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C'est vrai qu'on s'est cru éternel
C'est vrai qu'on rêvait d'aller plus loin
Et puis tout à coup, plus rien!
Extrait de la pièce musicale "On a fait que du vent" (Jipé Dalpé)
Lorsque j'étais étudiant, j'étais président de classe. Notre dernière année: 64-65. Et tout à fait par hasard, ces deux chiffres correspondent à notre âge actuel. Quand on passe tant d'années ensembles que nous l'avons fait, on imagine mal qu'on va se séparer pour toujours, pour la plupart.
Après notre party de finissant, nous avions juré de nous revoir l'année suivante. Je ne pouvais concevoir qu'après toutes ces années, c'était fini de nous. Mais il ne se passa plus rien. C'est souvent comme ça la vie. Dans un party de famille, à des funérailles par wxemple, on se promet toujours de se revoir. On S'échange ses coordonnées, mais il n'y a pas de suite.
L'année dernière, un de mes anciens collègues de classe m'a retracé sur le site web classmates. Il n'en fallait pas plus pour qu'il me rapelle à l'ordre. Nous ne nous sommes jamais revus tous ensembles depuis la fin de nos études.
Mon honneur était en jeu. On a bien pris soin de me rappeler que j'avais été nommé à vie. Et dire qu'il y a des présidents ou des premiers ministres qui serait prêt à tout pour obtenir ce privilège. Me croirez-vous si je vous dis qu'il y en a même qui ravagent les forêts, détournent des rivières pour passer à l'histoire. J'ai donc décidé de ne pas me défiler.
J'ai bientôt eu de l'aide pour les recherches. Un vrai travail de moines. Le gros du travail a été fait avec des moteurs de recherche très simples. Une de mes collègues a été particulièrement habile pour étudier les photos sur différents sites en les comparant avec les photos de notre journal de finissant. Pouvez-vous imaginer le niveau de difficulté.
C'est fou tout de ce que nous avons découvert. Certains confrères ont eu des positions très enviables. Mais peu importe le chemin parcouru, le niveau de visibilité ou de notoriété, chacun est captivant. Nous avons aussi comparé le choix de carrière avec ce que les hasards de la vie ont provoqué comme changements.
Il nous semble tous que nous venons de terminer nos études. Les souvenirs sont tellement présents. C'est halluciant. On réussit à peine à croire que tant de temps a pu passer. Un choc! Mais savez-vous d'où est venu le pire choc? Déjà, le tiers de la classe se trouve dans la catégorie des disparus.
Il faut réaliser que nous avons l'impression que nous étions ensemble il y a peu de temps. J'ai regardé souvent le journal des finissants. Pour moi, les seuls souvenirs que j'ai des mes ex-confrères s'arrêtent pour la plupart à une période où nous avions 21 ans ou presque.
Imaginez, plusieurs d'entre nous ne se sont jamais plus revus depuis...
7 commentaires:
Encore une fois, te lire était du bonbon. J'ai dégusté ton billet jusqu'à la fin, j'ai relu plusieurs phrases... et j'ai cliqué sur la photo pour te trouver mais n'y suis pas arrivée de façon certaine.
Ce choc, de revoir les visages de gens de notre âge dans la chronique nécrologique, je commence à connaître ça. À chaque fois, ça me ramène à ce qu'on a vécu ensemble...
Il y aura en juillet prochain des retrouvailles de tout le quartier où j'ai grandi. L'événement est bien organisé, il s'appelle « Retour dans le Bronx » parce que c'est de même qu'on appelait le vieux Noranda, notre quartier ouvrier qui nous a tant marqués. Aujourd'hui, c'est le quartier culturel de la ville, on l'appelle « Le p'tit plateau »! J'ai été invitée par téléphone et par courriel à trois ou quatre reprises. Et je fais circuler le message à mon tour. Il paraît que les gens viendront de partout pour ce « Retour dans le Bronx ». J'ignore si je vais y aller...
Et vous autres, allez-vous organiser un événement de retrouvailles?
Bonjour Jackss.
Je crois qu'on a tous ce "blues" là...
Rutebeuf le plus illustre des poètes du XIIIe siècle, l'avait aussi, et Léo Férré a réuni plusieurs extraits de ses textes pour cette chanson:
Paroles Léo Ferré Pauvre Rutebeuf
Que sont mes amis devenus
Qua j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est mort-e
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
Avec le temps qu'arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n'aille à terre
Avec pauvreté qui m'atterre
Qui de partout me fait la guerre
L'amour est mort-e
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à ho
En quelle manière
Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est mort-e
Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m'était à venir
M'est avenu
Pauvre sens et pauvre mémoire
M'a Dieu donné le roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit sur moi quand bise vente
Le vent me vient
Le vent m'évente
L'amour est mort-e
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
Les emporta...
