Ophélie, 1e année
Le prof idéal serait celui qui me laisserait manger un biscuit au chocolat pendant les mathématiques...
Maison du Dr Joseph Schmitt
au début du XXè sicècle
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Juste à côté de l'hôtel où nous logions à Port Menier, on peut encore admirer l'imposante maison du Dr Schmitt, telle qu'elle était à l'époque de Menier.
On a dit qu'il était impossible de coloniser et peupler l'Ile d'Antiscosti. Il faut dire qu'avant Menier, 29% de l'Ile était couvert de tourbières, comme on en trouve beaucoup près de Havre-Saint-Pierre. Et pourtant le recensement de 1881 indique qu'il y avait 660 habitants sur l'Ile. Il en reste aujourd'hui 240 pour 170 000 cerfs de Virginie en liberté.
Menier fit de l'Ile d'Anticosti une localité moderne. L'Ile avait son médecin, son hôpital, une église, 3 scieries, 2 fermes, des routes cartographiée, un chemin de fer, un bureau de poste, un poste de lélégraphie et de téléphonie, un magasin général, une meunerie, un poste de police, une porcherie, une beurrerie, des ateliers de plomberie, une forge, bref une microsociété indépendante et autosuffisante.
On a dit qu'Anticosti n'avait pas de potentiel touristique. On avait cru qu'Anticosti n'avait aucun potentiel agricole. Et pourtant, Menier a réussi tout un tour de force. Non seulement a-t-il installé une ferme sur l'ile pour y amener l'automie alimentaire. Mais il avait développé une agriculture moderne. L'ile comprenait deux fermes avec des terres enrichies avec des engrais fait de couches chaudes et de goémon (algues laissées par le retrait des marées).
Il a même réussi tout un exploit: Anticosti avait obtenu le premier prix agricole de Montréal en 1904. Il fallait le faire! Les fermes comprenaient 400 têtes de bétails en 1913. Il y avait des vaches, des porcs, des chevaux, des dindes, des oies, des moutons. Lorsqu'il voulait quelque chose, Menier y mettait le prix et il avait les moyens de le faire. Il avait même installé un système de rails permettant de nourrir 90 porcs à l'heure.
Bientôt, de nouvelles familles vinrent s'installer à l'Ile d'Anticosti. Menier avait besoin de leur aide. Il y avait du travail pour tout le monde. Et Menier, qui ne manquait pas de moyen les payait avec de la monnaie frappée à son effigie.
Quand on parcout l'Ile, on est surpris de trouver des vestiges d'outils et d'équipements agricoles imaginés et réalisés sur place. J'ai pu ainsi photographier, cette drôle de machine en ruine qui servait à compacter des cubes de foin pour les entreposer. On voit très bien les palettes qui servaient à compresser le foin à l'aide d'un moteur.
Baie Sainte-Claire
On retrouve ces équipements de ferme tout près du premier village que Menier avait choisi de dévelppement: Baie-Sainte-Claire (nom donné en l'honneur de sa mère). L'endroit était charmant. Mais il y avait un problème. La Baie était impraticable par bateau à marée basse et les récifs rendaient l'endroit trop risqué. Menier a donc fait déménager la centaine de maisons qui s'y trouvaient. Elles ont été relocalisées dans une localité que Menier appela village Port Menier.
Baie-Sainte-Claire
Maisons classées historiques
On n'a conservé que deux maisons qui sont déclarées aujourd'hui monuments historiques. De vraies cabanes au Canada.
Les deux fermes permettaient à la population de l'ile d'être auto-suffisante. L'économie était assez forte pour supporter le peuplement. L'infra-structure avait été mise en place. La voir ferrée permettait aussi à des industries de prospérer puisqu'elle permettait un bon accès à la mer. L'industrie forestière en a largement profité même du temps de Menier.
Cette industrie prospère encore. La chasse et la pêches sont également encore florissantes. Mais pour le reste, au plan social, il ne reste plus beaucoup de vie. Il n'y a plus de ferme, plus d'agriculture comme si ça ne pouvait exister. Tout a disparu. Et pourtant, Menier avait cru à ce potentiel, l'avait développée de façon admirable.
C'est comme si on voulait prouver que cette terre, de la grandeur de la Corse, était inhabitable. C'est comme s'il ne fallait pas rendre l'ile trop attirante pour les touristes.
Les routes ne sont pas couvertes d'asphalte, sauf à Port Menier. Les risques de crevaison sont très présents. Et il y a pire. On croise régulièrement des camions qui circulent à des vitesses folles. Les arbres en bordure de la route sont couverts d'une poussière blanche à faire pleurer.
C'est comme s'il y avait urgence d'attaquer le paysage avant qu'on ait conscience des dégats qu'ils font. Ce n'est peut-être pas le cas. Mais c'est le sentiment que j'ai ressenti. Et je me suis senti profondément agressé. L'ile éblouit par sa nature calme et tranquile. Et j'avais l'impression que des monstres sur roues venaient bêtement rompre le charme.
