
À la mort du roi Soleil, en 1715, les colons de Nouvelle-France ont appris l'événement avec joie tellement ils se sentaient abandonnés. Pour bien comprendre la réalité, disons que le Général de Gaule fut à Louis XIV jeune ce que fut Sarkosy à Louis XIV vieux. On a même prétendu qu'un nouveau dynamisme a repris en Nouvelle-France après la mort du roi.

On visait la qualité de la quantité des descendants. On souhaitait aussi donner aux soldats le goût de rester sur place. Un plein bateau de belles filles leur fut envoyé avec la mention No return to sender. Il y en avait 900 au départ. On a appelé ces filles les filles du roy. Certains ont prétendu, probablement à tord, que ces filles étaient des filles de joies. Voyons donc!
La réalité était fort différentes selon de nombreux textes:
Près de 90 % de ces filles à marier étaient issues de familles de petits fonctionnaires, de militaires, d'artisans et de paysans (en petit nombre); le reste provenait de la petite noblesse et de la bourgeoisie. Elles constituaient, pour l'époque, une sorte d'élite «sagement élevée» et «formée aux travaux d'une bonne ménagère»,élevées en vue du service des grandes dames». Référence Qu'est-ce qu'un homme pouvait souhaiter de plus?
À l'époque, les politiques natalistes étaient beaucoup plus ambitieuses et plus convaincantes. On ne lésinait pas sur les moyens. La pédophilie était presque une vertu encouragée par l'église. On était pressés. Il fallait passer au lit de bonne heure. Afin d'encourager les naissances, l'administration royale utilise des mesures incitatives et même obligatoires. Par exemple :
- Imposer une amende aux pères qui ont un garçon de 21 ans ou une fille de 17 ans encore célibataire.
- Présent du roi (20 livres) aux filles mariées avant 17 ans.
- Amende aux célibataires endurcis (défense de faire la traite des fourrures).
- Encourager les mariages entre Français et Amérindiens.
- Allocation aux familles nombreuses (dix enfants et plus).

Les livres d'histoire n'en parle pas, mais j'imagine ce qu'on dut vivre ces pauvres filles durant la traversée. Elles savaient que c'était presque un adieu à coup sur pour les parents et les amis. Et la traversée fut horrible, sur une mer déchaînée. Une centaine de filles sont décédées durant la traversée.

C'est ici que Marguerite Bourgeoys établit sa première métairie à la Pointe-Saint-Charles, en banlieue sud de Montréal. En 1668, une autre maison s'éleva sur l'emplacement actuel pour y loger les Filles du Roi. Incendiée en 1693 elle fut reconstruite en 1698 sur les mêmes fondations. Elle est connue aujourd'hui sous le nom de «Maison St-Gabriel». Source: Jean Choquette

Jean Talon les voulait «fortes, intelligentes, belles et de bonne qualité.» C'est ce qu'il a eu. Pour la plupart, ce sont des orphelines ou des filles d’officiers français tués à la guerre.
On comprend l'excitation des soldats à l'arrivée du bateau avec des centaines de filles à bord. Je l'aurais été. C'est peut-être de là qu'est né le slogan hippie Faites l'amour en plus de la guerre. La concurrence entre les mâle a dû être féroce.
Les résultats furent spectaculaires sur la population du Québec. Les filles du roi et les beaux soldats comprirent vite les règles du jeu et s'y prêtèrent de bonne grâce si on se fie au résultats. Ça swingnait dans le fond des campagnes et dans les champs de cotons.
- 1627: 100h
- 1641: 240h
- 1663: 2500h
- 1706: 16 417h
- 1713: 20 000h
- 1760: 500 000h

À cette époque, il était très mal vu qu'une dame reste veuve longtemps. Le jours de l'enterrement, les nouveaux prétendants l'attendaient presque à la porte de l'église. Un peu plus, et on aurait fait un spécial-mariage-funérailles deux pour un. Quand on fait la généalogie de nos ancêtres à cette époque, il est rare que l'un d'eux n'ait été marié qu'une fois. On dit même que les filles du roy ne se sont pas gênée pour changer de mari au besoin.
Et maintenant, oû en sommes-nous?!!!
Où en est la multiplication?

L'objectif est louable et inquiétant à la fois.

Je crois également qu'on se prépare à des lendemains pénibles si on ne voit dans l'immigration qu'un moyen faire rouler l'économie plus fort. Le vieillissement de la population est-il un problème volontairement exagéré?

