jeudi 29 mars 2012

La fesse cachée de la Romaine


Coke, jeu, prostitution, corruption, intimiditation... Y rien de trop beau pour la classe ouvrière.
Avec tout projet d'envergure, il y a des coûts sociaux qu'on a souvent du mal à évaluer et contrôler. On ose à peine effleurer le sujet. Loin de moi l'idée qu'ici, c'est pire qu'ailleurs. Partout où roule de l'or, il y a des loups qui rôdent. C'est inévitable. Je m'empresse d'ajouter que les gens d'ici que je connais sont sympathiques et admirables.

J'ai entendu parler avec ironie du projet de barrages électriques sur la Rivière La Romaine: la Rome and coke. Le projet La Romaine, ce n'est qu'une toute petite partie d'un projet gigantesque: Le Plan Nord. Voir le documentaire intéressant sur l'arnachement de la rivière La Romaine. Cherchez le courant.

Havre-Saint-Pierre, une toute petite ville en subit les contrecoups. Il faut se rappeler qu'il faut faire un voyage de 5 heures aller-retour à Sept-Iles pour aller au cinéma ou tout simplement faire nettoyer son linge dans une buanderie. Mais on trouve facilement le moyen des s'offrir des services privés plus sophistiqués dignes des plus grandes villes.

Il n'y avait en apparence pas de prostitution à Havre-Saint-Pierre lorsque nous y sommes arrivés en début de 2009. La situation a changé depuis un an. Et nous n'y sommes pour rien. Je vous le jure!

Il ne s'agit pas de qu'en-dira-t-on. Il ne s'agit pas de commérage des voisins. C'est le député du coin (Jonathan Genest-Jourdin), député autochtone du NPD, qui le dit:
Voir: La prostitution à Havre-Saint-Pierre.
Il est conscient que sa sortie risque de faire des vagues dans son coin de pays. Après tout, la municipalité de Havre-Saint-Pierre, située près du mégachantier, compte seulement 3 279 habitants, selon le ministère des Affaires municipales. Tout le monde se connaît. Néanmoins, il souhaite à tout prix attirer l’attention du public sur les conséquences du boom minier et du chantier hydroélectrique.

La prostitution a ses ardents défenseurs. Il paraitrait qu'un certain DSK en est un. Mais il ne faut pas croire tout ce que l'on entend. Il faut des preuves et laisser aux tribunaux le soin de faire leur travail. Mais, se fier sur le jugement des juges est parfois un peu hasardeux.  Un jugement récent a fait partler de lui jusqu'en France, notament sur France 24 en ces termes:

Trois femmes de Toronto, capitale de la province d'Ontario, avaient défié devant les tribunaux en octobre 2009 des lois contre la prostitution. La Cour supérieure de l'Ontario avait invalidé un an plus tard des lois interdisant notamment la tenue de maisons closes et le racolage de clients.
Voir Contexte légal de la prostitution au Canada.

Il paraît, selon certaines mauvaises langues que certains profiteurs de la mafia n'offrent pas toujours les meilleures conditions de travail aux prostituées qu'il vaut mieux appeler les travailleuses du sexe. Le gouvernement serait mieux placé pour le faire.

Déjà, certains médias ont commencé à préparer le terrain. Dans certaines émissions, on a pu voir de jolies dames fort distinguées nous donner leur point de vue, donner l'image d'honnêtes mères de famille consciencieuses comme n'importe quelle travailleuse bien pensante. Elles nous ont aussi parlé de certaines travailleuses exploitées par des organisations mafieuses. On nous parle aussi de certains problèmes de santé publique que le contexte illégal ne permet pas de bien encadrer.

Revenons aux jugements des juges de l'Ontario dont a parlé plus tôt. Je vous recommande chaudement cet article du journal Le Devoir que vous pouvez lire en cliquant sur
La postitution, un jugement qui oublie les victimes.

Voici un extrait assez élgoquent du reportage:

Selon différentes études canadiennes et québécoises, de 33 à 80 % des femmes dans la prostitution ont été victimes de sévices ou de violence sexuelle avant leur entrée dans le système prostitutionnel, et l'âge moyen auquel elles y sont entrées est de 14 ans. Cela signifie qu'une très grande part des personnes prostituées ne seront pas touchées — ni protégées — par une loi qui décriminaliserait la prostitution. C'est aussi la preuve que plusieurs d'entre elles n'ont pas eu l'occasion de faire un «choix éclairé».

