vendredi 26 juin 2009

Le quai de la gare


C'est impressionnant une gare. Celle que vous voyez, ce n'est pas une image que j'ai choisie par hasard. C'est la gare de St-Hyacinthe. Tous les mois, durant mon enfance, nous y prenions un train pour la même destination, avec la même émotion.

Il me semble encore entendre le sifflement du train, le bruit des roues de métal sur les rails. Presque trop jeunes pour comprendre dans toute som ampleur le drame qui se jouait, nous revivions chaque mois le même déchirement, la même douleur dans le coeur de ma pauvre mère. Nous prenions le train pour visiter Manon, la plus jeune de mes soeurs. Chaque fois, c'était comme un nouveau deuil. Il me semble revivre la tristesse qui planait dans l'air. Manon ne s'appelait plus Manon. Elle avait reçu un nouveau nom et un nouveau prénom, comme pour mieux marquer la cassure.

Sur le quai de cette même gare, il y a cette photo de ma soeur Nicole avec Yves, d'un an mon aîné.

Elle avait pris trop tôt le dernier train, suite à la grippe asiatique de 1957. Je ne peux voir de gare sans y penser. C'est triste une gare. Pourtant, je sais bien que nous aurons tous un dernier train à prendre un jour ou l'autre.

Le plus ironique, c'est que ce n'est qu'après notre départ que nos proches prennent la mesure de ce que nous représentons pour eux. Le décès de Michael Jackson n'a pas fait exception. Il est parti trop vite, trop bêtement. Et on pleure. On ne trouve plus le qualificatifs assez forts. Certains vont même jusqu'à prétendre que c'est le chanteur du millénaire qui vient de s'éteindre. On se calme!

Je ne peux m'empêcher de citer à nouveau un fait vécu.
Il y a fort longtemps, j'avais été à la messe avec mon jeune fils, aujourd'hui auteur-compositeur-interprète comme plusieurs jeunes de son âge. Il avait peut-être 6 ans. En sortant de l'église, Jean-Philippe, de son vrai nom, m'a dit: Papa, pendant toute la messe j'ai chanté à Jésus, dans ma tête, "Beat it" de Michael Jackson. Penses-tu qu'il a aimé ça?
Je lui répondu: C'est sûr. Il a dû tripper.
C'est beau une âme d'enfant.

Marguerite-Marie écrivait en commentaire suite à mon dernier billet: Aujourd'hui je commence à trouver que même ici en France on en fait un peu beaucoup à propos de M. Jackson...on entend des auditeurs pleurer et allant jusqu'à déclarer avoir autant de peine que s'ils avaient perdu un proche.

Ce commentaire est allé chercher dans ma mémoire un souvenir de 1962. Cette année-là, je suis allé voir un film qui m'a tellement impressionné que je me souviens encore du titre: Gigot. Je me souviens de l'acteur qui tenait le premier rôle: Jackie Gleason. C'est dire jusqu'à quel point l'histoire m'a marqué. Imaginez, j'ai vu le film une seule fois, en 1962 et je le raconte seulement de mémoire, au risque de me tromper un peu.

Gigot, c'est un peu le fou du village, celui que tout le monde accepte, mais qui dérange et fait peur parce qu'il est différent. Le plus grand passe-temps de Gigot, c'est d'aller à des funérailles, même s'il ne connait pas le défunt. Il pleure à chaque fois, ému.

Un jour il vole un morceau de pain pour le donner à une enfant. Toute une meute de villageois part à ses trousses, brandissant les points, des batons et bien d'autres instruments offensifs. Gigot perd pied et tombe dans une rivière. On le prend pour mort. On lui prépare des funérailles. Tout le monde pleure pendant l'homélie au cimetière. On se rappelle son bon coeur. Gigot n'était pas mort. Caché, il pleure en entendant tout le bien qu'on dit de lui. Puis, il sort de sa cachette et se montre le visage comme pour dire: Ne pleurez pas, je suis vivant!

Tout le monde repart à ses trousses de nouveau, les points au ciel en criant et injuriant Gigot. C'est ainsi que finit le film.

