Quand j'ai eu 15 ans, je me rappelle que j'ai eu un choc. Je me suis dit: 4 fois 15, ça fait 60. J'ai réalisé qu'il me fallait seulement 4 fois mon âge pour avoir 60 ans. Mon père est décédé à 61 ans. Pour moi, il était vieux. Imaginez, j'ai déjà 10 ans de plus. Et il me semble que je ne suis pas vieux. En même temps, je réalise que le compte à rebours est commencé et qu'il me reste très peu de temps pour faire tout ce que je veux faire.
Imaginez que, par un drôle de hasard, le téléphone cellulaire a aussi 30 ans. Il date de 1985. À cette époque, son coût d'utilisation annuel était de 10 000$. Cliquez sur le Cellulaire a 30 ans pour plus de détails.
Je n'ai jamais tellement aimé ce petit bidule qu'on appelle téléphone. Je ne suis pas du genre à posséder un téléphone cellulaire. Je n'aime pas être rejoint n'importe quand, n'importe où, par n'importe qui. Je suis scandalisé quand je vois quelqu'un au restaurant parler au cellulaire au lieu d'être totalement disponible à sa copine, ses enfants, ses amis.
Je n'ai donc jamais offert de téléphone en cadeau, sauf une fois. Et ce n'était pas un cellulaire. Je n'aurais jamais eu les moyens. C'était tout de même un téléphone sans fil, la grande nouveauté de l'heure. Et vous verrez que ça ne m'a pas porté chance.
Printemps 1985
Mon père me téléphone de Thurso, près de Montebello. C'est là qu'il habitait. Il pleurait. Il m'a dit qu'il venaitt d'apprendre qu'il avait un cancer incurable. Il venait de sortir de l'hôpital Notre-Dame à Montréal. Sur le coup, je ne l'ai pas cru. Je croyais qu'il s'ennuyait et qu'il avait le goût de nous voir, Laure, les enfants et moi. Les obligations familiales et professionnelles rendaient le défi très difficile, compte tenu de la distance.
Il a fallu deux mois avant que j'apprenne,<i> par téléphone </i>, que c'était vraiment sérieux. J'ai su que mon père avait vraiment été hospitalisé et qu'il était atteint d'un cancer incurable. Sans perdre un instant, je l'ai appelé. Je l'ai assuré que je serais là le lendemain. J'ai pris congé.
La dame qui en prenait soin m'a guidé jusqu'à sa chambre de la maison de Thurso qu'il habitait. Mon père qui d'habitude avait toujours un beau teint, était pâle et visiblement affaibli. À ma vue, son visage s'est épanoui. Il s'est assis dans son lit. Il s'est allumé une cigarette, en s'excusant de le faire. C'est un cancer du poumon qui l'avais terrassé.
En peu de temps, il est entré dans le vif du sujet: sa situation, son moral. .Il a jasé pendant des heures. Il a fait le tour de toute sa vie, ses peines, ses rendez-vous manqués, ses regrêts. Il m'a parlé de ses parents, ses frères, ses soeurs, en les nommant. Il a parlé de ma mère, ses enfants, ses relations avec nous. J'étais devenu comme son confesseur.
Mon père et ma mère 1967 |
La lumière du jour pâlissait. Nous avions parlé pendant des heures. J'ai dit à mon père qu'il devait se reposer un peu. Je suis descendu dans le salon. À ma grande surprise, il m'a suivi dans l'escalier. Il a allumé la télévision, changé de poste. Il m'a raconté des histoires et ri de bon coeur. De toute évidence, il venait de croiser le bonheur. C'est ainsi que je l'ai laissé.
Environ 3 jours plus tard, c'était le 22 mai 1985: la fête de Laure. Je lui avais acheté un téléphone sans fil environ un mois auparavant. Il était prêt à l'emploi dans une boîte de cadeau. Aussitôt après avoir mis la pile en place, le téléphone sonna.
Le téléphone était pour moi. C'était un appel de l'Hôpital de Lachute. On m'annonçait que mon père venait de décéder. Le hasard nous a secoué. Ce téléphone n'a jamais plus sonné pour nous. Nous l'avons jeté.
La vie est pleine de mystères. On ne croit la plupart du temps que ce que l'on voit et comprend. Et pourtant, il est évident qu'il y a plein de phénomènes qui nous dépassent, des phénomènes qu'on ne peut expliquer. Il y en a dont on ne veut pas parler pour ne pas passer pour fou.
