samedi 26 février 2011

Attention: danger de démocratie!

(Source: Journal Le Monde)
Une chose est sûre : le modèle démocratique occidental, qui est celui du gouvernement représentatif, correspond à une histoire qui n'est réductible ni à l'histoire longue du monde arabe, ni aux données de son actuelle conjoncture. (Bertrand Badie, Entrevue Le Monde )

On peut se poser une autre question: les grandes orientations politiques du Québec actuel sont-elles compatibles avec le modèle démocratique que nous défendons?
C'est fou le hasard! On dirait souvent que tout est écrit d'avance. Je sais que ce n'est pas vrai. Mais il y a des jours où la synchronicité est vraiment étonnante.

On peut dire que le mot démocratie secoue la planète comme jamais. On ne s'entendrait probablement pas sur la significtaion du mot. Mais, on est près à donner sa vie pour elle.

Dans le contexte d'aujourd'hui, une note trouvée par hasard cette semaine a presque eu l'air d'une prophétie. Toute une coïncidence!

Permettez que je vous situe. Une nouvelle connaissance nous avait invités chez elle à Fermont, au nord du 53è parallèle. Nous avons accepté sa charmante invitation.

Il faut dire que c'est tout un exploit. À partir de Baie-Comeau (450 km à l'ouest de Havre-Saint-Pierre), il faut parcourir encore plus de 600 kilomètres direction nord-est pour se rendre à Fermont et ce, sur des routes dangeureuses, en gravier. Une pencarte nous prévient: il faut parcourir 249 kilomètres avant un prochain poste d'essence. Et n'allez pas croire que le paysage est terne! Il y a là tout un potentiel qui dort, allez savoir pourquoi.

Les Monts Groulx longés par la route 389 couvrent une superficie d’environ 5000 kilomètres carrés et se distinguent par le fait que les sommets les plus hauts du Québec, dont le mont Jauffet, font partie de ce massif.

Pancarte près de Fermont.
Le moyen de transport le plus sûr demeure l'avion. Ce fut notre choix.
Les routes sur le plan sont les seules qui existent. Le territoire est pourtant immense.


C'est dommage que le réseau routier ne soit pas plus développé parce que ce qu'on trouve à Fermont est unique au monde. Il y a un mode d'architechture, d'organisation sociale, de lien avec l'industrie qui constituent un modèle, je dirais presque un laboratoire à ciel ouvert. Le rapport avec tous les partenaires du milieu a été favorisé par l'approche d'une compagnie minière qui a exploité les ressources naturelles de ce coin perdu en mettant l'humain et la vie sociale à l'avant plan du développement. Elle l'a favorisée en faisant preuve d'une grande conscience sociale. On a pensé aux familles, aux enfants, aux loisirs, à l'habitation, au partage des installations avec toute la communauté.

Somme toute c'est le portrait du capitalisme à son meilleur.

Tout ce que j'ai dit, dans le billet précédent sur l'exploitation des ressources naturelles ne s'applique évidemment pas à Fermont.


Malheureusement, on ne procède plus ainsi maintenant dans les nouveaux projets d'exploitations de ressources. C'est maintenant la règle du in and out. On fait venir les travailleurs, on les loges dans des abris temporaires, on va chercher tout ce que l'on peut dans le sous-sol puis on plie bagage. On se sauve comme des voleurs, sans réparer les dégats causés à l'environnement. On remballe tout y compris les abris temporaires et hop! On va remonter le tout ailleurs. La seule chose qui compte, c'est les plus gros profits, le plus vite possible. Autrement dit, c'est le capitalisme dans ce qu'il a de plus exécrable.

Notons que plusieurs compagnies étrangères lorgnent sur les mines du Québec. Elles ont soif de fer .Leur attachement à la collectivité n'est pas nécessairement leur première préoccupation.


Mais revenons à Fermont. C'est plus inspirant! Havre-Saint-Pierre aussi pourrait être cité en exemple. J'y reviendrai. La construction de Fermont a commencé en 1971 pour se terminer en 1974. Avant l'ouverture de la mine, il n'y avait rien.


Le mur de Fermont

Fermont n'a rien à voir avec tout ce que j'avais pu imaginer. Rien. Pour moi, il s'agissait d'un coin perdu, un des derniers retranchements urbains avant le Grand Nord. C'était une ville isolée, sortie de nulle part, le temps d'extraire le minerai de fer qui s'y trouvait.

J'avais entendu parler du mur de Fermont qui représentait presque une ville en soi. Je l'imaginais massif, sans âme.

