mardi 18 mars 2014

Anticosti, trésor caché


Nous pouvons avoir sous les yeux tous les jours les plus grandes merveilles du monde sans en être conscients. C'est vrai pour la vie en général. Et c'est dommage! On perd souvent trop vite cette capacité d'émerveillement dont nous avions hérité à la naissance. C'était pourtant un très beau cadeau de la vie.  La nature nous parle. Mais je suis souvent surpris de notre incapacité à comprendre son langage, à voir un peu plus loin que son nez.

Tenez, voici un exemple de rien du tout. À gauche, vous avez un aperçu d'une des fenêtres de ma demeure. Je sais, il n'y a rien d'impressionnant. D'abord la neige cache un peu la vue. On n'a aucune idée du magnifique décor qui s'offre à nous en d'autres temps. On ne peut se douter qu'il y a la mer, une marina en été, le profil de l'Ile d'Anticosti. Rien ne laisse présager le passage d'un des plus illustres découvreurs de la Nouvelle-France. Des milliers de touristes sont passés par là sans se douter de toutes les merveilles cachées et de la richesse historique derrière ce qui semble anodin.

Mais prenons un peu de recul.
Nous logeons actuellement juste à droite, face à l'Ile du Havre qui a inspiré le nom à la municipalité de Havre-Saint-Pierre. L'imposant édifice à gauche, c'est un incontournable et déjà presque un monument historique: le Portail Pélagie-Cormier. C'est en effet là que Jean Charest avait annoncé en grandes pompes son fameux projet du Plan-Nord. Il se trouve en biais face à  l'Hôpital où Laure travaille.

Portail Pélagie-Cormier, Havre-Saint-Pierre
Jusqu'en 2012, à l'entrée du Portail Pélagie-Cormier, un kiosque bien en vue, en été, faisait la promotion de l'ile d'Anticosti. Une gentille dame offrait des forfaits alléchants pour le plus grand bonheur des touristes en mal d'émotions fortes. On pouvait, par exemple, pour 499$ par personne avoir droit aux commodités suivantes: un voyage en avion aller-retour, un séjour de 3 jours et 2 nuits logés à l'Hôtel Port-Menier, comprenant des repas gastronomiques où le poisson frais et les fruits de mer étaient à l'honneur. Imaginez le bonheur, l'extase, les frissons.
Vue aérienne de Havre-Saint-Pierre et Ile du Havre, août 2010
 De nombreux cerf en liberté venaient nous accueillir et rodaient paisiblement à nos côtés. La chambre où nous habitions était très grande. Elle comprenait deux pièces meublées en partie avec des meubles récupérés du fameux Château Menier. Comme ce dernier notre hôtel a été rasée par les flammes e 2012.

Port Menier, Hôtel, 2010
 En plus, notre forfait donnait droit à plusieurs visites guidées sur l'ile.  Le kiosque était achalandé et occupait une employée à plein temps. Il doit exister de nouveaux forfaits, mais il faudra que je me renseigne.

Un si beau paradis n'a cependant jamais bénéficié de l'engouement qu'il aurait du susciter. On dirait que l'ile d'Anticosti a subi un mauvais sort depuis sa découverte. Ses nombreux trésors sont cachés et certains le seront pour toujours. C'est en même temps le sort qui fut réservé à l'un des plus illustres explorateur de la Nouvelle-France: Louis Jolliet. Il est un peu comme le symbole de tour ce qui allait se passer par la suite. 

Louis Jolliet
JOLLIET, LOUIS, explorateur, découvreur du Mississipi, cartographe, hydrographe du roi, professeur au collège des Jésuites de Québec, organiste, commerçant et seigneur, baptisé à Québec le 21 septembre 1645, fils de Jean Jollyet, charron au service de la Compagnie des Cent-Associés, et de Marie d’Abancourt, décédé en Nouvelle-France en 1700.

L’historien peut-il ne pas déplorer la mauvaise fortune qui semble s’être attachée aux papiers personnels de Louis Jolliet et aux documents le concernant ? Des accidents divers et des omissions regrettables ont ménagé comme à plaisir, dans la carrière de ce grand Canadien, des zones de silence et d’obscurite.

L'ile fut découverte au tout début de la colonie et a reçu un traitement royal. Elle fut donnée en cadeau par Louis XIV à Louis Joliet dont l'histoire est à la fois un conte de fée et une histoire à la fin plutôt triste. L'histoire de l'ile d'Anticosti est une succession de rêves et d'espoirs sans limite, de chicanes, de fourberies, de désintéressement.

