lundi 4 octobre 2010

Fermont: argent, fer et cocaïne

Laure dans une mine de cocaïne
à la frontière du Labrador.

Quand on met les pieds au Paradis, on n'est jamais loin de l'Enfer.

Je suis souvent dérouté par ce que je vois. On ne choisit pas le lieu où l'on nait. On ne choisit pas ses parents, ses talents, son apparence physique, ce qui nous tombe du ciel presque par miracle. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que les chances sont distribuées de façon très inégales. Le plus étonnant est ailleurs: on n'a pas tous la capacité de profiter de ce que l'on a. J'ai bien aimé cette phrase sur le blogue de Zoreilles, à son retour de la chasse en Abitibi: « À force de manquer de toutt, on ne manque de rien ».

Je suis régulièrement surpris de voir comment quand on a tout, sans avoir rien demandé, on peut si facilement tout risquer avec une inconscience désarmante. Le milieu des artistes en est plein d'exemples.
Je devrais plutôt parler de mauvais exemples. J'ai presque envie de dire que les deux principales causes de toxicomanie sont: la pauvreté et la richesse.


Et que dire de toutes celles dont on dit: À leurs débuts, elles étaient parfaites et elles étaient la petite fille que toutes les mères voulaient avoir. Maintenant, elles sont...

Lorsqu'on observe les dérapages, les vies perdues, on dirait qu'on cherche partout sauf où il faudrait regarder. Souvent, on fait un lien rapide entre les problèmes sociaux et la pauvreté. C'est loin d'être toujours le cas.

Si ça l'est, je crois que la pauvreté est souvent davantage la conséquence que la cause. Il ne faut pas croire que c'est le chant du coq qui fait lever le soleil. Et pour demeurer dans la basse-cour, il faut aussi se demander si c'est la poule ou l'oeuf qui est arrivé en premier.

Pour moi, le piège c'est de se limiter à réclamer de l'argent pour trouver des solutions alors que la source du problème est ailleurs. Et si c'était l'argent le problème, je veux dire le principal problème. L'argent, je crois que ça rend fou. En avoir trop, c'est comme ne pas en avoir assez.

Prenez l'Afrique, par exemple. On laisse souvent entendre que si les pays riches faisaient preuve de plus de générosité, on pourrait faire disparaitre la pauvreté. Voyons donc! On s'imagine qu'il s'agit de se donner des millions ou des milliards pour l'éliminer. À ce compte-là, je frapperais de la monnaie à mon effigie et on n'en parlerait plus.

À mon avis, on se trompe de cible. L'Afrique est peut-être le continent le plus riche en terme de ressources et de conditions climatiques. Il serait plus utile de ne pas inonder le continent de produits agricoles venus d'ailleurs et les laisser exploiter chez eux, pour eux, les ressources qu'ils ont déjà en abondance. Mais tout ne serait pas réglé pour autant.

Pour moi, Fermont est un très bon exemple pour pousser la réflexion un peu plus loin. Le dernier billet m'avait donné l'occasion de faire la réflexion suivante: À Fermont, tous les sports sont accessibles tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Des loisirs, il y en a partout, pour tous les goûts, tous les âges. Les emplois sont nombreux et fort bien rémunérés. En plus, les primes d'éloignement sont fort généreuses. La fiscalité est avantageuse et on peut vivre sans auto. On pourrait donc à s'attendre à ce qu'il n'y ait pas de problèmes de drogues, d'alcool ou de moralité.

Fermont, piscine dans le mur-écran
Quand on parle de toxicomanies chez les autochtones, on accuse le manque de loisirs. Si on parle de toxicomanies à Fermont, ce n'est pas non plus le manque de loisirs qu'on peut pointer du doigt. Si dans un milieu qui peut servir de modèle pour la diversité de ses loisirs et ses ressources financières, il y a un problème de toxicomanie, il faut chercher la cause ailleurs. Où?

Mais au fait, est-ce qu'il y a un problème de toxicomanie à Fermont? Rassurez-vous, je ne sais pas si c'est le cas. Aucune idée. On dit qu'il y en a comme ailleurs. La nature humaine étant ce qu'elle est, il y a toujours quelqu'un quelque part qui sait faire preuve d'imagination pour détourner à son avantage l'argent ou les ressources qui devraient appartenir à tous. La folie de l'exploitation des gaz de schiste nous en donne une démonstration éloquente. Et on peut se douter de l'issue. Il parait même qu'il y a des collecteurs d'argent qui essaient d'influencer des partis politiques et la nomination des juges.

