Si vous ne le saviez pas déjà, j'habite au bout du monde ou presque.
Il y a à peine 3 décennies, il n'y avait pas de route pour se rendre ici. Il fallait emprunter le bateau ou l'avion. Encore aujourd'hui, pour aimer vivre à Havre-Saint-Pierre, il faut aimer la nature sauvage, l'isolement. La municipalité compte 3400 habitants. il faut 5 heures de route aller-retour pour trouver une plus grande ville.
Il n'y a pas encore de quotidien. Si vous achetez le journal, vous recevrez une copie d'un journal publié au moins 2 jours plus tôt. Au début, je ne le savais pas. J'ai donc acheté le même journal 2 jours de suite. Ce n'est qu'en arrivant chez moi que je m'en suis aperçu.
Mais pourquoi donc les américains avaient-ils décidé de construire un aéroport près d'ici durant la 2è guerre mondiale? Je l'ai su après avoir regardé par hasard le poste de télévision local, ce que je n'avais jamais l'habitude de faire. Imaginez, il n'y a pas de quotidien à Havre-Saint-Pierre, mais il y a un poste de radio et un poste de télévision. Compte tenu de l'éloignement, c'est le moyen le plus efficace. On y annonce tout: les meubles, les maisons, les réunions municipales, les conférences. Si on va à Sept-Iles, à 225 kilomètres d'ici, on avise le poste de télé communautaire pour permettre aux citoyens d'ici de profiter du voyage et partager l'essence.
Il y a 2 semaines, en regardant ce poste local que je ne regarde jamais, j'ai vu annoncer pour la soirée une conférence sur l'épave de l'avion américain qui s'est échoué dans la mer, plus précisément le Golfe Saint-Laurent, en 1942. La réunion s'adressait aux gens de la place. Une autre sur le même sujet s'était tenue une semaine plus tôt à l'intention des journalistes, de hauts dignitaires comme le représentant de l'armée américaine à l'ambassade du Canada.
La séance d'information avait deux objectifs: avoir la délicatesse d'informer la population locale avant tout le monde par égard pour l'aide apportée et recueillir de l'information des témoins de l'événement. Dans un premier temps, nous avons eu droit à un exposé magistral avec films, photos, vidéo de l'épave avec les plongeurs présents dans la salle. Dans un 2è temps, on voulait répondre à des questions générales. Mais on demandait aux témoins de l'événement de ne pas le faire publiquement. Une salle était réservée pour les rencontrer individuellement de façon à préserver certains secrêts militaires et éviter de fausses rumeurs.
Cliquez sur la photo pour détails sur l'avion
Jusque là, l'information semble anodine. Mais plusieurs éléments sont tout à fait fascinants.
Il faut dire que cet avion demeure un fleuron technologique en terme d'avion militaire. Le hasard a voulu que les moteurs soient fabriqués à l'unsine Pratt et Whitney de Longeuil où travaillait mon frère Michel pendant près de 30 ans (voir détails en cliquant sur la photo). Mais l'avion a été construit avant sa naissance.
Plusieurs exemplaires de l'avion ont été fabriqués à St-Hubert, près de Montréal. L'état de conservation de l'appareil est étonnant. L'intérieur de l'avion a été rempli de sable, ce qui prévient la rouille. Mais ce n'est pas tout.
C'est un dossier que l'armée américaine et l'abassade du Canada suivent de près.
A suivre...
13 commentaires:
Fascinant, tout ça!
Sais-tu quoi? La deuxième photo, celle où l'on voit Havre-Saint-Pierre au complet, vue d'avion? Avec la mer d'un côté, la forêt de l'autre, les rivières, ça me donne l'impression que je pourrais facilement vivre là et ne manquer de rien!
La télévision locale doit être beaucoup regardée, il me semble que c'est une belle manière de s'intégrer à la vie communautaire à Havre-Saint-Pierre. Les quotidiens y arrivent en retard? Ce n'est pas un problème pour moi, les mauvaises nouvelles, on les a bien assez vite! Par contre, je réalise que si l'Internet n'y était pas aussi performant, là, je trouverais ça difficile, par exemple. Comme quoi, il y a un changement de nos habitudes qui s'est opéré au cours des dernières années...
Mais pourquoi donc y a-t-il tant de secret au sujet de cette épave d'avion qui s'est écrasé en 1942? Ont-ils trouvé des réponses à leurs questions lors de cette soirée? Pourras-tu nous révéler quelques potins croustillants?
