Michel Chartrand était passé maître dans l'art de s'indigner.
Voir Vidéo Radio-Canada.
Depuis quelque temps, on avait oublié ses jurons. Il s'indignait notamment sans arrêt contre le système de justice, le capitalisme sauvage, l'exploitation de l'homme par l'homme.
Ce qui prend des allures d'ironie du sort, c'est le fait que Michel Chartand soit parti au moment même où tout notre système de justice vient d'être éclaboussé. Ceci se passe au moment même où le peuple québécois semble avoir retrouvé sa capacité de s'indigner.
J'ai souvent été étonné de voir qu'on ne s'indignait plus quand
- on apprenait qu'un soldat de plus était mort en Afghanistan; on ne l'était pas non plus lorsqu'une femme ou un enfant innocent était tué par erreur
- on a su que des jeunes filles se faisaient voler leur jeunesse: droguée, violée, retenues contre leur gré aux mains d'organisations criminelles que les journalistes repèrent plus facilement que la police;
- Les peines ridicules imposées à des criminels pour des coups pendables passibles de prison à vie aux USA
- nos ministres avouaient candidement ne pas savoir ce qui se passait dans leur ministère, comme si c'était une bonne excuse;
- le Premier Ministre refusait de faire la lumière sur des situations scandalisantes, refusant toute demande d'enquête réclamée unaniment par tous
- le taxage était considéré presque normal dans les écoles
- on changeait le calendrier scolaire pour accomoder les juifs hassydiques
- on laissait se détériorer les finances publiques de façon catastrophique en détournant l'argent au profit des amis
- On projetait un Plan Nord désastreux au plan de l'écologie
- on projetait ouvrir des mines d'uranium menaçant grâvement la santé des citoyens
- On laissait le Québec s'angliciser rapidement; le français risque d'être minoritaire à Montréal en 2016
- les délais d'attente dans les urgences étaient de plus en plus longs et qu'on pouvait y mourir avant d'être traités
- notre système d'éducation allait à la dérive.
Mais heureusement, j'ai comme le sentiment que le vent tourne.
Et il est temps, monsieur le Premier Ministre qu'on donne au peuple les explications qu'il demande. La patience est une vertu. Mais il ne faudrait pas en abuser. Sinon, niveau d'indignation risque de dépasser des limites que vous aurez de la peine à contenir. Il est minuit moins quart. Votre parti pensera vite à vous remplacer si vous essayer de garder le cap.
Ceux qui paient en catimini une partie de votre salaire ont déjà une main sur le volant. Ils vont vous retirez l'autre si vous continuez comme vous faites.
Il est temps de cessez de voyager à nos frais pour vous occuper de nos affaires et des vôtres.
J'aimerais bien que Dieu laisse la permission à Michel Chartrand de revenir sur terre. Son indignation nous manque.
Je vous recommande de voir sur le blogue de Nanou:
Du Chartrand comme je l'aime.
Comment le gouvernement Charest se mêle dans ses menteries
Cliquez sur la photo
7 commentaires:
Réveil ou simple sursaut ? Faudra voir dans les prochains jours, les prochaines semaines......
Nous sommes plusieurs à déjà nous ennuyer de Chartrand... Ce mouvement spontané, non concerté, de tous les hommages bien sentis qui lui sont rendus depuis deux jours, c'est une vague puissante qui déferle dans la population québécoise, même chez plusieurs d'entre nous, blogueurs(euses). Ça vient de la base, du monde ordinaire, de ceux et celles qui le considéraient comme un vrai, un Homme de parole, un monument.
Souhaitons que l'ensemble de son oeuvre nous inspire et que, comme lui, on se tienne debout pour ce en quoi nous croyons, plus de justice sociale et de solidarité.
Gaétan
Je crois que le glas de Jean Charest vient de sonner. Je serais prêt à parier que le Parti Libéral doit être déjà en train de lui trouver un remplaçant sympathique prêt à continuer le même boulot.
J'ai bien hâte de voir qui va présider la commission d'enquête sur la nomination des Juges. Je crois qu'il ne s'agira pas d'un juge ni d'une personne identifiée au Parti Libéral. Quelqu'un comme Pierre-Marc Johnson, par exemple. Mais la personne nommée aura tout de même la confiance du PM pour mettre le couvercle sur la marmite.
C'est à suivre...