Jolliet et Marquette
La présence française sur Anticosti est aussi ancienne que celle de la découverte de l'Amérique par Jacques Cartier ne 1534. Il visita l'Ile d'Anticosti la même année. Quelques années plus tard en 1560, le roi de France concéda l'Ile à Louis Jolliet en reconnaissance de toutes ses découvertes et de l'excellente contribution qu'il avait apporté à la conquête du territoire de la Nouvelle France dont il porta très loin les frontières. Sa plus grande fut la découverte du Mississipi avec le Père Marquette.

Très instruit, il jouait sur plusieurs tableaux. Il avait même étudié la musique en Europe. En plus d'être un explorateur, il continuait à enseigner chez les Jésuites entre ses voyages. Il faisait la traite des fourrures. Il rédigeait des textes de ses voyages et dessinait des cartes autant pour les routes terrestres que pour les routes maritimes. Il a ainsi accumulé un trésor inestimable qui s'est envolé en fumée. C'est dommage car ce fut le premier explorateur français né en Nouvelle-France.

Ce dernier est un personnage mythique dont la renommée internationale fut vite répandue. Mais aujourd'hui, peu de contemporains ont une idée de l'important personnage qu'il a été. 

Il a beaucoup voyagé et  il a séjournée sur la Côte-Nord à plusieurs reprises. Je peux même voir de ma fenêtre une ile où il a vécu. Permettez que je vous présente à nouveau, une photo que je vous ai montré plus haut. Vous pourrez la voir avec un oeil différent.


 Notre résidence actuelle est à droite. L'ile en face que l'on distingue parfaitement, c'est l'Ile du Havre où Louis Jolliet  a déjà séjourné. L'endroit était idéal pour y chasser les renards. La Compagnie de la Baie d'Hudson en a fait ses choux gras. À gauche de l'ile du Havre, la fine ligne à l'Horizon, c'est Anticosti. On voit l'Ile plus distinctement à marée basse.

Plusieurs iles nous séparent cependant d'Anticosti qu'on peut rejoindre en avion en moins de 15 minutes. Havre-Saint-Pierre a un aéroport à 10 minutes d'ici. L'ile du Havre fait partie d'un archipel comptant en tout environ milles iles de différentes tailles. Plusieurs sont fascinantes riches en monuments et espèces vivantes. Le Frère Marie Victorin, fondateur du Jardin Botanique de Montréal et auteur de nombreux manuels incontournables en la matière y a fait de nombreuses études et découvert de nouvelles plantes inconnues jusque là.

Iles Mingan,  riches en monolithes
 Toute l'information touristique est centralisée au Portail Pélagie-Cormier, situé au bord de la mer, face à l'Hôpital. C'est là, par exemple, que l'on fait ses réservations pour les expéditions sur les Iles Mingan.

A deux minutes de la maison, à droite, il y a la maison de la culture Roland Jomphe, un centre d'interprétation et un site historique qui était autrefois comptoir de la Compagnie de la Baie d'Hudson. C'est la plus ancienne compagnie au Canada et l'une des plus anciennes au monde encore en activité. Mais, calmons-nous. La compagnie de la Baie d'Hudson s'y est installée seulement en 1963. C'était auparavant un magasin général de la Labrador Stores, le magasin de la famille Clarke construit en 1943. C'est aujourd'hui un centre d'interprétation appartenant à la municipalité de Havre-Saint-Pierre considéré comme site historique. Regardez la beauté du ciel, d'un bleu à faire rougir celui de plusieurs régions du monde embourbées dans la pollution.


Maison de la culture Roland-Jomphe
 Vis-à-vis Port Menier, sur l'Ile d'Anticosti, il y a Mingan, municipalité autochtone à laquelle fait allusion Gilles Vigneault dans sa chanson Jack Monoloy. Jolliet y est demeuré au moins un mois et y avait laissé sa famille pendant ses expéditions.


Côte-Nord et Anticosti
Je sais, je vous raconte beaucoup de choses en même temps. Mais ce n'est qu'une entrée en matière. Je m'en voudrais de ne pas vous donner plus de détails. Mais, avant tout, je veux vous présenter le décor sous un autre angle.

Voici l'endroit où je me trouve. Je loge dans la petite maison blanche entre l'église et le Portail Pélagie-Cormier. Elle était blanche, elle est bleue. Un camion blanc se trouve devant.
Cette fois, je vous donne la perspective vue de la mer. J'avais pris cette photo en 2012 après une expédition sur les Iles Mingang. Vous voyez le Portail du côté opposé à celui que je vous avais montré.

