jeudi 31 octobre 2013

Cachez ces saints que je ne saurais voir.

Caricature La Presse

Dans les fêtes familiales ou amicales, il parait qu'il y a deux sujets à éviter: la religion et la politique.
Alors imaginez quand la politique se mêle de religion ou que la religion se mêle de politique. Même si le projet de Charte des valeurs québécoises n'est pas l'objet de mon billet, je me permets de dire que je trouve que le débat devait avoir lieu. Du même souffle, j'ajoute que je suis pour la laïcité de l'État. Curieusement, la Commission scolaire de Montréal, depuis des années résolument en faveur des écoles laïques et non confessionnelles sur son territoire, dit qu'il faut faire preuve de tolérance concernant le port du voile islamique. Fermons la parenthèse.

Marie-Josée Arel
Dans mon dernier billet, je vous ai présenté un livre acheté au Salon du livre, écrit par Marie-Josée Arel qui est entrée chez les religieuses  à 22 ans avant de quitter le couvent à l'âge de 28 ans. Pourquoi elle a quitté? Une religieuse doit faire 3 vœux: pauvreté, chasteté, obéissance. C'est ce dernier vœu qui était devenu insoutenable. Elle se sentait brimée, humiliée. Son livre ne décrit pas en détails les circonstances de son départ. Mais on sent qu'il y a eu un affrontement à un point tel que Marie-Josée a ressenti de la culpabilité et a voulu demander pardon. J'ai dit dernièrement que mes deux plus grandes valeurs étaient l'amour et le pardon.

Le pardon? Écoutez  bien cette confidence de Marie-Josée Arel. Elle a cru nécessaire d'écrire à la communauté religieuse qu'elle avait quittée et demander pardon: "Ainsi, je me revois écrire aux supérieures de la communauté 7 ans après mon départ. Je leur demande pardon et je leur offrais le mien. Avec quel soulagement, je me suis rendue à la poste, convaincue que ma missive aurait un effet bénéfique sur moi et ces personnes. Quelle présomption...

Mon cœur s'est trouvée allégée jusqu'à ce que je reçoive une réponse de leur part, aussi froide qu'un bloc de glace. Des 2 personnes m'ayant écrit, aucune ne me demandait pardon. L'une soutenait même ses agissements passés. Manifestement, ma démarche n'avait rien changé pour elle.

On peut facilement imaginer sa souffrance. Elle a donc accepté de donner son pardon sans atteindre rien en retour, par pure compassion. Ça me touche. Je dirais même que ça me bouleverse. Comment peut-on consacrer sa vie à Dieu et être incapable de pardonner?
  
Sans se consulter, Laure a acheté un livre sur l'histoire des religieuses au Québec. À peu près dans la même période, deux religieuses ont produit leur biographie en librairie.  Les deux sont de véritables phénomènes avec beaucoup d'énergie.

La première: Marie-Paul Ross, religieuse, infirmière et docteure en sexologie. Son histoire est digne des meilleurs films américains. Elle a appris le karaté et a vécu en Amérique du Sud, notamment au Pérou et en Bolivie, côtoyant des terroristes et des bandes armées, y compris des militaires qui l'ont menacée de mort à quelques reprises.

Sur une plage, en compagnie de deux jeunes filles en maillot de bain, elle a réussi à attendrir des hommes armés en leur parlant du Bon Dieu. Heureusement pour elle, c'est le coin le plus catholique du monde même si les mœurs ne sont pas toujours conformes aux enseignements bibliques.

