste. L'histoire de l'ile d'Anticosti est une succession de rêves et d'espoirs sans limite, de chicanes, de fourberies, de désintéressement.

Jolliet et Marquette
La présence française sur Anticosti est aussi ancienne que celle de la découverte de l'Amérique par Jacques Cartier ne 1534. Il visita l'Ile d'Anticosti la même année. Quelques années plus tard en 1560, le roi de France concéda l'Ile à Louis Jolliet en reconnaissance de toutes ses découvertes et de l'excellente contribution qu'il avait apporté à la conquête du territoire de la Nouvelle France dont il porta très loin les frontières. Sa plus grande fut la découverte du Mississipi avec le Père Marquette.

Très instruit, il jouait sur plusieurs tableaux. Il avait même étudié la musique en Europe. En plus d'être un explorateur, il continuait à enseigner chez les Jésuites entre ses voyages. Il faisait la traite des fourrures. Il rédigeait des textes de ses voyages et dessinait des cartes autant pour les routes terrestres que pour les routes maritimes. Il a ainsi accumulé un trésor inestimable qui s'est envolé en fumée. C'est dommage car ce fut le premier explorateur français né en Nouvelle-France.

Ce dernier est un personnage mythique dont la renommée internationale fut vite répandue. Mais aujourd'hui, peu de contemporains ont une idée de l'important personnage qu'il a été. 

Il a beaucoup voyagé et  il a séjournée sur la Côte-Nord à plusieurs reprises. Je peux même voir de ma fenêtre une ile où il a vécu. Permettez que je vous présente à nouveau, une photo que je vous ai montré plus haut. Vous pourrez la voir avec un oeil différent.


 Notre résidence actuelle est à droite. L'ile en face que l'on distingue parfaitement, c'est l'Ile du Havre où Louis Jolliet  a déjà séjourné. L'endroit était idéal pour y chasser les renards. La Compagnie de la Baie d'Hudson en a fait ses choux gras. À gauche de l'ile du Havre, la fine ligne à l'Horizon, c'est Anticosti. On voit l'Ile plus distinctement à marée basse.

Plusieurs iles nous séparent cependant d'Anticosti qu'on peut rejoindre en avion en moins de 15 minutes. Havre-Saint-Pierre a un aéroport à 10 minutes d'ici. L'ile du Havre fait partie d'un archipel comptant en tout environ milles iles de différentes tailles. Plusieurs sont fascinantes riches en monuments et espèces vivantes. Le Frère Marie Victorin, fondateur du Jardin Botanique de Montréal et auteur de nombreux manuels incontournables en la matière y a fait de nombreuses études et découvert de nouvelles plantes inconnues jusque là.

Iles Mingan,  riches en monolithes
 Toute l'information touristique est centralisée au Portail Pélagie-Cormier, situé au bord de la mer, face à l'Hôpital. C'est là, par exemple, que l'on fait ses réservations pour les expéditions sur les Iles Mingan.

A deux minutes de la maison, à droite, il y a la maison de la culture Roland Jomphe, un centre d'interprétation et un site historique qui était autrefois comptoir de la Compagnie de la Baie d'Hudson. C'est la plus ancienne compagnie au Canada et l'une des plus anciennes au monde encore en activité. Mais, calmons-nous. La compagnie de la Baie d'Hudson s'y est installée seulement en 1963. C'était auparavant un magasin général de la Labrador Stores, le magasin de la famille Clarke construit en 1943. C'est aujourd'hui un centre d'interprétation appartenant à la municipalité de Havre-Saint-Pierre considéré comme site historique. Regardez la beauté du ciel, d'un bleu à faire rougir celui de plusieurs régions du monde embourbées dans la pollution.


Maison de la culture Roland-Jomphe
 Vis-à-vis Port Menier, sur l'Ile d'Anticosti, il y a Mingan, municipalité autochtone à laquelle fait allusion Gilles Vigneault dans sa chanson Jack Monoloy. Jolliet y est demeuré au moins un mois et y avait laissé sa famille pendant ses expéditions.