Le portail Pélagie Cormier, Havre-Saint-Pierre, vue de la er 2012
Comme vous voyez, tout est beaux, peu importe l'angle,  pour notre plus grand bonheur.
Mais le bonheur, il ne vient pas tout seul. En 2010, je travaillais pour Statistique Canada à l'occasion du recensement. Tout près de l'endroit que vous voyez, je me suis présenté dans une très magnifique demeure, face à la mer. Et spontanément, j'ai dit au maître des lieux:

- Un vrai paradis ici. Comment peut-on faire pour ne pas être heureux?
- Un paradis? répondit-il en dissimulant mal un air qui en disait long. Si vous saviez mon cher monsieur! Il ne faut pas se fier aux apparences.  Ma vie est un enfer!

Vous comprendrez le choc que j'ai eu. Je suis resté bouche bée. La vie m'a appris qu'il ne faut pas, en effet, se fier aux apparences. Aujourd'hui encore, j'ai eu un choc semblable en prenant connaissance de l'actualité. Une belle grande fille qui avait tout ce qu'il faut pour être heureuse s'est suicidée.

La styliste américaine L'Wren Scott est morte, lundi 17 mars, à son domicile new-yorkais. La créatrice de mode âgée de 49 ans a été retrouvée pendue, à l'aide d'une écharpe, dans son appartement de Manhattan. Depuis plusieurs années, elle était la compagne de Mick Jagger.

Le chanteur des Rolling Stones, actuellement en tournée, est "complètement choqué et dévasté" a déclaré un porte-parole du groupe de rock.


Vivre dans un paradis, être entouré de trésors précieux, ce n'est pas nécessairement un gage de bonheur. Il faut d'abord être conscient de ces trésors  et savoir en profiter. On peut avoir sous les yeux tous les jours les plus grandes merveilles du monde sans en être conscients. 

Mais n'allez surtout pas croire que je suis déprimé. Au contraire! Personnellement, je file le parfait bonheur ici. Je suis tombé en amour avec la Côte-Nord et Havre-Saint-Pierre. Et c'est cet emballement que je veux partager avec vous. Je crois que le vrai bonheur, c'est avant tout une façon d'être qui se trouve en nous. Et je m'empresse d'ajouter qu'il n'y a pas de recettes miracles. Il faut être attentif, saisir les occasions et surtout protéger et mettre en valeur les beautés qui nous entourent et l'histoire qui les rendent encore plus précieuses.

Ceci étant dit, revenons en 1560... et à Louis Jolliet, ses défis et ses malheurs.

À suivre...

33 commentaires:

manouche a dit…

J'aimerais jouer "Devine qui vient diner ce soir" dans ta jolie maison blanche ! Ton récit est passionnant pour moi qui ne suis pas allée plus loin que la Gaspésie.

Zoreilles a dit…

Quel beau voyage! Tu habites au paradis, c'est bien vrai, et surtout, tu en es conscient. J'aime particulièrement ta phrase qui est une grande vérité : « Je crois que le vrai bonheur, c'est avant tout une façon d'être qui se trouve en nous. »

Ça m'a fait rêver de voir l'île d'Anticosti qui se profile à l'horizon, à gauche de l'île du Havre. J'aurais voulu être un oiseau!

Et que dire de la Maison de la culture Roland-Jomphe, j'en ai été toute émue.

Quant à Louis Jolliet, tu as suscité ma curiosité. Je me souviens avoir pris un jour un bateau à Québec qui nous faisait faire un tour sur le fleuve St-Laurent jusqu'à l'île d'Orléans. Un très beau souvenir. Ce bateau, c'était le Louis-Jolliet et pendant qu'on était dessus, on se questionnait à savoir qui il était exactement, nous étions quatre curieux et passionnés mais notre « histoire du Canada » était bien loin déjà...

Jackss a dit…

Bonjour Zoreilles,

Chaque fois que je vois la maison Jomphe, je pense à toi. Roland Jomphe, c'est un grand poète qui a laissé sa marque ici de façon remarquable. C'est lui qui a baptisé bon nombre des nombreux monolithes que l'on trouve sur les îles de l'Archipel.

Je sais qu'il est un membre de ta famille sans me souvenir du lien exact. Il faudrait que je lui réservé un billet un de ces jours.

Quand on voit sa maîtrise des mots, je crois comprendre que c'est de famille.

Jackss a dit…

Merci pour tes bons commentaires, Manouche.

Si je comprends bien, toi aussi tu maîtrises l'art des mots. J'ai cru comprendre sur ton blogue que tu t'étais livrée à une séance d'autographes. J'y retournerai bientôt lorsque j'aurai un peu plus de temps. On en manque toujours. C'est comme l'argent. Et ça rime.