J'étais loin de la réalité. Très loin. Le mur, c’est pratiquement une ville intérieure, conçue avec l’intention d’atténuer les effets du climat rigoureux.Durant les grands froids, l'extérieur du côté nord du mur peut frôler les -40 degrés alors que le côté sud peut se situer aux environ de -20.

On peut aller presque n'importe où sans sortir. C'est comme un grand bloc appartements de 1,3 kilomètres de long par 50 mètres de haut, 20 par endroit.

Fermont, septembre 2010
On y trouve environ 500 résidences (330 logements et 158 chambres pour célibataires). Le logement à Fermont est principalement l’affaire des grands employeurs, de la Commission scolaire du Fer ainsi que quelques autres petites entreprises offrent le logement à la majorité de leurs employées.

Le mur renferme le Centre de la Petite Enfance le Mur-Mûr, l’école secondaire Horizon-Blanc, une bibliothèque publique, l'Hôtel Fermont, des installations sportives (piscine intérieure, salle de quille, patinoire, etc), un centre de santé et de services sociaux, un épicerie, des musés (musé des mines, de la phtoto), des installations pour le journal local, la télé communautaire, un salon de coiffure, de massage, restaurants, nettoyeurs, salle de lavage, sans oublier un bar pour le désennui. Le plus fascinant, c'est que tous les commodités sont mise en commun.

C'est génial. Dans les centres urbains conventionnels, les équipements sont souvent consacrés à une institution, un CÉGEP, par exemple. Dans le mur, tout peut servir à tous: bibliothèque, équipements culturels et sportifs, par exemple.


Tout le monde se croisent, se saluent, échangent. Il y a du travail bien rémunéré pour tout le monde. On manque même de main-d'oeuvre. C'est tout le contraire d'une société où tout est prévu pour une classe de favorisés alors que les autres n'ont rien. Et ça ne coûte pas plus cher.

Et il n'y a pas que le mur. Les installations extérieures, en pleine ville, ont aussi beaucoup de charmes hiver comme été.

J'ai vu comment un développement bien pensé par de grands promoteurs pouvait créer, de toutes pièces, un milieu avec une qualité de vie des plus enviables. J'ai vu comment, on pouvait concilier les intérêts privés et publics. Loin de s'opposer, ces deux dimensions peuvent s'alimenter l'une et l'autre. Mais, c'est tout un défi. Ça ne vient pas tout seul. J'ai eu le sentiment que le succès était dû à la collaboration exceptionnelle entre les dirigeants de la mine, le milieu et ses représentants. Cette construction multifonctionnelle de Fermont est un concept architectural unique en Amérique du Nord.

J'étais fasciné par tout ce que je voyais. Je me demandais comment une expérience si extra-ordinaire était si peu connue. Je prenais des notes dans un petit cahier acheté pour la circonstance, un petit calepin de rien du tout que j'avais perdu de vue.

Il y a quelques jours, Laure cherchait un carnet de notes. C'est ainsi que je suis tombé par hasard sur le fameux petit calepin utilisé à Fermont. Et à ma grande surprise, j'ai touvé des notes incroyables sur l'actualité qui secoue présentement la planète.
Source: La Presse


Pendant que j'étais à Fermont, chez notre amie, j'avais été fasciné par un reportage télé concernant l'Arabie Saoudite et le pouvoir qu'exerçaient ses princes. Ce que j'ai vu m'a tellement frappé que j'ai vite sorti mon calpin.

Et voici, le plus étonnant: les propos d'un prince saoudien, diffusés septembre 2010, qui ont aujourd'hui des airs de prophéties.

Le prince avait sur son auto une inscription que l'on peut traduire ainsi:Soyez bons avec les Américains, sinon ils vont vous démocratiser. Le journaliste, amusé, avait demandé au prince le sens de l'inscription. Et voici sa réponse telle que notée dans mon calepin fraîchement retrouvé:
La démocratie n'a jamais été imposée à un peuple par un autre. Elle est toujours le résultat de luttes sanglantes. Pour éviter qu'un peuple ne choisisse la démocratie, soyez bon pour lui. Je n'ai pas changé un seul iota à ce que j'avais noté en septembre dernier. Ce sont les paroles exactes du prince. C'est tout de même étonnant comme coïncidence ou clairvoyance.

Finalement, je trouve l'analogie fascinante. Le prince saoudien avait compris la même chose que les dirigeants de la mine Arcelor Metal de Fermont: la meilleur façon de voir à ses intérêts, c'est de se servir de son pouvoir dans l'intérêt de sa collectivité. En tout cas, c'est ainsi qu'il l'exprimait.

Je ne peux pas juger du régime, sa valeur, ses faiblesses et ses excès. On peut en avoir un aperçu en cliquant sur Arabie saoudite double défi.

