lundi 31 janvier 2011

Terre humaine

Au peuple égyptien, au peuple tunisien et à tous ceux qui sont épris d'une vie tout simplement plus humaine, Je chante avec toi liberté

L'Ile du Havre telle que vue de l'Hôpital de Havre-Saint-Pierre
21 janvier 2011


La nature est toujours apaisante. Un hôpital en soit, ce n'est pas ce qu'il y a de plus gai. Mais, dans un site aussi enchanteur, il me semble qu'on ne peut voir la réalité de la même façon. Le décor a un visage humain, si je peux m'exprimer ainsi. Quand je regarde la mer, il me semble qu'elle me parle. Et le plus fascinant, c'est qu'elle n'est jamais pareille d'un jour à l'autre. Ça n'a rien à voir cependant avec le changement sur la côte qui la longe.

Retour de la chasse aux phoques, Havre-Saint-Pierre

Dernièrement, il s'est produit un événement plutôt sympathique me permettant de faire des ponts entre ce que je vois tous les jours et ce qu'il y avait avant dans le même décor. Une cayenne s'est retrouvée sur mon blogue par hasard. J'ai reçu un courriel m'invitant à la rencontrer. Ceci m'a permis de prendre connaissance de photos et de livres passionnants sur l'histoire de Havre-Saint-Pierre. Une véritable mine de renseignements me permettant mieux saisir le passé d'ici et ses mystères. J'ai été renversé par tout ce que j'ai pu voir, apprendre ou comprendre. J'ai retiré certains billets afin de les réviser et mieux illustrer les sujets dont j'avais parlé.

Un autre hasard vient colorer le tout: mon fils de 40 ans m'a raconté ce matin qu'il regardait tous les jours depuis quelques temps une réprise d'une série télévisée qui date de nombreuses années: Terre humaine Le titre dit bien ce qu'il a à dire. On y voit une société riche, à taille humaine qui vit simplement en harmonie avec la nature. Et il y a de ce monde quelque chose qu'on retrouve encore ici. On dirait cependant qu'on voudrait changer cet univers et le plus vite possible, le moderniser, le rentabiliser, le peupler au maximum, hanacher ses rivières. Pour le projet de barrages électriques, 13 des 16 plus grandes rivières du Québec seront détournées. La cayenne que j'ai rencontrée me disait une phrase qui m'a fait réfléchir: Ne montre pas trop comment on est bien ici, il y a trop de mondes qui vont vouloir venir. Son regard en disant long sur ce qu'elle ressentait et avec raison.

Une des aspects qui intéressent le plus mon fil de 40 ans dans cette série, Terre Humaine, c'est la beauté des valeurs qu'on y présente. Il est vrai qu'à cette époque on portait beaucoup d'attention aux valeurs qu'on véhiculait dans les séries télévisées. Aujourd'hui il y en a pour tous les goûts, si on peut dire.

Elle a beaucoup changé notre société ces dernières années. On juge sévèrement l'héritage culturel et religieux qui nous a été laissé.

Il y a environ 5 ans, j'ai rencontré une religieuse toute costumée dans un supermarché. Je lui ai tendu la main et je lui ai dit: Ma Soeur, je vous remercie pour tout ce que vous avez fait pour le Québec, avec compétence et générosité. Vous avez jeté les bases d'une société qui ne serait jamais comme elle est aujourd'hui si vous n'aviez pas été là.

Il fallait voir l'air de cette religieuse après avoir entendu mon commentaire. Elle est restée bouche bée un instant. Puis elle a dit: Monsieur, c'est la première fois que j'entends quelque chose comme ça! Elle avait l'air très émue.

Mon geste, c'est ce qui s'appelle de la reconnaissance. C'est le thème du dernier billet de Zoreilles: Gratitude . Et de la gratitude j'en ai. J'ai bien connu des religieuses dignes d'admiration, aimables, dévouées. À l'époque où je les ai côtoyées, il y avait encore de jeunes postulantes dont c'était une véritable vocation, un don de soi. Et je leur suis reconnaissant pour tout ce qu'elles ont été.