Merci pour tes commentaires. Ils sont toujours appréciés. Je ne connaissais pas la Côté-Nord du tout avant de venir vivre ici en 2009. Mais je suis fasciné. Presque partout où je porte mon regard, il y a tellement de choses à raconter. Et ce qui m'impressionne, c'est de constater que ceux qui vivent ici en ignore beaucoup. C'est un peu normal. On a moins tendance à explorer notre univers. Ce qui est loin piqué davantage notre curiosité.

Jackss a dit…

Bonjour Barbe-Blanche

Tu as laissé un commentaire intéressant sur mon dernier billet. En laissant celui-ci, c'est comme si je t'avais fermé la ligne par mégarde.

Je m'incline en guise d'excuse et m'empresse de déposer ton commentaire ici:

Vois tu Jackss, il y aurait certaines modifications à apporté aux infrastructures portuaires, afin qu'elles puissent accueillir un traversier transportant passagers et voitures.
Ce projet datant d'une vingtaine d'année revient faire son tour, surtout, entre la Gaspésie et Anticosti pour le bon plaisir des pétrolières, pour leur facilité le transport des équipements.
J'ai lu cette nouvelle, sur un article du journal local , le Pharillon, article que j'ai chercher, avant de pondre ce commentaire ci, mais je ne le trouve plus.
Aurais je rêvé tout éveiller?
Surement pas.
Je continu mes recherches, et dès que je trouve, je viens t'en faire part.

Jackss a dit…

Barbe-blanche

En voulant trouver ce lien auquel tu faisai allusion j'ai suivi celui-ci sur l'accès à l'île. Ça va peut-être m'être utile pour y retourner. C'est tout près.

http://www.ile-anticosti.com/index.php?p=page&id=69&lang=fr

Barbe blanche a dit…

Merci Jackss, j'ai placé ce lien dans mes favoris, on ne sais jamais, il peut servir.

Pour ce qui est le lien entre Anticosti et la Gaspésie, j'ai lu un passage, dans les intentions du député sortant, G.Lelièvre, qui en parle, mais, ce sont des intentions de politicien, alors...

Barbe blanche a dit…

Voici le lien de la promesse du politicien.
http://virtuel.lepharillon.canoe.ca/doc/hebdo_le-pharillon/20140319_pha_opt/2014031401/?referrer=http%3A//www.hebdosregionaux.ca/gaspesie/e-edition#4

Jackss a dit…

Merci Barbe-blanche

Je retiens ton lien prêt à cliquer:

Lien maritime Anticosti - Gaspé

Il faut savoir que le lien Côté-Nord - Anticosti existe déjà via le Bateau-cargo Bella Desgagnés.

Zoreilles a dit…

Intéressant à savoir que la Gaspésie et Anticosti pourraient être reliés, que cette idée est dans l'air du temps depuis 20 ans... Si c'est payant pour quelqu'un, ça va se faire, alors, comme Barbe blanche, je me garde une petite réserve...


Merci vous deux pour le lien cliquable.

Zoreilles a dit…

« Anticosti, trésor caché », ton titre est tellement bien choisi... Je viens de cliquer sur le lien que tu nous donnes et je trouve ce site absolument fascinant, particulièrement sous l'onglet « Vie socio-économique ». Regarde ce que j'y ai trouvé à la section « Éducation » :

*****

L’éducation :


Le village de Port-Menier dispose d’une école affiliée à la Commission scolaire du Littoral, offrant l’éducation préscolaire, primaire et les secondaires I et II. Dès le secondaire III, les jeunes étudiants doivent quitter le domicile familial pour fréquenter les polyvalentes du continent.

*****

Imagine si tu es un ado en secondaire II... Tu sais que l'an prochain, pour faire ton secondaire III, tu dois quitter ta famille, tes amis, ton village et t'exiler sur le continent. Ces jeunes-là doivent être bien intéressants à jaser!

Ça me fait penser au phénomène qui se produit à l'Île d'Entrée aux Îles de la Madeleine. Leur île est isolée un peu des autres. Ils sont anglophones. Pour poursuivre leurs études dans leur langue, ils doivent se rendre en Nouvelle-Écosse... à 13 ans! Sinon, la plupart vont à l'école en français à la Polyvalente des Îles de la Madeleine, ce qui leur est très difficile. À l'été 2012, la petite école primaire de l'Île d'Entrée ne comptait plus que 4 élèves inscrits pour le mois de septembre suivant...

Moi, si j'étais journaliste ou reporter, je ferais un reportage là-dessus, c'est trop fascinant!

