samedi 30 mai 2015

Le chien d'or, Partie 3



Je ne pensais jamais faire tant de découvertes lorsque j'ai commencé à parler du chien d'or.
En même temps, je vous dirais que ce que j'appelle souvent le hasard n'a pas fini de me surprendre.

Un tout petit détail de rien peut nous mener très loin. La vie est ainsi faite. Tout nous parle. Mais il est rare qu'on puisse entendre. Il y a beaucoup d'évidences placées sous nos yeux dont on ne verra jamais que l'ombre. Et encore, on ne la verra peut-être pas. Je ferme cette parenthèse.

Reprenons le début: la photo d'un chien qui mord son os et en dessous, un message plutôt inquiétant.

Je suis un chien qui ronge l'os
En le rongeant je prend mon repos
Un temps viendra qui n'est pas venu
que je mordrai qui m'aura mordu.
 
Qu'est-ce qui m'a amené à vous montrer ce chien qui ronge l'os en ajoutant  le texte qui lui donne tout son sens. Pour vous l'expliquer, je recule encore dans le temps, loin, loin.
 
Ça vous arrive d'etre débordé? Moi si! Tout le temps, même si je suis retraité. Depuis plusieurs mois, je n'avais pas perdu le goût d'écrire des billets et visiter ceux que j'avais adoptés. Quoique... je constatais que d'autres médias sociaux semblaient plus à la mode.
 
Vous vous souvenez ce qui m'avait amené à ouvrir un blogue?un hasard. Un simple hasard comme on en vit tous les jours.
Je résume. J'écoutais la radio. Par curiosité,  voulant en apprendre davantage sur une dame interviewée sur les ondes, j'ai fait une recherche sur Google. J'ai été acheminé, par hasard, sur un lien. J'ai cliqué sur ce lien. A ma grande surprise, j'ai découvert que Zoreilles s'y exprimait avec la passion qu'on lui connait sur les propos de la dame en question.
 
Il y a longtemps que je n'avais pas entendu parler de Zoreilles. On s'était connus en arrivant par hasard le même jour comme animateurs d'un forum de discussion: la Place Publique de Sympatico . J'ai ouvert un blogue pour avoir une identité et faire en sorte que Zoreilles me reconnaisse. Je n'avais pas l'intention d'avoir mon propre blogue. C'est pour cette raison que je l'ai baptisé, sans trop réfléchir: "Détour improvisé".

Le thème du hasard et de la synchronicité s'est imposé de lui-même sans que je ne l'ai imaginé.
Il m'arrive parfois de vouloir revenir m'exprimer sur ce thème. Il y a tellement d'occasions d'être étonnés par des événements qui donnent l'impression d'avoir été organisés par le gars de vue. On ne s'arrête pas assez sur tous ces événements qui nous parlent.

Par ailleurs, je me suis éloigné de mon blogue sans l'avoir planifié, un peu par hasard. Puis tout dernièrement, j'ai senti le goût de revenir Chez Zoreilles, et d'autres amis virtuels. J'ai vu que plusieurs avaient disparu sans laisser d'adresse.
Au moment où j'annonçais mon retour, Zoreilles annonçait son départ. C'est un peu comme si j'avais eu un pressentiment. Je crois toujours aussi fermement aux vertus de la télépathie.

Instinctivement, j'ai pensé à tous ces amis qu'on voit pour la dernière fois sans le savoir. Il y a des occasions où on se demande si on a fait quelque chose qui a déplu tellement la coupure est subite. Un jour, celui que Laure et moi considérions comme notre meilleur ami, a coupé brutalement les ponts. Nous l'avons appelé à plusieurs reprises. Nous l'avons même rencontré par hasard et lui avons fait part de notre malaise. Il fut impossible de percer le mystère.

C'est ainsi que l'image du chien qui ronge l'os m'est venue à l'esprit. Cette image illustre bien ce sentiment qu'on appelle "la rancune". Et pour moi, c'est ce que je trouve le plus difficile à vivre. En contrepartie, le "pardon" est la vertu la plus noble. La rancune est le pire ennemi de l'amour et de l'amitié. L'art de pardonner, son meilleur atout. La rancune, c'est ce qui fait que dans certains coins du globe, des rivalités se développent et se perpétuent de générations en générations.

Ceci étant dit, je pense que le pardon ne doit jamais être une capitulation. Et comme québécois, nous avons plusieurs raisons de ne pas capituler devant les attaques répétées dont nous somme l'objet, particulièrement à cette période trouble au plan social et au plan de nos institutions. Il est difficile de savoir à qui faire confiance. Le mot "promesse" n'a plus aucun sens. Le mot "vérité" aussi.

