L'abbé Gérard Phaneuf
Un des sujets les plus émotifs à aborder est celui de la religion. Ça se comprend. Le sujet ne peut laisser personne indifférent. Qu'on le veuille ou non, on ne peut s'empêcher de penser à ce qui va nous arriver au jour du dernier jour.
Mais le mot religion provoque et rebute. On a peur, on y pense, on ne veut pas y penser, on ne veut pas en entendre parler. On a eu de mauvaises expériences.
On déteste la manipulation, la domination, l'exploitation, la corruption, les lavages de cerveau. J'applaudis à toutes ces réactions. Je suis libre, libre de penser, libre de mes valeurs, mes croyances, libre de faire des choix. Au fil des ans, je suis devenu allergique moi aussi au mot religion. Je suis contre l'enseignement de toutes les religions.
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Je suis contre pour plusieurs raisons. À l'âge où la pensée se structure, je crois qu'il faut une certaine cohérence. Comment faire pour distinguer ce qui est farfelu de ce qui ne l'est pas? Quand ma fille était au collège, elle avait eu à faire un travail sur le mouvement raëlien. Je la considère brillante. On lui reconnait un très bon jugement. On ne lui passe pas n'importe quoi. Et pourtant, elle accordait une crédibilité inquiétante aux raëliens qu'elle a rencontrés pour les fins de son travail.
Le seul intérêt que je vois à l'enseignement obligatoire de la religion, c'est au niveau de la culture et des arts. C'est essentiel pour bien les comprendre, les décoder. Qu'on pense aux cantiques, sculptures, peintures, églises, vases sacrés, symphonies, chants grégoriens, etc. Que d'oeuvres monumentales qui nous transportent. S'il fallait enlever tout ce qui est d'influence chrétienne dans les arts, c'est tout un pan de notre culture qui disparaîtrait.
La religion qui est la mienne est l'héritage des générations qui m'ont précédé depuis des millénaires. Elle véhicule leurs croyances, leur sagesse, leurs valeurs. Qu'on l'aime ou pas, elle a fortement influencé ce que nous sommes. Elle ne doit cependant pas être un carcan pour ce que nous serons demain.
Je fais donc une distinction entre religions et croyances religieuses, spirituelles ou mystiques. Je n'élimine rien. Mais j'accorde plus de crédibilité à certaines personnes qu'à d'autres.
Dans mon cas, j'ai eu de la chance. Comme tout le monde, j'ai connu des religieux méprisables. Mais il s'en est trouvé aussi, sur mon chemin, parmi les être les plus extraordinaires que j'ai connus. L'abbé Gérard Phaneuf en est un. Il se donnait entièrement, généreusement à tout ce qu'il faisait. Il nous communiquait la soif de connaître, raisonner avec rigueur.
C'était un vrai philosophe, un homme d'une grande rigueur intellectuelle. Je n'ai jamais connu une seule personne qui n'éprouvait pas le plus grand respect pour lui, sa pensée, ses idées.
C'est à lui, comme professeur de philosophie que j'avais à présenter mon travail majeur sur Le cerveau et la pensée. Le point de vue que je défendais alors était le suivant: notre cerveau est un super-ordinateur. Il est constitué de neurones qui emmagasinent l'information en créant de nombreux liens. La pensée n'est que le produits de composantes matérielles (physiques et chimiques).
Je me souviens des longues discussions que j'ai eues avec lui sur le sujet. Il ne partageait évidemment pas mon point de vue. Pensez-vous que j'ai changé d'idée depuis l'âge de 20 ans? J'ai encore le travail que j'avais fait à l'époque. J'ai l'intention de vous en présenter les grandes lignes et ce que j'en pense aujourd'hui, 45 ans plus tard.
À suivre...
5 commentaires:
Tu écris : « Elle a fortement influencé ce que nous sommes. Elle ne doit cependant pas être un carcan pour ce que nous serons demain ».
Voilà toute la sagesse du monde dans tes deux phrases!