Jackss a dit…

Zoreilles,

On voit que tes sentiments maternels sont en éveils. Tu as de bonnes antennes. Même ici, à Havre-Saint-Pierre, quand vient le temps pour les enfants de poursuivre leurs études à Sept-îles ou ailleurs, c'est un drame familial chaque fois. Les parents savent qu'ils viennent de perdre leurs enfants.

Les liens sont tissés serrés au plan familial et social. Le milieu est isolé. J'ai vu ma nouvelle coiffeuse cette semaine. Elle est encore jeune et vient tout juste de revenir de ses études. L'attachement que j'ai pour la règion lui fait plaisir et la surprend. Elle m'avoue que lorsqu'elle a quitté pour les études, à l'âge de 17 ans, elle pensait que c'était pour de bon. C'est ce qui se produit normalement.

Il faut réalisé que la faible population est un handicap. Les gens ont souvent des emplois bien rémunérés, ce qui constitue un problèmes dans bien des cas. Où il y a de l'argent, il y a souvent des profiteurs. Mais, personnellement je n'ai jamais eu connaissance de quoi que ce soit de répréhensible. J'ai été quelques fois à la messe et je dois reconnaître que ce n'est pas là que l'on rencontre les jeunes.

Zoreilles a dit…

La même problématique se vit à Havre-Saint-Pierre? Au fond, quand on y pense, ce n'est pas étonnant. Ils sont presque des insulaires étant donné les distances qui les séparent des plus grands centres, où il y a des cégeps et des universités. Par contre, dans ces milieux isolés, les liens sont toujours tissés serré au plan familial et social. Il me semble que ça me suffirait!

D'un autre côté, qui peut à Havre-Saint-Pierre, à l'Île d'Anticosti, aux Îles de la Madeleine, etc., revenir travailler chez lui ou chez elle dans son domaine, après avoir fait des études spécialisées? Te souviens-tu de Nanou, la jeune fille de Senneterre, qui était animatrice d'un forum de la Place Publique, elle était descendue avec moi lors du grand rassemblement qu'on avait eu dans les Laurentides? Elle voulait devenir urgentologue et revenir travailler dans sa région, l'Abitibi? Je la trouvais courageuse et visionnaire mais je ne l'ai jamais revue, ni ici ni ailleurs.

En Abitibi-Témiscamingue, nous connaissions beaucoup ces problèmes d'exil pour les études dans le passé mais heureusement la nouvelle génération, celle de nos enfants, reviennent de plus en plus pour vivre ici et travailler dans leur domaine, quitte à se partir des entreprises. L'avènement du web aide beaucoup à éliminer la contrainte de la distance.

Mais n'empêche que de partir de chez tes parents au début du secondaire III pour ne peut-être jamais y revenir, ça doit être un déchirement, pour les jeunes comme pour leurs parents.

Au fait, tandis que j'y pense, mon lien de parenté avec Roland Jomphe, c'est qu'il était le cousin de ma mère, mais bien plus encore un ami de mes deux parents qui sont allés le voir à Havre-Saint-Pierre à un moment donné. Ma mère m'en parlait encore dernièrement, ils avaient en commun l'amour des Îles de la Madeleine, leur pays d'origine, le même accent chantant fait de termes marins et de vieux français, la même vision d'un paquet de choses et une passion nourrie pour leur terre d'accueil, que ce soit la Côte-Nord ou l'Abitibi.

Moi, je suis émue chaque fois que je relis des passages de son livre : « De l'eau salée dans les veines ». Il était le frère de mon arrière grand-mère, Luce Jomphe, dont je t'ai déjà parlée... Celle qui est décédée à l'âge de 103 ans... avec tout son génie!

Jackss a dit…

C'est captivant tout ce que tu racontes, Zoreilles!

Il me semble que je t'écouterais pendant des heures. Plus je t'écouterais, plus j'ai le goût de consacrer au moins un billet à Roland Jomphe. Je me reconnais tellement dans ce que tu racontes, l'attachement profond des gens d'ici aux Îles de la Madeleine et l'Acadie.

Laure me disait encore hier: je veux absolument que nous allions aux Îles de la Madeleine cet été. Je lui en ai fait la promesse solennelle et je me suis empressé de mettre ma caméra sur la charge. De beaux billets en perspective.

Si je me souviens de Nanou? Et comment donc! J'ai su tout de suite de qui tu parlais aussitôt que tu as prononcé son nom d'artiste. Je me souviens de notre escale au restaurant. C'était charmant. Il y a des gens qui éveillent plus de nostalgie que d'autres. Nanou en fait partie.

