mardi 29 juin 2010

Entre ciel et terre

Piché, entre ciel et terre. C'est en voyant cette publicité que j'ai réalisé l'importance que j'accorde à l'humilité des grands personnages qui peuvent nous servir de modèles. Le Commandant en est un. Le hasard a voulu que je le rencontre seul à seul.

Robert Piché (Mont-Joli, 1953 - ) est un pilote d'avion civil québécois. Le 24 août 2001, commandant de bord de l'Airbus A330 sur le vol d'Air Transat 236 entre Toronto et Lisbonne, il réussit avec son co-pilote un atterrissage d'urgence sur la piste de la base de Lajes, aux Açores, sans moteurs et après un vol plané de plus de 20 minutes à cause d'une fuite de carburant, sauvant ainsi la vie de ses 291 passagers et des 13 membres d'équipage. (Source Wikipédia)

Dans la bande-annonce, on présente un extrait où on demande au Commandant Piché s'il est conscient que tout le monde le considère comme un héro, il réplique: Je n'ai fait que mon travail. Et il est vraiment comme ça dans la vie. Il a aussi parlé de la peur, celle qu'il a déjà ressentie et celle qu'il n'a presque pas eue lors de la panne d'avion. Mais là n'est pas mon propos dans ce billet. J'aimerais bien y revenir plus tard cependant.

Le film sort en salle le 7 juillet prochain, le jours de l'anniversaire de Zoreilles. Et je ne peux manquer l'occasion de vous présenter le billet que j'ai déjà laissé sur ma rencontre avec le Commandant Piché. Le hasard a voulu que j'aie la chance de le rencontrer seul pendant un bon moment. Sa simplicité est renversante.

Pour vous permettre d'apprécier l'événement à sa juste valeur, je reproduis ici le texte intégal du billet que j'avais laissé le 11 octobre 2008. J'avais dit au Commandant Piché que je considérais comme providentielle ma rencontre avec lui. Il avait ajouté avec une impression qui en disait long sur sa sincérité:

Je crois qu'il y a beaucoup plus que du hasard dans ce qui nous arrive.

J'aurai voulu organiser une rencontre avec lui, je n'aurais jamais pu y arriver. D'ailleurs mon agenda ce jour là avait été planifié, organisé, réglé au quart de tours plusieurs semaines à l'avance. Un autobus devait nous conduire dans un musée de Québec sur l'histoire retraçant le sort réservé aux malades mentaux au Québec depuis le début de la colonie. Il s'agissait d'un colloque international se tenant à Québec. Le 400è anniversaire de Québec avait favorisé ce choix.

Mais le hasard en a décidé autrement. L'autobus n'est jamais venu. Je suis revenu à l'intérieur du Château du Mont-Ste-Anne. C'est alors que j'aperçois le Commandant Robert Piché assis seul dans le Lobby de l'hôtel. À côté de lui, il y a un fauteuil vide. Le commandant parle au cellulaire. Je le regarde. Aussitôt qu'il referme son cellulaire, je fonce en sa direction, lui donne la main et prend place dans le fauteuil qui n'attendait que moi.

Imaginez, j'attendais un conducteur d'autobus et voilà que je me retrouve aux côté d'un pilote d'avion. Je suis seul avec lui pendant au moins 1/2 heure, peut-être 3/4 heure. Le fait dêtre seul me donne une chance impensable autrement: une conversation vraie, riche, profonde centrée sur le vécu du commandant et du mien.

Et vous savez de quoi nous avons parlé? Du sens de la vie, de la mort, de la sensation de mort éminente, de synchronicité. Et la plupartde ces thèmes, ce n'est pas moi qui les ai abordés le premier.

Le commandant est un homme chaleureux, extrêmement humain, cultivé. Mes histoires semblaient l'intéresser. Du moins, il a bien voulu m'en donner l'impression. Il m'a donné la chance de faire un pas dans mon cheminement personnel. Et dire que j'attendais l'autobus.