Le livre La source noire en raconte beaucoup. Il parle, entre autre, de ces gens qui semblent attendre pour mourir d'avoir réglé quelque chose ou vu quelqu'un avec qui il reste des choses à régler. On aurait dit que c'était le cas pour mon père. Il a perdu connaissance peu de temps après mon départ. Il n'a jamais pris conscience par la suite.
Autre phénomène totalement inexplicable: une bible ouverte. En venant visiter ma mère, nous avons trouvé sa bible ouverte dans la salle à dîner. Elle était ouverte à la page où se trouvait le texte lu pendant l'évangile lors des funérailles de mon père. Pourtant ma mère n'y était pas. Ma soeur Micheline, présente aux funérailles, a pu vérifier le mystérieux phénomène. C'est peut-être un hasard, mais vous admettrez comme moi que c'est pour le moins intriguant.
Sur un ton plus léger, je me porte bien pour le moment. Je me compte même très chanceux. Je viens de terminer mon jardin. J'ai travaillé fort. Je dois tout de même admettre que je sens le poids des années se faire sentir. En fait, j'ai un sérieux mal de reins. Faudrait peut-être que je consulte un médecin.
Carricature La Presse 28 juin 2015 |
- Les pilules bleues, c'est pour vos reins, les rouges, c'est pour votre coeur
- Je n'ai pas de problème au coeur!
- Quand vous verrez le prix des pilules bleues, vous en aurez un!
19 commentaires:
Je me suis réveillée avec un peu d'asthme en pleine nuit et ne me suis pas rendormie. J'ai donc décidé d'aller lire mes blogues préférés.
Lorsque tu plonges dans tes souvenirs, j'essaie de me mettre dans ta peau, dans l'histoire, comme si c'était moi. Ces derniers moments avec ton père, la bible ouverte... Il y a tellement de choses qui se passent dans l'invisible... Tiens, mon fils vit un deuil en ce moment, la perte de son meilleur ami qui était disparu depuis le 20 octobre 2014. Ils l'ont découvert il y a 2 semaines, noyé. Mon fils, il y a à peine 2 mois a fait 2 fois le même cauchemar récurant; son ami était devant lui, de l'autre côté de la rue, accoté au pied d'un arbre massif et le regardait, les yeux exorbités et apeurés.
On a retrouvé Patrick dans un petit endroit restreint, au fond de la rivière, au pied d'un gros arbre se trouvant dans l'eau...
Bonne semaine cher Jackss xxx
Tellement de faits troublants qu'on n'arrive pas à s'expliquer... Souvent, on en comprend le sens longtemps après. Et parfois, on reste avec nos questions sans réponses. À mesure que je prends de l'âge, j'accepte qu'il n'y a pas d'explication logique et rationnelle à tout.
Tu as eu la chance de recevoir les confidences de ton père alors qu'il était encore temps. Il était moins une mais il était encore temps. Tu l'as laissé en paix, suffisamment pour qu'il puisse quitter ce monde dans une relative sérénité. Ton geste était grand et combien généreux.
Bonjour vous autres,
Oui, fais attention à ton coeur mon bon Jackss.
J'ai la chance de côtoyer mon père tous les jours. Une de mes soeurs qui le voit une fois l'an me disait la même chose hier: la chance que j'avais de recevoir les confidences de mon père.
Je vais au lac faire mon nouveau dada, yoga sur planche au milieu du lac.
Bonne journée à tous.
Nanou, repose toi bien.
Bonjour, Jacques,
Les questions existentielles sont faites pour nous stimuler, nous amener à nous dépasser, sans relâche. Mais, il n’y a aucun hasard. Dans l’univers, il n’y a que des causes et des effets. Seul L’ABSOLU est sans cause.
Pour nous, qui vivons dans le relatif, s’il n’y avait plus de questions, nous cesserions d’évoluer. Notre évolution vers le futur, ne peut qu’être éternelle, tendant vers la compréhension de tout ce qui est, mais sans jamais pouvoir l’atteindre.
Je me suis fait une image que j’aime à méditer, et avec laquelle je peux aisément considérer, ce genre de synchronicités dont tu viens de nous parler dans ton billet, en sachant que ces questions sont là pour mon avancement:
« Je m’imagine que je suis une point infinitésimal, habillé d’un corps lui-même relié à chaque atome immédiat qui l’entoure. Ces atomes sont eux-mêmes reliés aux atomes suivants, et ainsi à l’infini. Je suis donc relié à tous les humains et à tout l’univers, puisque même le «vide» de l’espace, n’est pas vide. Je pourrais donc percevoir une foule d’informations, sans n’avoir aucune idée de la provenance de la source de ma perception. »
Il n’y a que L’ABSOLU qui a une vue globale de tout ce qui est, a été, dans l’éternité du passé et sera, dans l’éternité du futur.