Côte-Nord et Anticosti
Je sais, je vous raconte beaucoup de choses en même temps. Mais ce n'est qu'une entrée en matière. Je m'en voudrais de ne pas vous donner plus de détails. Mais, avant tout, je veux vous présenter le décor sous un autre angle.

Voici l'endroit où je me trouve. Je loge dans la petite maison blanche entre l'église et le Portail Pélagie-Cormier. Elle était blanche, elle est bleue. Un camion blanc se trouve devant.
Cette fois, je vous donne la perspective vue de la mer. J'avais pris cette photo en 2012 après une expédition sur les Iles Mingang. Vous voyez le Portail du côté opposé à celui que je vous avais montré.

Le portail Pélagie Cormier, Havre-Saint-Pierre, vue de la er 2012
Comme vous voyez, tout est beaux, peu importe l'angle,  pour notre plus grand bonheur.
Mais le bonheur, il ne vient pas tout seul. En 2010, je travaillais pour Statistique Canada à l'occasion du recensement. Tout près de l'endroit que vous voyez, je me suis présenté dans une très magnifique demeure, face à la mer. Et spontanément, j'ai dit au maître des lieux:

- Un vrai paradis ici. Comment peut-on faire pour ne pas être heureux?
- Un paradis? répondit-il en dissimulant mal un air qui en disait long. Si vous saviez mon cher monsieur! Il ne faut pas se fier aux apparences.  Ma vie est un enfer!

Vous comprendrez le choc que j'ai eu. Je suis resté bouche bée. La vie m'a appris qu'il ne faut pas, en effet, se fier aux apparences. Aujourd'hui encore, j'ai eu un choc semblable en prenant connaissance de l'actualité. Une belle grande fille qui avait tout ce qu'il faut pour être heureuse s'est suicidée.

La styliste américaine L'Wren Scott est morte, lundi 17 mars, à son domicile new-yorkais. La créatrice de mode âgée de 49 ans a été retrouvée pendue, à l'aide d'une écharpe, dans son appartement de Manhattan. Depuis plusieurs années, elle était la compagne de Mick Jagger.

Le chanteur des Rolling Stones, actuellement en tournée, est "complètement choqué et dévasté" a déclaré un porte-parole du groupe de rock.


Vivre dans un paradis, être entouré de trésors précieux, ce n'est pas nécessairement un gage de bonheur. Il faut d'abord être conscient de ces trésors  et savoir en profiter. On peut avoir sous les yeux tous les jours les plus grandes merveilles du monde sans en être conscients. 

Mais n'allez surtout pas croire que je suis déprimé. Au contraire! Personnellement, je file le parfait bonheur ici. Je suis tombé en amour avec la Côte-Nord et Havre-Saint-Pierre. Et c'est cet emballement que je veux partager avec vous. Je crois que le vrai bonheur, c'est avant tout une façon d'être qui se trouve en nous. Et je m'empresse d'ajouter qu'il n'y a pas de recettes miracles. Il faut être attentif, saisir les occasions et surtout protéger et mettre en valeur les beautés qui nous entourent et l'histoire qui les rendent encore plus précieuses.

Ceci étant dit, revenons en 1560... et à Louis Jolliet, ses défis et ses malheurs.

À suivre...

dimanche 16 mars 2014

Anticosti légendes et faits cocasses

 Donnez un cheval à celui qui dit la vérité. Il en aura besoin pour s'enfuir. En ces jours de campagne électorale au Québec, ce proverbe arabe prend tout son sens.

Suite du billet précédent

Les pétrolières ont eu au moins un avantage: susciter un débat sur l'Ile d'Anticosti.
On en parle beaucoup et c'est tant mieux. Je suis à préparer une page toute neuve sur l'Ile d'Anticosti. J'ai le goût d'y mettre tout le soin qu'il faut vu l'intérêt que la question soulève. Et il y a tellement de détails fascinants.