Il parle avec enthousiasme de ce que la vie lui a appris de plus précieux, comment des événements tragiques lui sont apparus comme miraculeux, comment arès coup il réalise que ces événements ont influençé le cours des choses pour le reste de sa vie. La liberté est pour lui le bien le plus précieux que nous possédons, il l'a compris, condamné à 10 ans de prison. Il a raconté comment cette liberté pouvait permettre à l'homme d'avoir une foi inébranlable en l'avenir si on est déterminé à s'en servir des les situations les plus désespérées.

Imaginez, je lui ai aussi parlé de mon blogue, de vous, de certaines réflexions que vous êtes venus partager avec moi.

Quand je l'ai quitté, j'ai dit que ma rencontre avait été aussi magique que providentielle. Je pourrais écrire un livre complet sur cette rencontre, les leçons de vie que j'en ai tirées. En lui donnant la main, j'ai dit souhaiter avoir la chance de le rencontrer à nouveau.

Et dire que tout ça est arrivé parce qu'un autobus ne s'est pas présenté là où il devait être, selon mon agenda.



Site officiel du Commandant Piché: Site officiel

J'ai eu la chance d'entendre le Commandant Robert Piché me parler en détails de ce qui est relaté ici:
« Si je n’avais pas fait de prison, je n’aurais jamais été en mesure de faire atterrir l’avion! » Par Jean-François Cusson, chargé de projets, d’après une entrevue avec le commandant Robert Piché.
Il a accompli le plus long vol plané de l'histoire de l'aviation.

Entrevue Piché Entre ciel et terre

6 commentaires:

Barbe blanche a dit…

Il ya des fois, la vie fait bien les choses,une rencontre comme celle là, ça se savoure avec délices.

Jackss a dit…

Tout à fait!

Et le plus merveilleux, c'est la simplicité, la disponibilité.

Ma nièce qui demeure dans ma résidence de Sherbrooke l'a contacté pour vérifier s'il serait disponible pour une conférence à l'Université où elle étudie. Il l'a rappelée lui-même pour prendre arrangements.

Rosette ou Rosie, c'est pareil a dit…

Commentaire tout à fait hors-propos, mais je répète ici ce que j'ai laissé chez notre amie Zoreilles...

"Il aurait vraimemt été dommage de priver la blogosphère des talents d'un des meilleurs conteurs qui soient, Jacques!

Bien que je ne laisse pas de commentaires chez toi, je te rends souvent visite et suis toujours ravie par ta plume que tu laisses galoper si spontanément sur ton papier. Je te lis aussi chez notre Zoreilles et tes commentaires ajoutent toujours du piquant.
Bon retour donc, et je suis soulagée de constater que la bêtise humaine a perdu cette joute, Jackss."

Et maintenant, je me retire tout doucement, pour ne pas déranger...

Jackss a dit…

Rosie,

Je ne sais pas s'il faut te souhaiter une bonne fête du Canada. Peu importe, tu es là.

Ce que j'ai passé ces derniers jours, ça s'appelle une épreuve qui s'apparentait par moment à une tragédie-comédie.

Une épreuve, c'est toujours ce qui nous permet de grandir et nous enrichir intérieurement. Mais tout ce que l'on vit dans des instants pareils n'a du sens qu'en autant qu'on peut le partager.

Aujourd'hui, c'est toi qui me permet de le faire, de donner du sens à des expériences récentes en me permettant d'en parler, d'illustrer les leçons de vie que j'en ai tirées.

Au fond, l'histoire du commandant Piché, c'est un peu ça: des expériences douleureuses, des leçons de vie et un désir de partager ce que l'on en a tiré. C'est ça l'essence d'un héro.

Loin de moi l'idée de me comparer à un héro. Mais le cheminement est le même pour tous. C'est ce qui donne du sens à nos vies.

Le geste que tu poses à travers ce que tu dis, c'est ce qu'on appelle de l'accompagnement, un ingrédient essentiel pour transformer une épreuve en cadeau de la vie. Merci d'y avoir contribué.