92% pour cent des personnes prostituées au Canada affirment qu'elles sortiraient du système prostitutionnel si elles en avaient la possibilité.
Pourquoi alors ne pas criminaliser ceux qui profitent de cet état de faits, clients-prostitueurs et proxénètes, décriminaliser les personnes prostituées et mettre en place des programmes de réinsertion plutôt que des bordels? Le jugement de la Cour d'appel de l'Ontario va à la fois à l'encontre de la logique, de la compassion et des besoins réels des personnes dans la prostitution.

Comme le souligne le professeur de sociologie Richard Poulin: «À Amsterdam, où il y a 250 bordels, 80 % des personnes prostituées sont d'origine étrangère et 70 % d'entre elles sont dépourvues de papiers, ayant été victimes de la traite.» Difficile, dans ces conditions de sortir de l'ombre... Encore une fois, la loi ne semble pas faite pour protéger les victimes du système prostitutionnel.

 En 2008, le journal La Presse a produit un très beau dossier sur la prostitution à Montréal. Le lien qui précède comporte plusieurs reportages fort intéressants.

Tout se passe rapidement. Dix minutes, parfois quinze. Après la fellation, Pierre sent un immense vide. Il est toujours déçu, jamais comblé. Sa sexualité est sans fond. Il se sent coupable, honteux d'avoir cédé à ses démons. L'éternité, dit Pierre, c'est entre le moment où tu as joui et celui où tu débarques la fille de ton auto. Quand elle part, je la regarde et je me dis : «Je ne veux plus, c'est trop moche. La Presse

On pourrait aussi penser au reportage de J.E. qui a démasqué plusieurs prédateurs sexuels qui attiraient des filles mineures par internet. Les enquêteurs de JE leur ont joué un mauvais tour dont plusieurs vont se souvenir longemps. Voir le 1er reportage en cliquant sur prédateurs sexuels. Je pense à ce pompier volontaire, bon père de famille, qui a été démasqué et devenu la risée de tout le monde en plus de perdre son travail. Le reportage a mis le feu aux poudres. Je sympathise avec le monsieur en imaginant l'immense détresse qu'il doit ressentir.

Est-ce qu'on va finir par légaliser totalement la prostitution?  Si on légalise la prostitution, avez-vous une idée de ce que le gouvernement pourrait recueillir en impôts? Vous avez votre réponse.

Bien sûr, je provoque un peu. Nous sommes dans une société ouverte et évoluée. Mais comme rien n'est jamais acquis, il faut demeurer vigilants. Tout ce qui n'avance pas recule. Il faut voir l'exemple de certains pays, notamment en Amérique du Sud, pour réaliser qu'une société qui ferme les yeux sur le raccolage de la mafia avec ses institutions finit par être de plus en plus envahie par elle. Un jour, même l'armée ne suffit plus à rétablir le contrôle démocratique des institutions publiques.

Tout à fait par hasard, sur le blogue de Joseph Facal dont le lien est à droite, sous le titre Punitions divines on parle de sondage d'opinions. Le suivant montre comment on est à des années-lumière de d'autres sociétés. Voici un élément qui a été sondé:

Pensez-vous que les gens qui commettent l’adultère méritent la lapidation ? La lapidation, c’est tuer à coups de pierre. C’est oui à 82 % en Égypte, à 82 % au Pakistan et à 70 % en Jordanie.

Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à ce passage biblique: Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre.

On dirait qu'on a toujours tendance à aller dans les extrêmes. Il faut réaliser que c'est ainsi qu'évolue l'humanité. C'est rarement par la voie du milieu.

17 commentaires:

Jackss a dit…

J'aurais pu aborder les aspects positifs du Plan Nord. Il y en a. Mais j'entends tellement parler de matières à scandale que j'ai voulu apporter mon humble contribution au débat.

J'ai voulu appeler les choses par leurs nom, montrer les images qui valent pafois mille mots.

J'ai parlé de prostitutio, parce que notre début, autocthone a eu le courage de le faire, dans se demander ce que les autres allaient penser, au risque de paraître ridicules.

Les mégaprojets où l'argent coulent à flot attirent immanquablement des être louches, peu recommandables. Et l'effet est à l'on terme. Des habitudes pour le moins discutables ne s'arrêtent pas automatiquement à la fin des travaux.

Les organisations criminelles qui se struturent pour récolter les gros sous en disparaissent pas non plus quand le projet est fini. Ils continuent d'étendre leur emprise. C'est cette prise de conscience que voulu alimenter.