La démocratie a aussi ses limites et ses faiblesses. Voici une blague au goût du jour. Dans un film western américain, un méchant cowboy en tenait un autre en joue avec son révolver. Il dit à son prisonnier: Tu es chanceux d'être en démocratie. Dans une dictature on te dirait: "Avance ou je te tire une balle dans la tête". Comme nous sommes en démocratie, je te dis: "Qu'est-ce que tu préfères: avancer ou avoir une balle dans la tête?" Tu as le choix.

Je ne voudrais pas être désagréable, mais il y a des jours où notre Honorable Premier Ministre se comporte en cowboy. Il veut nous faire avancer où nous ne voulons pas. Nous voulons tous un Québec prospère au plan économique; nous voulons tous le développement de nos ressources naturelles; nous souhaitons tous l'indépendance au plan énergétique et notre potentiel est considérable. Mais nous voulons être consultés, avoir un oeil sur le volant, avoir notre mot au lieu d'être mis au courant une fois toutes les signatures apposées derrière des portes closes. Nous ne voulons pas que l'on vende notre butin sans nous en parler.

Autrement dit, nous voulons que nos dirigeants adoptent des comportements démocratiques. Bien sûr, en démocratie, il faut se faire élire. C'est là le problème... De nos jours, des gouvernements trop honnêtes ont peu de chances d'être élus. Souvent le nombre de votes, les contributions à la caisse électorale, le pouvoir des organismes de pression, les lobbyistes, les intérêts personnels, les jeux de coulisse, les forces occultes, les retours d'ascenseur, tout ça viendra fausser le jeu.

Mais la démocratie, telle que pratiquée au Québec, possède plusieurs remparts non négligeables: la loi d'accès à l'information, un journalisme d'enquête efficace, des programmes d'informations honnêtes, des analyses thématiques, des émissions accessibles à tous traitant des grands sujets d'actualité de façon franche et sans compromis.

Pour compléter le tableau disons que la réalité de Fermont contraste beaucoup avec les images de répressions brutales dont nous sommes témoins. Je trouve vraiment désolant de constater jusqu'à quel point nos organismes internationaux sont impuissants devant des situations comme celles que nous voyons présentement. Ça dépasse l'imagination. Ça donne froid dans le dos de penser que la Libye a été élue au Conseil des droits de l’homme de l’ONU en 2010. La Libye a obtenu, à bulletins secrets, 155 voix à l’Assemblée générale des Nations unies alors que la majorité absolue était fixée à 97.

Il faut non seulement apprécier ce que l'on a, mais aussi avoir la volonté de protéger nos droits démocratiques et exiger qu'on s'en donne les moyens. Il ne faut surtout rien prendre pour acquis pour les générations qui vont suivre...
Pour plus de détails voir Journal Le Monde: Liban contre confessionnalisme .

dimanche 20 février 2011

S'expatrier

J'aurais pu mettre comme titre de mon dernier billet:
Tu ne mentiras point .

J'aurais pu mettre comme titre de celui-ci
Tu ne voleras point.

Et je pourrai probablement intituler mon prochain:
Tu ne tueras point .

En voulant me remettre en tête le texte des 10 commandements de Dieu ,
j'ai découvert qu'il y avait plusieurs versions.
L'une d'elle indique comme premier énoncé:
Je suis le Seigneur ton Dieu Qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte .

C'est un drôle de hasard parce que la première idée que j'avais à l'esprit, au moment d'écrire ces lignes, c'était que l'Égypte était un pays légendaire que personne ne devait avoir à quitter pour bien vivre.

Sa splendeur et sa grandeur n'ont pas fini de nous émouvoir et de nous étonner.

Les égyptiens ont tout pour être fiers de l'être, fiers de leur civilisation, de leur contribution au progrès de l'humanité. Il faut admettre qu'ils ont su impressionner le monde entier par la façon qu'ils viennent de prendre en charge leur destin. Ils ont même trouvé le moyen d'aller donner un petit coup de balai après leurs 18 jours de manifestations sur la place de la liberté.

Je suis toujours un peu bouleversé quand je vois des hommes et des femmes quitter leur pays pour fuir la misère, une mentalité ou un régime corrompu devenus insupportables.

On ne quitte pas le pays de ses ancêtres, ses parents, ses amis pour le plaisir ou par simple caprice. Personne ne devrait avoir à s'expatrier pour vivre libre, travailler honorablement, nourrir les siens.

Théoriquement, tous les pays ou presque pourraient faire vivre dignement tous leurs citoyens. J'ai bien dit: tous. S'ils n'y parviennent pas, c'est la plupart du temps parce que leurs richesses sont détournées par des sociétés étrangères. Pire encore: par leurs propres dirigeants. Ils le font par la force et grâce à l'ignorance dans laquelle leurs populations sont maitenues.