Caricature La Presse

Si la rancune est un bien triste sentiment, elle ne doit pas nous amener à perdre notre capacité de nous indigner et de le faire savoir, sans blesser. C'est ce que Zoreilles a toujours fait. Il m'est arrivé parfois de le faire en regrettant un peu le ton polémique que j'avais adopté. Dans ces occasions, les commentaires de Zoreilles venaient toujours lui donner la vraie couleur que j'aurais voulu donner.

Voilà tout ce que le départ de Zoreilles m'a inspiré. Je la connais depuis longtemps et je n'ai jamais connu de malentendus avec cette artiste de la communication. Son talent pour exprimer ce qu'elle pense de façon claire et honnête m'a toujours fasciné. Cest précieux.








vendredi 29 mai 2015

Le chien d'or Partie 2

Suite du billet précédent

Il faut lever les yeux pour voir le chien d'or. (Photo Le Soleil, Patrice Laroche)
Le chien d'or en haut de l'édifice de la poste

 
Jamais, je n'aurais cru que le sujet pouvait être si vaste et susciter tant de commentaires.
L'article suivant de Le Soleil est d'ailleurs très révélateur.
Il s'appelle Le chien d'or, mais n'avait plus d'or que le nom. Le gouvernement fédéral a fait restaurer et redorer le bas-relief qui orne le fronton de l'ancien Hôtel des Postes, dans le Vieux-Québec, et qui a été une véritable icône de la capitale, bien avant le Château Frontenac
La restauration du Chien d'or a coûté 309 000$: Il a été convenu de l'envoyer au Centre de conservation du Québec pour une restauration, qui a coûté 9000 $ comparativement à 300 000 $ pour la maçonnerie.
 
Il est d'ailleurs tès amusant de voir tous les proverbes où l'on fait référence à des chiens.
Celle du qui ronge son os s'y trouve. Voir http://cafe.rapidus.net/cybele/citationchien.html
 
Mais revenons à mon dernier billet. Un commentaire d'un habitué de mon blogue m'a particulièrement intéressé:
Réjean Mélançon a écrit: 
Cela me fait tout drôle de retrouver cette histoire sur ton blogue.

J'aime beaucoup cette légende du chien d'or, d'autant plus que ma mère, qui est une Philibert, nous avait raconté, lorsque nous étions enfants, une histoire, qui courait à l'époque dans notre famille, sur le premier Philibert arrivé en Nouvelle France. Elle disait même que son ancêtre avait été pendu par l'intendant Bigot… du moins, le croyait-elle.

Une des nombreuses versions de l'histoire, disait que le fils de Nicolas Philibert, Pierre, avait tué l'officier Le Gardeur de Repentigny, après avoir retrouvé ce dernier aux Indes, pour venger le meurtre de son père. Mais il n'est pas dit qu'il avait été pendu par la suite. C'est fou ce que les légendes peuvent entraîner comme croyance, avec les années.

Mais la réalité pour ma famille est tout autre. Mon premier ancêtre Philibert en Nouvelle France, était d'une autre lignée, et il s'était établi dans la région de Maskinongé, à peu près à la même époque.
Le chien d'or et moi
 
Maintenant, j'en ai une bien bonne.
Lisez d'abord une anecdote que j'avais laissé sur mon dernier message:

 Le chien d'or m'a fasciné depuis le début, à l'occasion d'un conflit de travail. J'étais gestionnaire à la Commission de la Santé et de la Sécurité du travail (CSST). Un matin, une délégation de professionnels se présente a mon bureau, soit disant pour m'offrir un cadeau. J'ouvre l'emballage, intrigué. J'y trouve une tasse avec l'image d'un chien et l'écriteau suivant:
Je suis un chien qui ronge l'os
En le rongeant je prend mon repos
Un temps viendra qui n'est pas venu
que je mordrai qui m'aura mordu.



Je suis tombé immédiatement en amour avec cette tasse. Et j'ai bien ri. Je l'ai conservé précieusement.
Aprés avoir laissé ce commentaire, je me suis demandé où était cette tasse. J'ai posé la question à Laure, ma douce moitier. Alors elle m'a répondu, un peu confuse: Je t'en avais parlé. Tu me l'avais prêtée. Je l'ai apportée au bureau à Sherbrooke et un médecin m'a demandé si je voulais la lui donner. Whops!
 