Ici, j'en entends de toutes les couleurs, même au niveau de la producitivité. Les travailleurs ont des salaire très élevés. Ils sont plus capriieu et plus indisciplinés.

L'éocomie locale a des problèmes de recrutement inimaginables.

Imaginez, il n'y a plus personnes pour disctribuer les circulaires. On doit faire venir des gens de Sept-Iles pour faire le tvavail. Il faut 5 heures de route aller-retour pour se rendre ici. Et, entre Sept-Iles et Havre-Saint-Pierre il n'y a que quelques petites ommunautés, rien pour rentabiliser le voyage.

Je comprends que la semaine Sainte n'est pas tellement bien choisie pour parler d'un sujet comme celui de la protitution et autres sujets pas très édifiants.

Alors, je vais l'effacer bientôt.

Grand-Langue a dit…

Une ville sans protitution, sans cinéma... etc, c'est un peu ennuyant mais une ville sans circulaires, alors là, je vais m'y installer!

Il est évident que pour nos enfants, faire carrière dans la prostitution n'est pas le premier choix mais là où l'homme se trouve, il y aura de la prostitution. Légale ou pas? Je ne saurais dire.

Cela n'a rien à voir avec le Plan Nord, à moins que Charest nous ait caché quelque chose!

Grand-Langue

Jackss a dit…

Tu as raison Grand-Langue

La prostitution éxistait même au temps de Socrate. Et le Plan Nord n'a pas créé tous les maux.

Mais partout où il y a beaucoup d'argent en cause, il y a des loups qui rôdent.

Il y a cependant des liens importants à faire avec le Plan Nord. On aurait pu prévoir certains mécanismes. On ferme les yeux sur tout.

Je me contente d'un seul exemple. Dans la communauté innue, c'était l'occasion en or, d'améliorer les infra-structures. Au lieu de verser les montants à cette fin, on verse directement, dans la plupart des cas, aux Inus. Ce fut 3600$ par personne pour acheter leur accord initial. Le père d'une famille nombreuse a donc pu recevoir un motant assez impressionnant.

On nous dit qu'une bonne partie de l'argent a passé vite et que les policiers ont été fort occupés.

Celui qui dénonce la situation, c'est un député innu.

Il y a beaucoup d'autres problèmes dont on entend parler. Je garde une certaine discrétion cependant.

Autre problème: la main d'oeuvre est très difficile à retenir pour le reste de la communauté. Pour ce qui est des cirtulaires, tu n'aurais pas de chances. Chaque semaine quelqu'un fait le voyage de Sept-Iles, aller retour, pour les distribuer. On les a souvent en double.

Je m'empresse d'ajouter aussi que les gens que je connais sont sympathiques et admirables pour la plupart. Nous allons perdre de très bons amis quand nous allons partir d'ici.

Zoreilles a dit…

Côte Nord, Lac St-Jean et Abitibi, même combat!

Le Plan Nord a déjà des répercussions négatives plus au sud, surtout dans les régions limitrophes. Ousqu'y a de l'homme, y a de l'hommerie, voilà ce qui ne change pas. Il y a du bon dans le Plan Nord, je ne suis pas contre le développement de nos ressources mais pas à n'importe quel prix moi non plus. En ce moment, ceux qui y gagnent le plus et qui tirent les ficelles ne parlent pas notre langue et n'ont jamais mis les pieds ici, au Québec, ils se foutent éperdument des populations locales.

Rome and coke, ça dit tout, ça décrit toute une réalité. La prostitution n'est pas la pire place où l'on peut investir les gros salaires passagers. À ce chapitre, à un moment donné, un gars finit par avoir des limites! Mais pour la coke et toutes les autres dopes, y compris l'alcool et le gambling, the sky is the limit, les ravages commencent à peine à se faire sentir chez les plus vulnérables. Les problèmes sociaux qui découlent de ça sont immenses et on ne voit actuellement que la pointe de l'iceberg. On n'a pas fini d'en ramasser les dégâts, ce sera pareil pour nos environnements. Quand ils auront fini d'exploiter ces gros chantiers (hydroélectriques ou miniers) ils auront disparu de nos écrans radars et ils nous laisseront avec tous les problèmes, en Abitibi, on connaît ça depuis toujours. On a de la pratique! L'effervescence de notre économie (à cause des mines) crée tellement de misère...

