dimanche 6 juin 2021

Tomber de haut

Ceux qui n'ont jamais connu le bonheur sont moins malheureux...
À la naissance, nous recevons tous à notre insu, sans en être conscient, une véritable boîte à surprise. Nous ne savons pas ce qu’elle contient, pour combien de temps ni avec quelle qualité de vie. Ce que nous sommes ne laisse aucun indice sur ce que nous serons, peu importe nos qualités, notre intelligence, notre richesse et notre milieu de vie. Le moindre hasard peut tout modifier l’essence même de notre nature et notre parcours. 


La vie d’Omar Sharif est un bon exemple. Nous l’identifions inévitablement à un médecin russe côtoyant la haute aristocratie soviétique avant la révolution bolchévique d’octobre. 

Tout jouait en sa faveur : la beauté irrésistible, l’esprit mathématique et scientifique, des dons de charmeur, l’esprit entrepreneuriale pour ne nommer que quelques-uns des rares atouts qui l’ont rendu célèbre. 

 Pourtant, il était d’origine fort différente. Même son nom était fictif. Son véritable nom était Michel Dimitri Shalhoub. Il est né le 10 avril 1932 à Alexandrie, en Égypte. 

Il parlait couramment 5 langues. Il avait deux passions importantes dans lesquelles il avait obtenu une reconnaissance mondiale: le bridge et l'élevage de chevaux de courses. 

Omar Sharif

Il avait connu la célébrité internationale lors du rôle marquant dans le film historique Laurence d'Arabie.

Il dit avoir vécu la majeure partie de sa vie sans domicile fixe étant en tournage presque continuellement dans différentes parties du monde.  



Il avait par la suite choisi de s'installer dans une ville qu'il affectionnait particulièrement:  Paris.

 Il y avait dessiné la maison de ses rêves. Elle symbolisait bien sa véritable nature. Il n’a pas voulu la décorer. Il trouvait important de laisser à sa future amoureuse le plaisir de le faire selon ses goûts. Son pouvoir de séduction savait charmer de belles femmes riches et célèbres. Aucune ne correspondait à sa personnalité orientale déracinée en territoire européen. Il dit avoir à la fois réalisé tous ses rêves et aucun fondamentalement. Seul le présent comptait. Tout se déroulait trop vite. Il oubliait le passé et le futur l’inquiétait. Une entrevue réalisée à Paris témoignait parfaitement son état d’âme.

 La carrière d'Omar Sharif est enviable comment témoigne le lien suivant: 
J’ai souvent eu l’impression que le bonheur rend aveugle ceux qui l’approchent de trop près. Durant mes années de collège, un de mes meilleurs amis vivait dans une famille de millionnaires. C’était tout le contraire dans mon cas. Il nous enviait parce qu’il ne savait jamais rien désirer. Quand il avait voulu s’acheter une moto, son père lui a offert une auto décapotable de luxe. Personnellement, je prenais plaisir à louer une bicyclette à 0,25$ de l’heure. Cet ami était souvent triste et déprimé. Il demeurait près de chez moi. Je le fréquentais régulièrement lorsque j’ai su qu’il était décédé d’un cancer dont je n’avais jamais entendu parler. Il souffrait en silence tout en étant souvent à l'avant scène, en particulier comme animateur des bulletins de nouvelles à Radio-Canada, Estrie.

On ne sait jamais combien de temps il nous reste. Nous ne savons pas non plus quelle sera notre qualité de vie. Ma mère disait toujours souhaiter conserver sa lucidité jusqu’à la fin. Elle n’a pas eu cette chance. Elle me demandait parfois si on pouvait vivre plus d’une vie en même temps. Elle se méfiait de moi. Elle se demandait si je lui avais volé du linge lorsque Laure et moi nous en apportions pour le laver. Omar Sharif, malgré sa gloire, son intelligence et sa richesse a connu le même destin. 

omar Sharif


Il était atteint d’Alzheimer lorsqu’il est décédé à l’âge de 83 ans sans jamais avoir rencontré la femme de ses rêves après un divorce en début de carrière : Faten Hamama. Faten Hamama .
 D’origine catholique, il s’était converti à l’islam pour avoir le droit de l’épouser. 