Bonjour Jacks,
il est impossible de passer ici "à la sauvette" tellement il y a d'informations diverses. J'avais de la lecture à rattraper, et comme toujours j'ai appris quelque chose de nouveau; j'ignorais le mot CAPAYOU, et ne connaissais pas la fleur carnivore que tu nous a présentée. Honte à moi, étant originaire de la Cöte-Nord. Mais il est vrai que je paysage est bien différent au Havre, que celui de mon coin natal, plus au sud et beaucoup plus montagneux.
Chaque fois que je lis tes billets, ma nostagie d'y retourner est ravivée, mais au fond je sais très bien que je me fais "des accroires". La Côte-Nord qui me manque, c'est celle du temps passé, celle du temps de la bienheureuse innocence, quand tout était encore possible, et des êtres chers toujours de ce monde. Le voyage dans le temps étant du domaine de la science-fiction, inutile de rêver. Mais ça me brise le coeur de savoir que ce bout du monde (pour emprunter tes mots) est sur le point d'être défiguré (la Romaine, l'uranium à Sept-ïles), pour ne pas dire anéanti, si ces projets se réalisent. Quand il est question de gros sous, le bon sens fout le camp!!!
J'ai aussi lu avec indiscrétion tous les commentaires, et les dialogues échangés, car c'est une vraie communication chez-toi. Personne n'est ignoré, aucun commentaire ne tombe dans les limbes de l'oubli, et ça c'est remarquable! C'est pourquoi ce blogue doit continuer Jacks. Au diable le m****t compteur et son palmarès; on s'en balance! Dans un blogue ce sont les mots qui importent, pas les nombres qui faussent la perception. Je suis mal placée pour parler évidemment, n'ayant toujours pas de blogue, mais si j'en avais un, le compteur serai interdit de séjour, banni à vie!
Un dernier mot; il m'arrive de regarder très longtemps les photos (après avoir cliqué dessus), tu me fais rire aussi, souvent. Je me suis bien amusée des framboises dans un champ de tir, imaginant la scène comme si j'y étais. Vous êtes un très bon conteur (et non compteur) monsieur Jacks!
Mille excuses pour ce commentaire beaucoup trop long.
Et je suis tellement contente que Laure et toi vous plaisiez au Havre, malgré la présence armée des voisins du sud...
:-)
seraiT interdit, faute de frappe...
Quel mot charmant, Lise!
Ce fut trop court. Tu as raconté tellement de choses intéressantes.
Imagine! c'est mon frère Michel qui m'a mis la puce à l'oreille. Je parle de celui qui a travaillé longtemps à fabrication de moteurs d'avion chez Pratt & Whitney. Au téléphone, il m'a demandé:
- As-tu vu le commentaire de Lise?
- Non. Je suis encore couché.
Là, je me suis levé. J'ai courru à l'ordi. Tu m'as fait vibrer avec ta nostalgie de la Côte Nord. Je l'ai ressentie comme jamais. Et comme toi, ce qui s'en vient m'irrite. Je sais que tu ne crois pas à l'enfer. Moi non plus. Mais Bon Dieu, que j'aimerais y croire. Ce serait peut-être pas nécessaire d'y envoyer tout le monde pour l'éternité, mais j'enverrais tout de même un peu ceux qui ne respecte pas la nature si belle d'ici.
?
Bonjour Zoreilles,
tu es très perspicace. On sent ton talent de communicatrice. Dommage que les médias n'engagent pas de journaliste de ton calibre.
Tu as demandé:
Mais pourquoi donc y a-t-il tant de secret au sujet de cette épave d'avion qui s'est écrasé en 1942? Ont-ils trouvé des réponses à leurs questions lors de cette soirée?
La réponse est oui. On nous a même dit qu'on nous révèrait des scoops qui ne serait pas repris par les médias. Un partie de la conférence nous a été donnée par un officier militaire américain de haut rang dont je reparlerai. Il a répondu honnêtement à nos questions dans les limites de ce qui était permis. Tu comprends que j'avais les zoreilles grandes ouvertes.
Lise,
C'est drôle en lisant ton 2è commentaire, j'étais frappé par la qualité de ton français. Je me disais que j'aimerais faire aussi peu de faute que toi.
Alors, ta faute de frappe, elle est bien vite excuser. Tu as beaucoup de Air-lousses en réserve.
Cher Jacks,
Moi, journaliste? Embauchée par les médias? Dieu m'en garde!
D'abord, il faudrait que j'aie étudié en journalisme, ce qui n'est pas mon cas.