On ne peut que se contenter de s’émerveiller de chacune de nos découvertes, aussi déconcertantes soient-elles.
Bonjour Nanou,
Il y a des gens avec qui on a beaucoup d'affinités et tu en fais tellement partie. On n'a pas beaucoup de grands discours pour se comprendre. Moi aussi, je fais un peu d'asthme à l'occasion. Ce serait une conséquence probablement de reflus gastrique, ce dernier problème n'existant pratiquement plus. Je sais comment m'en prémunir.
Des rêves prémonitoires d'une rare précision, j'en ai connus certains assez intriguants. Dernièrement, j'ai rencontré des collègues que je n'avais pas vus depuis 50 ans. L'un d'eux m'a parlé de certains phénomènes étranges que j'avais déjà expérimentés moi-même. Aussitôt, les autres collègues lui ont demandé ce qu'il fumait et se sont empressés de faire une profession de foi athéiste. Sachant que le sujet était sensible, je me suis empressé de tourner le tout à la blague.
C'est tout de même bizarre qu'il soit si difficile d'aborder tous les thèmes liés au sens de la vie, aux croyances qui devraient nous interpeller le plus. Moi, je ne prétends pas posséder la vérité. Je ne jure de rien, mais je ne peux ignorer ce que j'ai vécu personnellement et qui stimule mes réflexions.
Zoreilles,
Tu ne croyais sûrement pas avoir autant raison en parlant de cette chance que j'ai eue de pouvoir recueillir les confidences de mon père. Cette chance s'est répandue sur toute la famille. Je suis le seul à avoir vu mon père après qu'il eut appris qu'il était atteint d'un cancer incurable. Personne, ni même sa mère, ses frères et ses sœurs n'avait gardé le contact. Tu peux imaginer l'importance du témoignage des derniers instants de mon père que j'ai pu rapporter auprès de sa famille. Ce fut comme un baume de savoir qu'il avait traversé l'épreuve avec une certaine cérénité. C'est moi qui ai rencontré ma grand' mère pour lui annoncer que son fils, mon père, n'était plus de ce monde.
Le Factotum,
Ce que tu dis est tellement précieux. Combien de fois j'ai regretté ne pas avoir recueilli plus de confidences et pris des notes pendant que les intéressés étaient encore là. J'ai même toute une collection de photos de famille très très anciennes que je n'ai pas eu l'instinct de faire identifier à temps par ceux qui avaient connus ceux qui s'y trouve. Plusieurs photos garderont leurs secrets pour toujours...
Réjean,
Ta vision de l'univers témoigne d'un profond cheminement auquel je souscrit totalement. La semaine dernière à Radio-Canada, on a fait toute une émission sur le vide qui est plein de tellement de choses puissantes. Un silence vaut souvent mille mots. Tout ce qui compose le vide est une source de grandes richesses à la condition qu'on ne tire pas trop vite la conclusion qu'il n'y a rien.
Voilà ce que ton propos m'inspire.
J'ai encore oublié de me relire
Excusez mes fautes de français. Je suis trop vite sur le piton!
Des hasards, il y en a tous les jours. Prenez par exemple ce billet Le téléphone. Par un drôle de hasard, La Presse fait état aujourd'hui des 30 ans du cellulaire. Ça tombe pile pour mon billet mis en ligne il y a deux jours. Vous comprendrez que je me suis empressé d'ajouter ce détail et le lien concerné. Il contient d'ailleurs des détails passionnant.
Il est assez étonnant de penser que le cellulaire n'a que 30 ans quand on pense l'importance qu'il a aujourd'hui partout sur la planète. Plusieurs ne pourraient pas s'en passer, qu'ils soient riches ou pauvres. Il est devenu les yeux de l'univers dans de nombreuses occasions. Le meilleur et le pire se côtoient dans son utilisation.
Les 30 ans du cellulaire? Déjà? Bon ben, je suis 30 ans en retard, je résiste au cellulaire avec toute la force de mes convictions. C'était plus difficile quand j'étais consultante en communication, mes clients me demandaient tout le temps mon numéro de cellulaire. Quand je répondais que j'étais toujours joignable à mon numéro de téléphone à la maison et par courriel, on me regardait comme si j'étais une extra terrestre!