Des mauvaises langues prétendent que c'est le sexe, l'argent et la soif du pouvoir qui mènent le monde. Des sectes l'ont compris depuis longtemps. Je ne peux m'empêcher d'ouvrir une parenthèse tirée de l'actualité du jour. Comment le colonel Russell Williams qui avait tout ce qu'un homme peut désirer en terme d'argent, de pourvoir, de capacités de séductions a-t-il pu à ce point tout gâcher? Et tant qu'à faire, il ne pouvait être plus diabolique. Lequel des trois (sexe, argent, pouvoir)stimule davantage le cerveau? Je vous laisse deviner.

Il y aura, bien sûr, une suite à ce billet. Mais, ne partez pas de rumeurs. Le paysage tout blanc où se trouvait Laure dans l'en-tête du blogue, ce n'était pas de la cocaïne. On ne trouve pas de mine de cocaïne à l'état pur ni au Labrador, ni à Fermont. Vous croyez peut-être que c'est de la neige? Ce n'est pas non plus de la bonne réponse. C'est un produit minier.

Fermont et la région toute entière sont très riches. Les salaires feraient l'envie de tous les coins du monde. Et pourant, le peuplement est incroyablement faible. Il faut reconnaître que le potentiel de la région est phénoménal. Un autre paradoxe! Mais je crois qu'il y a une explication: on veut toujours un rendement rapide, immédiat. L'ambition est aveugle et sans vision à long terme. En d'autres mots: l'État ne joue pas son rôle, celui de promouvoir et orienter le développement dans le sens du bien commun. Ce n'est pas la richesse qu'il faut promouvoir, mais l'amour du territoire et de ses concitoyens. L'amour et la fierté.

J'ai été surpris de tout ce qu'on pouvait trouver à la surface à l'état pur.
Certains touristes aiment bien en rapporter un peu dans leurs bagages pour se fabriquer de petits bijoux ou simplement comme décoration dans leurs aménagements paysagers. Mais encore faut-il utiliser un autre moyen de transport que celui que j'ai trouvé le plus avantageux: l'avion.

Les billets de train et d'avion sont eux aussi un bon moyen dont certains profitent pour faire de l'argent. Je crois que les coûts sont difficilement justifiables. Pour demeurer dans le domaine des citations de basse-cour, je vous dirais que vouloir tirer trop de profits de moyens de transport, c'est un peu comme tuer la poule aux oeufs d'or. En effet, les attraits touristiques de Fermont et sa régions sont inimaginables.




Les jours d'ensoleillement l'été et de noirceurs en hiver en font un lieu de prédilection pour admirer les aurores boréales et les perséides à certaines périodes de l'année. Vive le tourisme de sciences, culture et aventures. Des pays comme la Norvège en ont compris l'importance de mettre en valeur un des plus beaux spectacles naturels au monde.

Mais je dois souligner une initiative intéressante de l'Agence spatiale canadienne: aurores boréales en direct Il suffit de cliquer sur le lien. Et c'est gratuit!

À suivre...

10 commentaires:

LoupDeVille a dit…

Tu fais un bon guide touristique et ces billets sont fait avec beaucoup de sensibilité de voir au delà de ce que l'on voit qui est splendide et unique paysage et lieux.

Jackss a dit…

Merci pour ton appréciation, Loup de ville. On dit que les voyages forment la jeunesse.

Une chose est sûre: un milieu aussi différent stimule la reflexion et le regard que l'on a sur notre milieu de vie. Un loup de ville ne voit sûrement pas les choses avec les mêmes yeux qu'un loup dans la nature.

Jackss a dit…

J'avais oublié ces quelques lignes à la fin de mon billet:

Je dois souligner une initiative intéressante de l'Agence spatiale canadienne: aurores boréales en direct Il suffit de cliquer sur le lien. Et c'est gratuit!