Pour écouter :
http://www.dailymotion.com/video/xp6iw_leo-ferre-pauvre-rutebeuf_music
ce billet m'a laissée mélancolique. mais il faut croire que nous vivons toutes et tous la même chose.
Moi aussi je me souviens de mon dernier jour au gymnase, lors de la cérémonie de remise des diplômes. On avait fait la fête toute la nuit précédente. Et là, la gueule de bois, on allait chercher nos papiers. Et on s'était dit: on se reverra. On s'appelle et on se fait une bouffe. Et certains je ne les ai plus jamais revus. c'est la vie, mais cela laisse mélancolique. pareil pour les collègues que j'ai pu avoir dans les différents jobs que j'ai traversés. Tout ce dont je suis sûre c'est que les vrais amis, on les garde pour toute la vie. C'est bien. Heureusement. mais c'est parfois un peu trop peu. Quoique c'est déjà beaucoup.
Aujourd'hui, j'ai une collègue chère qui vient de quitter son job, c'était son dernier jour. Et on s'est dit qu'on allait se revoir, pour faire la fête, pour se faire une bouffe. On le fera, certainement, avec d'autres collègues. Mais après? que restera-t-il? et je suis triste parce que c'était une de mes confidentes au boulot. On partageait les mêmes soucis, des chefs incapables, des tensions quotidiennes. Et voilà, elle s'en va.
que dire de plus... si ce n'est que c'est la vie.
Bonjour Zoreilles,
Nous vibrons aux mêmes émotions! Il me semble que l'intensité croit au fur et à mesure que les contacts s'établissent. Il me reste à souhaiter que mon système tienne le coup jusqu'au moment des retrouvailles. Je ne voudrais pas changer de catégorie tout de suite. Les Iles Mingan m'attendent.
Tu ne m'as pas reconnu? Au début du cours, on m'appelait le grand. Mais pas à la fin.
Comment me trouver? Je me trouve sur la 2è rangée, à droite, entre les 2 têtes à l'extrème droite sur la 1ère rangée.
Comme tu te souviens, le cours classique était la porte d'entrée de l'université et du Grand Séminaire. C'est ce qui explique que des confrères portaient la soutane. Il n'y a pas plusieurs qui l'ont gardée. Ils ont changé de parcours, ont eu des enfants. Mais l'un d'eux est devenu évêque.
Il y a eu des décès plus tragique que d'autre dont un suicide. La vie, c'est pas toujours un jardin de roses!
Michel,
Tu as toujours de très bon liens. Ce poème de Ruteboeuf en chanson interprété par Léo Ferré je l'ai étudié au Collège.
Il est bien adapté à la circonstance. Il me parle. Il me revient périodiquement en tête. C'est de la grande poésie, de la poésie que l'on apprenait par coeur quand on était jeune. Oui, je suis nostalgique de cette époque que notre civilisation aisse mourir à petit feu.
On ne valorise plus assez la mémoire, le passé, la culture en général. On oppose trop souvent apprendre et comprendre.
Delphinium, chère amie
Oui, c'est bien de nostalgie qu'il s'agit. Tu as de la chance même si tes amis sont rares. Mieux vaut avoir quelques ami(e)s plus intimes que plusieurs en surface seulement.
Je dirais même plus, je préfère ne pas avoir d'amis que d'en avoir qui le sont à moitié, avec qui les relations sont superficielles. Personnellement, j'ai changé de milieu.
J'ai retrouvé deux seuls vrais amis dont l'un qui, par hasard, s'est retrouvé mon voisin immédiat. Les deux sont décédés: le premier d'un cancer, sans que je sache qu'il en était atteint, l'autre d'un accident alors qu'il marchait sur la rue avec sa mère qu'il était allé visitée. Un chauffard l'a fauché sur le trottoir.
Ces événements rendent d'autant plus précieux les instants que nous passons à préparer ces retrouvailles. L'ambiance nous comble et nous transporte. Il y a une volonté de se rencontrer pendant qu'il est encore temps.
Je suis impressionné, Delphinium, chaque fois que je vibre au même diapason que quelqu'un qui comme toi, dans un autre univers, ressent les mêmes émotions, les mêmes sentiments. C'est là que je prends bien la mesure de ce que veut dire la fraternité humaine.
@Zoreilles,
J'avais oublié ta question: oui, nous organisons des retrouvailles. Je crois que nous serons très nombreux. La date est fixée: octobre 2009 dans la ville où nous avons étudié: St-Hyacinthe.
Dans le Collège où j'ai étudié, il s'est passé un événement historique très important de l'histoire du Québec, plus précisément en 1837.
Je vais en parler dans mon prochain billet.
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