Femme informée, directe et claire dans ses propos, elle est souvent sollicitée par les médias (radio, télévision, presse) dans le but d’apporter un éclairage d’experte sur des problématiques de l’heure. Ses interventions se sont principalement réalisées en Europe de l'Ouest (Espagne, France, Portugal et Italie), en Amérique du Sud (Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Équateur et Pérou), en Amérique Centrale (Costa Rica, Guatemala, Nicaragua et Honduras), dans les Antilles (Porto Rico, République Dominicaine, Haïti et Cuba), en Amérique du Nord (Canada, États-Unis et Mexique), en Afrique (Malawie et Zambie) et en Asie (Corée du Sud).
Voir http://www.iidicanada.com/fr/institut/dre-marie-paul-ross

Dans mon billet La vie en pièces attachées, je disais m'étonner du fait que les motards criminalisés et les membres de la mafia tiennent souvent à des funérailles à l'Église. Marie-Josée Arel a écrit à la page 114 de Dieu s'en moque en parlant des sentiments de rage qui l'animaient parfois: Il n'y  a aucune différence entre moi et le pire des criminels. Ce fut l'une des plus grandes leçons d'humilité de mon existence. Oui chacun de nous est capable du meilleur comme du pire.

Marie-Paul Ross a été scandalisée par les abus sexuels dans l'Église. Elle a aidé des victimes envers qui elle a ressenti beaucoup de compassion. C'est ce qui l'a motivée faire son doctorat en sexologie. Elle a été dénoncée jusqu'à Rome. Et c'est nul autre que le pape Jean-Paul II qui l'a réhabilitée. Il l'a encouragée à poursuivre sa mission.

Sœur Angèle
La 2è: Sœur Angèle qui a laissé le hasard décider de l'endroit où elle allait vivre. Elle a placé 2 billets sous son oreiller: l'un à droite avec l'inscription Suisse et l'autre à gauche avec l'inscription Canada. Elle s'est réveillée la tête à gauche. Alors, elle a décidé de venir vivre au Canada. Son père, un italien, était bien découragé de voir qu'elle voulait aller si loin. Ce ne sont pourtant pas les couvents et les églises qui manquent en Italie.

Très tôt, elle a mis ses talents culinaires au profit de la communauté religieuse qui l'a accueillie. Un jour, elle s'est inscrite à un concours de recettes de niveau international. À sa grande surprise, elle a gagné le premier prix. Ce fut le début d'une grande célébrité.

Mais tant d'honneurs, de visibilités, de louanges ont inquiété la sœur supérieure de sa communauté. Cette dernière lui a interdit toute apparition publique, même en  enseignement à l'extérieur de la communauté. Sœur Angèle s'est résignée, non sans peine.
Heureusement, cinq ans plus tard, une autre supérieure fut nommée et redonna à Sœur Angèle le droit de retourner briller  sur la place publique et à l'Institut d'Hôtellerie du Québec où elle avait acquis ses lettres de noblesse comme enseignante. Son caractère enjoué en ont fait une star. Voici les grandes lignes de sa biographie:


Cavaso del Tomba: au nord est (en brun)
Au lendemain de la guerre, la jeune Angiola émigre à 17 ans Soeur Angèle (Angiola Rizzardo) est née en Italie en 1938, à l’aube de la deuxième guerre mondiale à Cavaso del Tomba (Trévise en Vénétie), d’une famille nombreuse de paysans montagnards. Elle a connu toutes les horreurs d’une guerre absurde et son lot d’injustices sociales et de discriminations raciales et politiques. Une fois la guerre terminée, elle décide d’émigrer. À peine âgée de 17 ans, elle entreprend seule ce grand périple jusqu’au Québec.

Une vocation claire
Au Québec, elle se dédie à la cause des immigrants, leur offrant son aide sans aucune distinction de race ni de culture. Sa dévotion à la Madonna del Covolo est grande, Elle qui depuis sa plus tendre enfance toujours la protégea et la sauva miraculeusement dans les situations les plus dangereuses. Ainsi voit-elle sa mission s’accomplir lorsqu’elle entre dans les ordres et rejoint la congrégation de Notre-Dame du Bon-Conseil à Montréal.

