Notre cerveau est plus fait pour éviter les expériences douloureuses que pour rechercher des situations plaisantes.
Notre cerveau est plus fait pour survivre que pour rechercher le plaisir.
(Voir l'être biologique)
La vie m'a appris que tout ce qui existe sert à quelque chose. En d'autres mots, rien n'est inutile. C'est dans la nature même de l'homme de trouver une explication à ce qu'il ne comprend pas: la mort, la souffrance, par exemple. Et je crois que ce n'est pas un hasard.
Si quelque chose nous semble inutile, c'est qu'il y a quelque chose qui nous échappe, quelque chose à découvrir. Pour Einstein, la peur de la mort était la force la plus créatrice qui soit.
J'ai toujours été stimulé par la peur. Étant peureux de nature, j'ai pu me contenter. J'ai eu la chance de faire beaucoup de chemin. J'étais le 2è d'une famille de 6 enfants. Quand Yves, le plus vieux de la famille me disait: T'as peur de faire telle chose, je vous jure que je relevais le défis.
Yves et moi (1954)
Yves et moi, nous avions tous les deux des airs d'anges. J'ai bien dit: l'air. Nous avions des jeux qui faisaient le bonheur de ma mère. J'avais des plans qui faisaient la terreur de ceux qui avaient à me garder.
En 1951, nous venions d'aménager dans un nouveau logement à Granby. Notre père et notre mère venaient de reprendre une vie commune après un an de séparation.
La nouvelle chambre où je venais de m'installer avec Yves était impeccable. On sentait encore l'odeur de la peinture fraîche.
Yves me dit:
- Jacques, t'as peur de défoncer le mur.
- Moi peur?
Mon père
Bang!
Il n'en fallait pas plus pour que je m'exécute. Une seul coup de pied a suffi. J'ai eu vite affaire à mon père qui s'est chargé de m'apprendre la peur de l'autorité.
Et s'il est vrai que la peur est le commencement de la sagesse, pour moi il en était autrement. Mon père n'a su la vraie histoire qu'une quinzaine d'années plus tard.
1956
Au même endroit, quelques mois plus tard, j'ai mis le feu derrière la maison. Un hangard a brûlé et il a fallu plusieurs alertes pour que les pompiers puissent l'éteindre. Le bloc appartement tout entier a failli y passer.
J'ai eu peur du feu, peur de me faire prendre. Je me sentais coupable. Je me souviens encore très bien des sentiments qui m'habitaient. Je me sentais comme Judas dans l'Évangile après son geste de trahison. C'est vrai. Je me rappelle que j'avais cette image précise en tête. C'était en 1951. On voit que ça marque une histoire pareille.
J'ai vite avoué lorsqu'on ma demandé si c'est moi qui avais mis le feu. Et je me suis senti libéré. Lors de ma première confession un peu plus tard, le seul péché que j'ai avoué fut d'avoir volé une allumette. Dieu me pardonne!
Des peurs, j'en ai connu de toutes les sortes: peur du feu, peur de la mort, peur du diable, peur du noir, peur d'être battu, peur de parler en public, peur de faire de la peine,peur de connaître des problèmes d'argent, peur de se tromper, d'être ridiculisé, décevoir, être accusé, condamné, damné, et j'en passe.
Plus jeune je faisais régulièrement des cauchemars. Je mouillais mon lit parce que j'avais peur d'aller à la toilette dans le noir.
Lorsque j'ai vu dernièrement, sur Le blog de Jean-Louis Muller (Le management dans tous ses états)qu'il y avait 5 grandes peurs, ma curiosité a été piquée. J'avais l'impression d'en avoir connu tellement plus... Vraiment, j'ai été gâté. On paie souvent cher pour avoir peur au cinéma et dans les manèges. Moi, j'ai souvent eu peur gratis!
Puis, en marchant sur le bord de la mer, je me suis mis à réfléchir sur le sens de la peur, celle qui alimente les pires souffrances. C'est fou comme la mer est un lieu propice aux réflexions profondes. J'en ai quelques unes à partager.
Havre-Saint-Pierre, face à l'Hôpital
le 10 juin 2010 10h30
Et quel bel exemple que la mer. Elle respire le calme, la sérénité. Certains jours comme aujourd'hui, on ne peut imaginer jusqu'à quel point elle peut faire peur. Pourtant, elle alimente présentement une vraie peur en moi: la marée noire.
Oui, je n'exagère pas. Qu'est-ce qui va arriver si on ne réussit pas à colmater la fuite de pétrole?
À suivre...
Et dire qu'on fait de la prospection pour des plateformes de pétrole près d'ici: Anticosti, Iles de la Madeleine, Gaspésie... On n'a pas encore assez peur.
Je viens tout juste de retourner sur le bord de la mer, avec l'espoir de vous rapporter une autre bonne photo. Et comme par hasard, une espèce a bondi de l'eau comme pour témoigner de sa présence et demander qu'on ne l'oublie pas. Ce n'est pas une histoire inventée. Je viens juste de photographier cette baleine en face de l'hôpital où travaille Laure. Une baleine qui s'approche d'un hôpital, c'est un puissant symbole!