En attendant, j'ai voulu vous laisser une billet que j'avais déjà préparé en septembre 2010.

Anticosti 6 août 2010

En bout de piste, ce qu'il y a de plus merveilleux, c'est simplement d'être sur Anticosti. D'avoir la paix. De s'abreuver de ces panoramas divins en toute liberté. D'explorer l'histoire de l'île à travers ses phares, sa multitude de petits cimetières, ses épaves et ses maisons abandonnées, toutes hantées par l'esprit omniprésent du sorcier.(Le Devoir)




La Corse
On y fait une comparaison intéressante entre la Corse et l'Ile d'Anticosti. Les deux iles ont sensiblement la même dimension. On a même prétendu qu'il y avait eu des pirates sur l'ile d'Anticosti. Peut-être des corsaires, qui sait! Mais l'ile de Corse est mille fois plus peuplée, avec 250 000 habitants. 260 pour Anticosti.

Imaginez une ile d'une telle dimension si peu habitée. C'était un lieu de prédilection pour s'y cacher.

Il semble que des pirates de des bandits de grand chemin pouvaient s'y réfugier. Ce fut le cas, à plusieurs reprises. Mais comme l'endroit était isolé de toute civilisation, surtout en hiver, le moindre incident faisait courir les rumeurs les plus farfelues.

On a même prétendu que des pirates échoués sur l'ile avaient pratiqué le cannibalisme.

Il fallait aussi engager quelqu'un pour aider les naufragés. En plus cet employé devait pouvoir lutter contre les voleurs et les voyous de tout accabit pouvant s'aventurer là. Il fut très difficile de recruter quelqu'un pour ce sal boulot. Comment trouver un être charitable, un chrétien capable de faire peur?

Il fallait quelqu'un de très original et très astucieux. Ce fut finalement Louis Olivier Gamachequi se présenta comme le candidat tant recherché. Il venait de perdre son emploi. Mais il comprit vite qu'il fallait user de ruses pour ne pas se faire voler ou attaquer en étant si éloigné .

Il se rendit à Rimouski, demanda un repas pour deux à sa chambre. Il installa deux chaises autour de la table. Il reproduisit le stratagème le lendemain. Avec un système de batons et de cordes, il faisait claquer les portes et les fenêtres de sa chambre. La rumeur se répandit vite qu'il avait mangé avec le diable.

Il ne ménagea rien pour amplifier la légende. Vous en aurez une bonne description en cliquant sur le lien Louis Olivier Gamache Vous comprendrez aussi pourquoi on le prit pour un pirate ayant un pacte avec le diable.

Le stratagème a très bien réussi. Personne n'osait approcher sa demeure. Il aidait les naufragés qui pouvaient s'échouer non de là. Mais ces dernier ne restaient pas là longtemps.

Mais, la légende ne dit pas tout. Louis-Olivier Gamache aimait la solitude, la chasse et la pêche. C’est pourquoi il avait choisi d’habiter l’Île d’Anticosti en 1810. Si Gamache avait la réputation de parler avec le diable, il était en réalité un homme doux et bon qui riait des moyens qu’il avait employés pour construire sa renommée. (Histoires et culture générale du Québec)

Gamache mourut dans son sommeil en 1854. On le mit en terre sur les lieux de sa demeure. Mais des jeunes du coin, par bravade, ont déterré son corps à 3 reprises et mirent ses ossements devant l'église. La troisième fois, on prit les grands moyens pour régler définitivement la situation. On mit ses os dans un gros bloc de ciment.

On fit graver une inscription sur sa tombe aux frais des habitants de l'ile émus par l'histoire:

Ci git Louis Olivier Gamache
né à l'Islet en 1787, décédé en septembre 1854
Son épouse Catherine Lots décédée en 1845
et leur fille âgée d'un an.

