Vie privée, droit à l'information, propagande

C'est fou le hasard... Je viens tout juste de réaliser que c'est aujourd'hui la journée de la liberté de presse. Et je viens de changer le début de mon billet en conséquence.

Plus que jamais il faut prendre conscience de la chance qu'on a.
On ne le réalisera jamais assez.

Une des premières chose qu'Hitler a faite, après avoir pris le pouvoir, c'est de faire fermer tous les journeaux qui ne lui étaient pas favorables. Il a fait construire, à prix d'aubaine, ce qu'on a appelé les radios du peuple. Ainsi, chaque famille allemande pouvait écouter la propagante nazie dans son foyer.

Ici, nous sommes dans une démocratie. Il y a une chose que personne ne pourra plus jamais nous enlever: la liberté de nous exprimer sur le Web.

Avant de savoir que c'était la journée internationale de la liberté de presse, mon billet commençait ici.
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Nous sommes bombardés d'informations. Plusieurs groupres respectables sont éclaboussés: les politiciens, les juges, les avocats, les policiers, les entrepreneurs, les entreprenantes. Même les pompiers sont montrés du doigt. La liste est incomplète...

Diogène le cynique
Ceci nous conduit à un certain cynisme. Cette réaction ne date pas d'hier. On n'a qu'à penser à Diogène, un philosophe grec qui a vécu 400 ans avant Jésus-Christ. Diogène savait manipuler à merveille le cynisme et le sarcasme.

Il ne se gênait pas pour critiquer sans vergogne les hommes les plus en vue et les philosophes de son temps (parmi lesquels Platon). C'était un peu comme le Michel Chartrant du temps. Et il était respecté par les plus grands hommes de son époque.

Milou prend une leçon de philosophie
Ses apostrophes les plus célèbres sont : Je cherche un homme, phrase qu'il répétait en parcourant la ville avec sa lanterne.

Aujourd'hui, on n'a plus besoin de lanterne pour bien voir ce qui se passe partout. Ce qui devient plus particulier à notre époque, ce sont les moyens de nous introduire dans la vie privée des gens, les suivre, les espionner dans leurs repairs les plus intimes. La vie privée devient une notion de plus en plus théorique. Ceux qui réclament de nos gouverments le respect à la vie privée sont les premiers à informer tout le monde sur des sites de réseautage.

En 2008, Carmen Kontur-Gronquist était mairesse d’Arlington, un petit village de 500 habitants de l’état de l’Orégon, aux Etats-Unis, jusqu’au jour où certains de ses concitoyens sont tombés sur une photo d’elle sur sa page MySpace, une photo où on la voit posant devant un camion de pompier, vêtue d’un soutien-gorge et de culottes noires assorties. (Voir détails)

Cette photo avait été prise avant que la dame ne soit mairesse. Elle n'est pas la première à s'être fait prendre au jeu. Kelly Bochenko l'a aussi apprise à ses dépends. Coeur de pirate aussi. Une folie de jeunesse laisse des traces et peut refaire surface n'importe quand. Nous sommes loin de l'époque où une simple visite au confessionnal permettait de tout effacer.

Avoir trop d'informations est peut-être pire que de ne pas en avoir assez. Les médias électroniques doivent maintenant sacrifier la qualité de l'information, faire du spectacle pour maintenir leurs côtes d'écoute. Comme disait Yvon Deschamps: On ne veut pas sawoir, on veut woir (on ne veut pas savoir, on veut voir). Même au travail.

On peut dire qu'on est majeur et vacciné. On peut aimer le danger et la délinquence, trouver son plaisir. Mais quand on le fait au travail, ça devient carrément scandaleux. Les pertes de temps sur les lieux de travail coûtent très cher à l'État et aux employeurs. Pendant ce temps, le bon citoyen se heurte à des boîtes vocales qui répètent à qui mieux mieux: Le service est important pour nous...

Le mois dernier, en allant magasiner chez Archambault à Québec, je me suis retrouvé à l'improviste à côté du maire Labaume de Québec. Sur la première page du Journal de Québec, près de nous, il y avait un article sur le cyberflânage des employés municipaux de Québec. Je me disais que le maire Régis Labaume n'avait pas dû apprécier.

Mais que peut faire un employeur pour contrôler la situation? Surveiller les sites visités par les employés? Avoir des caméras de surveillance? Le maire a engagé une firme au coût de 90 000$ pour faire la lumière sur la situation. De 20 à30 employés font l'objet d'une enquête plus poussée.

Selon le Barreau,le cadre juridique comprend d'une part l'article 2085 du Code civil du Québec énonçant un lien de subordination entre employé et employeur et autorisant ce dernier à surveiller l'exécution du travail. De leur côté, les employés peuvent invoquer le droit à la vie privée des articles 5 de la Charte des droits et libertés de la personne et 35 et 36 du Code civil du Québec, ainsi que le droit à des conditions justes et raisonnables prévu à l'article 2087 du Code civil du Québec. Voir ICI pour plus de détails.

Le débat entre la protection de la vie privée et les moyens de contrôle les plus élémentaires sont loin d'être terminés. De plus, on remarque une différence fondamentale entre les valeurs de l'Europe et de l'Amérique.

Prenez, par exemple, le dernier né des gadgets de Google: Google Street. J'ai fait le test. J'ai vu ma maison de Sherbrooke, le condo de mon fils à Montréal. J'ai même pu voir son auto.

Pour l'Europe, on dépasse les bornes. Plusieurs ont encore en mémoire les excès de tyrans, comme Hitler, Staline, etc. Ils tiennent à leur vie privée, ne veulent pas être épiés. Les européens ont trop en tête les horreurs des régimes totalitaires où tout le monde se cache et se tait pour survivre. La protection de la vie privée compte plus que tout au monde.


En Amérique, les valeurs fondamentales sont la liberté d'expression et la sécurité publique. Les américains veulent s'exprimer et posséder leurs armes à feu tel que le veut la Constitution.

Ils préfèrent avoir des caméras de surveillance partout, posséder de l'information sur tous les citoyens américains ou étrangers.

Au moment où nous sommes bombardés d'informations plus que jamais, il est réjouissant de voir une série comme celle de Radio-Canada:

Amour, haine et propagande
J'ai adoré la première émission et je vous recommande chaleureusement la suite.
Ce débat arrive à point. Souvent quand je regarde les bulletins télévisés aux heures de grande écourte, je ne peux écouter les infomrations jusqu'à la fin. J'ai l'impression qu'on a davantage de propagandes que d'informations. J'espère que les journalistes de Radio-Canada vont regarder l'émission. Jean Charest aussi!

Les groupes de pression sont forts et les sources de financement deviennent plus rares depuis l'arrivée d'internet. Même la télévision d'État doit compter sur la publicité pour exister. Elle ouvre ainsi la voie aux chantages si l'information qu'elle diffuse ne plait pas aux commenditaires.

J'envie la période où il n'y avait pas de publicité à Radio-Canada. Les journalistes faisaient preuve d'une plus grande liberté d'esprit. Il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui nos gouvernements sont les plus grands commenditaires.

Mais quand on se compare, on se console. Quand on regarde des pays comme l'Iran et la Corée du Nord, on apprécie ce qu'on a. Les régimes où la propagande est la plus pernicieuses sont surement ceux où le pouvoir repose sur l'armée ou la religion.

Mère Nature aussi utilise sa liberté d'expression
Inondation au Tenesse (Cliquez pour autres photos)