Imaginez que vous avez le goût de faire le party. C’est la fête nationale des Québécois. Vous avez le goût de vous amuser et vous n’avez plus l’âge des poupées.
Vous vous promenez sur la rue et tout à coup, vous voyez des filles qui fêtent sur leur balcon. Vous vous sentez tellement dans l’ambiance de la fête que vous les interpellées de la rue. Et pourtant le balcon est au 3è étage. Les filles ont tellement l’air de bonne humeur que vous décidez de pousser la hardiesse jusqu’à leur proposer de les rejoindre pour fêter le Québec avec elles, même si vous ne les connaissez pas.
C’est ce que Sylvie (nom fictif pour les besoins de la cause) et une de ses amies ont fait il y a exactement un an, à Montréal.
Elles ont fini le party avec elles sur le balcon. Elles ont pris des photos et en ont fait encadrer une. Ces photos prouvent hors de tout doute qu'elles ont vraiment fêté fort!
Jusque-là, l’histoire est amusante. Mais, par un drôle de hasard, un an plus tard, jour pour jour, je me retrouvais au même endroit, le 23 juin, au même endroit, à l’occasion du même événement: la fête nationale des Québécois. Précisons que la fête se déroule sur 2 jours, la veille (23 juin) et le jour même.
L’événement s’est produit à la suite d’un hasard incroyable comme on n’en trouve dans les meilleurs films.
Quand tout va mal, quand on a le goût de rouspéter (râler). Avec un peu de recul, on réalise souvent que ce qui nous a traumatisés, c'était pour le mieux. La suite de cet histoire va nous en donner un bon exemple.
Quelques mois après le party sur le balcon, Sylvie a su que le proprio du logement qu’elle habitait voulait l'évincer de là. C’était la 2è année de suite qu'elle devait quitter un logement qu'elle aimait et avait aménagé à son goût. Malheur!
Désemparée, Sylvie a voulu vérifier si elle ne pouvait pas devenir propriétaire sachant que ce n’était pas chose simple à Montréal. Les prix ont explosé ces dernières années. Elle a tout de même vérifié. Après une recherche sur internet, deux condos ont retenu son attention. Le premier ne lui convenait pas. Le 2è, croyez-le ou non, était celui où elle avait fait le party un an plus tôt. Elle s’en est rendu compte en allant le visiter. Elle a bien reconnu les filles avec qui, elle et son ami, avaient fait le party.
Et cette année, à la fête nationale des Québécois, Laure et moi, nous étions là pour aider à compléter le rangement et la disposition des meubles de la nouvelle propriétair.
C’est quand même fou tout ce que le hasard peut faire. Les effets papillons sont multiples dans notre vie. Et parfois, ça relève presque de l’impossible. Allez visiter des filles qui font le party sur leur balcon et imaginez en devenir propriétaire quelques mois plus tard. En tout cas, moi je ne le croirais pas, même si on le faisait devant une boule de cristal. Toute une coïncidence!
La fête nationale des Québécois, vous connaissez bien son histoire? Un petit test vous permettra de le savoir. Il est amusant.
Cette fête est l’occasion de vrais bons partys, d'expressions de patriotisme et d'ouverture à la fois. Il flotte toujours quelque chose de magique, de rassembleur.
L'esprit d'ouverture qui a pris place est un signe de maturité. On ne peut que s'en réjouir. Nous aimons revivre, années après années, ces folles exaltations où la fierté, la confiance en nous comme peuple nous électrisent tous collectivement, peu importe la couleur, la religion, l'origine. Pour la langue, c'est un peu différent. C'est ce qui nous rassemble et nous distingue du reste de l'Amérique.
Je souhaite que jamais on ne remette en question notre volonté de vivre en français, notre attachement à la culture française. On la manifeste parfois avec plus de détermination que notre mère-patrie, la France.
Je fais confiance en l'avenir pour la suite des choses. Elles ne se passent pas comme nous l'avions imaginé, mais on dit que le hasard fait bien les choses. J'ose y croire. Nous sommes d'origine française, mais nous sommes différents. On s'en rend compte rapidement dans certaines occasions. Et nous tenons à notre façon différente de nous exprimer.
Je crois que nous devons charmer, susciter le goût d'être québécois sans avoir à légiférer pour protéger ce que nous avons de sacré. Même si c'est utopique, je rêve du jour où les nouveaux venus auront tout naturellement le goût de vivre dans notre langue, notre culture et ce sans qu'on ait à les y contraindre, en poursuivant nos rêves, avec en prime le goût d'y ajouter un plus.
Ce billet n'aurait jamais été aussi percutant sans ce lien que notre amie Linda vient de laisser en commentaire. Merci Linda, tu es impayable.
La puissance discrète du hasard...de Denis Grozdonovitch...voici un vidéo
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=nnQv0ZqOcF8
Il faut visioner cette vidéo. Il le faut. Elle rejoint tellement des choses que j'ai vécues. Et la réflexion si lucide est savoureuse.
Ajout du 28 juin
Zoreilles a laissé quelques messages, suite à ce billet, en réponse à un commentaire que je faisais sur les Acadiens. Étant elle-même d'origine acadienne, elle a été interpellé par un des miens. Ses propos sont éloquents. Et il m'ont donné l'occasion d'apprendre qu'elle avait composé l'hymne des acadiens de l'Abitibi.
En voici un extrait
Es-tu venu de la Grand'Terre
Dis-moi où c'est que t'es amarré
On va changer le cours de l'Histoire
Les Acadiens vont se retrouver (bis)
C'est pas parce que j'ai pas de frontières
Que j'en ai moins d'identité
Je suis Acadienne et j'en suis fière
Je ne suis plus une déportée (bis)
Tu pourras dire au roi de France
Qui nous avait abandonnés
Qu'il est fini le temps des souffrances
Et que je lui ai pardonné (bis)
(Zoreilles)