Quand je parle de religieuses, je ne parle pas de religion, mais de la réalité de tout ceux et celles qui ont voulu un monde idéal ici, leur souci d'instruire et soulager la misère. On a critiqué leur rôle dans bien des domaines, comme l'univers des asiles d'aliénés. Mais elles ont fait ce qu'elles ont pu, avec les connaissances et les moyens qu'elles avaient. Quel courage, elles devaient avoir pour chercher à s'épanouir dans de telles conditions. La solution d'aujourd'hui n'est guère plus reluisante. On a vidé les asiles d'aliénés pour envoyer tous ces gens à la rue.

On pourrait parler aussi de beaucoup de services qui ne sont pas couverts parce que l'on n'a pas su trouver d'alternative. On pourrait parler d'enfants en danger qu'on ne peut protéger, faute de moyens, de ressources même financières.

Il ne faut pas oublier qu'au début de la révolution tranquille, dans les années 60, le Québec n'avait aucune dette. Aucune. Ce n'est pas un hasard.

Ceci étant dit, je crois qu'au point où nous en sommes, la société doit demeurer laïque. Quand je vois tous les crimes commis au nom de Dieu, je renonce à voir la religion contrôler nos vies. Mais ceci ne doit pas nous empêcher de reconnaître l'héritage des générations passées.

La reconnaissance, ça fait partie d'une des valeurs qui ont perdu de leur lustre au fil des ans. On l'a remplacée par un jugement sévère envers des institutions, des hommes et des femme qui ont fait de leur mieux. Dommage!

Le rôle des communautés religieuses dans le domaine de l'enseignement et de la santé est incroyable. Elles étaient à l'image de toutes les femmes du Québec qui ont eu un rôle déterminant sur la société qui est la nôtre. On ne peut jamais imaginer assez tout ce que ces femmes ont pu réaliser dans des conditions tellement pénibles. La plupart l'ont fait avec imagination, générosité et renoncement. Elles ont donné leur vie. Ce n'est pas rien. Il faut penser que Havre-Saint-Pierre, une municipalité qui a plus de 150 ans, n'était pas relié au reste du Québec jusqu'à tout récemment. La main d'oeuvre qualifiée n'était pas facilement disponible ou accessible.

Fondée en 1857, la paroisse de Havre-Saint-Pierre n'a pas eu de maison d'enseignement durant les 5 premières années. Les mères de famille qui n'avaient reçu qu'un enseignement primaire aux Iles de la Madeleine devaient s'occuper elles-mêmes d'apprendre à leurs enfants à lire, écrire et compter. En 1882, ce fut toute une révolution. On réussit à attirer un premier instituteur: Louis Ouellet. Il enseignait les matières de base dans la sacristie de l'église.

L'évêque de l'époque, Mgr Bossé, avait sollicité plusieurs communautés religieuses pour trouvé de la main d'oeuvre enseignante. Il avait acquis 3 terrains, en bordure de la mer, près de l'église. Une maison devait servir de classe. Il en fit déplacer 2 autres qu'il relia ensembles. À l'ouverture du couvent, en 1885, il y avait 132 filles dont une douzaine qui venaient de toutes les régions de la côte. Le premier hiver fut très dur. Les 8 poêles installés dans le couvent parvenaient difficilement à réchauffer la place.


Pointe aux esquimaux, c'était le nom de Havre-Saint-Pierre, à l'arrivée des premières familles des Iles de la Madeleine. Les malheurs les plus divers, y compris des mortalités s'abatirent sur les lieux. On assista à un va-et-vient de communautés religieuses se succédant.

A cette époque, Havre-Saint-Pierre était la municipalité la plus importante de la Côte-Nord. C'est là que se trouvait l'évêcher de la Côte-Nord.
Plusieurs pièces importantes de notre riche patrimoine national ont disparu avec les valeurs qui les avaient fait naître. Sur la photo qui suit, vous pouvez voir l'église de Havre St-Pierre, l'évêcher, en face de l'église et le couvent près du lieu où se trouve l'hopital actuel face à la mer. Tous ces édifices dont la valeur patrimoniale était inestimable sont aujourd'hui disparus.
Pourquoi? Comment? Mes prochains billets vous dévoileront une partie du mystère. Et on peut certainement se demander si, au nom du progrès, on ne fait pas trop table rase de tout ce qui a existé de béton, de bois, de valeurs, de monuments historiques, de communautés humaines, de cours d'eau, réserves minières...

vendredi 21 janvier 2011

Répit: quand la vie ne fait pas de cadeaux!