S'il n'y avait pas de corruption, il n'y aurait pas de pauvreté. ( Lucie Pagé)

Le fait de quitter son pays peut créer plus de problèmes qu'il n'en règle. Il existe des situations où des immigrants repartent du Canada par exemple, déçus de n'avoir pu s'y refaire une vie comme ils l'avaient imaginée. D'autres n'ont pu porter le poids de la séparation de leur famille. Voir le témoignage d'une libanaise émigrée au Canada qui a décidé de repartir.

La solution n'est pas d'accueillir tous les immigrants qui veulent fuir la misère et l'intimidation. La solution n'est pas de faire la charité, remettre les dettes, donner des milliards. Il s'agit tout simplement d'arrêter de voler leurs ressources, les accompagner si tel est leur désir. Avoir des partenaires, c'est bien. C'est même nécessaire, mais pas au point de leur donner le contrôle total sur ses ressources. Les habitants d'un pays ne devraient tout de même pas s'expatrier pour trouver du travail dans les pays qui les pillent.

Il faut chercher ailleurs les solutions. Un citoyen d'Afrique, par exemple, peut résider où il veut, mais pas quitter son pays par désespoir. L'Afrique doit pouvoir garder ses élites qui, à leur tour, pourront contribuer à la préparation d'une relève mieux formée, mieux informée. Ce qui est paradoxal, c'est que l'Afrique est peut-être le continent le plus riche au monde. Les Africains se font royalement voler parce qu'il ne sont pas assez instruits, renseignés pour réaliser la situation. Ceux qui recoivent une formation avancée ailleurs dans le monde ne reviennent pas. Leur niveau de vie est meilleur ailleurs. Tout un cercle vicieux!

C'est le message fort bien articulé qu'a livré dernièrement Tiken Jah Fakoly à l'émission Tout le monde en parle.

Cliquez sur le lien qui précède pour avoir accès à cet entrevue qui en dit très long.

Le témoignage est saisissant de vérités. Il rejoint parfaitement une réflexion qui me hante depuis un bon moment. Elle s'applique à plusieurs pays. Si le message était plus répandu, s'il trouvait des porte-étendards partout dans le monde, il y aurait un grand pas de fait. Et j'ose espérer que c'est ce vers quoi nous tendons: rendre plus accueillant chaque lopin de terre.

La différence, c'est que sa révolution à lui passera par l'éducation, et non par la violence. Parce qu'il en est convaincu: c'est sur ce plan que doit se jouer l'avenir du continent noir. Mieux informés, les Africains n'en seront que plus éclairés sur ce qui se passe chez eux et dans le monde.

«Il faut envoyer nos jeunes à l'école. Pour qu'ils s'intéressent à ce qui se passe. Pour qu'ils connaissent mieux leur histoire. Pour les pousser à revendiquer leurs droits. Pour qu'ils se rendent compte qu'ils ont du pouvoir», explique Fakoly, qui a lui-même financé la construction de trois établissements scolaires au Mali, en Côte-d'Ivoire et au Burkina Faso avec l'argent de ses concerts.
Et le plus rassurant, c'est que c'est la vedette de l'heure en Afrique. Soulignons en passant un drôle de hasard: Le curé de notre paroisse ici, à Havre-Saint-Pierre est citoyen du Burkina Faso.

Ce genre de situation ne se passe pas seulement en Afrique ou dans certains pays pauvres. Le Québec aussi se fait voler ses ressources. Madame Pauline Marois, chef de l'opposition à l'assemblée nationale dénonçait dernièrement une situation qui aurait dû l'être depuis longtemps.

Des centaines de milliards de dollars vont échapper aux Québécois à cause de la décision du gouvernement Charest de céder au privé la prospection pétrolière, a soutenu jeudi le Parti québécois.

La valeur du pétrole enfoui dans la roche de l'île d'Anticosti pourrait atteindre, au bas mot, 240 milliards, a affirmé la chef du Parti québécois, Pauline Marois, à l'Assemblée nationale, citant les calculs sommaires effectués par le président de la société Pétrolia, André Proulx.


Pour plus de détail voir le reportage de La Presse .

Le sous-sol d'Anticosti pourrait bien contenir «le potentiel pétrolier terrestre le plus élevé au Québec», selon ce que conclut le président de Pétrolia à la lumière des résultats des derniers travaux d'exploration réalisés par l'entreprise l'été dernier. C'est Hydro-Québec, qui avait elle-même commencé à explorer l'île, qui lui a cédé ses permis il y a à peine trois ans. Mais la Société d'État refuse aujourd'hui de dire ce qu'elle a obtenu en échange de droits qui pourraient valoir des milliards de dollars.