Cette isle fut mon refuge
et j'y ai trouvé mon calme

Don des Anticostiens 1990


On entourra le tout d'une clôture comme pour protéger davantage le refuge paisible que Gamache avait si bien mérité. Chacun a droit à son intimité.



ÉPITAPHES célèbres:

Laissez-moi dormir,
j'étais fait pour ça
.
Francis Blanche

Nous avons été ce que vous êtes,
vous deviendrez ce que nous sommes.

Fronton du cimetière de Salles-du-Gardon

Passant, ne pleure pas ma mort.
Si je vivais tu serais mort.

Maximilien de Robespierre

Ci-gît Antoine, comte de Rivarol.
La paresse nous l'avait ravi avant la mort.
Rivarol

Ci-gît ma femme... oh ! qu'elle est bien.
Pour son repos et pour le mien.

Jacques Du Lorens

Ci-gît un fameux Cardinal
Qui fit plus de mal que de bien
Le bien qu'il fit, il le fit mal
Le mal qu'il fit, il le fit bien.

Proposé par Isaac de Benserade pour le Cardinal de Richelieu


jeudi 6 mars 2014

Anticosti, et après?

Suite du billet précédent

On peut décimer des générations entières, raser leurs maisons. Elles se relèveront. Mais on ne peut détruire leurs monuments et leurs œuvres d'art, car c'est détruire leur histoire, nier qu'elles ont déjà existé. (The Monoments men- Bande annonce)


Château Menier



Château Menier, inscription sur le site des ruines du château

 
Seuls quelques photos et quelques inscriptions témoignent de cette pièce du riche patrimoine de l'Ile d'Anticosti qu'était le château Menier. Anticosti déjà été identifié comme patrimoine mondial par l'ONU. Son histoire mériterait d'être plus connue. Plusieurs monuments ont été détruits dont l'hôtel où nous avons logé en 2010. Elle n'a pas été reconstruite après avoir été victime d'un incendie.
 
De nos jours, quand on parle de l'Ile d'Anticosti, c'est presque uniquement pour parler du pétrole qui s'y trouve. Le seul centre d'intérêt semble être de savoir si ça vaut le coup d'en extraire le pétrole de schiste. Est-ce rentable? Est-ce risqué? Fin de la discussion.
 
Il me semble que ça part très mal comme analyse. Bien sûr, on parle aussi des 165 000 cerfs de Virginie qu'on y trouve, leur intérêt  pour les chasseurs et la végétation qui peine à s'implanter. Les cerfs bouffent tout. Comme les pétrolières.
 
A mon avis, la question n'est pas savoir si ça vaut la peine d'extraire le pétrole, mais plutôt de regarder l'ensemble du potentiel à exploiter, voir quelle est la meilleure utilisation possible. L'Ile d'Anticosti, ce n'est pas rien. Elle a la dimension de l'Ile de Corse, 17 fois l'ile de Montréal, 1 1/2 fois l'ile du Prince-Édouard qui est une des 10 provinces du Canada.

 
 

Chute Vauréal, Anticosti, 2005
Chute Vauréal, Anticosti, 2010



L'Ile ne compte même pas 200 habitants. Il y en avait déjà 673 sous le règne de Menier. On veut laisser croire qu'elle n'a pas d'avenir, qu'on ne peut permettre d'y vivre de façon autonome. Faux! Henri Menier a déjà prouvé le contraire de façon fort éloquente. L'histoire de l'Ile d'Anticosti est fascinante. Celle d'Henri Menier l'est tout autant.
 
Ce dernier possédait la plus riche fortune de France selon certains historiens. Il a acquit l'Ile en 1895. Un ami d'Henri Menier, Georges Martin-Zédé, faisait de la prospection pour lui trouver un territoire de chasse. Il avait entendu parler de l'Ile d'Anticosti.

