mardi 17 décembre 2013

Il y a toujours une dernière fois


Lac Mégantic, 6 juillet 2013
Il n'y a jamais de première fois sans dernière fois.
Le problème, c'est qu'on ne sait pas toujours d'avance que c'est la dernière fois.

Aujourd'hui, 19 décembre 2013: dernier jour de travail de Laure au soutien psycho-social de Lac-Mégantic, suite à l'accident ferroviaire qui a littéralement fait exploser tout le centre ville. Le train est revenu sur les lieux pour la première fois hier.Lac-Mégantic accueille avec des sentiments partagés le retour du train



Joseph Arthur, dans le temps d'une paix, disait souvent: On ne sait jamais les choses d'avance, on le sait toujours juste après.

Il y a eu des premières fois ...
  • Première journée d'école:
  • Première communion:
    Je l'ai fait tout seul, incognito. Le jour où elle devait avoir lieu officiellement, j'avais été surpris par ma mère à boire de l'eau. Holala! À l'époque, il fallait ne pas avoir pris de solide ni de liquide depuis minuit, la veille, pour avoir droit à la communion.
  • Première action d'éclat:
    En 1950, j'avais mis le feu derrière le bloc appartement où nous habitions à Granby.
  • Première confession: (1950)
    J'avais ainsi confessé mes fautes: " Mon Père, je m'accuse d'avoir volé une allumette".
    Je n'avais pas donné de détails. C'est le seul péché que j'ai avoué.  Le curé a dû sourire.
  • tante Jacqueline
  • Première hospitalisation:J'avais 5 ou 6 ans. Je devais être opéré pour les amygdales. L'infirmière en pédiatrie m'avait demandé pourquoi j'étais hospitalisé. Je lui avais répondu que je devais être opéré pour les garde-malades (au lieu de amygdales). J'ai toujours aimé les garde-malades. Dommage qu'elles ne portent plus le charmant costume qui ajoutait à leurs charmes.
  • Premier amour:La première fille qui a fait battre mon cœur ne l'a jamais su. Chez les religieuses en 4è année, il y avait deux places par banc. Pour des raisons mathématiques, j'étais le seul à occuper le même banc qu'une personne du sexe opposé.
  • Première peine d'amour:J'ai pensé mourir de peines et de chagrins.
  • Premier mariage:Ce fut le premier et le dernier. Laure et moi, nous sommes toujours ensembles depuis presque le premier jour où nous nous sommes rencontrés. L'un de nous deux a un bien beau caractère! :-)
  • Premier jour d'université: Que de belles émotions! Mais je vous épargne des détails. 
  • Premier emploi:
    Ce fut un emploi temporaire qu'on m'avait offert. Sans le savoir, mon dernier jour d'université se trouvait derrière moi puisque j'ai fait carrière dans la Fonction Publique du Québec. J'ai été choyé. À l'époque on pouvait gravir les échelons très vite et bénéficier de belles opportunités.
  • Première auto: (1966)
    C'était une auto usagée. Elle a fini sa vie tristement après nous avoir donné bien des émotions.
    Vauhal Viva

    Une roue arrière, côté conducteur, m'avait dépassé sur l'autoroute des Laurentides alors que j'avais plusieurs passagers. J'avais des Aspirin dans ma boîte à gants. Ils en ont tous réclamé une.
    La batterie était à plat le jour de notre mariage, Laure et moi. Nous avions dû l'abandonner aux États-Unis, en plein voyage de noces. Nous étions revenus sans elle. J'ai pu la  puisqu'aucune pièece n'était disponible aux États-Unis pour ce drôle de modèle. Nous l'avons récupérée environ un mois après mon retour au pays.
    La dernière fois que je l'ai conduit, je ne savais pas que c'était la dernière. J'étais allé reconduire des compagnes de travail chez elles. J'ai été embouti par un camion de livraison qui a réduit en ferrailles ma Vauxhal Viva. 
  • Première visite sur un autre continent: (1973)
    Premier voyage en France. Lorsque j'ai touché terre, j'étais aussi ému et dépaysé que si je m'étais retrouvé sur la planète mars. Et j'y étais pour un an, suite à l'acceptation de ma candidature pour un stage d'études.
Il y a eu des dernières fois:

La dernière fois que j'ai vu mon père, j'étais sûr de le revoir la semaine suivante. Je lui en avais fait la promesse solennelle. Pour être plus précis, je l'avais revu après l'avoir quitté le sachant atteint d'un cancer incurable. Je l'avais revu parce que, une fois parti, je m'étais rendu compte que j'avais oublié mon porte-monnaie.