J'ai des exemples désolants sous les yeux, ça n'arrête pas, et la criminalité explose autant que ces tonnes de roches dans lesquelles on trouve de l'or. Ce que je trouve le plus difficile à vivre actuellement, ce sont tous ces gens de mon âge et plus jeunes qui tout à coup, parce qu'ils font des salaires de fous, se mettent à ne plus voir la réalité en face, à balayer sous le tapis, à mépriser ce qui est différent et à parler le langage des compagnies qui les exploitent pour ensuite les jeter après usage. Ils n'ont plus de conscience sociale et ils n'ont plus le temps de réfléchir non plus, ils travaillent, ils font de l'argent comme de l'eau et ils consomment.

Tu crois, Jacks, que la prostitution devrait être légalisée? Les travailleuses(eurs) du sexe seraient-elles(ils) mieux encadrés(es), mieux protégés(es)? Je suis pas sûre, moi. Faudrait demander à ceux et celles qui sont directement concernés(es) ce qu'ils en pensent...

Jackss a dit…

Bonjour Zoreilles,

Chaque fois que tu laisses un commentaire, c'est comme un cadeau. C'est vrai. Je me trouve chanceux. C'est tellement toujours un plaisir de te lire, voir la réalité si bien décrite sous ta plume

Légaliser la prostitution? Je suis contre, c'est sûr. Mais je crois que le gouvernement sera très tenté de le faire.

De plus en plus, ce que nos gouvernements veulent c'est de faire de l'argent qu'ils peuvent distribuer à ceux qu'ils veulent comme alliés pour être réélus.

Légaliser la prostitution, c'est sauver des sous pour lutter contre le fléau, faire plus d'impôts avec leurs revenus, offrir des occasions d'affaires au milieu qui ne demande pas mieux. C'est le même principe pour le jeu, les drogues douces, etc.

Ce qu'on oublie souvent en haut lieu dans tout le débat, ce sont les coûts sociaux, la souffrance des victimes qui peuvent être à la fois les prostituées et leurs clients.

Le client qui fait affaire avec les prostitués n'est pas nécessairement fier de lui. Lui rende les choses plus faciles par la légalisation risque d'aggraver son problème.

Même légale, le client qui voit des prostitués, s'il est bon père de famille, aura des problèmes si son jeu est découvert.

Dire que la prostitution, le jeu, la drogue vont toujours exister n'est pas un argument qui tient la route. Si on banalise, normalise le tout, je crois que le problème va s'amplifier.

On n'enlève pas tous les feux de circulation jaunes parce que les gens ne les respectent pas.

Réjean a dit…

Bonjour Jacques,

«Dire que la prostitution, le jeu, la drogue vont toujours exister n'est pas un argument qui tient la route. Si on banalise, normalise le tout, je crois que le problème va s'amplifier.»

La question serait plutôt de se demander pourquoi il y a tant de gens qui recherchent inlassablement à s’oublier dans l’alcool, la drogue, le jeu et le sexe ?

La réponse ne serait-elle pas que c’est la société qui les y poussent ? J’avais déjà fait un commentaire chez toi, en plus d’un billet sur mon blog, en ce sens. Je ne vais donc pas me répéter ici.

On crée des problèmes existentiels, ensuite on empoche l’argent à partir des solutions proposées à ces âmes en peine. Comme dirait Zoreilles, c’est de l’hommerie, ça !

Mariejo a dit…

C'est un retour en arrière que tu décris la et ça me désole.
Je le vois comme un mépris pour l'être humain, "on" suppose que des hommes vont avoir des besoins (drogues, prostituées) et "on" les leur fournit, quasiment inclus dans leur contrat de travail.
Et c'est la que c'est désolant, de toujours vouloir anticiper les soit-disant besoins humains.

Jackss a dit…

Oui Mariejo, c'est désolant

C'est désolant qu'on en soit encore là après tant de luttes pour la libération de la femme. Il y a des réalités qui existent encore: la prostitution et la lapidation en sont des manifestations dérangeantes.

Je crois que l'avenir est plus prometteur qu'on peut l'imaginer. Il parait qu'il faut descendre au plus bas avant de remonter. Je pense qu'on est prêt d'y arriver.

Des voix s'élèvent. Notre député du NPD a eu le courage de soulever le problème au risque de provoquer des vagues.

L'émission JE aussi nous a montré un exemple de courage. Je crois que la série de reportages a été plus efficace que toute intervention policière. On dirait que la police et les tribunaux sont dépassés.

Peut-être trouverons-nous d'autres moyens. Le plus grand de défi, c'est de trouver l'équilibre entre l'ordre social et le respect de la vie privée.