Il y a aussi ces beaux hasards qui font qu'il y a des gens que l'on croise souvent dans des contextes et des lieux différents à plusieurs périodes différentes notre vie. Tu en fais partie. Pourtant, il y a des milliers de kilomètres entre nos univers qui ont beaucoup en commun.

J'ai préparé une nouvelle recette de sauce à spagetti pour déguster avec Laure avant le débat télévisé. Toi et Crocodile, vous êtes invités à l'heure que vous voulez.

Jackss a dit…

Jacqueline,

J'oubliais: toi aussi tu es invitée! Je me suis inspiré de la recette de ma mère. Elle est écrite à la main dans un petit carnet que j'ai récupéré. C'est bien réel...

Zoreilles a dit…

Quelle charmante invitation tu nous as faite, j'aurais aimé goûter à la sauce à spag de ta Maman mais hier au souper, j'avais autour de ma table moi-même des invités, ma petite famille, et tu le croiras pas, mais... on a parlé de politique!

Comme ils sont partis peu avant 20 heures pour aller coucher la petite, ils nous ont beaucoup manqués pendant le débat des chefs télévisé...

Avez-vous choisi vos dates pour votre séjour aux Îles? Et votre moyen de transport? Une fois cela fait, j'aurai beaucoup de suggestions pour vous deux!

Mon frère et sa petite famille y séjourneront une semaine à compter du 17 août. Ils partent de Lévis, ils font le voyage en auto jusqu'à Souris, d'où ils prennent le traversier. Quant à moi, avec ma petite famille aussi, on se l'est promis pour l'été 2015. Ma petite-fille Félixe et moi, on veut visiter tous les phares et se faire poser à côté de chacun d'eux!!! Et puis, on grimpera ensemble la Big Hill à l'Île d'Entrée, on ira se recueillir sur la tombe du cheval Farmer (une très belle histoire vraie) on mangera des Banax, on ira sur les quais quand les pêcheurs arrivent, on ira au Musée de la mer, on grimpera la butte à Mounette à Havre-aux-Maisons comme mon père le faisait quand il était petit, on marchera la Dune-du-Sud, on ira se cacher dans les grottes, etc.

Ah les Îles... Je comprends que Laure y tienne autant!

Lise, lectrice sans blogue a dit…

Jacks,

j'ai lu avec beaucoup d'intérêt tes billets à propos de cette belle grande île Anticosti. Un paradis voué à disparaître; le pétrole et l'argent importent bien plus que la nature, l'environnement et bien sûr la faune, ce qui en tant qu'amoureuse des animaux me désole au superlatif.

J'ai lu aussi les commentaires, et ceux de Zoreilles à propos des étudiants qui doivent quitter leur région natale afin d'étudier ailleurs; un déchirement, en plus d'être éloignés de leur famille, de leurs amis et de leur environnement si réconfortant.

Montréal, le "nombril" de la province, en état de délabrement avancé (ponts, acqueducs, routes, bâtiments qui croulent, etc...)oblige bien des jeunes gens à s'exiler dans ses tristes sentiers afin de poursuivre des études universitaires. Bien sûr il y a des universités dans d'autres villes, et les étudiants chanceux (si j'ose dire) n'auront pas à mettre les pieds dans la métropole à bout de souffle...

Et Jacks, la conversation amicale entre Zoreilles et toi est un grand petit bonheur de ma journée, sincèrement!

:)

Zoreilles a dit…

Coucou Lise! ;o)

Dans ce que tu dis et ce que je crois, on comprend toute l'importance du rôle des institutions d'enseignement, cégeps et universités dans une région.

Qu'on pense à l'UQAR (Rimouski), l'UQTR (Trois-Rivières), l'UQAT (Abitibi-Témiscamingue), ou n'importe quelle autre université bien implantée sur son territoire et dans son milieu, ces institutions d'enseignement et de recherche participent au développement d'une région de plusieurs façons. Elles forment sur place des gens qui redonneront de leur temps, de leurs connaissances et de leur expertise à la communauté.

Quand des grands sages disent que l'autonomie passe par l'éducation, c'est à plusieurs niveaux que ça se passe!

Jackss a dit…

Lise,

Ton commentaire m'a également apporté ce genre de petit bonheur qui agrémente une journée. On le sent tellement bien senti vrai, riche en nobles préoccupations.