Que fait-on pour aider les nouveaux arrivants à bien s'intégrer à leur nouvelle réalité? Est-ce qu'on leur promet un paradis qu'on ne pourra leur offrir? Devrait-on faire plus? Améliorer l'accueil à l'aéroport et faire en sorte que personne ne veuille plus repartir?
- Aura-t-on les ressources pour répondre aux besoins grandissants de la population?
- Aura-t-on suffisamment de médecins, d'infirmières, d'enseignants qualifiés, de dentistes, de travailleurs sociaux, d'orthophonistes, de professeurs de français?
Ouf! On n'est pas sorti du bois. Il faudra penser à une commission parlementaire...
6 commentaires:
un billet encore très intéressant et qui pose de vraies questions. ça ne devait pas être drôle tous les jours pour les filles du roi, mais en France à l'époque il y avait beaucoup de familles nombreuses pauvres aussi les promesses de trouver fortune ailleurs et de ne plus être une bouche à nourrir devaient attirer les jeunes filles et leurs parents.
La france est le pays d'Europe où il y a le plus de naissances et paradoxe le plus de femmes actives (qui travaillent à l'extérieur)Les superwomen sont Françaises ...c'est pourquoi les filles du roi l'étaient aussi.
je t'embrasse ainsi que Laure
Bonjour Marguerite,
Si mes billets sont intéressants, tes commentaires le sont tout autant. Les femmes ont pris beaucoup de place au début de la colonie. Les religieuses en particulier qui provenaient de la noblesse française. Elles étaient d'une générosité sans borne.
Elles se sont occupées des hôpitaux, des écoles, des services sociaux. À l'école elles préparaient bien les filles aux arts ménagers, leur enseignaient la bienséance et l'hygiène de façon remarquables.
Les mères élevaient des familles très nombreuses et remplaçaient les hommes partis à la guerre, au bois, ou à la chaase en exécutant les travaux qui leur étaient normalement réservés. Vive la France! Vivent les françaises.
Gaële, la compagne française de mon fils Jipé, est tout un numéro. Elle est très douée, déterminée et déplace beaucoup d'air.
Tu as toujours cette manière très intéressante de raconter notre histoire. Ça paraît que ça te passionne. Ce qui est drôle et unique, c'est que tu l'assaisonnes de tes petites fantaisies contemporaines, ce qui est loin de causer des anachronismes mais qui nous fait sourire, parce qu'on y reconnaît la nature humaine qui ne change pas tant que ça.
Les questions que tu poses m'interpellent aussi. Je n'ai pas de réponses mais une inquiétude : tout mouvement de population brusque ou à grande échelle me rappelle qu'une vague (par exemple, une vague d'immigration) est bienvenue mais un tsunami? Là, je sais pas trop si on arriverait à bien accueillir tout ce monde-là.
Tiens, un autre exemple simpliste : On attend de la visite, on est heureux, on prépare des repas, on installe des lits dans le sous-sol, la chambre d'amis mais s'ils arrivent deux pleins chars alors qu'on n'en attendait qu'un seul, on risque de manquer de lits, de bouffe et de places à table, non? On deviendrait alors inconfortables, ça nous empêcherait d'être aussi recevants qu'on aurait pu?
Dans une région comme la mienne, l'immigration a été présente à la base, elle est toujours un apport important et encouragée ardemment. Ces gens-là, de partout, ont contribué à construire notre jeune région (l'Abitibi-Témiscamingue n'a que 100 ans d'existence) et notre culture s'est diversifiée et enrichie de la leur à tout point de vue. Je me demande si c'est parce qu'ils étaient juste assez mais pas trop nombreux, ces immigrants, qu'on pouvait si bien s'intégrer à eux et eux à nous.
Tu as une bien belle image, Zoreilles, pour illustrer la situaton.
Ici, les gens sont tout de même très accueillants. Ce que je dis demanderait des nuances. Mais d'après ce que j'ai vu, les Innus et les blancs ne se mêlent pas. Plusieurs parlent leur langue. Je n'en ai pas entendu parler français.
Mes commentaires sur l'intégration en général au Québec. Ce que tu dis de l'Abitibi est bien agréable à entendre. Je crois justement que la proportion des nouveaux arrivants doit être un facteur favorable d'accueil et d'harmonisation. C'est sûr qu'il y a beaucoup à s'apporter entre différentes communautés. C'est un bon point que tu apportes et je reconnais ta belle ouverture.
Il faudrait peupler le Québec ce Zoreilles.
J'ai parlé à Jipé ce midi. Tu sais qu'il joue le rôle de trompetiste dans le film Dédé dans les brumes. Il n'a qu'une seule réplique en plus de jouer comme musicien. Quelle chance il a eue.
Pauvres filles, ça devait être un tel traumatisme de quitter ainsi leur pays pour aller vers l'inconnu sans espoir de retour.
Ta sensibilité me frappe toujours, Encre
Elle te sert bien. Quand on étudie, l'histoire, on manque souvent le plus important: l'émotion. Il faut beaucoup de sensibilité pour l'imaginer. Je dirais même qu'on juge souvent sévèrement les manuels d'histoire qui ne s'en tiennent pas qu'aux faits. La subjectivité à l'origine de toute émotion ne fait pas bon ménage avec l'enseignement de l'histoire.
Cette souffrance des filles de bonne famille, souvent orphelines, elle m'attriste encore. Partir sans espoir de retour, il y a de quoi verser bien des larmes.
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