Lorsqu'il est venu m'ouvrir la porte, je lui ai dit:  Je t'avais promis de revenir bientôt, eh bien me voilà! Il avait ri de bon cœur en ajoutant:  Pour être de parole, mon fils, on peut dire que tu l'es et pas juste à peu près. Mon père à été hospitalisé le même soir, sans que je le sache. Et je ne l'ai jamais revu vivant. Mais on aurait dit qu'il nous a fait signe pour nous dire qu'il était rendu ailleurs. Arrivé chez ma mère, sa bible était ouverte dans la salle à dîner à la page du texte de l'Évangile qui avait été lu aux funérailles. Ma mère n'était pas présente. Le seul autre membre de la famille présent au funérailles avec moi avait noté le même événement mystérieux avec stupéfaction.

La sagesse voudrait que l'on fasse tout comme si c'était la dernière fois. Mais d 'une certaine manière, c'est une chance qu'on ne sache pas toujours d'avance ce qui nous attend ou ce qu'on vie pour la dernière fois. Heureusement, la vie ne nous réserve pas seulement des mauvaises surprises.

Hôpital Havre-Saint-Pierre
Il y a un an, Laure et moi, quittions définitivement Havre-Saint-Pierre après y avoir passé cinq belles années. Avant de partir, je suis allé contempler la mer, à quelques pas de notre demeure.

Mais voilà. Tout a changé: Laure vient d'accepter un autre contrat pour un an et ce, presque un an jour pour jour depuis notre départ et 6 ans, jour pour jour, depuis que nous y sommes arrivés la première fois.

D'autres premières et d'autres dernières fois viendront:

Il y en aura encore beaucoup, mais on ne sait jamais d'avance. On sait juste après. Les seules vraies réalités dont nous pouvons être entièrement sûrs, ce sont nos souvenirs. Et notre plus beau défis, c'est de mettre la table pour en préparer les plus beaux, laissant le moins de place possible aux regrets.

Qui peut dire où vont les fleurs
Du temps qui passe
Qui peut dire où sont les fleurs
Du temps passé
Quand va la saison jolie
Les jeunes filles les ont cueillies
Qu'en saurons-nous un jour ?
Quand saurons-nous ? Un jour?

Pour chaque première fois, il y a une dernière fois...

17 commentaires:

temps a dit…

Bonjour,
le début n'en est jamais un, la fin n'est qu'une illusion.
Il n'y a que des changements d'états et parfois une prise de conscience de ces changement d'état.
Triste, triste, rit et parfois chante à la fois.
Cordialement

manouche a dit…

Première et dernière fois que j'adopte un chiot non dressé. :))

Zoreilles a dit…

C'est émouvant de lire certains constats que tu fais des premières et dernières fois. On apprend ainsi à mieux te connaître, ça dit beaucoup, je trouve.

Émouvant aussi de penser que vous retournez à Havre-Saint-Pierre pour une autre année. Partez-vous après les Fêtes? Pourrez-vous retrouver votre demeure si près de la mer ou bien s'il vous faut tout recommencer à neuf la recherche de logement et votre installation?

Ah si on savait d'avance ce qui nous attend au tournant... Je comprends difficilement ceux qui consultent des diseuses de bonne aventure en tout genre, moi je veux tellement pas savoir...

Et la dernière fois quand je sais que c'est la dernière fois, par exemple le décès imminent d'un proche (séparation douloureuse), le dernier jour d'université (que de séparations avec des gens qu'on apprécie) les fins de contrat pré-déterminées (que j'ai vécues si souvent) et bien d'autres, ça, j'ai tellement de misère.

Réjean Mélançon a dit…

D'accord avec toi, «Temps», quand tu dis :

«Le début n'en est jamais un, la fin n'est qu'une illusion. Il n'y a que des changements d'états et parfois une prise de conscience de ces changement d'état.»

On pourrait dire aussi, que toutes les choses et tous les événements que l'on vit, sans aucune exception, se vivent pour la dernière fois.

En effet, ce que l'on dit, revivre, n'est jamais «exactement» pareil à la fois d'avant. Et qui plus est, on peut le comprendre davantage, l'apprécier davantage, ou à l'opposé, y trouver moins de plaisir, voir même, pas du tout.