Delphinium a dit…

Alors je n'ai jamais vu d'aurores boréales en direct moi, dans les Alpes, on n'a pas ce phénomène. Quant à la drogue, le sexe et l'argent, vastes sujets. Je travaille beaucoup à essayer de sortir des gens de la toxicomanie, et je me décourage souvent parce que je ne vois pas d'issues, je ne vois pas de solution. On essaie plusieurs sortes de thérapie mais ça ne fonctionne de loin pas toujours. On essaie de se mettre à la place de Monsieur ou Madame qui prend de la cocaïne mais on n'arrive pas à comprendre, on essaie de donner des conseils mais on n'y arrive pas. La Suisse est un des pays les plus riches du monde, mais c'est un pays qui est aussi très pauvre. Pauvre dans sa façon d'appréhender la pauvreté, pauvre dans sa façon de gérer les toxicomanes, pauvre dans sa façon de gérer l'aide sociale. Parfois on baisse les bras quand on bosse dans le social, parce qu'on ne voit pas d'issue, c'est souvent le serpent qui se mord la queue. Je sais d'où viennent les problèmes de toxicomanie, ils ont des causes multiples et des conséquences désastreuses, alors si une fois j'arriverai à sauver un être humain de cette saloperie, je serai contente même si ce ne sera qu'une goutte dans l'océan de la déchéance.
A part cela tout va bien, si, si je vous assure. Je viens juste mettre mon grain de sel. ;-)

Jackss a dit…

Bonjour Delphinium,

il n'y a peut-être pas d'aurores beauréales dans les Alpes, mais il y a présentement notre belle-fille Gaële qui s'y trouve. Pour nous, elle est un peu comme une étoile filante au mille parcours. Nous l'avons rencontrée il y a environ trois semaines. Elle se préparait à faire une escale de création à Las Vegas avant de s'envoler pour la France. Elle est, pour nous, la preuve vivante qu'on peut mener une vie d'artiste et vivre en paix avec soi-même et ses idéaux.

Savoir côtoyer le bonheur et en tirer partie, c'est évidemment possible. Et si c'était si simple d'en connaître la recette facile, ce serait merveilleux. On ne peut changer le monde; mais tu as raison de dire que si on peut aider une seule personne à se sortir la tête de l'eau, toutes les tentatives qu'on a faites en vallaient le coup. J'aime bien cette attitude.

D'une façon plus générale, je garde confiance en l'avenir, aux signes encourageants que l'on peut observer malgré tout. Je te rejoins à ce niveau. C'est dans le noir qu'on peut voir les aurores boréales.

Jackss a dit…

Bonjour Delphinium,

C'est fou le hasard. Je viens d'aller sur le lien que je viens te laisser concernant Gaële. Et sur ce lien, j'ai trouvé ceci:

Pour entendre l’émission enregistrée à la prison de Bordeaux le 23 septembre dernier, cliquez-là!

http://www.souverains.qc.ca/argaele.html

Éléonore a dit…

merci encore une fois de nous faire connaître les coins cachés de notre belle province :)

merci pour les belles réflexions, avec toi on réfléchit :)

Éléonore a dit…

LOLOL je suis à écouter les tounes de Gaele et je ris avec l'accent d'icitte :)

Nanou La Terre a dit…

Ouf... tant de choses dites en un seul billet, J'en perds le fil, pardonne-moi. Il me semble cependant que tout était si pertinent et juste.

La toxicomanie... Un sujet qui me tient à coeur, évidemment. Pour répondre spontanément, je pense que ce n'est pas une question de pauvreté ni de richesse. Il n'y a que des gens sensibles, impulsifs, incapable de dépasser les traumatismes de leur vie, au point d'en faire "leur" vie, simplement. C'est l'exemple de Britney Spears avec de l'argent...
Les autres tombent dans la pauvreté par la suite. leur problème s=de sensibilité en est la cause de départ.

D'autres, toujours aussi sensibles et vulnérables, ne peuvent assumer leur richesse convenablement. Alors, ils sabotent
tout et se donnent en spectacle, bien involontairement, du moins je le crois. C'est l'exemple de Paris Hilton.
Pour le reste, je beigne et suis fascinée et submergée par ces belles aurores boréales, c'est absolument magnifique. merci Jackss...

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS a dit…

Je te lisais sur le blog de Hala, la Libanaise courageuse et j'ai voulu connaître ce que tu faisais. Je découvre ton blog avec plaisir. Tu as du caractère ! C'est si rare aujourd'hui, alors je me suis inscrit sur ton blog.
Je te salue fraternellement depuis la France,

Roger