jeudi 4 février 2010

Aux frontières de l'enfer

Le hasard peut changer toute une vie. Imaginez, 2% des sud-coréens d'à peine 20 ans sont envoyés au front par tirage au sort. Et les parents sont avisés par téléphone, une fois les recrues arrivés au front.

C'est ce que révèle un court métrage sur la frontière qui ne dort jamais. Le suicide fait autant de victimes que l'ennemi. Je crois que rien n'égale la peur, l'inquiétude, la terreur, la panique.
Plus d’un million d’hommes côté Nord, 400 000 côté Sud : le face à face entre les deux Corées est tendu. Le long de la zone démilitarisée, la guerre des nerfs dure depuis 55 ans.

La zone démilitarisée coupe la péninsule coréenne en deux : 248 kms de clôtures, de barbelés et de miradors d’où les frères ennemis s’observent 24 heures sur 24.

Ils ont 20 ans et aucune expérience militaire. Pour eux, la Corée du Nord n’était qu’un lointain cauchemar, elle va désormais faire partie de leur vie quotidienne. Seulement 2% des appelés se retrouvent en première ligne. Ils vont y rester pendant sept mois coupés du monde. Le soir, ils montent la garde jusqu’à l’aube. Sept mois à un rythme d’enfer. Plusieurs fois par semaines, il y a les alertes, qui mettent les nerfs des jeunes soldats à rude épreuve. C’est une guerre sans bataille, mais qui fait des victimes : 2765 appelés ont perdu la vie au cours de ces huit dernières années. La moitié d’entre eux s’est donné la mort. Un suicide tous les deux jours.
Il y a des jeunes pour qui le risque est un défi stimulant. Ils aiment l'effet de l'adrénaline. On en voit plusieurs manifestations:
  • Des courses en auto en pleine ville
  • Des acrobaties sur le toît d'autos en mouvements
  • Il y a des casse-cous qui présentent leurs exploits en ligne
  • Il y a aussi ceux qui posent le geste fatal, comme se lancer du haut d'un pont pour l'utime départ
  • Les scènes de violence au cinéma captivent comme si on voulait vaincre la peur par la peur. Les 7 jours du Talion avec Claude Legault poussent très loin cette violence, le dégout, l'effroi. À noter que Claude Legault est l'artiste que l'on voit sous hypnose dans le billet précédent.
    Voir la bande-annonce.
Je ne sais pas si c'est la même chose pour tout le monde, mais dans mon cas ce qui m'a rendu le plus audacieux, c'est une peur irrationnelle dans bien des circonstances. J'avais tellement peur de parler en public que je me portais volontaire à chaque occasion. J'avais donné mon nom pour recevoir tous les clients violents qui se présentaient au bureau, etc...

Chaque situation traumatisante surmontée me faisait du bien, me faisait découvrir des forces. Elle me permettait donc de faire reculer les frontières de la peur. La pire de toutes, c'est la peur de la mort: sa propre mort et celle des autres. Comment y faire face, l'amadouer.

Vivre jusqu'au bout

J'ai appris, à force de le pratiquer intensivement, que le deuil était pédagogique, une vieille sagesse de l'intime. Il nous enseigne à mourir à nous-mêmes, aux autres, à ce qui nous semblait éternel dans notre corps, notre coeur, notre avenir, l'illusion ultime.
Cliquez sur la photo pour l'article du Devoir.

Mon expérience m'a appris qu'il faut avoir fait le deuil de sa propre vie avant de pouvoir en jouir pleinement. Lorsqu'on a accepteé de mourir, on a déjoué la mort. Cette expérience, je l'ai vécue. Enterré sous une très lourde charge, ma respiration était complètement coupée depuis quelques secondes. Il n'y avait même plus de place pour la peur dans ma tête. La curiosité avait pris toute la place. J'étais intrigué par ce qui allait se passer dans les minutes qui allaient suivre.
Voir billets Quelques secondes et Quelques secondes plus tard.

Dans cette expérience, ce qui m'a frappé le plus, c'est ce genre de forces insoupçonnées que l'on peut ressentir. Je la sentais cette force. C'est la même force très palpable que j'ai ressentir à l'instant où ma soeur Nicole nous a quittés pour un autre monde.

Pourquoi je parle de tout ça? J'essais bien maladroitement de trouver un sens à la souffrance. Sinon, la vie elle-même n'a plus de sens. Et je crois qu'elle en a. Nous ne sommes pas au bout de nos découvertes... Il parait que toutes les connaissances de l'humanité doublent à tous les 2 ans.

4 commentaires:

Jackss a dit…

Suite au billet Quelques secondes plus tard dont j'ai laissé un lien, j'avais eu le commentaire suivant: Papa raconte cet évènement encore avec beaucoup d'émotion.
Est-ce que le hasard existe? Voici un fait rattaché à ton aventure....la voisine qui a alerté papa, Mme Savoie,c'est la tante de mon chum, Nornand.
Cet ange est décédé l'automne passé.Elle doit encore veiller sur toi....
Marguerite....xxxx

Zoreilles a dit…

Je suis peut-être hors sujet mais j'ai le goût de te parler du film « Les 7 jours du Talion »...

J'adore Claude Legault comme comédien, Fanny Malette aussi, j'ai un préjugé favorable pour Podz, le réalisateur. Pourtant, voilà un film que je ne verrai jamais, moi qui suis folle du cinéma et particulièrement du cinéma québécois.

Pourquoi?

Parce qu'avec la bande-annonce, j'en ai assez, c'est insupportable pour moi de penser que des gens brillants ont mis leur talent, leurs ressources, et tout ce qu'ils ont au service d'une histoire qui raconte la vengeance, la démesure, l'horreur, la folie à son paroxysme, la destruction, la cruauté mentale, etc.

Jackss a dit…

Ton propos est très pertinent, Zoreilles

Vu ton implication dans le Festval du cinéma de Rouyn, ton opinion est d'autant plus intéressante.

Tu dis que tant de talents pour un tel résultat, c'est du gaspillage. Il fallait de dire. Tu l'as fait à mont goût.

Moi aussi je n'irais pas voir le film et pour la même raison.

Je crois que la vie nous offre assez d'occasions traumatisantes sans en provoquer. Je fais face aux réalités du mieux que je peux, mais le ferme les yeux quand un film devient trop violent.

Je n'irais donc pas voir un film en pensant que je risque d'avoir les yeux fermés tout le temps.

Dianne B. a dit…

Je suis peut-être en retard mais je suis profondément touchée ces temps-ci par les sujets qui se rapportent à la mort. Ma mère est décédée l'automne dernier et en plus le cancer fait des ravages autour de moi, 3 personnes en même temps. Depuis j'essaie d'apprivoiser la mort...mon tour viendra un jour de l'affronter. j'aurai ma propre Fin du monde.
Jacks, j'ai failli mourir aussi quand j'étais jeune (péritonite diagnostiquée sur le tard) mais ça ne me dérangeait pas...tout ce que je voulais c'était arrêter de souffrir...pauvre maman à qui j'en ai fait voir de toutes les couleurs. Les enfants ne voient pas la mort avec les mêmes yeux que les adultes. Ils ne comprennent pas encore qu'on ne ressucite pas...comme dans les films.
Zoreilles, j'ai tj eu une aversion pour les films et même les livres qui parlent de torture...je ne peux tout simplement pas supporter l'imagination qu'un humain peut trouver pour en faire souffrir un autre. Les animaux n'agissent pas de la sorte. Alors non je ne vais pas me "torturer" en allant voir ce film même si j'aime bc Claude Legault.