Tout est et sera toujours relatif au contexte du moment. Tout ce que l'on vit à chaque instant, sera toujours du nouveau. Ou pour dire les choses autrement, nous avançons perpétuellement vers l'inconnu et c'est ce qui fait la beauté de la VIE.

Jackss a dit…

Manouche,

J'ai adoré ton commentaire si savoureux. Je souhaitais en recevoir de ce genre. Parler de premières et dernières fois, c'est ouvrir une bien grande porte aux multiples résonances.

Moi aussi j'ai eu des chiots non dressés. Horreur!
J'ai eu aussi un chien non dressable acheté au SPCA.

Jackss a dit…

Zoreilles,

Si, je comprends bien, tu préfères les imprévus. Je te comprends, je les adore. Mais j'avoue que parfois, j'en prendrais un peu moins. Comme tu l'a peut-être remarqué, ce que je raconte est congruent avec le thème du hasard que j'ai développé sur mon blogue.

Nous partons pour Havre-Saint-Pierre la première semaine de janvier. Un logement nous a été réservé juste à côté de l'hôpital. La maison que nous avons déjà occupée pourrait être disponible si nous le souhaitons.

Jackss a dit…

Temps,

Si je ne me trompe pas, c'était la première fois que tu laisses un commentaire sur mon blogue. Espérons que ça ne sera pas la dernière fois.

D'une certaine façon, tu as probablement raison. Le temps peut être vu comme une illusion. Mais jusqu'à quel point? Comme dit la chanson: le saurons-nous un jour?

Jackss a dit…

Réjean,

Ta profondeur d'esprit me fascine toujours. Tu as le don d'ouvrir des horizons. Souvent, j'ai une surprise à la première lecture. Je lis une seconde fois pour mieux saisir.

J'aime bien la dimension que tu apportes à la continuité du temps. J'ai failli terminer mon billet avec une photo de mes enfants tout jeunes. Je voulais le faire pour mettre en relief cette réalité dont tu parles.

Ces enfants sont maintenant tellement différents. Je regardais la photo en me disant: C'est tout une époque! Ono se peut s'empêcher de porter un regard comme si c'était un autre univers.

Dédé a dit…

Boire de l'eau le jour de sa première communion! Et bien bravo!
:-)) Cela m'a fait sourire. Je me rappelle aussi de cette règle quand j'étais petite et que nous devions nous rendre à la messe. Il ne fallait pas manger ni boire mais une heure avant. Les temps avaient changé depuis ta première communion. :-)

Il est bien ce billet, un brin nostalgique mais comme le dit zoreilles, il nous permet d'en connaître un peu plus sur toi.
Je repense parfois à certains événements graves que j'ai vécus. Je crois que je suis satisfaite de ne pas avoir su, le matin du jour où ils se sont produits, ce qui m'attendraient au cours de la journée. Cela m'aurait fait trop peur.

Je te souhaite de belles fêtes, et puis amuse-toi bien dans toute cette belle neige. Je t'embrasse

Dédé a dit…

arf, j'ai encore fé des fotes.

Jackss a dit…

Dédé,

Ça me rassure quand je vois des fautes commises par d'autres, surtout si leur culture vous épate. Le clavier ne permet pas les mêmes réflexes. Et ces fautes bien innocentes ne nous empêche pas d'aller communier. Pas nécessaire non plus de les avouer en confession.

Le premier péché que j'ai déclaré en confession, c'est d'avoir volé une allumette. Les circonstances étaient particulière et il m'avait fallu toute une mise en scène pour arriver à mes fins.

J'avais d'abord demander une allumette à ma mère pour mettre le feu. Elle avait refusé avec autorité en me disant que c'était très dangereux et qu'il ne fallait jamais faire ça. Ma mère avait de la suite dans les idées. Il fallait monter sur une chaise pour avoir accès aux allumettes. Comme nous étions 6 enfants, y arriver sans se faire voir demandait de la sratégie.

J'ai proposer à mes frères et sœurs de jouer à la cachette. Ils sont tous cachés, je suis monté sur une chaise, j'ai pris une allumette, je suis redescendu et j'ai dit: je ne joue plus. Je me souviens encore de leur déception et leur incompréhension. Ils m'ont dit que je n'étais pas drôle. Mais ça ne me faisais rien puisque j'avais tout ce qu'il me fallais pour réaliser mon rêve: mettre le feu.