Cette situation, on la vit plusieurs fois dans sa vie. Même un départ crée un effet semblable. Après 4 décès en 2 jours (ne pas oublier Roméo Leblanc), voilà qu'un des anciens ministres les plus prometteurs quitte aussi le bateau. Les meilleurs finissent toujours par partir. Et c'est au moment de leur départ qu'on chante leur mérite.

Francçois l'égault était un modèle, mon idole politique. Il savait allier compétence, intégrité et efficacité. Pour moi, son départ est encore plus catastrophique que celui de Michael Jackson. C'est autre deuil à faire. Je ne vois personne pour combler le vide. François Legault a pris un billet aller seulement. Certains disent qu'il pourrait revenir pour une prochaine course au leadership.

Si on revient, après une longue absence, même ceux qui nous ont pleuré ne resentiront probablement pas l'émotion attendue. J'ai déjà connu des amis avec qui j'avais vécu des situations intenses pendant de nombreuses années. En les revoyant, j'ai souvent été surpris de voir jusqu'à quel point toute trace émotive avait disparu.

Le temps ne se rattrape pas. Il est difficile de retrouver ce qu'on a laissé derrière soi.Il faut le vivre intensément pendant qu'il est là. Seul le souvenir peut refleurir avec autant d'éclat. Il permet même d'embellir la réalité.

Sur le quai d'une gare, je préfère marcher sans me retourner.

Après avoir écrit ce billet, suite au Commentaire de Delphinium, j'ai réalisé encore une fois comment le hasard était curieux. Je remarque que mon fils Jipé touche des thèmes et des images qui me collent à la peau. Prenez, par exemple, son dernier vidéoclip tourné dans un train. Il est question de ce que j'appelerais le temps qui casse.

mardi 23 juin 2009

Pardonnez-leur Seigneur

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Pardonnez-leur Seigneur

... même s'ils savent ce qu'ils font.

Neda,

la jeune iranienne assassinée par la police.
!

Cette situation me touche encore, plusieurs jours après le fait.
Et quand je pense au nombre impressionnant d'humains qui vibrent en même temps au même diapason, je réalise qu'il y a là un phénomène plus grand que nature.

Farrah Fawcett
Cliquez sur la photo pour plus de détails.
La seule vraie justice sur terre se vit au dernier instant. À ce moment précis, nous devenons tous égaux. Après avoir écrit ces lignes, un autre événement tragique est venu ajouter du poids à ces mots.
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Michael JacksonTMZ

mardi 16 juin 2009

Le ciel et l'enfer

Aujourd'hui, c'était le bonheur total

Je me suis permis une petite marche pour regarder danser les goélans. Je ne ferai pas de longs discours. Je ménage mes énergies avant de partir quelques jours pour ma résidence de Sherbrooke.

Mais tout au long de la journée, j'ai ressenti un bonheur que je veux partager. Toutes les photos ont été prises cet après-midi, sur la rue où je loge. Je devrais parler de ruelle. Vous y reconnaîter la maison où j'habite.
Le reste du décors a été pris à quelques pas, au bout de la ruelle.



Pourquoi la vie ce n'est pas uniquement cette foule de petits bonheurs?.
Et dire que c'est au nom de Dieu qu'on crée l'enfer sur terre.
Il faut apprécier ce qu'on a,
être solidaires avec tous nos frères d'ici et d'ailleurs.
Cliquer sur la photo pour l'article complet


Cliquez Voir aussi vidéo au bas du texte

dimanche 14 juin 2009

Salle d'aisance plaisante

Aller à la toilette est en soi une activité bien ordinaire. On y va plus par nécessité que pour le plaisir. Mais, le hasard a voulu qu'il en soit autrement pour moi. Laure n'a pas la même chance. Je m'explique. Imaginez le décor que j'aperçois debout devant la toilette située au nord du 49è parallèle. J'éprouve toujours beaucoup de fièreté à m'y trouver, au garde-à-vous, pour une tâche essentielle à la vie.

