jeudi 13 septembre 2018

Complot no.3: cultiver l'ignorance et l'indifférence

Les hommes préfèrent toujours subir des malheurs supportables 

plutôt que se redresser et abolir les formes de  gouvernement auxquels ils sont habitués. (Denys Arcand, Le confort et l'indifférence, ONF 1981)



Ce film de Denys Arcand (auteur de La chute de l'Empire américain, Les Invasions Barbares, etc ...) Le confort et l'indifférence est un véritable petit bijou que je vous recommande fortement. Il est très d'actualité même s'il date de 1981. Il est peut-être un peu long, mais regardez au moins le début.

Nous sommes en campagne électorale. À mon avis, les idées débattues sont riches et diversifiées.
Certaines émissions d'information sont très bien faites. Ce que j'ai un peu de difficultés à comprendre, c'est que plusieurs chroniqueurs n'y voit rien, ont l'impression que les véritables débats de fond n'ont pas lieu. Et pourtant!

Une chose me frappe: les jeunes sont beaucoup moins mobilisés et renseignés, d'après ce que nous rapportent les médias. Plusieurs ont dit à la caméra ne pas vouloir voter parce qu'ils manquaient d'informations. Pourtant, il me semble que nous n'avons jamais eu autant d'informations. Je crois que ce ne sont pas les idées qui manquent, mais notre confiance en ceux qui les expriment.
Gertrude Bourdon, celle qui porte bien son nom (Côté, Le Soleil)
Le Journal de Montréal a récemment demandé à ses chroniqueurs : « De quelle idée le Québec a-t-il besoin pour retrouver sa fierté ? ». 
Au total, tout récemment 14 candidats sont passés d'un parti à un autre aux idées et aux valeurs totalement opposées. Ils sont des transfuges dont on peut douter des convictions.

"Speed dating politique
Oui, ce speed dating (site de rencontres)  à la sauce politique renforce le cynisme ambiant. C’est clair. 
Mais, il donne surtout raison aux jeunes qui pensent que la politique « c’est du pareil au même », « que c’est toute la même chose » et « que de toute façon, mon vote ne changera rien ».  Et pourtant! Jamais, on a eu tant de diversités si bien expliquées. 
On a beau prendre n’importe quelle mesure pour faire participer les jeunes, mais il y a rien de plus décourageant que de voir les partis s’échanger des candidats comme on s’échange des joueurs d’hockey. Où sont passés les idéaux et les projets de société ? "
(Le magasinage de convictions) Le Journal de Montréal, 1 septembre 2018)
Nous avons beaucoup d'informations, mais... voici quelques aspects un peu troublants:
  1. Les heures de diffusions: les meilleures émissions télévisuelles passent au milieu de l'après-midi ou après 23 heures. L'émission 24/60 de Radio-Canada est rediffusée à minuit.
    L'émission La Joute est un véritable petit bijou; les invités sont remarquables, compétents, crédibles et engagés. L'émission passe de 15h à 17h, puis de 23h à minuit. Nous pouvons l'écouter le  soir parce que nous sommes retraités.
  2. Aux heures de grandes écoutes, on dirait qu'on fait tout pour rapporter le moins possible d'informations qui nous touchent. Il n'y a pas plus d'une demi-heure de nouvelles, en excluant les commanditaires. Beaucoup de nouvelles sont des documentaires préparés à l'avance, les invités pour commenter l'actualité n'ont pas toujours la compétence souhaitée, ont la langue de bois, ont pour mission de ne pas trop faire grimper les statistiques de plaintes. On traite beaucoup d'informations en quelques secondes, en évitant les analyses approfondies. De toute façon, on n'aurait pas le temps.
    Jean-François Lisée
  3. Selon Joseph Facal pour qui j'ai toujours eu le plus grand respect, c'est Jean-François Lisée qui fait la meilleure campagne. Mais il faut aller aux rencontres partisanes pour entendre ses idées. Les médias en parlent peu. On préfère mousser la polarisation entre le Parti Libéral et La Coalition Avenir Québec. Selon Joseph Facal, le meilleur ne gagne pas toujours. Voir Le Journal de Montréal.
     
  4. L'immigration est un sujet tabou dont il ne faut surtout pas parler sans se faire traiter de racistes, d'esprits étroits.
  5. Les nouveaux arrivants sont acceptés sans même comprendre ni le français, ni l'anglais.
    Les règles d'intégration sont défaillantes et on juge très sévèrement toute démarche pour bien informer les nouveaux arrivants des valeurs de la société, comme si c'était un crime de vouloir en parler.
  6. Les informations ne sont pas toujours fiables: "«Plus le mensonge est gros, plus le peuple le croira», disait le sinistre Joseph Goebbels."
    Ça vous fait penser à quelqu'un?
L'indifférence

Il n'y a pas si longtemps, beaucoup de sujets étaient sacrés. La langue, la fierté liée à l'identité de la communauté, il fallait les respecter. Sinon, la mobilisation était forte et efficace. L'indignation était une arme de résistance dont nos élites, Michel Chartrand par exemple, savaient s'en servir pour préserver nos valeurs fondamentales.