Tes préoccupations pour la nature et les animaux me touchent. Nous en avons besoin plus que jamais car les menaces me semblent encore plus sérieuses. Il y a les baleines, par exemple, dont on ne parle pas beaucoup. Les vibrations de toutes sortes enregistrées dans la mer à cause de l'exploration pétroliéres, ces vibrations, dis-je, désorientent les baleines et les font s'échouer sur les berges. Ce sont des scientifiques qui l'affirment. J'avais déjà laissé un billet à ce sujet en mai 2010 intitulé : Anticosti : Place au pétrole .

Les baleines et les rorquals seraient particulièrement menacées près d'Anntiscosti, la Gaspésie ou les Îles de la Madeleine. Ce billet, écrit avant même que je visite Anticosti, à été le plus lu certains jours de la semaine dernière. Les moteurs de recherches sont efficaces et témoignent de l'intérêt de nos concitoyens. Il y a au moins ça de rassurant. Merci de m'avoir fait part de ta préoccupation.

Celle pour les enfants qui partent à jamais de leur région à également de quoi é mouvoir. On devrait faire plus pour changer cette tendance. On en parle beaucoup... en période électorale.

Jackss a dit…

Zoreilles,

Merci pour ton offre concernant de bonnes suggestions pour lis Iles de la Madeleine. Ce sera certainement bien utile et fort apprécié. Nos dates ne pas encore choisies. Il nous reste à les ajuster avec certaines autres réalités dont les vacances de nos enfants.

Nous ne les voyons plus beaucoup. Nous connaissons le phénomène inverse de celui que nous évoquons: originaire de grands centres, nous nous sommes éloignés des enfants pour aller vivre en régions éloignées. Je sais que tu vas me dire que ce sont les grands centres qui sont éloignés et pas nous... :-)

Nanou La Terre a dit…

Et nous revoilà replongé dans tes beaux récits où l'on sent toujours cet amour que tu as pour ton coin de terre.
Je sais que tu savais que je demeurais sur la rue Louis-Jolliet et que j'ai eu la chance de faire partie de l'école de d'éveil avec comme enseignante Marcelle Gauvreau tendre amie du frere Marie Victorin mais j'aime bien me rappeler de ces hasards comme tu le dis ... Ce qui est merveilleux avec le bonheur c'est qu'on le retrouve à l'intérieur de soi À force de demeurer attentif aux petits bonheurs qui se trouvent simplement à côté de soi xxx
Bonne semaine Jackss

Jackss a dit…

Nanou,

Deux mots: ravissement, émerveillement. Voilà ce que j'ai ressenti en te lisant. J'ai été ravi de te voir apparaître sur mon blogue et j'ai été émerveillé de voir toutes ces coïncidences.

Cette toute petite phrase sur le bonheur qui fait écho à celle de mon billet, elle te représente tellement. Et je sais que pour toi, ce ne sont pas que des mots. Tu es ainsi, douée d'une manière d'être enviable.

Pour le Frère Marie-Victorin, je me souvenais du lien avec toi, mais pour Louis Hébert, là, j'en avais perdu le souvenir.

Oui les hasards et les coïcidences me fascinent. Je ne peux m'avancer sur eux, mais je suis émerveillé par le fait qu'on dirait qu'ils se produisent souvent sur les mêmes personnes, dans des lieux, des moments et des contextes tellement différents.

Nanou La Terre a dit…

Jackss, tu veux dire Louis Jolliet plutôt que Louis Hébert? Hahah xxx

Nanou La Terre a dit…

Non, pas que des mots... xxx

Jackss a dit…

Nanou,

Zut! J'ai dû lancer mon message vite. Laure étais un peu en retard pour son retour au travail. J'avais la tête un peu ailleurs et en cliquant pour lancer mon message, j'espérais qu'il ne contienne pas de coquilles. J'aurais dû me fier davantage à mon intuition qui m'appelais à la prudence.

Dédé a dit…

Une leçon de vie, de géographie et d'histoire. C'est un bonheur que de venir ici. Moi qui vis dans un tout petit pays, j'ai l'impression, en te lisant, de découvrir les grands espaces. On sent que tu aimes cette terre et que tu souhaites la protéger tout en faisant découvrir ses trésors cachés. Homme heureux es-tu! tu as raison de dire que le bonheur est au fond de nous. Je me rappelle d'un reportage en Inde. J'y voyais des enfants qui cherchaient de la nourriture dans des décharges. En revenant à la maison, leurs famille accueillaient les journalistes les bras ouverts et un grand sourire sur les lèvres alors qu'elles vivaient dans le dénuement le plus total. Une véritable leçon de vie. On n'est jamais assez sensible à ce qui nous entoure, malheureusement. Ce n'est que lorsqu'on en est dépouillé qu'on se rend compte de notre chance passée.