Par l'entremise de documents obtenus en vertu de la Loi d'accès à l'information, Le Devoir a appris qu'Hydro-Québec avait investi 9,8 millions de dollars en travaux d'exploration pétrolière entre 2002 et 2007. Aucun montant n'a été investi par la suite. Plusieurs rapports commandés par la Société d'État au sujet du potentiel en hydrocarbures de la plus grosse île de la province sont aussi disponibles en ligne, documents dont la copie imprimable est payante.

Mais au début de 2008, elle a cédé ses droits sur 35 permis (6381 km2) qu'elle détenait à l'entreprise Pétrolia. Cette dernière est ainsi devenue le partenaire de Corridor Resources — entreprise qui exploitera le gisement pétrolier extracôtier d'Old Harry — pour l'exploration sur Anticosti.


Et le Gouvernement ne peut plaider l'ignorance. Il connaissait fort bien le potentiel pétrolier lorsqu'il a cédé nos droits pour des pécadilles. Voir Le Devoir.

Bernard Granger y était chef géologue pour la société québecoise d'Hydro-Québec jusqu'au moment où les droits du Québec ont été cédés. Il y avait travaillé pendant 25 ans. Il connaissait donc fort bien le potentiel minier. En 2006, il a changé de camp. Il s'est joint à l'équipe de Pétrolia. La compagnie était très heureuse d'annoncer la bonne nouvelle sur son site. Voir Petrolia . Déjà en 2003, la compagnie voyait grand et avait flairé la bonne affaire. L'entente entre Petrolia et Hydro-Québec va demeurer secrète. Nous ne pourrons donc jamais savoir pour combien de dollars, les droits ont été cédés. Hydro-Québec a accepté d'accorder à Petrolia un doirt de confidentialité sur les ententes.

L'Ile d'Anticosti que je vois se profiler à l'horizon, de ma maison, est un paradis de rêves, un paradis pour les chasseurs, les pêcheurs, les amoureux de la nature. Il y a là 200 000 cerfs en liberté. C'était un parc en voie d'être reconnu patrimoine mondial. Le tout fut dézoné récemment, par un ancien ministre du gouvernement actuel, pour permettre l'exploitation pétrolière.



La compagnie Bombardier, un de nos fleurons,s'est fait clairement indiquer par notre société d'État (Hydro-Québec) que sa venue dans le monde des éoliennes n'était pas souhaitée. Les chinois et d'autres partenaires ont pu ainsi se tailler un place et prendre une avance maintenant insurmontable. Pour plus de détails, voir Bombardier et les éoliennes .

C'est comme si on voulait s'assurer que le Québec n'ait jamais les moyens d'acquérir son indépendance, d'être fier de ce qu'il est. Le Québec est donc bien placé pour comprendre les états d'âme de ceux qui veulent devenir maîtres chez eux.

On peut se demander de quel droit les richesses d'un pays peuvent être cédées par qui que ce soit. De quel droit un chef d'État peut-il céder le patrimoine national comme s'il lui appartenait en propre? En plus, en le faisant en secret. On peut tout de même se poser la question. Et on devrait faire plus. Pourquoi pas demander une législation qui protège le droit de propriété des ressources natuelles et les pouvoirs des gouvernants pour modifier l'ordre des choses?

Le député solidaire Amir Khadir , né en Iran en 1961, estime quant à lui que les gestes effectués par les libéraux depuis leur arrivée au pouvoir s'inscrivent dans une «entreprise prédatrice dans le but de faire main basse sur l'ensemble de nos ressources naturelles». Et selon M. Khadir, le Parti québécois, qui pourrait bien prendre le pouvoir dans un avenir rapproché, doit s'engager à «nationaliser» les ressources pétrolières et gazières du Québec.

Notons qu'il a une bonne feuille de route: il est physicien, médecin spécialisé en microbiologie-infectiologie et politicien québécois, chef du parti Québec-solidaire avec Françoise David.

Les citoyens du monde devraient faire front commun pour exiger la pleine maîtrise de leurs ressources naturelles.