Elle était la star la plus célèbre d’Égypte. Selon Omar Sharif, c’était la plus belle. Elle l’avait laissé à cause de ses trop nombreuses scènes de tournages à travers le monde. Il lui avait toujours réservé une place de choix dans son cœur. 

Il avoue bien humblement ne pas avoir réussi sa vie sentimentale.

 On ne sait jamais ce que la vie nous réserve en termes de temps et de qualité de vivre. Il faut profiter au maximum de chaque instant et tout donner aux êtres qui nous sont chers. Nous ne savons pas plus pour eux que pour nous le temps de lucidité encore disponible.

J'en ai pris particulièrement conscience il y a moins de 2 ans. Je crois qu'un deuil nous laisse des marques pour la vie. Personne n'y échappe. J'ai eu le plaisir  de connaître 54 ans de bonheur. Je suis en deuil durant le jour. 
Mais fréquemment durant mes rêves Laure est encore vivante. C'est comme si j'avais deux vies, comme le croyait souvent ma mère.




7 commentaires:

manouche a dit…

J'aimais beaucoup Omar Charif , l'acteus et l'homme séduisant aux multiples talents. J'avais été impressionnée lors d'un voyage en Égypte par le nombre d'immenses de ses portraits en bord de route...

Jackss a dit…

Bonjour Manouche,
Pour moi aussi, il a toujours été un idole intense et incomparable, un être plus grand que nature. Il avait tout pour être heureux, célèbre et idolâtré. Il fut tout ça sans jamais trouver l'amour malgré sa grande détermination. Notre destin est mystérieux. Pour la plupart des gens, c'est lui qui nous contrôle et non l'inverse. C'est en bonne partie mon cas. Pour d'autres, c'est tout le contraire. Nous n'y pouvons rien. On doit s'adapter à notre nature. Nous ne pouvons la changer.
Des psychologues croient que le bonheur, c'est une question de choix. Je crois que c'est mal connaître la nature humaine que de raisonner ainsi.

Dédé a dit…

Bon... j'ai été secrètement amoureuse d'Omar Charif mais il n'en a jamais rien su! ;-)
Comme quoi, avoir une vie trépidante, avec des l'argent, de belles maisons, de belles voitures, ne rend pas pour autant heureux. Quand on touche le vrai bonheur, on s'accomplit entièrement. Sans doute, c'est ce que tu as vécu pendant 54 ans. Et tu le vis encore, les nuits, joyeux et libéré. C'est précieux, même si ces rêves ne sont que nocturnes. Bises alpines.

Jackss a dit…

Bonjour Dédé,
C’est un grand plaisir de te revoir, pouvoir lire tes commentaires toujours aussi pertinents. Je me demande souvent si la télépathie existe. J’ai pensé à toi en écrivant mon billet. Oui, avoir eu la chance de vivre 54 ans d’amour avec Laure, ce fut un véritable cadeau du Ciel. C’est une véritable bénédiction de la revoir régulièrement dans mes rêves comme si elle ne m’avait jamais quitté pour un autre monde. La vie est remplie de petits miracles dont il faut savoir profiter.
Quand je consulte ton blogue, je suis toujours touché. J’y vois tellement d’amis qui s’y rendent régulièrement et te vouent une véritable amitié. Tu le mérites sûrement!. Bises canadiennes. 😘

Jackss a dit…

Je suis toujours fasciné par les différents visages qu’une personne peut avoir à travers les âges.

Jackss a dit…

Dédé,
C’est dommage que Omar Sharif n’ait pas su que tu étais amoureuse de lui. Ton nom serait peut-être à côté du sien dans Wikipedia et tu aurais peut-être une famille de nombreux p’tits Sharif. 😃

Grand-Langue a dit…

Le bonheur a peu à voir avec la richesse matérielle ou la reconnaissance publique. Par contre, notre attitude a tout à voir avec ce que l'on nomme « bonheur ».

Maintenant, je ne sais pas ce que signifie « réussir sa vie ». Il me semble que chacun d'entre nous aurait aimé vivre plus, vivre mieux, vivre d'autres choses, être mieux entouré, aller au bout de nos rêves, etc.

Ce que je dis n'a rien d'original mais fondamentalement, il faut apprendre à vivre avec notre « boîte à surprise » et en tirer le meilleur parti. Pour le reste, c'est hors de notre portée.