On nous a dit qu'il était impensable de faire recouvrir les routes d'asphalte parce que ça coûterait trop cher. On n'a pas l'équipement nécessaire et les coûts seraient trop exhorbitants s'il fallait faire venir l'équipement nécessaire. Mais pour creuser des puits de pétrole, les coûts ne semblent pas un problème. Voici le genre d'équipements qu'on a fait descendre sur l'Ile.
Machinerie de Forage
Ile d'Anticosti juin 2010
C'est drôle comment tout devient possible quand on a de l'argent à faire. Et partout où il y a de l'argent, les politiciens flairent de bonnes affaires où ils risquent de perdre leur âme.
Voir Les liens se multiplient entre l'industrie du pétrole et les libéraux L'appétit des pétrolières et les forages, sans préavis, à proximité des résidences et fermes privées ont quelque chose de carrément sauvage. L'Ile d'Anticosti est menacée dans ses fondements même. Henri Menier doit se retourner dans sa tombe.
On a beaucoup crtiqué Menier pour ses extravagances, entre autre son aventure anticostienne où il a englouti une partie de sa fortune. Il n'avait été que 6 fois sur l'ile. Mais on a oublié de parler de tout ce qu'il a donné aux infortunés habitants qui s'y trouvaient à son arrivée. Il a crée des industries, des infrastructures, du travail pour tout le monde, une hôpital, une école, des routes, un chemin de fer, etc. Rien à voir avec la désolation que laissent les compagnies minières, forestières et pétrolières lorsqu'elles plient bagage.
Et je suis loin d'avoir tout dit sur les démolitions bêtes dont nous gouvernement se sont faits les promoteurs, semble-t-il par soucis d'économie. On dit qu'on n'a pas d'argent quand ça fait notre affaire. Et le plus malheureux, c'est que les citoyens sont contre les projets tant qu'on ne leur offre pas d'argent.
Tant qu'il me restera quelque chose dans le frigidaire
Je prendrai le métro, je fermerai ma gueule, pis je laisserai faire
Mais y a quelque chose qui me dit qu'un beau matin
Ma Rosalie, on mettra du beurre sue note pain
Moi qu'avais des belles îles, des buttes et des sillons
Me voilà perdu en ville, tout seul dans des millions
Je vis sur les autobus, au Pizza King du coin
Les gens me parlent pas plus que si j'étais un chien
Tant qu'il me restera quelque chose dans le frigidaire
Je prendrai le métro, je fermerai ma gueule, pis je laisserai faire
Le frigidaire, George Langford(Ile-de-la-Madeleine)
Peut-on avoir du coeur si on a de l'argent? L'histoire qui suit vous en donnera une idée. Voici un texte savoureux d'une dame qui a rencontré Henri Menier par hasard, lors d'une soirée à l'opéra. Vous y découvrirez un côté charmant de la personnalité de Menier, homme du monde
http://pone.lateb.pagesperso-orange.fr/thyra.htm
Il s'agit d'un beau roman d'amour qui finit par un mariage? Il faut lire pour savoir.
Et je vous dirai bientôt pourquoi j'ai été si triste après avoir tout lu.
À suivre...
Je vous recommande d'aller faire un tour sur le blogue de Barbe Blanche. On peut y lire:
J'ai connu George à la fin des années soixante, lorsqu'il venait chanter à Gaspé. Je faisait l'éclairage de ses spectacles...
Nostalgie quand tu nous rattrape...
De très beaux souvenirs...
Voir Geoges Langford, la Butte
9 commentaires:
salut Jackss, je me permet une petite information quide toute évidence, t'était inconnue.
Le Frigidaire que tu cite et que tu attribus à Tex , est en fait une chanson du Madelinien George Langford.
Dans cette chanson, que George à prêté à Tex, ce dernier n'y a en fait changer qu'un seul mot, c'est pourquoi il s'y est inscrit comme co auteur...
Tu as une belle culture, Barbe Blanche
Merci de l'information. N'hésite pas à préciser ou corriger ce que je raconte. Tu en connais sûrement plus que moi.
Tu connaîtras aussi Earl avant moi. Sois prudent!
Quelles histoires fabuleuses... J'aurais pu passer encore une heure ici à aller lire tous les liens et réécouter ce succès des années 70!
Georges Langford est un fier Madelinot, originaire de Hâvre-aux-Maisons, comme mes parents, la maison où il a grandi est située tout près de celle de mes parents d'ailleurs, en allant vers la butte à Mounette, la Baie d'en dedans comme disait mon père. Le Frigidaire a été son succès le plus connu, c'est Tex qui l'a popularisé en plusieurs langues. Ça a été l'arbre qui cache la forêt parce que Georges Langford a écrit d'autres très belles chansons. J'ai encore un de ses albums, un microsillon comme on les appelait! Dans Le Frigidaire, on sent ses origines, particulièrement dans ces mots : « Moi qu'avais des belles îles, des buttes et des sillons » et aussi, « Je suis naufragé en ville » qui est une expression typique des Madelinots. Geoges Langford a fait carrière surtout dans les Maritimes, s'est impliqué dans la radio des Îles et la vie culturelle toute entière de ses chères Iles de la Madeleine.