Zoreilles,
C'est emballant ce que tu exprimes. Je ne peux pas croire que la mort de Michel Chartrand n'aura pas d'impact. Elle survient au bon moment pour être une source d'inspirations.
Nous vivons des heures mémorables...
Toute une révélation! Le Premier Ministre, la vice-première ministre et bien d'autres haut placés du parti libéral martèlent que la politique de nomination est claire, étanche. Or, voici qu'on apprend que la procédure qu'ils décrivent ne correspond pas à la Loi.
Voici ce qu'en dit La Presse:
À l'Assemblée nationale, jeudi, le gouvernement a vivement démenti les affirmations d'une attachée de presse de la ministre de la Justice, citée par le quotidien Le Devoir, voulant que les noms des candidats à des postes de juges soient soumis à l'ensemble du Conseil des ministres depuis 2003. Tant le premier ministre Jean Charest que la ministre de la Justice, Kathleen Weil, ont nié tout changement à la procédure de nomination des juges.
Cette procédure, instaurée en 1979, fait en sorte que la liste de candidats n'est soumise qu'au seul ministre de la Justice. Ce dernier soumet sa recommandation au Conseil des ministres qui le cautionne le plus souvent, sinon toujours. Laissés dans le noir quant à la liste des candidats, d'autres membres du Conseil des ministres ne peuvent appuyer d'autres candidats.
Bombardés de questions par la porte-parole du Parti québécois en matière de justice, Véronique Hivon, et la chef péquiste Pauline Marois, le premier ministre Charest et la ministre Weil ont répété que les membres du Conseil des ministres n'avaient pas accès aux noms des candidats à la magistrature. Cette liste est confidentielle, ont-ils martelé. Mme Weil a parlé d'une erreur de son attachée.
Article complet
c'est incroyable comme nous ne sommes au courant de rien de l'autre côté-ci de l'Atlantique. Nous balayons notre saleté, dans notre pays si neutre et si joli, et l'on y découvre aussi, excusez-moi l'expression, "des saloperies". Il n'y a que le peuple pour s'indigner et la marge de manoeuvre que nous avons encore est de descendre dans la rue, de montrer notre colère et non de nous enliser dans nos petites vies bien pépères. Mais que de choses encore nous retiennent, notre petit confort, la peur d'être mal vu par les voisins, les patrons, les collègues, etc.
Il n'y a que la société civile qui peut encore dire quelque chose. C'était ce que disait Ignacio Ramonet dans un éditorial du Monde Diplomatique. J'aime encore y croire, pour que vive l'espoir. Autrement nous plongeons. J'aime encore croire qu'il y a quelque chose de bon dans l'être humain, j'y suis obligée pour faire le travail que je fais. Autrement je dépose les plaques et je m'achète une maison à la montagne. (mais je n'ai pas de sous, ça va être difficile). Allez, le Québec se réveille, c'est le printemps!
Bon vent et mille bises
Bonjour Delphinium,
Les ramifications du système de corruption en place au Québec dépassent actuellement tout ce qu'on peut imaginer. C'est hallucinant. Mais c'est le gouvernement en place depuis 7 ans qui est en cause.
Je considère tous les autres partis du Québec et celui du gouvernement fédéral du Canada sont plutôt honnêtes. Nos journalistes font normalement un bon travail et le journalisme d'enquête de Radio-Canada et des autres média sont souvent plus efficaces que la police.
Il n'en demeure pas moins que tu as raison. Il faut surtout compter sur la société civile. Cette dernière a aujourd'hui un puissant moyen entre ses mains: le Web.
Je me réjouis aussi que nous possédions une aussi bonne liberté d'expression. dans d'autres lieux ou d'autres époques, j'aurais pu facilement me retrouver au bout d'une corde.
Mihel Chartand, un ancien moine trapiste sacrait comme un déchaîné. Ciboire, hostie de tabarnak, faisait partie de son langage courant. Et c'est ainsi qu'on l'aimait.
L'histoire des jurons utilisés au Québec est savoureuse. Il fut un temps, en France, où on pouvait se faire couper la langue ou même être mis à mort si on sacrait. Les bucherons et les premiers colons, à l'abri de ces châtiments, trouvaient beaucoup de plaisir à défier l'autorité en sacrant, sachant que ces punitions ne pouvaient avoir cours dans leur contexte.
Enregistrer un commentaire