Je te souhaite un beau temps des Fétes Dédé avec en prime un bon repas à la chandelle.

Jackss a dit…

Dédé,

Je viens de me relire. C'est fou combien de fautes j'ai pu commettre en si peu de lignes.

Barbe blanche a dit…

À te lire, me vient à l'esprit, la première fois où je suis allé à la messe pour la dernière fois, j'étais jeunot, et j'avais surprise, barbe au menton.
Le curé n'aimant pas un paroissien,
critiquait le barbu qu'il était, et cela me choquais, j'ai alors dis à la mère chez nous qui était à mes côtés,je sort sur le champ.
Comme elle me demandat de n'en rien faire, je lui ai annoncé que c'était la dernière fois que je venais à la messe, moi qui un certain temps, y allait deux fois par dimanche, en plus de celles sur semaine.
Je fût des années sans y retourner, jusqu'à celle de mon mariage.
Le deuxième fois que je suis allé à la messe pour la dernière fois,
c'est moi, qui faisais les lectures en avant.
Le célébrant faisait un sermon qui me faisait dresser les cheveux sur la tête, et je les portais assez long, vueilliez me croire,J'ai même faili me lever pour lui demander de cesser de prendre les fidèles pour des imbéciles et de leur parler comme on parle à du monde.
Cette fois fut presque la bonne, bien oui, il m'arrive d'assister parfois, à des funérailles, et rarement à des mariages.
Mais, la assister à la messe régulièrement, c'est fini.
Deux dernières fois, je crois que c'est assez.
Je garde en mémoire, ma première journée de travail au collège, mais, encore plus le bonheur que fut ma dernière, une vraie libération.

Jackss a dit…

Barbe-Blance,

Tes histoires sont bien amusantes et surtout rèvélatrices de ton authencité. Si je comprends bien, tu te coupes la barbe seulement quand tu vas à la messe. :-)

Je me reconnais beaucoup dans tes réactions. Je faisais la même chose lorsque j'étais étudiant. J'allais souvent à la messe avec ma mère. Si je n'aimais pas ce que j'entendais, je sortais. Je sortais souvent, à vrai dire pour les mêmes raisons que toi. C'est ainsi que j'ai eu la chance de rencontrer Jean-Pierre Masson qui jouait le rôle de Séraphin dans Les Belles histoires des pays d'en haut à la télé de Radio-Canada. Il était seul sur le perron de l'église d'où je venais de sortir.

J'aime ta réaction. Je crois qu'elle est la plus saine. C'est la façon la plus saine de s'affirmer. Ce sont sûrement les mêmes qualités qui ont fait de toi un bob leader syndical.

Zoreilles a dit…

Cher ami,

Je ne sais même pas si tu as de l'électricité en ce moment avec les intempéries qui frappent votre secteur mais au cas où tu passerais par ici, je tenais à te souhaiter ainsi qu'à Laure un Noël rempli d'amour, de chaleur humaine et d'espérance.

Bisous sur vos joues xx xx

Jackss a dit…

Joyeuse Fêtes Zoreilles,

C'est gentil d'avoir pensé à nous offrir tes vœux. Il y a des moments dans la vie où on a l'occasion de reconnaître ses vrais amis :-)

Nous avons eu toute une tempête de verglas. Je n'avais vu ça. Nous avons perdu le téléphone, mais pas l'électricité. Il y avait tellement de glace sur l'auto que je n'arrivais pas à ouvrir les portes. Mais le pire est passé, les enfants ont pu se rendre. Nous avons fêté Noël le 23 décembre. Jean-Philippe vient de repartir il y a quelques minutes. Notre fille Véro est encore là.

Noël est une belle occasion de se retrouver en famille. Nous en avons profité. L'ambiance était charmante et chaleureuse. Il n'y a rien de tel pour trouver du sens à sa vie.

Je te souhaite de Joyeuses Fêtes familiales. Je ne doute pas que tu puisses être comblée, festive avec des bonnes odeurs du temps des Fêtes.



Zoreilles a dit…

Ah ben les nouvelles sont excellentes et je suis ravie d'apprendre ça : vous n'avez pas eu froid, vos enfants ont pu se rendre jusqu'à vous en toute sécurité, que demander de plus? Bah, le téléphone, on peut s'en passer!!!

À la prochaine!