C'est fascinant de voir comment les gens de la Côte-Nord en général et ceux de Havre-Saint-Pierre en particulier sont près de la nature. C'est peut-être ce qui les rend si décontractés. On se sent en confiance. Dans plusieurs municipalités de la Côte-Nord, on ne verrouille même pas les portes. Il y a du bon voisinage, de l'entr'aide.

C'est étonnant de voir comment ces gens-là sont près de la mer et savent profiter du grand air. L'air est pur. Et les fruits de mer sont exquis. Des petits cadeaux de la nature et, à l'occasion, de mes voisins. Les petits oiseaux récoltent et ne sèment pas. Ils finissent toujours par se nicher quelque part.
Baie-Johan-Beetz, avril 2009
Havre-Saint-Pierre, rue de l'Anse
Je marche et me laisse bercer par des réflexions toutes roses. Je me dis que la Nature est généreuse et que le hasard fait bien les choses. On peut donner le nom qu'on veut au hasard. On peut même l'appeler Dieu si on veut. Peu importe. Je me plait à imaginer que nous avons tout pour être heureux. Nous avons tous les ressources nécessaires pour bien vivre, bien nous nourir, nous épanouir, peu importe notre milieu, nos moyens.

Je pense aux chômeurs des grands centres, aux bonnes occasions qu'ils manquent en ne sachant pas qu'il y a pénurie de travailleurs ici. Tout le monde devrait pouvoir accès à un travail qui le gratifie. Je me plait à penser que tout le monde est beau et gentil. Je mêle un peu mes rêves et la réalité en me disant que tout le monde peut réussir en prenant les bons moyens. Mais je vois vite que ma vision a ses limites. La réalité me ratrappe vite. Le bulletin de nouvelles me rappelle de nombreux exemples où mes affirmations ne tiennent pas la route. Des fourberies, des comportements indécents viennent vite fausser le jeu. Je pourrais donner des noms, mais je me retiens.

Il me vient vite en tête quelques nuances, quelques exceptions, je dirais même des limites géographiques. Certains pays ont moins de facilités que d'autres.
(Source: La Presse
Il y a aussi des limites personnelles. Même ici, tout près de moi. Il y aura toujours des personnes démunies. Mais toute société qui se respecte devrait pouvoir les prendre en charge. Et il arrive qu'on trouve de beaux exemples.

Quand je demeurais à Sherbrooke , il y avait ce qu'on appelait jadis un fou du village . Gérard Foucault était un pesonnage célèbre. Tout le monde le connaissait, tout le monde l'accueillait. De nombreux hommes d'affaires de toutes sorte le recevaient gentilment. À sa mort, le 16 septembre 2008, Mario Goupil lui réservait un éditorial émouvant dans La Tribune de Sherbrooke dont voici un extrait:

La ville de Sherbrooke vient de perdre un personnage légendaire. Gérard Foucault est en effet décédé la semaine dernière à l'âge de 84 ans au centre d'hébergement du CHLSD de la région, où il habitait depuis un an.

Dans les années 70 et 80 particulièrement, Gérard Foucault a fait partie du paysage du centre-ville sherbrookois au quotidien. On pouvait le voir y déambuler quotidiennement à pied en portant son grand manteau et, bien souvent, avec une bouteille de Coke à la main. On le voyait également s'arrêter régulièrement chez différents commerçants.

Mario "Jim" Chevalier travaillait comme aide-cuisinier au restaurant chez Jim, rue Belvédère Sud, quand il a fait la connaissance de Gérard Foucault. "Il venait nous voir à tous les jours au milieu de l'après-midi, se souvient-il. Son menu était toujours le même: deux hot dogs avec moutarde et... petits pois verts, ainsi qu'un Coke. Les propriétaire du restaurant, Jean-Claude Desrosiers et Gilles Lévesque, aujourd'hui décédés, ne le faisaient jamais payer", rappelle Mario Chevalier, qui n'avait que 14 ans à l'époque.

"Il s'assoyait toujours dans le même coin du restaurant et il portait toujours son grand manteau sous lequel il empilait les journaux et les publicités. D'autres restaurants, comme Phil Dinner, lui servait aussi des repas gratuitement. Et à chaque jour, Gérard ne manquait pas d'aller saluer le policier en devoir dans la 'cuve', à l'angle de King Ouest et Des Grandes Fourches", ajoute Mario Chevalier.


