jeudi 30 avril 2020

Le partenaire idéal

Trouver le partenaire idéal peut être tout un défi. Les agences de rencontres en savent quelque chose. Certains ont plus de succès que d'autres. Pour faire simple, disons que certaines personnes s'entendent mieux avec des partenaires qui leur ressemblent. Pour d'autres, c'est le contraire. Ils recherche un  partenaire tout à fait différent de ce qu'ils sont.

Jacques et Laure 1974
Laure et moi, nous appartenions à la 2è catégorie.  Elle l'avouait souvent. Elle disait souvent que ce qui l'avait attirée en moi, c'était un certain mystère. Elle avait l'impression que j'avais vécu beaucoup de choses avant de la connaître. Elle n'avait pas tort. J'en avais vu de toutes les couleurs.

Nous nous complétions très bien. Au début de notre union, j'avais tendance à faire des tâches que j'aimais moins jusqu'au jour ou j'ai réalisé que c'étaient les tâches que Laure préférait. Par contre, il y avait des choses que je voulais que Laure change et je n'y arrivais pas.

 Avec le temps, j'en suis venu à me dire qu'on ne change pas fondamentalement. Aimer vraiment, c'est accepter l'autre tel qu'il est. Vouloir le changer peut conduire à beaucoup de frustrations. Par exemple, Laure avait remarqué que je perdais facilement ce que je mettais dans mes poches, mes clés par exemple. La solution qu'elle a trouvé: m'acheter un vide-poche pour garder mes poches vides. Inconvénient: j'ai tout perdu en perdant mon vide-poche. Drôle d'histoire.

Nous achevions notre séjour de quelques mois à Montpellier dans le sud de la France. Pour couronner le tout, nous avions prévu faire un détour en Espagne avant de rentrer à Paris. Chemin faisant, nous laissons monter un jeune homme qui faisait de l'auto-stop, puis nous nous arrêtons pour faire le plein d'essence. C'était le dernier poste avant la frontière. Je fais le plein et au moment de payer, Malheur!
Je trouvais plus  mon vide-poche. Je jette un coup d'oeil perplexe au jeune homme que j'avais fait monter.  Vous pouvez imaginer son malaise. Je l'était tout autant en me présentant à la caisse.Le garagiste fut très compréhensif et me dit que mon plein d'essence, c'était un cadeau.

Je n'étais pas au bout de mes surprises. Je rebrousse chemin vers Montpellier. Je reviens à l'appartement que je  venais de laisser. On me dit que quelqu'un avait retrouver mon vide-poche cachée derrière le bol de toilette d'un centre commercial . Imaginez si ça vous arrivait. Il voulait comprendre d'autant plus qu'il était détective privé. Il m'invita donc à souper  en compagnie de Laure et me demanda pourquoi je l'avais mis là. C'est bien simple, répondis-je,  je l'avais caché au cas ou je l'oublierais.

Vide-poche original, 1974


 Laure étant très différente de moi, elle n'aurait jamais fait ça. Mes différences l'amusaient. E j'étais heureux de tout l'attention qu'elle me portait. Elle était douce et si elle avait voulu me changer, nous n'aurions jamais été capable de vivre 53 ans ensemble. Elle n'est plus là. Une de ses dernières paroles, la veille de son décès fut : maintenant, gouvernez-vous.

samedi 4 avril 2020

Affamé enragé

L'histoire qui suit est bien réelle.
jean-Philippe(Jipé Dalpé)
Le texte a été écrit par notre fils, Jean--Phlippe Dalpé sur sa page Facebook.

Sa mère (Laure), donc ma conjointe, était pourtant décédée quelques jours auparavant, soit le 2 mars 2020. Il était donc en état de choc. Et pourtant..

Laure, dans son coin de Paradis doit être bien fière de lui. Elle aimait tellement tout le monde sans les juger.

Voici donc le texte tel qu'écrit par Jipé (https://fr.wikipedia.org/wiki/Jipé_Dalpé)



Hier, au coin de ma rue y’avait un gars qui demandait de l’argent aux automobilistes qui s’arrêtaient au feu de circulation. Je l’entendais crier fort: « J’ai pas le Corona, j’ai faim tabarnak, J’AI FAIM »!!! 

Visiblement, personne n’osait lui donner de la monnaie. Je suis donc allé le voir (à 1m de distance:) et lui ai demandé: « As-tu faim mon homme»? Il m’a regardé avec des yeux doux et tristes. Il m’a dit: « Oui, j’ai faim. T’as pas idée. Ça fait 6h que je suis là, et j’ai juste réussi à me faire 4$. On est vendredi pourtant… mais y’a pas d’autos dans les rues! Pis personne veut ouvrir sa fenêtre. Moi, si y’a pas de char, j’peux pas manger. Ni faire manger ma blonde. ».

Je lui ai dit, viens avec moi, on va aller t’acheter de quoi souper à l’épicerie ok? Si vous aviez vu son sourire… Ça valait de l’or! Il voulait un paquet de saucisses et un sac de patates pour tougher 2-3 jours. Il me regarde en disant : « Sont chers les patates hein? C’est-tu correct pareil? », je lui ai confirmé que c'était ok. 


Après je lui ai dit: "puisqu'on est vendredi, aimerais-tu une petite bière avec ça? ». Il était un peu gêné de me répondre…. « Oui, c’est sûr que j’aimerais ben ça ». J’ajoute: « On en prend-tu une pour ta blonde aussi? » Il dit « Ah ça ce serait vraiment gentil! ». Ensuite, on est passé à la caisse.

Une fois de plus, les yeux qu’il m’a faits pour me remercier valaient 100 fois plus que le 14$ d’épicerie que je lui ai offert. Je ne dis vraiment pas ça pour recevoir des fleurs. Simplement, je me trouve chanceux dans la vie; j’ai une famille, une blonde, des ami(e)s, un toit sur la tête, et ce qu’il faut pour manger. 

Évidemment, je ne pourrais pas faire ça avec tout le monde, ni à tous les jours, mais là, j’ai eu envie de partager et de faire une mini différence dans la journée de quelqu’un. Je suis presque certain que ça m’a fait autant de bien qu’à lui. En fait, c'est lui qui a fait ma journée. En y repensant ce matin, je rêverais d’avoir une photo de lui avec sa blonde en train de faire un chin!