Il ne faut pas compter sur les chefs d'état pour négocier, entre eux, des règles d'équité et de justice élémentaire pour tous les pays de la terre. Je ne veux pas dire qu'ils sont tous malhonnêtes et mal intentionnés. Au contraire! Mais, c'est tout un défi que de s'entendre pour jeter les base d'un nouvel ordre mondial et faire respecter le commandement universel: Tu ne voleras point!
Les petits voleurs sont pendus, les grands sont salués.
[Wilhelm Wander]
Dans son dernier livre, La Crise qui vient, la fiscaliste Brigitte Alepin démontre, chiffres et exemples à l’appui, que si rien n’est fait, les multinationales finiront par ne plus payer un sou d’impôt, en faisant du « shopping fiscal » d’un pays à l’autre et en multipliant les astuces pour éviter de passer à la caisse.

«Si on met tout ça ensemble, ça fait un manque à gagner qui est énorme. Si on enlevait 10 à 15 % de revenus à une multinationale qui a un chiffre d’affaires de 260 milliards $, comme le Canada, elle ferait face à un énorme problème. On s’en va vers un scénario de crise», prévient Mme Alepin.

Car les gouvernements, dit-elle, ont les mains liées et sont incapables d’aller chercher ces milliards de dollars.

Voir Ces riches qui ne paient pas d'impôt Savez-vous quels types de compagnies paient le moins d'impôt au Canada? Non, ce ne sont pas les banques. Ce sont les pétrolières et ce sont elles qui font le plus de profits. Il y a une bonne raison pour les gouvernements de ne pas réduire leur voracité: ils en profitent grâce aux taxes payées par les automobilistes.

mardi 15 février 2011

vérités, rumeurs et illusions

J'aime la vérité. Je crois que l'humanité en a besoin ; mais elle a bien plus grand besoin encore du mensonge qui la flatte, la console, lui donne des espérances infinies. Sans le mensonge, elle périrait de désespoir et d'ennui. [Anatole France]

Un mensonge peut faire le tour de la terre le temps que la vérité mette ses chaussures. [Mark Twain]

Une vérité est un mensonge qui a longtemps servi. [Edouard Herriot] Soyez très franc la plupart du temps pour être cru lorsque vous mentirez. [Auteur inconnu]
Imaginez ce que serait la vie si la vérité était toujours évidente, si le mensonge n'éxistait pas, si on pouvait savoir qui dit vrai sur l'origine de la vie, le ciel et l'enfer. Ça changerait bien des choses.

J'ai toujours tout voulu qu'on se fie à ma parole. Et je me suis comporté en conséquence. Ne pas être cru était l'insulte suprême. Malheureusement, nous n'avons pas tous les mêmes scrupules. Pire encore, il n'est pas nécessaire de mentir pour induire en erreur. Le menteur qui le fait après s'être menti à lui-même, je peux l'accepter. Mais celui qui manipule consciemment, celui-là, je n'ai pas tellement de respect pour lui.

Dernièrement, le magicien Luc Langevin était invité à l'émission Découvertes de Radio-Canada.

Il est étenteur d'un baccalauréat en génie physique et d'une maîtrise en optique

Il a levé le voile sur quelques trucs. Il a surtout voulu illustrer comment la connaissance du cerveau permettait au magicien de créer des illusions. Ses explications m'ont fasciné. Vous pouvez d'ailleurs voir l'émission en cliquant sur le lien qui précède.

Lors de l'émission, il a expliqué, entre autre le phénomène optique suivant. Lorsque l'on regarde une image, la rétine de l'oeil ne peut voir précisément, en haute définition, qu'un seul point précis. Le reste est flou. Le reste de l'image est en partie recréé par le cerveau. Si une image n'a pas de sens, le cerveau peut apporter une correction, autrement dit une illusion qui semble bien réelle.

Le magicien Alain Choquette une formation universitaire en biologie. Il s'est beaucoup servi de la science pour créer ses illusions. C'est un magicien autodidacte. Il a imaginé lui-même beaucoup de trucs. Il donne des cours à travers le monde à l'intention de magiciens professionnels. Il le fait pour des groupes impressionnants. Il explique lui aussi comment le cerveau peut travailler à créer des illusions.



Je me suis fait prendre vite au jeu en regardant l'illusion d'optique créé par la photo ci-haut. Si on regarde attentivement, on voit bien que le monsieur a les pieds au sol. Un rond dessiné sur le pavé donne l'impression qu'il est en état de lévitation. On dirait qu'il flotte. Mais en regardant attentivement, on voit qu'il n'en est rien.

On peut voir plusieurs autres détails et renseignements fort intéressants sur les les illusions d'optique

Notre cerveau ajuste toujours ce qui est incohérent pour lui. Si on ne nous dit pas toute la vérité, nous sommes portés à l'imaginer et croire ce qui nous vient à l'esprit. Les rumeurs partent vite. Et c'est dangeureux. Tout le monde amplifie même les pires fabulations.