Animatrice à Radio Canada aux saveurs de l’Italie
De façon inattendue, elle entre à Radio-Canada et devient petit à petit une grande vedette. Elle prône une alimentation canadienne saine, sans renier ses lointaines origines vénitiennes, souvent source d’inspiration dans ses recettes. Sourire aux lèvres, partout, on l’apprécie. Elle reçoit d’ailleurs le titre d’ambassadrice officiel du Ministère de l’Agriculture du Canada. Elle se voit également décerner le prestigieux prix du Gouverneur général du Canada.
Source:

http://www.marcelbroquet.com/produit/soeur-angele-biographie-concetta-voltolina-concetta/

Toutes ces belles histoires ont ceci en commun: elles sont des femmes exemplaires ayant fait preuve de dévouement et de compétences qu'elles ont mis au service de leurs collectivités. Ce sont des femmes admirables qui méritent toute notre estime. Je suis toujours émue et un peu triste de voir des personnes tout quitter pour se donner aussi généreusement et  mériter  reconnaissances. D'accord, je reconnais que certaines n'en méritent pas. Mais doit-ont oublier toutes les autres?


En librairie
Bien sûr,  l'histoire des communautés religieuses du Québec ne fait pas que des admirateurs et des admiratrices. Certaines critiques sont bien fondées.

Les religieuses, c'est une espèce en voie de disparition. Est-ce un mal pour un bien? Leurs trois vœux pauvreté, chasteté et obéissance supportent mal le test des scandales dont ils ont été l'objet. C'est triste et regrettable.

Suite à mon dernier billet, Caboche a bien résumer ce qui irrite:
 Caboche a dit...
En lisant l’énumération des vœux que prononcent les religieux et religieuses, j’ai eu instantanément une poussée d’urticaire. Je me souviens de ma mère, veuve après 5 ans de mariage et avec une jeune enfant, comment elle a pu tirer le diable par la queue pendant bien des années, pendant que deux de ses sœurs religieuses s’en mettaient plein la panse, bien nourries et habillées, au chaud dans leur couvent, avec leur vœu de pauvreté. Y a pas plus riches que les communautés religieuses.

Je crois que pour ce qui est de la chasteté, quelques frères et curés ont manqué à leur vœu. Quant à l’obéissance érigée en vœu, il y a de grandes chances qu’elle devienne aveugle et empêche la personne de penser par elle-même.

L’éducation donnée dans les écoles et les collèges, tant par les religieux que par les laïcs encore aujourd’hui, est axée sur l’accumulation des connaissances. Mais une tête bien pleine ne fait pas nécessairement d’une personne, quelqu’un qui est capable de penser par elle-même.

Bien qu’aujourd’hui nous ayons accès à plein de moyens de communication et qu’on puisse se renseigner sur un tas de choses, encore faut-il être capable de penser par soi-même et d’exercer son jugement critique. L’esprit critique s’accommode mal des dogmes.


 On ne peut cacher que l'histoire des communautés religieuses du Québec a soulevé bien des passions, souvent avec raison. Au Salon du livre, à quelques pas de Marie-Josée Arel, un homme avait aussi un kiosque. Il avait un livre dénonçant les d'agressions sexuelles par des membres des communautés religieuses. Derrière lui, il y avait une grande pancarte où on pouvait lire: Les religieux m'ont agressé sexuellement. Qu'ils paient! On ressentait un malaise en passant par là. Je n'ai vu personne s'arrêter.

Je ne veux pas porter de jugement sur les communautés religieuses. Mais j'ai le goût de parler de mon expérience personnelle puisque j'ai été 10 ans pensionnaires chez les religieuses. J'avais cinq ans lorsque j'y ai été admis pour la première fois. Je me souviens encore très bien de mon arrivée là et des sentiments qui m'animaient. Je portais le numéro 50 et Yves, mon frère ainé portait le numéro 59. J'en parlerai dans mon prochain billet.