Cliquer pour apprécier le paysage
Cliquez
De l'extérieur de la maison, vous pouvez apercevoir une lucarne qui situe l'emplacement de la toilette d'où on voit ce panorama exquis. C'est la partie gauche.

Vous conviendrez avec moi que l'endroit est charmant. Le hasard nous a aidés puisque Laure travaille avec la propriétaire des lieux et je vous avoue qu'à ce temps-ci de l'année, il es difficile de trouver un tel paradis à proximité de la mer. C'est comme des vacances tout l'été. La saison prend du temps à commencer. Mais depuis hier, c'est beau et chaud. Nous n'avons rien perdu pour attendre. J'en ai profité. Toutes les photos ont été prises hier, samedi le 14 juin 2009.

Nous n'avons qu'à faire quelques pas pour nous retrouver ici.
Laure n'a peut-être pas une aussi belle vue que moi à la toilette, mais elle a aussi ses visions célestes. Regarder comment l'hôtital est bien situé.
Cliquez Havre-Saint-Pierre, samedi le 14 juin 2009.
Vous voyez ces trois grandes fenêtres larges. C'est de l'une d'elle que Laure travaille. La semaine dernière, elle a vu une baleine de sa fenètre.

Moi, ça m'impressionne. La semaine dernière, j'ai appelé dans une institution financière à Sherbrooke. Je ne suis pas connu à cet endroit. Mais je devais prendre rendez-vous pour rejoindre quelqu'un de la parenté. Lorsque la réceptionniste m'a répondu, je lui ai demandé si elle voyait des baleines de sa fenêtre. C'est vrai. Je l'ai fait. Je lui ai parlé de la vue extraordinaire que j'avais de mon salon. On se sert des moyens qu'on a pour épater les mademoiselles qu'on ne connait pas.


La nature aussi a ses besoins naturels. Plusieurs menaces sérieuses pèsent sur elle. Cliquez sur le logo pour en savoir plus.

Il faut apprécier ce qu'on a et être solidaires avec ceux qui aspirent au mêmes privilèges que nous.

lundi 1 juin 2009

Les êtres les plus extraordinaires que...

L'abbé Gérard Phaneuf
Un des sujets les plus émotifs à aborder est celui de la religion. Ça se comprend. Le sujet ne peut laisser personne indifférent. Qu'on le veuille ou non, on ne peut s'empêcher de penser à ce qui va nous arriver au jour du dernier jour.
Mais le mot religion provoque et rebute. On a peur, on y pense, on ne veut pas y penser, on ne veut pas en entendre parler. On a eu de mauvaises expériences.

On déteste la manipulation, la domination, l'exploitation, la corruption, les lavages de cerveau. J'applaudis à toutes ces réactions. Je suis libre, libre de penser, libre de mes valeurs, mes croyances, libre de faire des choix. Au fil des ans, je suis devenu allergique moi aussi au mot religion. Je suis contre l'enseignement de toutes les religions.

Cliquez
Je suis contre pour plusieurs raisons. À l'âge où la pensée se structure, je crois qu'il faut une certaine cohérence. Comment faire pour distinguer ce qui est farfelu de ce qui ne l'est pas? Quand ma fille était au collège, elle avait eu à faire un travail sur le mouvement raëlien. Je la considère brillante. On lui reconnait un très bon jugement. On ne lui passe pas n'importe quoi. Et pourtant, elle accordait une crédibilité inquiétante aux raëliens qu'elle a rencontrés pour les fins de son travail.



Le seul intérêt que je vois à l'enseignement obligatoire de la religion, c'est au niveau de la culture et des arts. C'est essentiel pour bien les comprendre, les décoder. Qu'on pense aux cantiques, sculptures, peintures, églises, vases sacrés, symphonies, chants grégoriens, etc. Que d'oeuvres monumentales qui nous transportent. S'il fallait enlever tout ce qui est d'influence chrétienne dans les arts, c'est tout un pan de notre culture qui disparaîtrait.