On peut voir un vidéoclip sur le policier Lacasse faisant la circulation en cliquant sur Le policier Lacasse dans la cuve

Ce genre de personnage bénéficie du même accueil ici à Havre-Saint-Pierre. On en prend soin. Ils ont leur place. Peu de temps après notre arrivée dans la maison que nous habitons présentement, quelqu'un a ouvert la porte. Il est entré, s'est avancé vite au milieu de la pièce. Il nous a donné la main. Il a dit: Bonjour, je m'appelle Bernard (nom fictif) et je voudrais vous dire bonjour. Il voulait faire notre connaissance parce qu'il demeurait tout près. Nous avons su que c'était le Foucault de la place et qu'on s'en occupait bien.

Il y a tout près de l'hôpital une résidence où vivent plusieurs pensionnaires choyés, malgré leurs lourds handicaps.
L'Espoir de Shelna.
Solidarité et nécessité font loi

Jusqu’en 2004, impliqués à cent pour cent dans ce projet, les citoyens et les citoyennes de la MRC de la Minganie ont soutenu financièrement l'organisme avec l'aide de la Régie régionale de la Côte-Nord.

Au fil du temps, L’Espoir de Shelna a vu s’accroître sans cesse la demande pour ses services. Pour parvenir à y répondre, la maison de répit devait parfaire la formation de son personnel actuel, se doter de ressources humaines spécialisées et, en particulier, trouver de nouveaux locaux. De fait, il s’agissait d’offrir des services de répit de type hébergement 24/7, c’est-à-dire offerts vingt‑quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept.

Avec ces changements, l’organisme prendrait une ampleur régionale et permettrait aux personnes le désirant de demeurer plus d’une journée à L’Espoir de Shelna ou d’y résider en permanence. Une campagne de levée de fonds a démarré, et la population de Minganie a mis tout son cœur pour organiser un radiothon et d’autres festivités. Pour finir, grâce aux Sœurs de la Charité de Québec, L’Espoir de Shelna a pu acquérir en avril 2005 le Manoir de la promenade situé près des installations actuelles.
On nous dit que les meilleurs restaurants d'ici n'oublient pas ceux qui fréquentent le Manoir. On s'en occupe bien. Ils profitent du décor et de la mer. Cette semaine encore, l'un d'eux m'a accosté pour faire connaissance avec gentillesse.

Il y a des cadeaux que l'ont fait avec plaisir pour compenser ceux à qui la nature ne fait pas de cadeaux. Dans cette même ligne d'idées, je vous invite à lire la magnifique chronique de Foglia sur beaux cadeaux de la vie .

Cadeau du ciel du 22 janvier 2011, Havre-Saint-Pierre



Je vous invite chaleureusement à lire le dernier billet de notre ami Barbe blanche, noble citoyen de la Gaspésie. Il nous donne une référence qu'il faut lire à tout prix. On pourrait intituer son billet: Comment rester maîtres des cadeaux que le Ciel a laissé dans notre sous-sol?: Mauvaises mines

mercredi 19 janvier 2011

Enfin l'hiver

Surprise! L'hiver a trouvé sa route. Voici le décor que j'ai pu photographier en ouvrant la porte ce matin. La photo a été prise de l'intérieur de la maison. Je n'ai pu m'avancer plus: j'étais en pyjamas.

La nature n'arrêtera jamais de m'éblouir. Quand on la laisse faire, elle nous gâte presque toujours.


Cliquez pour agrandir les photos


Vous voyez cette charrue en train de déblayer la rue. C'est un hasard qu'elle soit sur la photo. J'ai ouvert la porte et au même moment elle est passée.
Vivre ici permet d'apprécier une société à taille humaine. Small is beautiful . Les routes sont vite déblayées. On n'a pas de nids de poule. C'est normal, on n'a pas de poules. Les salles d'attente des urgences sont occupées à 200% à certains endroits en ce début d'année? Sur la Côte-Nord, elles le sont à 37%.