En juin 1895, Martin Zédé avait consulté le consul général de France pour savoir si l'ile pouvait avoir de l'intérêt. Ce très savant consul le découragea en ces termes: Sur l'Ile, il vaut mieux être mort que naufragé et les survivants n'ont d'autres choix que de se dévorer entre eux s'ils n'ont pas déjà été mangés par les moustiques". On a déjà prétendu que des rescapés de naufrages avaient pratiqué du cannibalisme pour survivre sur cette terre inhospitalière.
 
 
Malgré tout Menier acheta l'Ile, sous la recommandation de Martin-Zédé, sans même l'avoir visitée. Il avait été impressionné d'apprendre que Louis XIV avait déjà donné l'Ile d'Anticosti à Louis Jolliet pour le récompenser de ses expéditions.

Au sujet d'Anticosti auparavant, on a surtout parlé des 200 cerfs de Virginie qu'Henri Menier fit introduire sur l'ile. Mais il y avait beaucoup d'autres espèces dont des renards argentés et surtout des grenouilles. Pourquoi des grenouilles (frog en anglais) ? Pour combattre les moustiques.

Menier avait amené de France un médecin qui servait aussi de vétérinaire: le Dr Schmitt. Ce dernier avait expérimenté sans succès plusieurs mixtures pour combattre les moustiques. Mais finalement, ce sont les grenouilles, solution écologique par excellence qui fut la bonne solution. Le Dr Schmitt habitait une très luxueuse demeure qui existe encore et se trouve en très bon état contrairement à la plupart des autres édifices de l'époque. Les compagnies venues exploiter les ressources ont laissé peu de place à la poésie et au romantisme.
 
Maison du Dr Schmitt sur l'Ile d'Anticosti
 
 
De 1895 à 1926, la famille Menier était l'unique propriétaire de l'ile d'Anticosti. Il acheta d'autres terres dont il n'était pas propriétaire.  Personne ne pouvait posséder de terrain. Tous devaient obéir à ses lois. Sur l'ile, il avait même fait frapper des pièces de monnaie à son effigie.
 
Il y faisait régner l'ordre avec une main de fer. Il avait édicté 28 règlements dont le premier était: Il est défendu de débarquer dans l'ile, d'y séjourner, résider, exercer un commerce, une industrie, une profession sans avoir obtenu une autorisation spéciale signée de l''Administration. 

Il était défendu de faire usage d'alcool ou de posséder des armes à feu ou un chien. Le système était organisé selon un modèle stricte au plan de la hiérarchie. copié sur des règlements militaires français.  Martin-Zédé agissait comme gouverneur et considérait l'Ile comme un état et non comme une colonie française. Il ne parlait jamais directement à des subalternes. Les habitants de l'Ile n'étaient que des exécutants. Il faisait venir les spécialistes et les professionnels de France.
 
Des anglophones de Terre-Neuve s'y trouvant ont été chassés cavalièrement ce qui provoqua un incident diplomatique dont on parla à Paris. En Angleterre on s'inquiéta du fait que monsieur Menier ait chassé des anglophones de l'Ile. On craignait que les français ne soient en train de préparer une reconquête du Canada suite à la défaite des Plaines d'Abraham.



La rumeur a couru à l'effet qu'on était en train de préparer une attaque et que l'on cachait des munitions sur l'Ile d'Anticosti. L'Angleterre envoya un bateau de guerre près ses côtes. Georges Martin-Zédé fit venir le gouverneur Général du Canada, Lord Minto, en 1901, pour lui faire visiter l'Ile et montrer qu'il n'y avait que des outils de jardins inoffensifs dans ses caveaux jugés suspects. L'incident était dès lors clos.
 
L'Ile d'Anticosti fut  la seule terre québécoise a avoir connu une étape "française de France" durant ce que l'on appelle au Canada "le régime anglais".
 