Bien sûr, à propos des religions et de la spiritualité, on mêle tout et le fait de balayer tout ça du revers de la main avec révolte et mépris ne nous mènera nulle part comme société.
Comprendre d'où l'on vient, c'est jeter des bases solides pour savoir où l'on va, individuellement et collectivement. Moi, je trouve que ça s'appelle prendre sa vie en main, tout simplement et essayer d'évoluer.
Les grands de ce monde ont tous quelque chose en commun, ils écoutent, considèrent, restent ouverts et ne jugent pas, ne condamnent pas. La vérité s'impose d'elle-même, elle ne se crie pas, ne se coule pas dans le ciment avec rigidité, ne se négocie pas sur la place publique.
J'ai hâte de voir le regard que tu poses aujourd'hui sur ton travail de session d'alors!
Bonjour Jackss,
Rael demeure un gars brillant. On ne s'impose pas à la tête d'une secte ou d'un mouvement religieux sans avoir un certain talent de persuasion. Charles Manson, Moise Thériault, David Koresh ou ceux qui étaient à la tête de l'Ordre du Temple Solaire avaient tous, ce type particulier de charisme qui permet de convaincre les individus d'adhérer à leur philosophie (ou leur délire). Il faut donc faire une distinction entre le discours et la finalité. Certains sont très sages en parole, sans pour autant vraiment mettre en pratique ce qu'ils prêchent. En cela, j'aime bien ces paroles de Gandhi:
"Qu'entre ce que je suis et ce qui sort de ma bouche il n'y ait pas l'espace d'un cheveux.
Qu'entre ce que je vis et ce que j'enseigne, il n'y ait pas de décalage.
Qu'entre ce que je montre et ce que je cultive loin des regards il n'y ait pas de différence"
Comme tu as les idées claires, Zoreilles
Tout parait si simple, exprimé comme tu le fais. je me reconnais et je fais un pas de plus.
Moi aussi, j'ai hâte de voir la suite. Je sais très bien où se trouve le travail en question. Mais je ne l'ai jamais relu après l'avoir remis.
Je verrai, en même temps que tout le monde ici, si je vois les choses de façon très différente ou pas. Je me souviens un peu de ce que je pensais, c'est sûr. Mais pas en détails.
Heureux de te revoir Pierre,
Il faut des types brillants pour élaborer de grandes théories comme celles des raëliens. C'est sûr.
Ce qui me frappe toujours dans ce genre de situations, c'est le niveau intellectuel et la culture de ceux qui tombent dans le paneau. Ce sont souvent des gens vulnérables mais en apparence équilibrés et solides mentalement. C'est comme si leur trop grande ouverture d'esprit devenait un handicap.
Pour moi, tu touches l'essentiel. Tu fais la différence entre être congruent et manipulateur. Ces gens-là ne peuvent faire autrement qu'être conscient de ce qu'ils font.
Je me suis toujours méfié des discours articulés autour de théories savamment élaborées. On peut prouver n'importe quoi.
Il faut de la rigueur, un grand respect du sens des mots pour ne pas se perdre. Pour moi, par exemple, la réincarnation n'a pas de sens.
Si mon âme s'en va dans un autre corps sans que je puisse me souvenir de ce que j'étais, ce n'est plus moi. Mon identité n'a de sens qu'en autant que j'en ai conscience de façon continue. Sinon, ce sont des atomes qui changent de place, sans plus.
Demain,
Même si le sujet est sérieux, je me permets de passer rapidement à un sujet beaucoup plus terre-à-terre.
C'est demain que je vais faire du bénévolat en bateau sur les Iles Mingan. On annonce du beau temps. Je vais avoir le plaisir de faire le tour des iles pour y cueillir des crottes de lièvres. Le projet est piloté par Parc Canada. J'imagine déjà que j'aurai beaucoup de choses à raconter. D'après ce que j'ai vu, ces iles sont féériques. Elles ne sont pas habitées.
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