La circulation n'est jamais un problème pour se rendre au travail. Le premier feu de circulation se trouve à plus de 2 heures à l'ouest. À l'est de Sept-Iles, il n'y en a pas. Les automobilistes sont calmes, courtois; on ne s'énerve jamais pour rien. Aucune automobile n'est bruyante. Les silencieux modifiés ici, ça n'existe pas. Et de toute façon, on peut aller presque partout à pieds. Les automobilistes respectent les piétons. Et quand on se promène sur la rue, il n'est pas rare qu'on nous salue.



jeudi 13 janvier 2011

La Côte Nord: la menace et l'espoir

Havre-Saint-Pierre, Côte-Nord
Le 16 janvier 2009, Laure et moi mettions les pieds pour la première fois sur la Côte Nord. Je profite donc de l'occasion pour parler un peu plus de l'univers magnifique dans lequel nous nous trouvons et de ses immenses possibilités. Je vais faire un retour sur le climat. Puis, je vous réserve de nouvelles découverte de cet univers fascinant plein de promesses.
Je suis tombé instantanément sous le charme. Je le suis encore autant, peut-être même plus. On peut ici oublier tous les malheurs du monde. On peut faire le vide dans sa tête, connaître une grande paix inntérieure. Les emplois bien rémunérés ne manquent pas. Et le potentiel de développement est fascinant.

Parallèlement, les dangers, les menaces sont bien présentes sans être évidentes. La neige fait toujours défaut. Les amateurs de motoneige ont bien hâte de sortir leurs bolides.
Il n'y a presque pas de route pour aller vers le nord et plusieurs des habitants d'ici ont des installations de fortune dans le bois. C'est là qu'on trouve refuge les jours de congé. Mais... la neige se fait rare. Les glaciers fondent et l'océan se réchauffe.

Il ne faut pas perdre espoir trop vite. On l'attend cette neige. On se plait à penser qu'elle finira bien par se pointer. Et on profite de tout ce qu'il y a de beau et réconfortant ici. On aime le calme, la tranquilité. Lorsque je suis arrivé ici, il y a deux ans, ce qui m'a frappé le plus, c'est le calme des gens. On n'est pas stressés.

Chaloupe qui hiberne sur la plage de Havre-Saint-Pierre, janvier 2009
Lorsque je suis arrivé sur la Côte-Nord, il n'y avait aucune trace du réchauffement climatique. Au contraire! Toutes nos connaissances de Sherbrooke nous avaient prévenus: Sur la Côte-Nord, vous avez besoin de vous habiller bien chaudement. Je m'étais acheté, avant de partir, des vêtements pouvant nous permettre de supporter des températures de -40 degrés Celsius. Et par hasard, peu de temps après notre arrivée, il faisai -43 avec le facteur refroidissement.

Voici de quoi j'avais l'air ce matin-là de janvier 2009 en prenant ma première marche. Courageusement, j'ai marché d'un pas alerte, n'hésitant pas à faire quelques détours au hasard pour mieux apprécier la nature

Le surlendemain, je me suis habillé de la même façon, ne me doutant pas que la température était revenue à la normale, soit beaucoup moins froide et, le vent en moins. Je me suis photographié, devant le miroir, juste avant de partir.

Lorsque, une heure plus tard, je suis arrivé au bureau de poste, il y a avait un colis. Je me suis adressé à la réception. La dame m'a regardé, a regardé à terre, puis elle a pouffé de rire. Vous n'êtes pas habitué au froid vous monsieur? J'ai remarqué que personne n'était déguisé comme moi.

J'ai dit: Je pensais que c'était toujours froid comme les autres journées ici. Elle n'a pu s'empêcher de rire à nouveau, l'air de dire: le Pôle Nord, c'est plus haut monsieur.

Havre-Saint-Pierre, janvier 2009, Promenade des Anciens
J'avais écrit peu après mon arrivée: C'est incroyable un froid pareil. Une température de -43 degrés Celsius. C'est quelque chose. Il faut être bien habillé. J'avais ajouté: Jamais je ne pourrais vivre dans un endroit où il n'y a pas de neige l'hiver.L'ironie du sort a fait que, dans ce pays de glace, la neige a pris de longues vacances. Dame Nature a tout gardé pour les Américains et les Français.

J'étais loin de me douter que je connaîtrais un hiver sans neige l'année suivante, en 2010. Et maintenant, il ne reste qu'à souhaiter que 2011 nous en apporte.
Cliquez pour agrandir les photos

Baie-Johan-Beetz, avril 2009

Havre-Saint-Pierre, 14 janvier 2011
Hôpital Havre-Saint-Pierre, 14 janvier 2011
La fenêtre illuminée du bas: bureau de Laure
Notre rue, 14 janvier 2011, vers 8h du matin
Oublions la température. Parlons un peu des bonnes nouvelles. Il parait qu'il en faut pour se remonter le moral. Le potentiel économique de la Côte-Nord, il est inimaginable. Ce territoire est aussi immense que la France. Il y a là plein de ressources qui dorment. Le besoin de main-d'oeuvre est si grand, pour des emplois bien payés, qu'il devient un des principaux problèmes au développement des ressources.