Maintenant que je suis retraitée, ce n'est même pas difficile de résister. Quand je sors de la maison, juste à savoir que le téléphone ne sonnera pas, je me sens libre.
On demande souvent à mon Gilles si le cellulaire « pogne » au campe. Il répond que le jour où ça se produira, on va tout vendre!
Zoreilles,
Nos réactions se ressemblent à s'y méprendre. Et pourtant, je suis un maniac de la technologie. Pour être plus exact, j'ai un cellulaire qui me coûte 15/mois. Je n'ai droit qu'à 30 appels et pas plus que 30 minutes au total. Je ne dépasse jamais la limite. Je n'apporte jamais mon cellulaire, à moins d'une raison spéciale.
C'est fou comment tout a évolué vite à ce niveau. Je me rappelle du temps où on nous disait qu'un jour on aurait ce qu'on appelait des "téléphone-télévision". On imaginait de très gros modèles avec un gros écran lourd muni d'un récepteur de téléphone. On était loin d'imaginer des petits appareils avec écran plats de 3 pouces et autant d'applications "intelligentes".
J'ai vu aujourd'hui un enfant de 2ème année télécharger des jeux sur mon iPad avec une facilité déconcertantes. Sa mère me disait que l'enfant l'avait observée la première fois qu'elle avait téléchargé un jeu. Il l'a observée du coin de l'œil et a mémorisé le mot de passe à son insu. Sur son compte iTune, il lui a vite monté une facture de 200$. Imaginez, ça aurait pu être pire. Et c'est un enfant en 2ème année du primaire!
Une blague
J'ai longtemps souhaité utiliser mon ordinateur aussi facilement que mon téphone.
C'est fait: je ne comprends plus mon téléphone!
J'attire votre attention sur le blogue de notre ami Réjean, "Pédale, papi".
Il vit actuellement une belle expérience: sur le chemin de Compostelle. Ce genre d'expérience contraste beaucoup avec celle de la vie avec un cellulaire continuellement à la main.
Le lien de ce blogue se trouve à droite du mien, vers le bas, dans la liste des blogues que je suis.
Ha! Ha! Tu confonds encore, Réjean, avec Gaétan !
Hihi!
Merci de me signaler l'erreur, Réjean
Ce n"est pas la première fois que ça m'arrive!
Réjean,
Est-ce que, par hasard, tu t'intéresserais à la mécanique quantique?
Bonjour Jacques
Tu me demandes :
«Réjean, est-ce que, par hasard, tu t'intéresserais à la mécanique quantique ?»
Bien sûr que je m’y suis intéressé. J’en ai d’ailleurs parlé sur mon blog, à 3 reprises.
Les physiciens quantiques nous apprennent que c’est la conscience des humains qui crée leur réalité dans le monde de la matière, ou, pour dire les choses différemment, sans la conscience, il n’y aurait pas de matière, il n’y aurait que de l’énergie. Tout cela a été largement démontré en laboratoire.
Ils nous disent aussi, qu’avant ce qu’ils appellent, le Big Bang, toutes les particules de matière étaient soudées les unes aux autres, et que de ce fait, malgré les distances énormes qui les sépare, désormais, elles sont demeurées néanmoins liées par des liens énergétiques. Il n’y a rien de séparé dans l’univers; tout ne fait QU’UN.
Les physiciens quantiques, en faisant un lien entre la conscience et la matière, affirment même, que notre réalité extérieure est une projection de notre conscience; nous serions les créateurs de notre propre réalité.
Ce que nous pensons, ce que nous croyons, peut devenir une réalité dans notre vie.
Les scientifiques ont essayé d’éliminer le concept de Dieu pour expliquer la réalité matérielle. Mais à quoi aurait servi ce vaste univers, supposément issu du hasard, s’il n’y avait eu au préalable une conscience, pour l’observer.
Bonjour Réjean,
C'est drôle, j'ai lu sur la mécanique quantique dernièrement et j'ai mieux saisi des réflexions que tu avais déjà faites.
Quant à tes propos sur la conscience, ils ® éjointent des réflexions que je me suis faites ces jours-ci sans avoir rien lu sur le sujet.
Je n'ai pas encore été sur ton nouveau blogue. Je le ferai bientôt. Je me souviens que tu as laissé le lien sur le site de Zoreilles. Je vais retourner le noter.
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