Jackss a dit…

Bonjour Réjean

La réponse ne serait-elle pas que c’est la société qui les y poussent ? Bonne question! S'il y avait une réelle volonté politique, beaucoup de problèmes trouveraient vite une solution, quoi qu'on en dise. J'en suis convaincu moi aussi.

La vraie solution repose aussi sur une donnée dont tu as déjà parlé également: une formation de qualité.

Quand on parle d'accessibilité à l'éducation, c'est bien. Mais il faudrait aussi parler de qualité. Pour les sciences et la technologie, on a de bons résultats. Ils sont facilement mesurables.

Mais tout le domaine de l'éducation, le jugement, la signification du vocabulaire, l'histoire, le sens critique à développer, c'est une autre paire de manche.

Pour que l'éducation porte, il faut non seulement des diplômes en enseignement, mais aussi des compétences spécialisée, des profs qui enseignent des matières qui les passionnent.

Je parle un peu à travers mon chapeau. Je suis loin du système d'enseignement depuis longtemps. Mais c'est ce que j'ai l'impression de percevoir. Tant mieux si je me trompe.

Le factotum a dit…

Durant toutes mes années au Nord du Nord, j'ai vu de mes yeux vus toute la désolation causée aux autochtones par la seule venue des blancs venus faire du fric au Nord.
Le Plan Nord amènera encore plus de problèmes dans ces mêmes communautés éloignées de tous les services que nous avons au Sud et comme dit Zoreilles même dans notre région pourtant ouverte à cette belle civilisation du profit à tout prix.
La répression sous toutes ses formes n'a jamais rien réglé. La réinsertion sociale est la seule avenue possible pour aider les gens en détresse psychologique.
Combien de pères de famille perdrons nous avec le Plan Nord dans ce que nous appelons le travail IN AND OUT.
Tout nouveau développement au Nord ne devrait se faire qu'à la condition d'y introduire la famille.
C'est le salut de notre pays en devenir qui est en jeu.

Zoreilles a dit…

Et pour continuer dans la même veine du « in and out », comme dit Le Factotum, je seconde à deux mains sa suggestion que la famille suive le « run maker », parce que sinon, c'est foutu, on n'a pas fini d'en voir des familles éclater.

Ici, en Abitibi, on connaît bien le « 8-6 », ça veut dire 8 jours en haut (dans le Nord à travailler) et 6 jours en bas (à la maison avec la famille). Après quelques années de ce régime de vie, les statistiques le démontrent avec force, les séparations et les divorces sont en plus grand nombre, les dépendances aussi, l'épuisement, les dépressions, les enfants qui en arrachent à l'école, la famille s'en va à la dérive et personne n'en ressort plus riche, au contraire...

Plus insidieux encore, et c'est arrivé à des amis à nous, le gars s'est fait une autre vie « en haut », une vie de célibataire, quand il descend pour son 6, ça lui pèse, sa femme lui tombe sur les nerfs, lui en demande trop (selon lui) les enfants aussi, il ne se reconnaît et ne se plaît plus dans sa vie d'avant. Il a juste hâte de s'en retourner faire son 8. Ça se déchire et ça vivote pendant des années et finalement, chacun prend son bord.

Pour les Cris de la Baie James, les Inuits, jusqu'ici l'argent qu'ils reçoivent n'a pas réussi à leur apporter autre chose que les mêmes problèmes qu'au sud, mais sans les ressources d'aide dont nous pouvons, nous, bénéficier, pour ceux qui veulent se prendre en main. C'est pas vrai que l'argent peut tout acheter.

Les Algonquins viennent de signer une entente avec le fédéral pour négocier directement avec les minières sur leur territoire. Eux qui n'ont jamais eu d'argent d'aucun gouvernement et qu'on a refoulé dans des villages qui ne sont pas des réserves, donc sur des terres qu'ils revendiquent mais ne possèdent pas vraiment, je me demande comment ils vont s'en tirer. Sont-ils armés suffisamment pour ne pas se laisser avoir?

delphinium a dit…

Bonjour mon ami. Quel triste message que tu nous fais là. Mais tu as le mérite de dénoncer la réalité. J'ai parfois eu à faire dans mon travail, à la pauvreté de ces femmes. Sans papiers, sans passé, sans présent et sans avenir, elles n'ont rien.

Souvent isolées dans des pays qu'elles ne comprennent pas et qu'elles ne connaissent pas, elles ne savent pas se défendre car elles vivent dans l'ombre. Tout cela pour envoyer quelques dollars à leur famille restée au pays. C'est un vaste débat.
Et quand on pense que maintenant, de plus en plus d'hommes demandent des rapports dans protection, on se demande comment ces filles peuvent survivre. C'est glauque, et pourtant cela existe à la porte de nos villes.