Bien sûr, on nous a raconté bien des histoires auxquelles nous avons cru de toute notre âme. On nous a appris comment Dieu avait créé le premier homme et la première femme. On nous a appris que la femme avait été créé pour l'homme, pour son bonheur. C'est une blague ;-)

Mais, selon ce que les religieuses m'ont enseigné, c'est la femme qui a causé la chute de l'homme en l'entrainant dans le péché autour d'un pommier. Quand une femme veut me donner une pomme, je refuse toujours. C'est une blague :-)

Dites-moi, est-ce qu'on nous prenait tous pour des poissons en nous racontant de telles sornettes?

Au risque de vous surprendre, nous étions de vrais poissons avant d'être des hommes et c'est du Québec que vient le premier ancêtre de l'homme. Il a été découvert en Gaspésie. Ce n'est pas une blague. Vous pouvez voir le reportage scientifique sur le lien qui suit:

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/science/2013/10/30/002-elpistostege-watsoni-presentation-la.shtml

Le premier fossile complet d'un Elpistostege watsoni, découvert il y a trois ans par des chercheurs du parc de Miguasha au Québec, a été présenté à la communauté paléontologique internationale lors d'un congrès qui se tient actuellement à Los Angeles, aux États-Unis. 
   
Olivier Matton et le fossile d'ElpistostegeLes restes fossilisés du poisson de 1,60 m de long, très bien préservés, étaient ensevelis au pied de la falaise de Miguasha en Gaspésie depuis 380 millions d'années.
Ils appartiennent à l'espèce Elpistostege, dont on ne possédait jusqu'ici, dans le monde, que trois fragments, également découverts au Québec.
C'est le paléontologue Olivier Matton qui a fait la découverte.

" Mais là, on prenait conscience qu'on avait trouvé le tout premier Elpistostege complet de l'histoire du site de Miguasha, le tout premier à l'échelle planétaire en fait".
Olivier Matton et le fossile d'Elpistostege
 
A suivre...

11 commentaires:

Nanou La Terre a dit…

Jackss,
quel billet!
Tu as le don d'écrire tant de sujets tout aussi pertinents et intéressants les eux et les autres que je ne pourrais ici commenter ce billet en une seule fois. Pardonne-moi. Je dois réfléchir et y revenir... Merci xxx

Jackss a dit…

Bonjour chère amie Nanou,

Ce billet, j'ai eu du plaisir à l'écrire. Mais je sais qu'il y a beaucoup d'éléments sensibles. Il touche des valeurs, des expériences et des émotions très différentes selon notre vécu personnel.

Il y a longtemps que je n'ai pas eu le plaisir de te croiser. L'occasion est donc d'autant plus agréable. Je pense souvent à toi et les soubresauts qui ne manquent pas dans ton quotidien. Pour moi, le contexte s'améliore grandement.

Dédé a dit…

J'ai reçu une éducation religieuse, j'ai appris plein de choses sur la vie de l'Eglise, sur les dogmes et autres trucs merveilleux.
Quand je suis arrivée à l'université, j'ai assisté à un cours de sociologie et j'ai entendu cette petite phrase lâchée par le brillant professeur: "la religion est une construction de l'homme".
Cela m'a interpellée, puis ensuite bouleversée. J'ai tenté de comprendre, j'ai rejeté plein de choses, et puis finalement je me suis dit que de toutes façons je ne pouvais pas devenir complètement athée car je pense que je fais partie d'un univers avec une transcendance. Mais je ne saurai nommer ou parler de cette transcendance. Alors je me considère comme étant agnostique.
J'ai rencontré des curés très érudits avec le coeur sur la main. J'ai rencontré des religieuses qui ont fait des choses merveilleuses. J'ai rencontré des gens d'autres religions. Je suis persuadée que les gens ont besoin de quelque chose à quoi se raccrocher. Pour certains, c'est la religion. Je ne critique pas, je respecte. Mais je veux aussi que l'on me respecte moi. C'est pour cela que je suis également pour la laïcité de l'Etat et pour que la religion reste dans le domaine du privé.