Vous avez remarqué? Ce médecin l'a eu gratis. J'étais bien content de penser que ne nous n'avions pas payé pour lui donner. Hon! C'est pas gentil, je sais. Mais je suis un peu scandalisé par la situation actuelle. Les médecins facturent tout: les photocopies, les petits gouttes pour les yeux, sans parler des ristournes pour les médicaments qu'ils prescrivent.  On est chanceux de ne pas avoir à payer pour leur donner la main. Je me demande parfois où est rendu leur sens social, leur sens professionnel dans un contexte si pénible. Comme fonctionnaire, combien de fois j'ai travaillé sans rien demander? Régulièrement. Comme bien d'autres professionnels dont les enseignants.

 
 

J'ai été naif. J'ai cru un instant que le Dr Barette prenait vraiment à coeur les intérêts de la population. Mais je commence à en douter.

Je commence à croire que toutes les coupes du système de santé ne servent qu'à dégager de l'argent pour que les médecins en aient davantage. Puis, ce sera au tour des pharmaciens d'en obtenir plus.

Je ronge mon os. Que voulez-vous que je fasse de  plus?,

En principe, le médecin, ça devrait être mon médecin, mon ami, mon confident.

Mais, je parle de ce que j'observe globalement. Je connais plusieurs médecins exemplaires qui sont dévoués et partagent mes émotions. C'est le système que je critique, celui qui coupe au maximun à tous les niveaux dans le système de santé et ne cesse d'augmenter les rémunérations des médecins aujourd'hui et des pharmaciens demain.


 

jeudi 21 mai 2015

Un chien qui ronge l'os

Je suis un chien qui ronge l'os
En le rongeant je prend mon repos
Un temps viendra qui n'est pas venu
que je mordrai qui m'aura mordu.
D'où vient cette drôle de citation?
Que veut-elle dire?
Pourquoi j'en parle?
Il n'y a jamais de hasard. Alors comment ce souvenir m'est revenu à l'esprit ce matin? Si je vous disais qu'il y a un lien entre l'annonce de Zoreilles de fermer son blogue et cette citation, alors je provoquerais la confusion la plus totale. Et si j'étais en politique, on verrait partir les rumeurs  les plus folles.
Mais non, Zoreilles a toujours été et sera toujours une grande amie. Avec elle, il n'y a jamais eu le début de l'ombre d'un malentendu. On l'appelle Zoreilles parce qu'elle sait écouter. Elle le fait sans juger. Jamais! Je ne peux pas dire cependant qu'elle le fait sans interpréter. Elle interprète, mais avec une telle justesse que ses commentaires sont toujous désirés.

Alors que vient faire ce chien d'or dans le décor? Je vais y revenir. Mais prenons les choses du début.
Retournons à l'origine. Quand? 1736? 1688? 1561?
Comme le montre l'image du début, le chien d'or est daté de 1736.

Un détail architectural qui intrigue et inspire
Maison du chien d'or, Québec (carte postale)
Maison du chien d'or, Québec (carte postale)
Depuis 1688, le bas-relief du chien d'or est toujours demeuré au même endroit. À chaque fois que l'édifice où il se trouve a été modifié, on a toujours pris soin de le garder bien en vue des passants, à cet emplacement prestigieux de la haute-ville de Québec. Il a suscité curiosité et intérêt et sa renommée a débordé les frontières du pays. C'est ainsi qu'il a acquis une grande notoriété et une valeur patrimoniale exceptionnelle. Bien que son créateur soit inconnu, cette sculpture d'un chien d'or a une valeur intrinsèque car l'œuvre est trois fois centenaire, façonnée dans une pierre calcaire de Pointe-aux-Trembles et vraisemblablement dorée à la feuille d'or. Elle a traversé le temps depuis 1688 jusqu'à aujourd'hui et elle a été le témoin de tous les événements qui ont marqué l'histoire de ce secteur de la ville. (Voir l'Encyclopédie du Patrimoine de l'Amérique française)

le marchand Philibert
L'histoire est palpitante et savoureuse. Je vous conseille fortement de cliquer sur le lien qui précède pour en apprendre davantage.

Le 20 janvier 1748, Pierre-Jean-Baptiste-François-Xavier Legardeur de Repentigny, officier des troupes de la Marine, se présente chez lui avec un billet de logement. À cette époque, en l'absence de caserne, les citoyens sont contraints d'héberger les soldats en garnison à Québec.




Philibert refuse énergiquement d'offrir l'hospitalité, une bagare éclate et Philibert se fait tuer. Philibert habitait la maison où se trouvait la fameuse pierre du chien d'or depuis plusieurs générations. Mais avant qu'il n'y habite, plusieurs chicanes de voisins avaient eu lieu.
Une légende est née, un roman a suivi.
C'est pas nous qui avons inventé les chicanes.
Nous ne sommes pas les premiers à ronger l'os.