Baleine en balade Havre-Saint-Pierre (juin 2010)
Voir vidéoclip Pollution sonore, cétacés menacés.
L'Hôpital de Havre-Saint-Pierre (juin 2010)
Comme par hasard, je viens de constater que le dernier billet du Gestionnaire Borg (dans ma liste de blogs favoris) porte sur la peur: la peur du Web 2.0J'adore ce billet et sa conclusion: Arrêter d'avoir peur du méchant loup! Il ne faut pas avoir peur de tout.
Voir aussi Histoire de peur de Barbe blanche.
19 commentaires:
La peur, tu dis, j'ai connu,elle donne des ailes, c,est vrai...
La suite très bientôt sur mon blogue.
Bonjour Barbe blanche
Je prends tout de suite mon laisser-passer gratuit pour l'histoire de peur sur ton blogue.
Le temps est magnifique aujourd'hui.
La peur donne des ailes à condition qu'on y fasse face et qu'on la surmonte.
Sinon, la peur paralyse et nous empêche de réaliser bien des choses.
Combien de gens se privent de réaliser des projets, de donner leur opinion par peur de se tromper, par peur du jugement des autres, par peur du ridicule.
Je ne crois pas que la peur soit quelque chose de si positif.
Voilà bien un post riche et poignant...
Je crois comprendre quelle peur tu évoques en filigrane : celle que tout s'arrête, celle qu'on n'ait plus à avoir peur de rien parce qu'une marée noire géante (symbolique) nous aurait tous emportés.
Bonjour Shaton,
Je suis heureux de voir que tu es toujours là. Hier, au bulletin de nouvelles, j'ai eu l'occasion de penser à toi.
Un autobus de touristes canadiens s'est renversé en Suisse, faisant deux morts. Des retraités. Ils ont dû avoir peur.
Dans le reportage, on insistait plutôt sur leur calme et leur sang froid. Je parle des survivants, bien sûr.
C'est avec fierté que j'ai entendu parler les Suisses des réactions de mes compatriotes. La peur a des vetus.
Ce serait un motocycliste qui aurait fait un dépassement risqué et entrainé le bus dans le renversement du côté de la route. Ce motocycliste aurait probablement dû être plus sensible à la peur.
Les passagers quant à eux ont su bien réagir. J'ai toujours essayé de domestiquer mes peurs. C'est loin d'être évident. Mais j'ai toujours admiré et pris pour modèle ceux qui parvenait à le faire. Les Spartiates m'inspiraient. Mais, il s'agissait tout de même d'un inaccessible idéal.
La marée noire, oui elle me dérange. Elle me dérange assez pour m'amener à travailler sur moi-même.
Bonjour Caboche,
Joli nom! Tu ne peux faire entre dans ta caboche que la peur soit utile? Je peux comprendre. Tout dépend du point de vue où on se place.
Prenons un exemple. Dans le cas de la marée noire, je crois qu'on aurait dû avoir peur et agit en conséquence.
J'ai toujours trouvé épeurant de voir des plateformes de forage en pleine mer. Je me disais toujours que ce serait catastrophique si l'une d'elle se brisait. Puis je me disais qu'on avait sûrement tout prévu.
Et bien non. On n'avait rien prévu. Je pourrais aussi prendre plusieurs exemples au plan personnel où la peur m'a vraiment beaucoup aidé.
On n'a pas assez peur!
On pourrait croire que les gens de la Louisiane ont terriblement peur de ce qui se passe, voire leur survie.
Pas du tout. Depuis le début, je suis surpris que les Américains des plages du sud des États-Unis ne demandent pas l'arrêt des forages de pétrole en haute-mer.
Au contraire, ils veulent que ça continue: Nettoyez les plages, mais ne touchez pas à nos forages»: c'est en substance ce que réclament les habitants des zones sinistrées par la marée noire dans le sud des États-Unis, alarmés par le moratoire sur la prospection en mer décrété par le président Obama.
Voir: Ne touchez pas à notre pétrole
Bonjour Jacks (et les amis aussi)
Je viens de t'écrire un long commentaire mais il est disparu, pouf! comme par enchantement... Alors, je recommence!
Je suis moins peinée de te lire avec du retard, ça m'a permis de voir ta magnifique photo de cette baleine qui prenait un bol d'air en face de l'hôpital du Havre... Tu vis dans un endroit mirlifique!
T'étais pas reposant, toi, quand t'étais p'tit???
La peur... Elle peut paralyser complètement, enlever toute liberté ou aider à passer à l'action, c'est selon ce qu'on en fait. Je connais un homme d'action dont les peurs innombrables sont tellement au centre de sa vie que c'est toujours ce qui motive ses actions, ses choix dans la vie. Le nombre de fois où il prononce dans ses phrases : « J'ai peur... », c'est un signe qui ne trompe pas.
Mais la peur, si on sait l'apprivoiser, plutôt que de l'affronter en pleine face comme une ennemie, elle peut nous apprendre de grandes choses.