Vaste débat... vaste sujet.

Jackss a dit…

Dédé,

Je suis fasciné par tout ce qui m'entoure, la nature et ses mystères. On prend toute une vie à se connaître un peu. Alors, c'est tout un défi que de connaître l'univers, d'où on vient et où l'on va. Tu abordes le tout avec une grande sagesse. Je partage ta perception sur l'impossibilité de posséder la vérité. Le jour où on est sûr de distinguer parfaitement le vrai du faux, je crois qu'on a un problème.

Je suis de ceux que la question du sens de la vie intéresse. Mais j'aurais pu être autrement. Pour moi, ce qui compte, c'est ce qui contribue à une bonne qualité de vie compatible avec ce que je suis. Chacun a une façon qui lui est propre et je suis tout à fait d'accord avec toi: il faut respecter chacun comme il est, avec ses choix et ses perceptions.

En bout de ligne nous avons tous quelque chose en commun: la recherche du bonheur. Tant qu'on va dans cette direction, on est sur la bonne voie.

Caboche a dit…

En préambule, je te remercie pour m’avoir citée dans ton billet et pour avoir fait un lien vers mon blogue.
Ton billet aujourd’hui me fait réfléchir sur le danger de tomber dans les généralisations. C’est tellement facile de dire que tous les religieux sont comme ci, tous les politiciens sont comme ça, tous les Français sont … et cetera. On tombe alors facilement dans les préjugés.
Bien que je ne porte pas les communautés religieuses dans mon cœur, je me dois de reconnaître que, parmi toutes les religieuses qui m’ont enseignée tant à l’école primaire qu’à l’école secondaire, certaines d’entre elles ont eu une influence positive sur moi comme quelques enseignantes laïques aussi d’ailleurs.
C’est sûr que les communautés religieuses ont eu, pendant des décennies, un impact important sur l’éducation au Québec, elles possédaient le savoir et étaient venues ici dans une mission d’évangélisation.
Les deux religieuses dont tu parles qui sont « de véritables phénomènes avec beaucoup d’énergie », sont certainement des femmes qui ont fait de grandes choses, mais ont pourrait dire la même chose de femmes laïques qui ont œuvré dans une foule de domaines et qui ont aussi fait preuve de courage, et de détermination. Pour moi, ce n’est pas parce qu’elles sont religieuses qu’elles méritent davantage mon admiration. Elles permettent par contre de nous faire voir une facette différente de la vie des religieuses, si je peux m’exprimer ainsi.
Et puis il y a aussi tous ceux et celles qui travaillent dans l’ombre, dont les actions ne sont pas médiatisées et qui font aussi de grandes œuvres. Les héros et les héroïnes n’ont pas toujours leur nom écrits dans les journaux.
Pour ce qui est d’être athée ou agnostique, pour moi la différence est plutôt mince. Chose certaine, je me sens très bien depuis que j’ai apostasié.
P.-S. : T’aurais pas un petit sujet léger à nous proposer entre deux réflexions existentielles? ;-)

J'aime bien le titre et l'illustration de ton billet.

Jackss a dit…

Quelles bonnes idées tu as dans ta caboche!

J'ai eu tellement de plaisir à te lire du début à la fin. Je je peux qu'être totalement d'accord avec tout ce que tu exprimes. Tu as l'art d'être claire, franche et diplomate. J'adore ta façon de t'exprimer.

Je retiens ta suggestion. Elle est pertinente. Je reconnais l'importance de ne pas rester trop longtemps dans des réflexions trop profondes. Il faut relâcher la pédale à gaz de temps en temps, ne pas trop se prendre au sérieux et même se permettre des folies.