Un de mes bons amis d'enfance est maintenant juge. Un vrai juge qui siège habillé en juge et se fait appeler honorable. Il l'est. Il est honnête, sincère. En d'autres mots, il possède toutes les qualités que l'on aimerait voir chez un juge dans un système démocratique. Il a ma plus haute considération. C'est rassurant de voir qu'il y a des magistrats de sa trempe.

Il m'a envoyé un courriel la semaine dernière, suite au reportage de La Presse concernant les fausses accusations des centres jeunesse. Voici un extrait:
Il n'y a pas une seule journée où je n'entends pas quelqu'un me dire qu'un tel ou un tel est coupable à cause d'une rumeur qui le dit . Qu'il s'agisse d'un parent ,d'une connaissance, d'un chef d'entreprise ,d'un curé, d'un prof, d'un vendeur , d'un bénévole , d'un politicien chef d'état ou non etc... Oui , les médias aiment ça , mais quand même !

A tous les jours on me dit " En tout cas , moi mon idée est faite, y é coupable rien qu'à le voir ! " Hey les preuves ? Les preuves ????? (...)

Pourquoi ne pas faire de cette semaine la semaine de l'anti-rumeur en exigeant des preuves avant de condamner les parents , les profs , les Charest , les Marois , les docteurs ,les avocats rapaces , les juges achetés, les curés , les vendeurs ,les arabes , les noirs, les juifs , les palestiniens , les entrepreneurs, les entraineurs de hockey ou de ringuette, les ..les...les immigrants


Il y a là beaucoup de sagesse de la part de mon honorable ami. Et il y a bien raison: il y a beaucoup de canulards qui font le tour du monde. On demande même souvent de passer un message à au moins 10 personnes ou même à tous nos contacts. On répand des rumeurs sans vérifier. Voir Attention aux canulards.

Mais il faut comprendre que plusieurs rumeurs partent du fait qu'on nous cache trop d'informations. Notre cerveau va facilement imaginer des explications aux réalités qu'on nous cache volontairement ou pas. Bien souvent des décisions qui nous concernant de très près se font derrières des portes closes. Les exemples sont effarants même dans notre monde qui se prétend démocratique.

Mais je crois, malgré tout, que notre société est en marche vers un monde plus ouvert. Nous avons fait des progrès, au niveau de la censure, par exemple. Pas partout. Mais ici, le progrès est remarquable. Quoique... à l'heure où les enfants ne sont pas tous couchés on voit à la télé des choses... On n'est pas sûr si c'est du progrès ou de la décadence.

Vous aurez beaucoup de plaisir à voir le documentaire qui suit sur la censure au cinéma. Dans les années 1920, l'Église était très inquiète de ce que l'on montrait dans les salles de cinéma. La censure avait des ciseaux agiles. On ne se gênait pas pour taillarder joyeusement les films soumis à leurs yeux inquisiteurs.

Le 9 janvier 1927, 78 enfants ont péri dans les flammes de l'incendie du Laurier Palace. Ceci a confirmé les scrupule de l'Église pour qui les salles de cinéma étaient des écoles du diable. Rien de moins. En 1928, l'entrée des cinéma fut interdite aux enfants de moins de 16 ans pour le bien de leurs âmes.

Vous aurez du plaisir à voir ce court métrage fort éloquent sur La censure au cinéma

Vous pourrez voir aussi que la censure au cinéma existait encore il n'y a pas si longtemps en cliquant sur censure au cinéma dans les années 60


En 1967, Belle de jour de Luis Buñuel fut censuré. Motifs de refus : « Des scènes d'intimité, un épisode de nécrophilie, des séquences sadiques et une atmosphère générale équivoque… »

En 50 ans, près de 6 000 autres films ont été censurés. Les censeurs ne devaient rendre compte à personne, car ils prenaient des décisions d'autorité. Ils étaient des représentants de l'État, d’un État très catholique.

Malheureusement, la censure n'a pas existé seulement au cinéma. Il parait même qu'il en existe encore aujourd'hui dans certaines dictatures. Il parait! Je ne veux pas partir de rumeurs. ;-)
Source: Le Devoir

Cependant, on peut se réjour de la progression phénoménale des nouvelles technologies de l'information qui permettent de suivre tout en temps réel. Il y a les reseaux sociaux, bien sûr. Il y a aussi la possibilité de suivre en temps réel l'actualité à partir de plusieurs pays. J'aime bien, par exemple, l'actualité en temps réel à partir du journal Le monde international .

Au peuple égyptien, au peuple tunisien et à tous ceux qui sont épris de liberté au Yemen, en Algérie, en Iran ou ailleurs, Je chante avec toi liberté

lundi 7 février 2011

Civil et civilisés?