Malheureusement, les Américains, Louisianais, Floridiens, Texans et autres riverains du golfe du Mexique n'ont pas encore eu assez peur, comme tu dis. C'est que les pétro-dollars sont encore plus puissants que la peur qui motive les actions, même les actions citoyennes.
Excellent billet, Jacks!
Tu as bien raison, Zoreilles
Tu ne pouvais mieux résumer la situation: les pétro-dollars sont encore plus puissants que la peur qui motive les actions, même les actions citoyennes.
La compagnie BP avait évité plusieurs avertissements sérieux sur les dangers potentiels de sa station de pompagne.
Selon La Presse, BP a effectué une série de raccourcis visant à sauver de l'argent et commis des bévues qui ont considérablement accru le danger d'une marée noire destructrice dans un puit qui avait été qualifié de «cauchemar» par un ingénieur seulement six jours avant l'explosion, indiquent des documents publiés lundi. (Voir article de La Presse)
Et sans la moindre peur, nos bons amis, avides de dollards se préparent a mettre en place les décors pour,en plein golfe
St Laurent,présenter la version gaspésienne du festival du goudron qui se produit aujourd'hui dans le golfe du Mexique.
La soif sans bornes de dollards vite fait enraye toutes les peurs, même celles des gens les plus à risque.
La réalité est encore plus triste, Barbe Blanche.
Je ne sais pas si c'est un hasard, mais à peine quelques heures après la catastrophe dans le golfe du Mexique, on annonçait presque à voix basse ce qui suit: La compagnie rimouskoise Pétrolia et son partenaire Corridor Resources lanceront le mois prochain un programme de quatre forages d'exploration pétrolière à l'île d'Anticosti.
Voir, sur le site de Radio-Canada: Forages à l'île Anticosti.
Certains sites de forage n'ont pas été précisés, mais j'ai cru comprendre que Havre-Saint-Pierre n'était pas très loin des sites visés.
Le forage est prévu de juin 2010 à septembre 2010. On voit que pour les compagnies, le temps presse.
Et s'il y à de l'argent à faire, je ne suis pas sûr que ça inquiète les gens d'ici.
Vois tu Jackss, il y a des forages qui se font à Gaspé depuis au moins deux ans,très peux de gens s'en inquiètent, et ceux qui osent s,y objecter se font accuser de vouloir nuire au développement de la région.
Ce sont les mêmes foureurs oups, foreurs à Gaspé comme sur Anticosti,ils sont assoiffés de pétros dollards.
Ils ont l'hivers dernier fait ce qu'ils appellent des sondages sismiques,ils sont même passés devant chez moi avec leur sondes.ceci , juste pour dire que rien ne peut les arrêter lorsqu'ils sont sur une piste.
Barbe blanche
Je suis estomaqué. J'enregistre. Et je sens l'inspiration venir pour un prochain billet. J'aime bien l'information que tu me donnes. Il ne me restera plus qu'à aller prendre des photos sur place dans ton univers qui m'est encore totalement inconnu.
Pour être plus précis, je suis allé une fois à Gaspé, en avion. Une seule journée, pour le boulot. J'aurais pu y aller plus souvent. J'avais peur de l'avion. J'ai des remords. Mes frais de déplacements étaient couverts.
J'ai vaincu ma peur. Mais trop tard: je dois payer maintenant. La morale de cette histoire. Il faut vaincre ses peurs quand on est jeune et en santé.
Voyez, j'ai l'impression que ces forages sous-marins sont révélateurs d'un mouvement de panique international : le pétrole se fait rare, il faut aller le chercher de plus en plus loin, prendre tous les risques pour que l'ère du pétrole-maître dure le plus longtemps possible...
Ce qui m'inquiète le plus, c'est finalement cette réaction de panique dans l'urgence. En définitive, ces forages sont faits sous l'effet de la peur !
Dans un registre un peu plus léger et joyeux, j'ai vécu un événement dimanche dernier qui te plaira, Jackss, je pense. Car il est du registre de la coïncidence heureuse et du hasard merveilleux. Je le raconterai très bientôt sur mon blog.
Je serai en première loge, Shaton
Je suis fasciné par les coïncidences. Merci de me prévenir.
Pour le pétrole, je crois que c'est de la folie furieuse. Je crois que c'est la pire source d'énergie et que nous n'en avons vraiment pas besoin.
Pour moi, l'avenir c'est l'énergie solaire. Mais le problème, c'est que le soleil, c'est gratuit pour tout le monde.
J'ai toujours préféré l'assisté social chez lui qui ne dérange personne à celui qui nous oublige plusieurs fois par semaine à passer à sa station service pour faire rouler notre auto.
Il y a même plusieurs fonctionnaires que je paierais pour qu'ils restent chez eux à ne rien faire plutôt que de passer leurs journées à faire des lois, des règlements et pire encore.
Pour votre information
Si vous agrandissez la photo que j'ai laissé sur mon billet avant celle d'Obama, la ligne bleue que vous voyez à l'horizon, à partir du gazebo de mer de la marina, c'est l'Ile d'Anticosti.
Merci Jackss pour le lien que tu fais vers mon billet.
Cher Jackss, j'ai publié ce jour (20 juin) ma belle histoire de coïncidence ;-))
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