Dans ma façon d'être, c'est un peu ce que je fais tout naturellement. Hier soir, j'ai eu le bonheur d'aller voir mon fils Jipé Dalpé au Centre des Arts de Coaticook. Son spectacle était un joyeux mélange de textes avec une certaine profondeur entrecoupés de beaucoup de folies. Le 16 novembre j'irai le voir à St-Élie de Caxton. J'en profiterai pour apprivoiser ce lieu mythique que je ne connais pas.

Grand-Langue a dit…

On passe de Soeur Angèle à un vieux poisson gaspésien(rire)!

Le pire c'est que je me rends parfois au pied de cette falaise où on a trouvé le fossile. Du coup, je me trouve vieux!

Certains religieux et religieuses ont eu une carrière remarquable, comme les non religieux d'ailleurs. Faut dire que l'instruction leur était accessible, tout comme l'assurance d'avoir trois repas par jour. Leur vie n'était pas toujours facile cependant, surtout du côté des religieuses qui étaient 'inférieures' aux religieux.

J'ai eu certains religieux comme prof mais j'avoue avoir préféré les laïcs, de loin.

Les voeux auxquels les religieux sont soumis sont contre-nature. je suis d'ailleurs étonné qu'une religieuse puisse être sexologue, je la considère plutôt comme une psychologue ou une sociologue.

Grand-Langue

Jackss a dit…

Grand-Langue

Le sujet est intéressant sous l'angle d'une perspective historique où se côtoie le meilleur et le pire. On peut jeter un regard critique sur la contribution qu'ils ou elles nous ont apporté.

Mais dans notre contexte actuel, je suis d'accord avec tous ceux qui résistent à tout retour en arrière. Un état laïque s'impose rapidement pour éviter tout dérapage.

Et maintenant, parlons des poissons...

Zoreilles a dit…

Tu n'as jamais si bien dit à propos de religion et politique qui sont des sujets à éviter dans les soupers d'amis ou de famille, alors qu'on a bien vu ces derniers mois que si on mélangeait les deux, comme dans la Charte des valeurs québécoises qui est proposée et discutée, ça fait des drôles d'étincelles!

Mais au moins, on discute, et comme on est en société et non pas dans un souper de famille, on peut se permettre ces échanges respectueux et enrichissants. Mais tu nous parles de bien d'autres choses que la Charte des valeurs...

Je suis contente que tu nous parles de Madame Ross et de Sœur Angèle. J'ajouterais aussi Raymond Gravel, (je trouve dommage ce qui lui arrive présentement, de gros ennuis de santé, un cancer de stade 4 contre lequel il se bat). Ces personnes connues sont inspirantes et elles nous évitent les généralités habituelles au sujet des communautés religieuses et leur place dans l'histoire du Québec.

On n'en sort jamais des maudits règlements de comptes avec les prêtres, les religieuses, etc. Je ne veux pas minimiser le tort qui a été fait ni les abus qui ont été commis par ces hommes et ces femmes des communautés religieuses mais je trouve injuste qu'on les mette tous dans le même sac.

Zoreilles a dit…

Et si j'ai toujours été sensible à cette situation, c'est que j'en ai côtoyés quelques-uns de très près, des amis de ma famille qui étaient aussi des prêtres, ça adonnait de même, comme les trois sœurs de ma grand-mère qui étaient religieuses et heureuses de l'être, qui ont œuvré dans la joie et la bonne humeur toute leur vie, pour soigner, aider, soulager la pauvreté et la misère, éduquer, etc.

C'est dommage qu'on ne reconnaisse pas à ces personnes les qualités rares de don de soi, de dévouement, de bonté, de générosité, d'amour infini et beaucoup d'autres bienfaits qu'ils ont prodigués autour d'eux, sans jamais rien attendre en retour, et heureusement d'ailleurs, parce qu'on les a beaucoup plus ostracisés qu'on les a remerciés.

Je pense aussi que la religion est une construction de l'homme. Ça nous a menés collectivement à tellement d'errances et d'erreurs...