Je dois constamment « faire avec » les médias et les journalistes, et je t'assure, ils me mettent souvent hors de moi. Comme depuis deux jours où ils font la vie dure à mon client, le genre d'info qui ne se rend pas jusqu'au national mais ici, ça fait du dommage qu'on mettra des mois à réparer. Ils se nourrissent de statistiques interprétées tout croche, de drames humains, de scandales inventés de toute pièce et de peurs irraisonnées qu'ils sèment dans la tête des gens. Plusieurs essaient de se faire un nom ici pour s'en aller travailler pour les médias nationaux par la suite.
Si on ne le leur donne pas le genre d'entrevue qu'ils veulent et qu'ils n'arrivent pas à faire dire au porte-parole ce qu'ils voudraient entendre, sais-tu ce qu'ils font? Ils suggèrent habilement, en laissant sous-entendre des affaires, en tripotant la vérité et même j'ai vu hier, mon cher ami, le truc du vox pop! Ils font dire des imbécilités et des faussetés à un badaud sur la rue qui veut son petit 30 secondes de gloire à tévé et ça fait partie de la conclusion du reportage, les gens prennent ça pour une vérité. « Parce qu'ils l'ont vu aux nouvelles ».
Un jour, je ne serai plus capable de faire ce métier-là malgré l'attachement et le respect que j'ai pour mes clients. D'ici là, il faut que je gagne ma vie et comme consultante en communication, je peux le faire de manière intègre et avec tout ce que je crois. L'injustice, comme le mensonge et le manque d'éthique, me feront toujours cet effet-là.
Zoreilles,
Voilà une réaction vive à la hauteur de la vraie Zoreilles que je connais. Ça vallait le coup, la peine d'être dit, avec le talent et le coeur qu'on te connait.
Le plus drôle, c'est que j'avais escamoté une phrase dans mon commentaire original précédent. J'avais pensé à écrire ceci: Il te manque un qualité pour être journaliste: tu es trop honnnête. Puis j'ai laissé tombé, croyant que cette phrase aurait trop besoin d'être expliquée.
Et bien tu viens de le faire de façon merveilleuse, beaucoup mieux que je n'aurais pu le faire. Je me contenterai donc de dire: Bravo! Un chance qu'on t'a.
Merci Jacks! Parlant de l'enfer, mon père disait que c'est sur Terre qu'on le vit. Il faut avouer que parfois il y a de quoi se poser des questions, et c'est pourquoi il est important de saisir les petis bonheurs (les grands aussi) lorsqu'ils passent. Mais tu as un indéniable talent pour ça, c'est facile à constater en lisant tes billets, même à travers ce qui te rends triste.
:-)
Bonne soirée!
Bonsoir Lise,
C'est agréable à entendre ce que tu dis. Il n'y a rien qui rend plus de bonne humeur que de se faire dire qu'on a l'air de bonne humeur.
Je dois avouer qu'ici, je ne vois pas comment on pourrait faire pour ne pas l'être.
Je serai encore vivant la semaine prochaine mais...
c'est un hasard. Je ne me souviens pas qui m'a parlé des canneberges dernièrement. Mais je me suis informé où il y en avait, comment les reconnaître. J'en ai ramassé un bon pot.
En arrivant chez moi, la voisine était dehors. C'est avec elle que j'avais cueilli des bleuets. Elle m'a demandé ce que j'avais cueilli. J'ai répondu: des canneberges.
Elle a appelé son mari qui vient de revenir d'un séjour dans la nature. Il a inspecté ma récolte et m'a dit de ne pas y toucher. Il a ajouté: Ça va vous tuer d'une claque.
Imaginez si la voisine n'avais pas été dehors, si son mari n'avait pas été de retour, vous n'auriez jamais su la fin de l'histoire de l'épave de l'avion américain.
Le hasard, c'est fort!
Oh Mon Dieu, j'aurais pu te tuer!
C'était moi qui avais laissé ce commentaire où je parlais des canneberges sauvages sous ton billet « Malheurs des uns, bonheurs des autres » à cause de ta fleur carnivore qui poussait dans un lieu où il y aura sûrement des canneberges bientôt, mais pas tout de suite!!! Elles poussent toujours dans une tourbière, là où se trouvent aussi des fleurs carnivores, elles seront mûres fin septembre début octobre, les canneberges sauvages (atocas) PAS AVANT!
Fiou, une chance que le mari de ta voisine t'a averti. Il doit regretter de vous avoir envoyé aux framboises près d'un champ de tir...
Zoreilles,
C'est un peu plate. J'aurais pu revenir te dire sur mon blogue si Dieu existe vraiment. Et j'aurais battu tous les records d'audience.
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