Bien que dirigé avec une main de fer, l'Ile d'Anticosti est un modèle assez extraordinaire de colonisation. Menier rendit la population autonome et organisa la vie  au plan économique, social et culturel. Il fit mentir toutes les rumeurs qui avaient eu cours sur la capacité de l'Ile d'Anticosti à survivre de façon autonome. On pouvait s'approvisionner de tout: vaisselle, quincaillerie, grains et denrées de toute sorte. C'est un des premiers endroits à posséder l'électricité.

Il y avait un hôpital, une église, des fermes, un centre culturel, un magasin général,  une porcherie,  un abattoir, une fabrique de conserves, une hormarderie moderne, une écurie, une laiterie, un poulailler, une scierie, des égouts, des lignes téléphoniques, des hangars, des silos et des caves pour conserver les réserves de nourriture l'hiver. Il y avait un chemin de fer, des routes cartographiées, une jetée d'un kilomètre de lors pour que les bateaux puissent accoster sans problème.

Plusieurs industries sont mises sur pied. Et tous y trouvent du travail. On fait le commerce de fourrure, de bois, de pêcherie, On dispose d'une cinquantaine de bateaux à voile et un bateau à vapeur.

En 1902, Henri Menier fait venir un géologue pour vérifier s'il y a des ressources souterraines dans l'Ile. Mais les résultats semblent peu prometteurs et on ne va pas plus loin.  Comme on voit, l'idée de forage sur l'Ile ne date pas d'hier.

Menier avait comme projet de peupler l'Ile d'Anticosti en entier. Il avait commencer à fonder de nouveaux hameaux. Mais sa mort prématurée a mis fin à ses plans ambitieux.

Conclusion: Anticosti offre plusieurs riches possibilités  de développement. Le pétrole n'est pas la seule avenue. L'industrie touristique a un potentiel très prometteur. Il n'y a aucun doute. Mais je m'empresse d'ajouter que je crois sage la décision de madame Marois de renégocier une entente où le Québec est le plus important partenaire. Il fallait sauver les meubles, je crois.

Tous ne partagent pas mon opinion. Dan Bigras a déclaré à Tout le monde en parle: Tu n'as pas à te réjouir si on te donne les pneus de l'auto qu'on t'a volée.
 
 
Voici un billet que j'ai déjà laissé en aout 2010

 


On a reproché à Henri Menier d'avoir trop dilapidé d'argent sur son ile et d'avoir chambardé le milieu en y introduisant des espèces animales qui ont eu des effets néfastes sur l'environnement. Le vrai scandale, ce n'est pas l'argent que Menier a investi. C'est plutôt la désinvolture la plus totale avec laquelle nous avons détruit l'héritage incroyable qu'il nous avait laissé. L'Ile pourrait aoujourd'hui être un site prospère où il fait bon vivre comme nulle part à cent milles à la ronde.


Menier, chocolatier miliardaire, avait fait bâtir un château qui pourrait être un hôtel 5 étoiles attirant des touristes très payants et des gens ordinaires amoureux de la nature. Rappelons-nous que Menier avait fait construire une magnifique villa, inaugurée en 1905. Elle comportait 9 chambres à coucher avec salle de bain dans chacune dont 2 en marbre. Il y avait aussi 2 chambres pour les domestiques, une infirmerie, une bibliothèque, un hall d'entrée avec 18 têtes de cerfs empaillés.

Voici ce qu'il en reste aujourd'hui.
Château Menier Anticosti (ruines)
Photo 15 août 2010

Extrait d'un témoignage fort éloquent: Mon nom est André Duval, fils de Rosaire Duval, employé à la compagnie forestière Consolidated Bathurst, de 1950 à 1956, sur l'île d'Anticosti. Mon père a été témoin impuissant, tout comme plusieurs employés de la compagnie qui ont connu l'époque glorieuse des Menier, de la disparition de ce bien culturel, le matin du 3 octobre 1953.