Jackss a dit…

Dédé,

Pour les grands espaces, tu as raison. C'est souvent ce qui étonne le plus ceux qui traversent l'océan pour venir ici. Je suis très attaché à la Côté-Nord, la région que nous habitons présentement. L'endroit est fascinant, à 1200 km de l'endroit où se trouve ma maison. Elle se trouve pourtant dans une région qui a beaucoup d'attraits.

Ce qui est le plus étonnant, c'est que la Côté-Nord soit si vaste, si riche en ressources et si peu peuplée. Le manque de monde, de main d'eau ré spécialisée, c'est son plus grand problème. Et dire que ce problème serait la solution miracle de tant de monde ailleurs. Nous avons une belle nature sauvages, de bons emplois bien rémunérés. Il y a des phénomènes difficiles à comprendre, des règles difficiles à suivre.

Il y a l'autre côté de la médaille dont j'aimerais parler, mais Laure me dit que le repas est prêt.

canneberge14 a dit…

Bonjour Jackss!

Les trois billets sur l'Ile d'Anticosti sont riches en informations, en intuitions et en émotions. J'ai beaucoup aimé. Encore une fois, un feelgood reportage bien étoffé. D'autant plus que l'Ile d'Anticosti est une prochaine destination de voyage pour moi. J'espère que tu continueras à nous toucher avec tes billets forts pertinents malgré tout ce qu'on ressent ces derniers jours...

Bonne journée!

Jackss a dit…

Bonjour Canneberge ,

Tu m'as presque réveillé. C'est à la fois une blague et une façon de parler. J'ai un peu délaissé mon blogue ces derniers temps. Mais il y a encore beaucoup à dire, en particulier sur Anticosti. C'est dommage qu'on en parle si peu.

Quand on en parle, c'est rarement pour les aspects les plus intéressants. Et pourtant, le sujet est d'une richesse peu commune. Ses richesses et son histoire sont passionnantes.

Ton commentaire m'a réjoui. C'est ce qu'il me fallait pour trouver l'intérêt à continuer. Il y aura donc bientôt une suite. Je me trouve privilégié d'avoir la chance de vivre ici. Pour moi, c'est comme le paradis. Mais, ma vraie résidence se trouve en Estrie, à 13h de route d'ici, 26h aller-retour.

Zoreilles a dit…

Je passais simplement te dire bonjour et vous souhaiter, à toi et à Laure, de Joyeuses Pâques!

Jackss a dit…

Joyeuses Pâques Zoreilles!

C'est gentil de penser à nous offrir tes souhaits. Je suis heureux, mais par surpris. Je crois que je ne pense jamais autant à toi que lorsque je cesse d'écrire.

Je suis très peu présent sur les blogues ces jours-ci. Je manque de temps et dans ces occasions-là, je me dis toujours: Zoreilles doit se demander ce qui m'arrive J'ai hâte de trouver un peu de temps. Ça viendra.

Le billet JoyeusesPâques que j'avais laissé en 2012 sur Robert Powell, l'interprète de la série Jésus de Nazareh a connu un regain de popularité cette semaine. Il a été visité 150 fois.

Je suis toujours impressionné par l'audience que nous permettent les réseaux sociaux. Des textes sont souvent revisités plusieurs années après avoir été écrits. C'est fascinant de voir à quel point les barrières du temps et de l'espaces peuvent être surmontées.

Jackss a dit…

Il me reste à surmonter la barrière du français. Mon correcteur automatique se permet même d'ajouter des fautes sur des textes qui n'en contenaient pas.

Zoreilles a dit…

J'ai pouffé de rire quand t'as dit :

« Zoreilles doit se demander ce qui m'arrive »

Tu me dis pas que mon fantôme hanter tes silences??? T'es toujours aussi impayable!

Moi qui n'ai jamais voulu consulter les statistiques, tu me fais regretter mon choix, il y a si peu d'activités sur mon blogue (ma seule référence sont les commentaires) et sur ceux que je fréquente fidèlement que je me dis tout le temps que cette époque achève, qu'elle est même déjà révolue sauf pour deux ou trois irréductibles!

Que tes silences soient habités par d'autres que mes fantômes, prends ton temps, je serai toujours là pour venir jeter un œil et voir si ta petite lumière est toujours allumée!

Je pensais à toi cette semaine quand j'ai entendu à la radio une chanson du dernier album de Gilles Vigneault. Je ne pourrais pas te répéter le titre mais ça parle beaucoup de l'environnement et particulièrement de la Côte-Nord, tu vas l'aimer. En tout cas, moi j'ai savouré chacun des mots de cette chanson tellement d'actualité.