Et l'histoire a des a des racines beaucoup plus lointaines:

Une plaque semblable – chien et inscription – datant de 1561, apposée à Pézenas, ville située non loin de Montpellier, jette une nouvelle lumière sur toute cette affaire. En fait, la plaque que les visiteurs peuvent voir dans le Vieux-Québec, aurait été copiée sur celle de Pézenas et installée par le chirurgien Roussel sur sa résidence en souvenir de sa région natale. Détenteur de la maison par la suite, Jacquin aurait procédé à un agrandissement et c’est alors qu’il aurait ajouté lui-même la date de 1736 sur la plaque.

Le chien d'or et moi
Le chien d'or m'a fasciné depuis le début, à l'occasion d'un conflit de travail. J'étais gestionnaire à la Commission de la Santé et de la Sécurité du travail (CSST). Un matin, une délégation de professionnels se présente a mon bureau, soit disant pour m'offrir un cadeau. J'ouvre l'emballage, intrigué. J'y trouve une tasse avec l'image d'un chien et l'écriteau suivant:

Je suis un chien qui ronge l'os
En le rongeant je prend mon repos
Un temps viendra qui n'est pas venu
que je mordrai qui m'aura mordu.



Je suis tombé immédiatement en amour avec cette tasse. Et j'ai bien ri. Je l'ai conservé précieusement.
Je n'ai vu aucune malice dans ce cadeau. Le tout s'est déroulé dans un climat cordial. Pour moi l'humour est notre meilleur arme dans les situations les plus délicates.

Le chien d'or a aussi ses liens en France. Le premier à avoir habité la maison où se trouve le Chien d'or est un chirurgien originaire de Montpellier, ville où j'ai passé deux mois comme stagiaire en 1974. Un endroit de rêve. Le hasard a donc voulu que le Chien d'or me rappelle aussi cette période charmante. La vie est une succession de hasard qui lui donne du sens.

Le Chien d'Or et Zoreilles

Mais par quel sorte de hasard, la décision de Zoreilles de quitter son blogue m'a-t-elle fait pensé au chien d'or? C'est ce que vous pourrez voir dans mon prochain billet... En attendant, ne partez pas de rumeurs.

À suivre...








mardi 19 mai 2015

Les tours du hasard

La neige a neigé cet hiver en  Minganie

 
 
Qui aurait pu croire que l'on pourrait revoir ce genre de paysage qui me redonne la nostalgie de mon enfance? On voyait ça quand on était jeune. Mais avec le réchauffement climatique, c'est plus rare. Pourtant, une amie de Havre-Saint-Pierre a vu ça cet hiver. Elle nous  a envoyé cette photo.
 
Je ne pensais pas revoir ces routes si enneigées. Quand je parle de nostalgie, je pense aux décors fantastiques. Et tout de suite, il me vient à l'esprit ces congés d'école imprévus qui nous rendaient si heureux.
 
Il y a eu tellement de neige au moment où cette photo a été prise qu'il était devenu impossible de savoir où était la route. Elle se moulait complètement avec le reste du décor. Notre amie a dû s'arrêter plus d'une journée et se faire éviter par des inconnus de Rivière-au-Tonnerre. Tout était fermé. Il fallait donc s'en remettre à de bons samaritains.
 
Je ne pensais pas revoir cette neige et je ne pensais pas non plus revoir Havre-Saint-Pierre.
 
Laure et moi, nous avions toute une batterie d'arguments pour rassurer nos enfants et les convaincre que nous étions revenus pour de bon en Estrie. Notre  fille Véronique était tout sourire en pensant que l'époque des longs séjours sur la Côte-Nord était révolue.
 
Mais voilà, le destin en a décidé autrement. Nous avons été les premiers surpris. Et dans mon cas, je l'ai dit souvent, c'est l'histoire de ma vie. Je ne cherche à impressionner personne en m'exprimant ainsi. Je sais que je suis loin d'être  le seul à vivre sa vie ainsi. On dirait que certains décident tout et d'autres suivent le courant.
 
J'ai encore plein d'histoires à raconter, des histoires où le hasard a été le maître d'oeuvre. Il est difficile de prévoir ce que sera demain. Et c'est peut-être mieux ainsi. Parfois, le hasard réserve de belles surprises. Si vous relisez le dernier billet, par exemple, vous serez peut-être surpris d'apprendre que notre ami Michel continue de profiter de la vie. Il voyage et continue de faire des petites incusions dans sa demeure de la Minganie.