Je me souviens fort bien avoir eu ce genre de discussion avec le commandant Piché, un être plus grand que nature. Évidemment, il l'est beaucoup plus que moi. C'est ce qui me permet de le prendre pour modèle, un mot pas très à la mode.

Et si Le Commandant a beaucoup à donner, il donne beaucoup. Il me confiait que, dans la maison de thérapie qu'il entretien avec son argent et sa fondation, il tenait à être présent pour accompagner ceux qui étaient dans la tourmente, au coeur d'épreuves qu'il fallait transformer en défis.

Il aimait aller sur place et dire: Lachez pas! Vous être capables!

Jackss a dit…

Je n'ai jamais piloté d'avion

Je n'ai jamais travaillé dans un aéroport. Je n'ai jamais fréquenté d'hôtesses de l'air. Mais le hasard a voulu que j'aie un lien avec trois pilotes d'avion.

Hier soir, à l'émission de Denis Levesque, on a présenté un pilote de 88 ans qui a fait la guerre le libération contre Hitler en 1944-45. Ce pilote est encore étonnamment en forme. Il se préparait à partir pour la France où une école allait être baptisée à son nom.

Ce pilote pilote encore. Il suit des cours de pilotage pour être en mesure de piloter un F-18. Sa vivacité d'esprit, son humour, sa philosophie de la vie tout est étonnant.

Puis, lors de l'entrevue, j'ai appris que c'était un concitoyen de Sherbrooke. Il avait été propriétaire d'une agence de voyage: Escapade. Je me souviens bien de cette compagnie bien implantée chez nous.

Comme si ce n'était pas assez, j'ai découvert que j'avais eu un lien très privilégié avec quelqu'un qui était certainement très ami avec lui: Monsieur Émile Dubois.

Le hasard a voulu que je rencontre ce monsieur et que j'achète sa maison sans même y avoir pensé.

Imaginez, je revenais de vacances avec des amis avec qui j'étais allé en vacances sans même avoir prévu le faire.

Voilà une histoire de fous où les hasards se mêlent. Et plus j'en parle, plus je me dis que ça ferait l'objet d'un très bon billet.

Après tout, dans l'en-tête de mon blogue vous voyez toujours cette phrase qui vous rappelle que ma vie n'est qu'une suite de hasard.

Jackss a dit…

Avant de penser au prochain billet, j'ajoute un détail intéressant raconté par le Commandant Piché.

Quand un commandant prend le contrôle d'un vol, c'est lui le boss. Il n'y a rien d'étonnant en soi. Mais, le plus impressionnant, c'est que le commandant change continuellement d'équipages.

Pour le vol dont il est question dans ce billet et le film Entre ciel et Terre, il ne connaissait personne. C'est la première fois qu'il voyageait avec le co-pilote. Et c'est ce dernier qui est réellement aux commandes du pilotage de l'avion. Ils jasaient du plaisir qu'ils auraient dans les restaurants de Lisbonne. En compagnie de plusieurs charmantes hôtesses, c'était agréable à imaginer.

Quand les problèmes sont apparus, il fallait donc réagir vite, se coordonner vite car le moindre geste aurait pu être fatal puisqu'ils n'avaient jamais travaillé ensembles.

Compte-tenu de la gravité de la situation, le Commandant Piché a décidé de conduire l'avion tout en donnant ses instructions pour le reste de l'équipage.

Un peu avant, il avait décidé, par hasard d'accepter un trajet non prévu au départ. S'il ne l'avait pas fait, jamais il aurait pu éviter la catastrophe: la chute en pleine mer.

Sans vous dévoiler le reste, l'histoire a un intérêt à plusieurs points de vue dont l'importance de la successions de hasards qui peuvent parfois se conjuger pour faire toute la différence entre une catastrophe et une action presque miraculeuse. Il aurait pu être jugé comme un pur imbécile au lieu d'être reconnu comme héro.

Notre vie aussi peut se passer ainsi.