Vòilà la bonne nouvelle. Mais, il y a tout de suite beaucoup de questions à se poser. On peut se demander qui va en profiter, pourquoi on ne discute pas plus ouvertement des options possibles à mettre sur la table et pourquoi on n'a jamais pensé aux infrastructures. Autrement dit, si on ne fait pas de route, si on ne construit pas de maisons, il y a peu de chances de trouver des travailleurs.

Quand j'entendais parler du potentiel minier du nord du Québec, j'imaginais toujours des régions inhospitalières, sans relief et sans paysage attrayant. C'est tout le contraire!

À suivre...

mardi 11 janvier 2011

Ça ne tourne pas rond?

En créant les maris, Dieu a promis aux femmes qu'il y aurait des maris gentils et intelligents dans tous les coins du monde. Puis, il fit la terre ronde.
Si la terre est ronde, paradoxalement, ça ne tourne pas rond. La révolte gronde. Et avec raison! Jamais la terre n'a été autant en mesure de nourir si bien tous ses habitants. Plusieurs sources dignes de foi l'ont affirmé à maintes reprises. Nous sommes en mesure plus que jamais de produire des aliments sains et résistants aux attaques du milieu: insectes, maladies, sécheresses. Chaque coin de la terre peut avoir des légumes frais de toutes sortes à l'année longue. Mais... il y a l'homme qui change tout. Ça se résume en un mot: la cupidité. Elle se manifeste sous différentes formes: drogues, armes, pétrole, etc.

Je suis étonné de voir comment la nature avait des capacités d'adaptation qui dépassent l'imagination. La nature est forte, mais il ne faut pas en abuser. Nous n'avons plus à le démontrer. Et même quand elle se déchaîne, elle fait sa part pour rétablir la situation.

Prenons un exemple récent: la marée noire dans le Golfe du Mexique. Évidemment, c'est la folie de l'homme ou plutôt des multinationales du pétrole qui en sont les principaux responsables. Il est quand même incroyable que la nature ait réussi des petits microbes pour bouffer les résidus de pétroles pour les faire disparaître.

IL ne faudra pas trop cependant compter sur les ressources illimitées de la nature pour éviter la catastrophe. Pendant longtemps, on a pensé qu'on pouvait indéfiniment jeter des déchets à la mer sans problème. On parlait d'une goutte dans l'océan. On ne peut plus penser de cette façon.

Dans mon dernier billet, je n'ai fait qu'un résumé incomplet des catastrophes plus ou moins naturelles de 2010. Je crois que nous n'avons rien vu et que 2011 sera pire. Sans vouloir être alarmiste, je dirais que nous ne voyons aucun signe de changements d'attitudes. Hubert Reeves , astrophisicien célèbre a déjà dit: C'est sûr que la nature survivra. Pour l'homme, c'est moins sûr. Voir www.biodiversite2012.org/ .

Certains trouvent Hubert Reeves trop alarmiste. D'autres lui reprochent de ne pas l'être assez. Pour ma part, je n'oserais jamais mettre en doute sa pensée. Mais je me permets une observation. On dirait qu'à mesure que les problèmes augmentent, nous avons les moyens de relever le défi.

Imaginez la situation si les problèmes actuels de la planètes étaient survenus il y a 100 ans ou même 50. Je crois que la fin du monde aurait été inévitable. Nous n'aurions pas eu les connaissances et les formidables moyens technologiques dont nous disposons actuellement.

On peut même ajouter un petit module pour transformer un ipad ou un ipod en stétoscope. Le téléchargement coûte 69$. Voir stétoscope sur iPod ou iPad:

Il n'y a jamais eu autant de savants, de moyens technologiques pour faire avancer l'humanité. Et la nature est bien faite pour que l'homme soit appelé à se surpasser: c'est dans la tumulte et l'adversité qu'il démontre ses plus grandes forces de cohésion et d'innovations. Ce n'est jamais quand tout est rose.