Triste monde: triste pour ces filles mais également triste pour ces hommes qui ont besoin de sexe et qui participent à ce vaste délire sociétal. C'est moche mais c'est ainsi.

Jackss a dit…

Le Factotum

Comme c'est bien dit ce que tu racontes. On voit que tu connais bien la situation. Tout ce que tu racontes, il fallait le dire et tu en as le mérite.

Quand nous avons visité Fermont,nous avons eu l'aventage de partager l'appartement d'une amie à l'intérieur du mur. Nous avons ainsi pu avoir accès à des ressources du milieu qui ont pu nous faire comprendre la beauté du concept. Il est tout à l'opposé du in and out.

Fermont est une ville sortie de nulle part, suite à des mois de consultations avec les futurs travailleurs et leurs familles. Et justement, tout a été construit en fonction d'une famille avec de jeunes enfants.

Il y a plusieurs parcs, des loisirs à faire rêver n'importe quel genre de monde: bibliothèque, natation, chasse, pêche, ski, patinoire, salle de quille, sentier pédestre, etc. etc.

Près d'une des entrées principales du mur, il y a un espace vert soigneusement aménagé où on plante un arbre pour souligner la naissance de chaque nouveau né.

Nous avons aussi visité l'église et parlé à la dame responsable des lieux. Elle nous disait que les parents ne fréquentait pas beaucoup l'endroit, mais tenaient à ce que leurs enfants bénéficient des services de la paroisse pour développer de bons principes moraux.

On est loin de la situation décrite dans mon billet.

Dans le mur, on a tous les services, sans sortir: école, centre de santé, services municipaux, sportifs, épicerie, gardrie, salle de coffure, musés, bureau du journal local, etc.

La mine est très active au niveau de la communauté et investit beaucoup dans la qualité de vie des famille.

La

delphinium a dit…

Je voulais écrire "SANS" protection.

Je pense que lutter contre la prostitution est une bonne chose. Et épingler les gros caïds qui sont derrière tout cela. Il y a du boulot mais les politiques doivent se donner les moyens de le faire bien.
Sauf si les politiques s'apppelent DSK...
A bientôt

Jackss a dit…

Bonjour Zoreilles,

J'ai bien aimé les précisions que tu as apportées. Elles nous permettent de saisir encore mieux la petite misère engendrée par ce genre de situation irresponsable.

Je pense à ce que disait Réjean un peu plus tôt sur la responsabilité de la société qui poussent les gens à s'évader dans de faux paradis.

Pour le Plan Nord, nos gouvernements avaient un modèle parfait pour aller dans le bon sens, régler de gros problèmes sociaux, notamment chez les autochtones. On a fait tout le contraire. Je dirais même qu'on a presque mis toutes les conditions pour que ce soit les milieux mafieux qui en profitent.

Jackss a dit…

Merci de ta visite, Delphinium

C'est bien triste en effet comme situation. Il y a de l'hommerie partout, au vu et su de tous ceux qui pourraient y changer quelque chose.

C'est triste pour tout le monde. Tu as raison de le souligner. Tout le monde est à plaindre dans ce système. C'est une forme d'esclavage pour tous, sauf pour ceux qui tirent les ficelles et empochent la majorité des gros sous.

Tu as bien résumé: Triste monde: triste pour ces filles mais également triste pour ces hommes qui ont besoin de sexe et qui participent à ce vaste délire sociétal. Tu me sembles bien placée pour en parler. Et je comprends que ce que tu vois ne doit pas toujours être facile à vivre au plan des émotions.

Grand-Langue a dit…

Jacks,

Donner de l'argent directement aux Innus est, à mes yeux, une stratégie efficace mais néfaste pour les individus et décider de construire pour eux ce qui nous semblerait bon est peut-être paternaliste.

Que devons nous faire? Ça dépend à qui appartient le territoire finalement et quels sont les accords signés. Tout peut se faire de deux façons: la bonne et la mauvaise.

Quand l'argent mène tout, c'est souvent la mauvaise façon de faire les choses qui prend le dessus.

Quant aux entreprises qui viendront s'installer, c'est évident qu'ils se foutent COMPLÈTEMENT des meours locaux, de la langue... etc comme ses habitants malheureusement.

Les habitants sont les SEULS à imposer un certain respect. Nous n'imposons rien.

Grand-Langue