L'histoire de Havre-Saint-Pierre est assez incroyable. Comment peut-on imaginer une place aussi vivante et influente, au nord du 50è parallèle, sans route et presque sans moyen de communication? Le service télégraphique fut discontinué en 1964 après 75 ans de service pour faire place au téléphone. En 1968, il y avait un poste de télévision à l'école mgr Labrie qui diffusait des émissions de télévision, mais pas en direct. On l'appelait la TV "en can" (en conserve). Il faut attendre 1972 pour avoir la télévision de Radio-Canada en direct. Le 2 février 1976, soit une semaine avant la naissance de ma fille Véronique, un premier camion arrivait à Havre-Saint-Pierre par la route non encore pavée.

Et pourtant, Havre-Saint-Pierre fut pendant longtemps la municipalité la plus importante de la Côte-Nord. Il s'agissait d'une communauté vivante, débrouillarde, innovatrice et influente. Son développement était dû au dynamisme de sa population, mais aussi au rôle important des institutions religieuses.

La photo suivante, du début du siècle dernier montre l'église de la paroisse de 1857, l'archevêcher, en face de l'église et à droite, on peut apercevoir l'hôpital et le couvent.
Le premier hôpital, l'hôpital St-Jean-Eudes, ouvrit ses portes en 1930. Il avait été construit par le gouvernement du Québec qui avait assumé les frais d'opération pendant un an. Les Soeurs de la Charité de Québec prirent la relève pour en assurer ensuite toutes les responsabilités administratives et financières. Elles firent progresser l'institution. Les services offerts devinrent de plus en plus importants.
Le couvent des Soeurs de la Charité de Québec avait ouvert ses portes en 1939. C'était comme une bénédiction du ciel de pouvoir dispenser une formation d'une telle qualité dans un milieu aussi éloigné.
Les inscriptions ne manquaient pas et on venait de loin pour y chercher un diplôme. En avril 1967, suite aux modifications apportées par le Ministère de l'Éducation, l'École normale fut obligée de fermer ses portes. Le couvent St-Joseph fut démoli après 82 ans d'activité. Et les religieuses disparurent du paysage. Les nouvelles vocations religieuse sont totalement tombées en panne. Je ne sais pas s'il y a un lien, mais il est évident que les raisons pouvant en amener de nouvelles n'étaient plus évidentes.

Évidemment, on peut se poser beaucoup de questions si on voit comment le Québec s'est privé de précieuses ressources en voulant rompre radicalement avec le pouvoir religieux exercé sur la société québecoise. Dans certains cas, il faut l'admettre, on a jeté le bébé avec l'eau du bain.

Mais, à tout prendre, je crois qu'il y avait un pas à franchir pour faire du Québec une société totalement civile et moderne. Et je crois que ça doit demeurer ainsi. À la lumière de ce que j'ai pu observer ces dernières années, je crois que le fondamentalisme religieux ne crée pas nécessairement des rapports civilisés entre ses citoyens.

Mais le plus étonnant, c'est que la religion demeure très enracinée. Selon une étude récente de La Presse , la religion est aussi forte au Québec. Elle a simplement changé de visage. Elle est plus diversifiée. On a la religion à la carte. Et la multiplicité amène d'autres sortes d'abus.



L'Église évangélique Restauracion occupe depuis un an l'ancienne église catholique Saint-Louis-de-France, au coeur du Plateau Mont-Royal. Elle a occupé tour à tour un garage, un triplex, un auditorium de polyvalente et une ancienne morgue!

Dans la ville de Saint-Hyacinthe où j'ai passé mon enfance, on a dû défendre l'arrivée de nouveaux bars de danseuses nues et de nouveaux lieux de cultes religieux. Paradoxalement, St-Hyacinthe était une ville reconnue pour le dynamisme et l'influence de ses communautés religieuses. C'est à cet endroit que se trouvait la maison-mère des Soeurs de la Charité.

Voir Les Québecois et la religion à la carte Au Québec, trois religions ont fait beaucoup de convertis, révèle le dernier recensement national sur la question, tenu en 2001: l'évangélisme (50 000 personnes), l'islam (3000) et le bouddhisme (1500).

«Et les conversions s'accélèrent, précise M. Castel. Il y a eu un gros boom dans les années 70. Ç'a a chuté, puis remonté avec les années 2000.»

Le phénomène est très visible en région, où les fidèles des Églises évangéliques sont essentiellement francophones québécois de souche. «Des centaines d'églises ont émergé aussi loin qu'en Abitibi et en Gaspésie. Et ça, ce n'est pas du tout connu», dit le chercheur.

On change de religion comme on change de partenaire!