Il me semble y avoir une grande harmonie de l'homme, la nature et le potentiel de développement des deux. Il y a comme des mécanismes de corrections tellement impressionnants que j'ai peine à croire que c'est un pur hasard qui veut qu'il en soit ainsi.
Et je crois que l'homme existera encore dans 10 000 ans, ici ou ailleurs. La photo qui précède, je l'ai prise derrière la maison du boulevard des Acadiens que j'habitais il y a deux ans. Ils ont tous été coupés depuis pour faire place à du développement domiciliaire. Tous. On aurait pu en laisser au moins quelques-uns pour agrémenter le décor, couper le bruit et le vent, la vue sur la cour des voisins.
On n'arrête pas le progrès!

Cliquez sur L'eau monte sur la planète
Je veux bien être optimiste, mais il y a des réalités qui ne mentent pas. On voit aujourd'hui des phénomènes annoncés depuis plusieurs dizaines d'années. On a déjà parlé de la fonte des glaces du Nord. On a prédit que le niveau de la mer allait augmenter et que des iles densément peuplées allaient disparaître.

Conclusion: les enjeux sont trop importants pour laisser seuls les politiciens et les banquiers décider de la situation. Il faut demander des comptes et être impliqués dans les décisions qui nous concernent, chez nous.

mardi 4 janvier 2011

Un monde déroutant et fascinant?

2010 nous avait réservé bien des catastrophes. La liste est longue, coûteuse et inquiétante. A-t-on raison de paniquer? Faut-il être fou pour voir un côté positif à la situation? Peut-être. Mais je suis tenté de me ranger de ce côté. Je ne suis pas le seul. Selon le grand sondage de fin d'année SOM-La Presse, 93% des québécois voient d'un bon oeil l'année qui vient.
Voir Optimisme des québécois


Plusieurs analystes ont été inquiets de voir les québecois porter des lunettes roses en pleine crise. Est-ce de l'insouciance? Le ciel nous tombe pourant sur la tête. Voyons les choses une à la fois.


Les catastrophes ont fait de nombreuses victimes avec 295 000 morts et 130 milliards de dollars de dégâts.
  • HAÏTI- Tremblement de terre: 222 570 morts.
    Et on ne parle même pas des conséquences du choléra.Un an déjà!
  • RUSSIE - Canicule et feux de forêts: 56 000 morts
    Juillet à septembre 2010: Décrite par le service météorologique russe comme la pire à survenir «en 1000 ans», la canicule qui a affligé la Russie l'été dernier est la catastrophe naturelle la plus meurtrière dans l'histoire du pays. La vague de chaleur a engendré des incendies de forêt qui ont ravagé des villages entiers. Des données préliminaires démontrent que 18 pays ont connu, en 2010, la journée la plus chaude de leur histoire.
  • PAKISTAN - Inondations: 1760 morts.
    Juillet à septembre 2010: Des pluies diluviennes ont provoqué des inondations qui ont submergé jusqu'à un quart du Pakistan. Selon l'ONU il y a eu plus de 3 millions de sinistrés. La firme Munich ME recense des dommages matériels de 9,5 milliards de dollars.
  • CHINE - Tremblements de terre: 2700 morts
    13 avril 2010: Le violent tremblement de terre a fait également 12 000 blessés et près de 100 000 sans-abri.
  • Chili: 380 morts
    Le tremblement de terre 500 fois plus puissant que celui d'Haiti a fait beaucoup moins de morts.
  • GASPÉSIE ET ILES DE LA MADELEINE -Inondations, déferlement de vagues, érosion rapide des berges.
  • AUSTRALIE - Inondations: bilan à venir...!
  • Le volcan en Islande
On pourrait parler de bien d'autres catastrophes, moins naturelles, associées plutôt à la négligence de l'homme
  • Les Anglais qui n'ont que des balais pour déneiger les pistes de leurs aéroports
  • La marée noire dans le golfe du Mexique
  • Le pavot: Dommage collatéral de la guerre en Afghanistan: des morts à Montréal. Il se produit 37 fois plus d'héroïne depuis le départ des talibans, en 2001, dans ce pays qui produit 92% des opiacés dans le monde (une production qui compte pour le tiers de son PIB). Les prix ont chuté considérablement. On en voit les conséquences ici, comme l'a montré The Gazette à l'automne. En Russie, on estime à 30 000 le nombre de morts de surdose - plus que pendant la guerre soviéto-afghane.
    voir Bilan de l'année 2010 (La Presse)
  • La corruption et la perte de confiance des citoyens dans leurs institutions
  • Les systèmes financiers qui chancellent
  • Les écarts entre les riches et les pauvres qui se creusent. Les 100 dirigeants des plus grosses entreprises du Canada gagnent près de 7 millions de $ par année. Ils gagent en une seule journée ce qu'un travailleur gagne, au salaire minimum pendant toute une année. Ils ont un tel salaire même s'ils encaissent des pertes pour leur entreprise et la mènent à la faillite. Et ils ont des trucs pour ne pas payer d'impôt.
Voir Une année marquée au fer rouge par les catastrophes naturelles
On pourrait étirer la liste longtemps. On pourrait se poser de nombreuses questions sur des phénomènes étranges inexplicables de façon sérieuse. Pourquoi, par exemple, le 30 décembre dernier, environ 5000 oiseaux se sont échoués presque en même temps au sol à Beebe, en Arkansas, aux USA. On en a vu aussi en Suède. Il s'agirait d'une espèce de Corbeau. Hier, j'en ai vu un qui arpentait la mer près d'ici. Intrigué, j'ai failli aller le prendre en photo. Au même moment, on a vu des centaines de poissons morts près des rives.