La religion qui est la mienne est l'héritage des générations qui m'ont précédé depuis des millénaires. Elle véhicule leurs croyances, leur sagesse, leurs valeurs. Qu'on l'aime ou pas, elle a fortement influencé ce que nous sommes. Elle ne doit cependant pas être un carcan pour ce que nous serons demain.

Je fais donc une distinction entre religions et croyances religieuses, spirituelles ou mystiques. Je n'élimine rien. Mais j'accorde plus de crédibilité à certaines personnes qu'à d'autres.

Dans mon cas, j'ai eu de la chance. Comme tout le monde, j'ai connu des religieux méprisables. Mais il s'en est trouvé aussi, sur mon chemin, parmi les être les plus extraordinaires que j'ai connus. L'abbé Gérard Phaneuf en est un. Il se donnait entièrement, généreusement à tout ce qu'il faisait. Il nous communiquait la soif de connaître, raisonner avec rigueur.

C'était un vrai philosophe, un homme d'une grande rigueur intellectuelle. Je n'ai jamais connu une seule personne qui n'éprouvait pas le plus grand respect pour lui, sa pensée, ses idées.

C'est à lui, comme professeur de philosophie que j'avais à présenter mon travail majeur sur Le cerveau et la pensée. Le point de vue que je défendais alors était le suivant: notre cerveau est un super-ordinateur. Il est constitué de neurones qui emmagasinent l'information en créant de nombreux liens. La pensée n'est que le produits de composantes matérielles (physiques et chimiques).


Je me souviens des longues discussions que j'ai eues avec lui sur le sujet. Il ne partageait évidemment pas mon point de vue. Pensez-vous que j'ai changé d'idée depuis l'âge de 20 ans? J'ai encore le travail que j'avais fait à l'époque. J'ai l'intention de vous en présenter les grandes lignes et ce que j'en pense aujourd'hui, 45 ans plus tard.

À suivre...

mercredi 27 mai 2009

Caché dans le clocher

La vie de Louis Joseph Papineau est fascinante. Déjà la photo donne une idée du personnage. Si l'on se fie à sa couette fièrement relevée, on dirait qu'il a inventé la coupe Tintin. Mais ce n'est pas ce qui l'a fait passer à l'histoire.

Signalons toutefois que c'est lui qui a inspiré l'expression Avoir la tête à Papineau.

Plusieurs éléments font que beaucoup de souvenirs émouvants me reviennent en tête en pensant à lui. La dernière fois que j'ai vu mon père, il m'avait fait visiter le château de Montebello et tout à côté le Manoir Papineau où avait résidé ce dernier. Le Château a été construit sur les terrains de l'ancienne seigneurie de Louis-Joseph Papineau. Un domaine superbe!

Manoir Papineau 1920 Cliquez pour détails
Cliquez sur la photo du ChâteauLe château de montebello est d'une beauté impressionnante. C'est la plus grande habitation en bois rond au monde. Là se sont réunis plus d'une fois les chefs d'état des nations les plus industrialisées. Deux présidents des États-Unis y ont séjourné: Ronald Reagan et Georges W.Bush. La construction du château a nécessité 10,000 billots en cèdre rouge qu'on a fait venir en train de Colombie Britannique.

Je ne peux penser à Louis-Joseph Papineau sans penser à mon père, non sans un certain pincement au coeur. Il portait fièrement ce jour-là un chapeau de cowboy. Il me faisait visiter les lieux comme s'il en était le propriétaire. Il me fit visiter la marina en mon montrant un grand voilier qu'il disait venir d'acquérir.

Il avait des talents d'acteur. Il riait, gesticulait, prenait des airs de grand seigneur. Il me montrai oû il avait fait asseoir le Président Ronald Reagan des État-Unis. Il était de fort bonne humeur. C'est la dernière fois que j'ai vu mon père en santé. La fois suivante, il était mourant. Il ne lui restait que 3 jours à vivre.