Cette histoire d'amour entre la dame dont j'oublie le nom et Henri Menier nous fait connaître cet homme dans son intimité, au-delà de ses réalisations et de ses aventures. Il faut dire qu'elle en était très amoureuse!
La vie à Port Menier, à cette époque, nous semble un petit paradis : Une société qui s'auto-suffit, qui vit en harmonie, avec tous les services essentiels, sous l'aile protectrice de son bienfaiteur... Tout ça me semble délicieux... comme du chocolat!
J'aime toujours ta façon de raconter des histoires, des faits vécus qui illustrent magnifiquement d'où l'on vient et je crains maintenant la suite, tes réflexions qui nous diront sans ménagement où l'on s'en va, parce que je sais que tu auras raison.
Bonjour Zoreilles,
Tu as toujours de belles choses à raconter sur tes racines, le milieu qui t'a vu naître et grandir.
Tout ce que tu racontes sur Georges Langford est fasciant. Les mots prennent tout leurs sens. Tu m'as donné le goût d'approfondir encore davantage mes connaissances sur l'homme et son oeuvre.
Henri Menier est également un homme fort intéressant à connaître en profondeur. Je n'arrête pas d'être émerveillé par l'homme, sa personnalité, son humanité, ses oeuvres. Son histoire permet de voir dans son entourage le meilleur et le pire. Je pense à tout ce qui a contribué à démolir ses grandes réalisations.
Je comprends ta fierté d'être d'origine acadienne, de la branche des madelinots. Gilles Vigneault proclamait cette semaine, au téléjournal, sa fierté de l'être lui aussi.
Plus j'en apprends, plus je comprends pourquoi tu es comme tu es.
Bravo Barbe-Blanche
Là, tu m'impression. Je viens de lire ton dernier billet où tu nous révèle bien humblement une belle page de ta vie:
Je vous recommande d'aller faire un tour sur le blogue de Barbe Blanche. On peut y lire:
J'ai connu George à la fin des années soixante, lorsqu'il venait chanter à Gaspé. Je faisait l'éclairage de ses spectacles...
Nostalgie quand tu nous rattrape...
De très beaux souvenirs...
Voir Geoges Langford, la Butte
Dès que j'ai une minute de libre, je cours lire Barbe blanche chez lui, j'ai hâte!
Mais là, je voulais te dire que j'arrive de faire des courses, je suis passée dans la section des magazines où je voulais absolument me procurer le Clin d'oeil de ce mois-ci. Bien sûr, j'ai cherché Gaële et Laure, je les ai trouvées aux pages 152-153. J'ai été touchée pour plusieurs raisons... J'ai eu le choc d'apprendre que Laure avait fait face à ce diagnostic il y a cinq ans. Je l'ignorais, on s'était perdu de vue à ce moment-là...
Gaële lui rend un bel hommage... « Et il y a Laure, ma symbolique, ma conquérante, ma rigolote, mon espoir, ma vivante, qui représente toutes ces femmes uniques, ces survivantes qui ont mis la cancer K.-O., qui lui ont fait la peau ». C'est ce bout-là qui m'a le plus touchée, j'y ai reconnu Laure. C'est tellement elle.
Je lirai le magazine au complet, j'y sens une belle complicité féminine, une solidarité tendre et douce dans les défis que nous devons parfois relever. Ensemble.
Dis à Laure que je l'embrasse bien fort, que je lui fais un gros câlin. Et à Gaële aussi que je connais un peu mieux maintenant.
Et toi aussi, tiens, pour les aimer autant, ces femmes de ta vie!
Bonjour Zoreilles,
Tu as une belle sensibilité digne des Iles. On sent toujours que tu es une digne représentante de ce milieu sauvage et poétique que j'aime tant.
Et mine de rien, je découvre toujours des nouvelles pages de votre histoire de famille. J'ai bien aimé ton dernier billet. Et je comprends ton intérêt pour Georges Langford dont Barbe Blanche a été l'éclairagiste.
Le monde est petit et il m'impressionne de plus chaque jour dans tous ces rendez-vous qu'il nous permet.
Si je suis encore dans ce décor de la Côte-Nord, j'aurais un grand plaisir à poursuivre un peu d'exploration du milieu avec toi et ton crocodile.
J'avais préparé un nouveau billet, mais un tabarnouche de hasard m'a joué un tour: effacé! Je vais me reprendre.
Cher Jackss, quel magnifique et effrayant voyage que celui que tu nous offres !
Je suis partagé entre une émotion positive intense et une certaine envie de pleurer...
Une amie française m'a parlé de ton blogue ce matin, elle l'adore. Je suis content qu'elle l'ait découvert grâce à moi (pardon pour cette légère immodestie ;))
Bonjour, tout à fait par hasard, je suis arrivé sur votre blogue que j'ai lu avec intérêt et apprécié pour la pertinence des propos. Je voudrais pour votre plaisir, je l'espère, porter à votre attention les photographies que mon aïeul a ramené d'Anticosti au début du XXe siècle.
http://www.comettant.com/photographies/ile-anticosti-1900-1905/
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