Certains phénomènes récents vont dans une toute autre direction
  1. Plusieurs montrent un ouverture à une moins grande importance du français.
    Non seulement on ne croit plus que le français peut être menacé, on ne voit plus de raisons de le protéger. Il faut savoir que le Québec est le plus grand territoire géographique où la langue parlée est le français. C' est la langue officielle. C'est la seule langue officielle, afin de la protéger dans un océan d'anglophones. Mais pour combien de temps? L'an dernier, 58% des nouveaux réfugiés et des immigrants ne parlaient pas français. Et on manque de monde pour leur enseigner.
  2. Le sentiment d'identité et la fierté nationale n'attirent plus. Au contraire! C'est mal vu. On identifie ces sentiments à de la fermeture d'esprit.
  3. On a perdu cette belle combativité qui permettait de débattre avec vigueur de ses convictions, ce droit à l'indignation qu'on reconnaissait comme une vertu. Michel Chartrand en était notre meilleur ambassadeur.
    Voir vidéo de l'ONF " Un homme de parole.

    Dénoncer l'inacceptable est maintenant vu comme un vice. Une opposition qui n'a plus le droit de s'opposer, c'est le propre d'un système politique qui s'appelle "une dictature". On veut "des campagnes propres", donc perdre le droit de dénoncer l'inacceptable, ne pas avoir toute l'information pour voter selon nos valeurs.
On n'enseigne plus l'histoire de façon à ce que les jeunes générations puissent comprendre, d'où nous venons et qui nous sommes. Des journalistes ont demandé aux jeunes, 10 ans après le référendum sur l'indépendance, quels étaient leur opinion sur le sujet. La plupart ne savaient même pas qu'il y en avait eu un et que le résultat avait été très serré: 51% pour le maintien du Québec dans le Canada et 49% pour la souveraineté. Ce n'est pas rien. Le Canada a failli perdre une bonne partie de son territoire.

Plusieurs même n'avaient jamais entendu parler le l'attaque des tours du Wal-Trade center, n'avaient jamais entendu parler de Ben Laden ou d'Al-Qaïda.










mardi 4 septembre 2018

Autre complot: les soins médicaux

Nous sommes en campagne électorale et tous les chefs de partie ont les mêmes priorité: l'éducation et la santé.

Nous payons nos médecins très cher pour qu'ils nous gardent en vie. Et au fond, nous savons bien que c'est un combat perdu d'avance. C'est déjà tout un défi de nous garder en santé jusqu'à la fin, dans de bonnes  conditions.

Pourtant, dans la force de l'âge, tout est différent. Laure et moi, c'est notre 51è anniversaire de mariage aujourd'hui, le 4 septembre. Ce jour-là, c'est comme si nous avions l'impression que nous avons presque toute une éternité devant nous. Nous réalisons vite que si notre coeur ne vieillit pas, il en va tout autrement de notre corps.




Seul notre physique trahit le nombre d'années qui ont passé si vite. Et pour moi, c'est comme un grand mystère. S'il fallait imaginer tout ce qui aurait pu être différent si nous ne nous étions pas rencontrés, ce serait renversant.

La vie est une suite de hasards qui changent le monde, notre univers et les générations futures. Sans cette rencontre avec Laure, nos enfants n'existeraient pas, tout leur parcours professionnel n'aurait pas produit les fruits dont nous sommes si fiers.

Tout à fait, par hasard, deux jeunes dames viennent tout juste de sonner à notre porte. Dring, dring!
 Je les ai reconnues. C'étaient deux témoins de Jéhovah. Je leur ai dit: "J'imagine que vous êtes venues nous souhaiter un bon anniversaire de mariage". J'ai sorti notre album de photos. Elles ont vite changé de sujet.

Elles nous ont demandé: "Croyez-vous  à la résurrection des corps?" J'ai répondu à la blague: "Pas vraiment, mais je ne prends pas de chance. Je ne fais jamais de dons d'organe. Imaginez si à la fin des temps mon corps ressuscite et que mon coeur se trouve dans le corps d'un autre... Quand les anges vont jouer de la trompette, je veux avoir tous mes morceaux."

Plus sérieusement, je crois que notre corps n'est qu'une écorce emprunté le temps d'une vie dans une dimension sujette à se transformer en je ne sais trop quoi. Je crois que notre corps est une partie de nous-même auquel se greffe autre chose. Je suis porté à croire qu'il y a une autre partie en nous différente et indépendante de la matière. Je pense, mais je n'en sais rien.

Même l'ordinateur le plus puissant n'a pas le début du commencement de la conscience d'exister.



Un ordinateur des millions de fois plus puissants que le cerveau ne se pose pas de questions sur sa raison d'être, le sens à donner à sa vie. Et quand on parle d'intelligence artificielle, je pense qu'on joue avec les mots. Mon téléphone sera intelligent lorsqu'il me demandera quel est le sens de la vie et se posera des questions sur l'existence ou la non-existence d'un être supérieur qui a créé notre univers.

Je disais au tout début que la médecine est un combat perdu d'avance. Peu importe le prix qu'on paie, le médecin ne peut nous empêcher de mourir. Alors, on aime penser que même après la mort, on ne sera pas mort. Et on va plus loin: on imagine que les ordinateurs deviendront dotés d'intelligence, ce qui est l'apanage des créatures humaines que nous sommes.

Il serait peut-être plus utile de se poser des questions sur la survie de la planète...
Le vrai complot, il est là: toutes les raisons qu'on invente pour ne pas s'en occuper.