La spiritualité, la foi, les croyances, c'est autre chose. De beaucoup plus intime et personnel. Là où la science, l'art, l'universel et l'humanité se rejoignent? Loin des dogmes, des affirmations, des règlements et des péchés? Quelque chose de plus grand que nous qui influence notre perception de la vie, des gens, de l'amour, de la mort, qui répond parfois en écho à une recherche de la paix et du bonheur.

Il y a des jours où je suis athée, d'autres jours agnostiques, d'autre jours où je crois à une force supérieure qui s'appellerait peut-être « amour de la vie » que je peux reconnaître à certains moments dans la bonté et la beauté du monde. Mais je n'affirme rien. Jamais jamais. Je reste là à me questionner. Souriante... Et reconnaissante à ces gens qui nous ont tellement aimés qu'ils ont consacré leur vie à cet idéal en lequel ils croyaient : « Aimez-vous les uns les autres ».

Ma grand-mère qui habitait chez nous était profondément croyante et pratiquante. Je partageais sa chambre et je m'endormais au son de ses Je vous salue Marie, Gloire soit au Père, etc. Elle m'a tellement « mise sous la protection de la Sainte Vierge » que je peux traverser la rue sans regarder, même encore aujourd'hui!

Mes parents étaient croyants catholiques pratiquants et ma mère encore aujourd'hui vit sa vie de cette manière, avec ses convictions. On allait à la messe le dimanche, c'était toujours un beau moment, on était gâtés ces jours-là, c'était une fête, celle de la sérénité, de la paix, du bonheur pas compliqué, des rassemblements. J'ai été baptisée, mes frères aussi, je me suis mariée à l'église. Tout était simple et ça allait de soi. Nous avons fait baptiser notre fille, ça allait de soi aussi, c'était une belle fête pour nos familles et nos amis. On était fiers de la présenter et de l'inclure dans une communauté, la nôtre. Un beau rituel qui n'existe plus. Encore un autre...

Notre fille est fière d'avoir été baptisée, c'est ce qu'elle dit. Fière aussi de tout son bagage, celui qu'elle a reçu en héritage, tant du côté de son père que du mien. Elle y tient comme à un trésor. Elle s'est mariée civilement, elle n'a pas fait baptiser sa petite non plus. C'est correct, moi je trouve. Quand elle m'en parle, je trouve ça logique, c'est conséquent avec ce qu'elle pense, ce qu'elle croit et ce qu'elle vit, dans la société où elle s'épanouit, avec plusieurs de nos valeurs qu'elle a fait siennes.

Mais collectivement, on a tellement jeté le bébé avec l'eau du bain, moi je trouve.

Jackss a dit…

Bon début de semaine, Zoreilles

Je te souhaite un bon début de semaine en souhaitant que tu ais gagné tes élections au municipal. C'est mon cas. Ici, nous sommes choyés. Le maire actuel entreprend son 2ème mandat et il a toute ma confiance. La vision que tu donnes de ton coin de pays me porte à croire que vos élus doivent refléter cette image positive que tu donnes des gens de chez-vous.

Tu as fait un beau tour d'horizon au sujet du thème que j'ai abordé dans mes derniers billets. Encore une fois ton idée est drôlement bien articulée et me rejoint passablement.

Je crois que la première phrase de mon billet disait tout: le sujet n'est pas facile, il touche des cordes sensibles et porte trop à interprétations. Je ne voudrais surtout pas convaincre personne de quoi que ce soit. Chacun retient de sa vie ce qu'il considère le mieux pour lui. Et c'est très bien comme ça. En même temps, je suis conscient que plusieurs parmi nous ont pu vivre des expériences éprouvantes qui rendent le sujet encore plus délicat.

C'est la raison pour laquelle j'ai fermé la boucle avec une anecdote qui apprte un peu de légèreté pour faire la transition vers un changement de registre.