Le gérant de l'île à l'époque, Frank Wilcox, ordonna à quelques travailleurs de prendre des dispositions afin de contrôler un risque d'incendie sur les terres avoisinantes du "château" Menier, ainsi désigné par les insulaires. Frank Wilcox lui-même et son assistant, M.Charlie McCormick, que mon père a bien connu , répandirent de l'essence sur les planchers de cette somptueuse résidence laissée à l'abandon.
Cliquez pour Texte intégral.

La Consolidated Bathurst la fit brûler sous prétexte que leur mission n'était pas d'entretenir des bâtiments anciens.

Menier avait mis en place tout un infrastructure dont un chemin de fer
Menier avait développé une localité moderne avec une église, un hôpital, des fermes productives.
Cette nature sauvage de l'ile, elle avait maintenu ses droits en érigeant une barricade naturelle tout autour de l'Ile.

On trouve encore plusieurs épaves autour de l'ile.

Menier avait grandement amélioré la situation en faisant construire des phares qui constituaient de véritables oeuvres d'art. Le phare de la pointe sud ouest était considéré comme le 2è plus beau au Canada et un de celui qui avait une plus grande portée.

En 1961, le gouvernement fit dynamiter le phare sous prétexte que son entretien aurait coûté trop cher. On réserva le même sort à un autre phare dont la beauté était également à faire rêver les plus grands poètes. On prétexta un incendie accidentèle provoqué par une explosion. On se préparait à faire sauter un 3è phare. Mais, cette fois, il a eu une forte mobilisation populaire. Le voici:




 On peut voir ici un phare conçu par Menier. C'est un des deux phares alignés. Ces phares permettaient aux navires de mieux se situer par rapport à l'Ile. Il fallait les aligner pour aller dans la bonne direction.


Hellene Thyra Seilliere
En résumé,
après la mort de Menier, on a tout détruit. Et sa compagne, Hellene Thyra Seillière, se vit même privée des biens que Menier lui avait laissés en faisant d'elle sa légataire. Gaston Menier, le frère d'Henri Menier devait, selon le testament racheter la part de la dame. L'héritière ne reçut qu'une infime partie du montant que Gaston Menier aurait dû lui laisser, comme en témoigne le récit que l'on peut lire en cliquant sur la photo de la dame. Il avait nettement sous-évaluer la valeur de la compangie puisqu'il a vendu l'Ile d'Anticosti 6 millions de dollars à la papetière Consolidated Bathurst.

Pour plus détails: http://pone.lateb.pagesperso-orange.fr/thyra.htm

La saga se termina devant les tribunaux. Comme il peut arriver, les juges sont parfois injustes, si bien que dame Sellière ne put obtenir justice.

Ainsi va la vie... Je trouve toujours triste de voir détruire ce qu'un être héroique prend toute une vie à batir. Pire encore, quoi de plus désolant qu'une famille qui se déchire pour les restes souvents bien humbles laissés par testament d'un parent à ses proches?

Ce que l'on observe à la dimension familiale, on le retrouve aussi au sein de toute une société. Notre testatment à tous, celui de notre civilisation, c'est notre culture, notre patrimoine, nos valeurs. Il a fallu plusieurs siècles pour bâtir ce qui nous a été donné à notre naissance.

Sur une plus grande échelle, dans la partie la plus riche de la vallée du Saint-Laurent, une menace très sérieuse nous menace et il sera difficile d'arrêter la folie dévastatrice. Rappelons-nous que plusieurs membres influents du parti libéral en sont les principaux partenaires.

Selon une experte du Bureau d'Audience de l'Environnement, il est impossible de faire une rapport sérieux sur les risques de l'exploitation du gaz de schiste. Le projet présenté par le Gouvernement est trop vague pour qu'on puisse l'analyser. Les risques observés aux États-Unis font cependant l'objet de rapports accablants: eaux souterraines contaminés, gaspillage d'eau potable, troupeaux de bête malades et mortalité anormale. Pourtant les projets de forage avancent à une vitesse folle et des millions ont déjà été investis.

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