Pourquoi des phoques du Groenland se sont échoués en grand nombre sur les bord de Rimouski? Ils se tiennent normalement loin des côtes. Certains parlent de la fonte rapide des glaces comme explication. Il y a environ 7 millions de phoques de cette espèces, au nord du Québec. La seule chose qu'on ne peut faire, c'est de se mettre la tête dans le sable. Et nous avons tout le matériel nécessaire. Je vous ai parlé de la tempête de sable que nous avons eue ici, sur la Côte Nord, en décembre. Du jamais vu.

Ce qui n'aide pas, c'est le peu de confiance que nous pouvons avoir dans nos gouvernements dont la préoccupation première présentement est le pétrole, le gaz de schiste et les barrages électriques. 13 des 16 plus grandes rivières du Québec seront détournés et d'immenses territoires sauvages seront inondés. L'ile d'Anticosti, la Gaspésie, le golfe et l'Estuaire du Saint-Laurent seront bientôt transformés en immenses terrains de puits de pétrole au détriement des aires protégés jusqu'ici.
Voir Carte gazière du Québec Cliquez sur la carte.

Photo: David Boily, La Presse

La situation est très inquiétante. L'État du Québec ne veut rien savoir du moratoire pour étudier les dangers de l'exploitation des gaz de shiste. L'industrie non plus. Elle ne veut pas compromettre les millions investis. Pourtant, la plupart des puits inspectés présentent des fuites de gaz qui n'augurent rien de bon.

À noter que la ville de New-York a déjà interdit les puits de gaz de schiste afin de ne pas compromettre la qualité de son eau potable.

Des 31 puits inspectés par le ministère des Ressources naturelles, 19 laissaient échapper des «émanations de gaz naturel». Ces puits ont été forés par Talisman Energy, Gastem, Canbriam, Questerre et Canadian Forest Oil (photo) depuis 2006.

Voir la vidéo sur les gaz de schiste

En regardant la sitution de plus près, on risque de se paniquer et faire comme les baleines qui se suicident en grand nombre, se laissant mourir sur de nombreuses plages.

Mais je demeure confiant en l'avenir, malgré tout. Oui j'ai confiance. Je crois en des jours meilleurs. Pourquoi? Vous comprendrez qu'il faut plus qu'un paragraphe pour m'expliquer. Je vous propose donc d'en faire l'objet de mon prochain billet.

Je me contenterai de vous dire que j'ai une chance en or. J'ai le loisir de marcher souvent sur le bord de la mer, dans un paysage presque sauvage propice à la réflexion.
Les endroits les plus précieux au monde, ce sont souvent les moins fréquentés. L'homme est une espèce pas toujours facile à comprendre.
Ce matin, suprise! Une bonne bordée de neige est tombée. Nous n'aurons donc pas un 2è hiver sans neige. Ouf! Pourvu que ça dure. C'est tellement beau.
Photo prise à 15h aujourd'hui le 5 janvier 2011. Elle a été prise de l'intérieur de la maison que j'habite. Comme vous voyez, la mer n'est pas loin. Au loin, on voit l'ile du Havre. Derrière il y a l'Ile d'Anticosti que l'on peut voir sur la ligne d'horizon par beau temps.