Louis-Joseph Papineau eut une carrière glorieuse au plan politique. Mais il a vécu dans des conditions beaucoup plus frugales dans les années de 1837 à 1845. Il faisait parti de la rébellion des patriotes de 1837. Certains de la famille de mes ancêtres furent faits prisonniers. Mais Louis Joseph Papineau eut plus de chance.

6 novembre 1837
La maison de Louis-Joseph Papineau, député de Montéal est attaquée par les Anglais.

23 novembre 1837

Combat à Saint-Denis. Victoire des patriotes devant les troupes anglaises. Mais elle fut éphémère. Louis-Joseph Papineau a dû fuir vers Saint-Hyacinthe. Il fut protégé par les prêtres du Séminaire où j'ai eu l'honneur d'étudier. Sa tête avait été mise à prix pour une somme de 4000$. On l'a caché dans le dôme du Séminaire, plus précisément dans le clocher que vous voyez sur la photo ci-contre.

Malheureusement cette partie historique du séminaire a été rasée par les flammes pendant que j'étais dans la salle d'étude avec environ 800 autres étudiants. On voyait la fumée sortir par les fenêtres adjacantes. On nous avait demandé d'attendre le signal pour sortir. Lorsqu'on nous a autorisés à sortir en rang, deux par deux, il était temps. Les flammes venaient de jaillir subitement comme soufflées par le vent. Mais tout se déroula dans le calme. L'attitude paisible des surveillant avait un effet bénéfique. Nous pensions au congé qui devait venir. Quelques collègues ont même dit aux pompiers que nous avons croisés: Laissez faire le feu. On va venir l'éteindre demain.
J'ai pris les photos le lendemain. Nous avons été quitte pour un congé d'un mois. Toutes les notes d'examen ont été brûlées avec le séminaire. Le seul échec de mon cours, je venais de l'avoir, en mathématiques. Tout a passé au feu, mes résultats aussi. À tout malheur, bonheur est bon. Je n'ai jamais plus entendu parler de cet échec.

Professeur de chimie (voir commentaires)
Le hasard fait bien les choses. À moins que ce soit le Bon Dieu. Après mon échec de mathématiques, j'étais un peu découragé à l'idée de la reprise devant avoir lieu durant mes vacances d'été. Il fallait que je travaille, moi, l'été.

J'avais prié de toutes mes forces pour que Dieu me vienne en aide. Depuis que le feu a pris au Collège, je n'ai jamais cessé de croire en lui, en sa toute puissance.

La vie qui fuit


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C'est vrai qu'on s'est cru éternel
C'est vrai qu'on rêvait d'aller plus loin
Et puis tout à coup, plus rien!
Extrait de la pièce musicale "On a fait que du vent" (Jipé Dalpé)
Je m'excuse pour la mauvaise qualité du son si votre système n'est pas récent.

Lorsque j'étais étudiant, j'étais président de classe. Notre dernière année: 64-65. Et tout à fait par hasard, ces deux chiffres correspondent à notre âge actuel. Quand on passe tant d'années ensembles que nous l'avons fait, on imagine mal qu'on va se séparer pour toujours, pour la plupart.

Après notre party de finissant, nous avions juré de nous revoir l'année suivante. Je ne pouvais concevoir qu'après toutes ces années, c'était fini de nous. Mais il ne se passa plus rien. C'est souvent comme ça la vie. Dans un party de famille, à des funérailles par wxemple, on se promet toujours de se revoir. On S'échange ses coordonnées, mais il n'y a pas de suite.

L'année dernière, un de mes anciens collègues de classe m'a retracé sur le site web classmates. Il n'en fallait pas plus pour qu'il me rapelle à l'ordre. Nous ne nous sommes jamais revus tous ensembles depuis la fin de nos études.

Mon honneur était en jeu. On a bien pris soin de me rappeler que j'avais été nommé à vie. Et dire qu'il y a des présidents ou des premiers ministres qui serait prêt à tout pour obtenir ce privilège. Me croirez-vous si je vous dis qu'il y en a même qui ravagent les forêts, détournent des rivières pour passer à l'histoire. J'ai donc décidé de ne pas me défiler.

J'ai bientôt eu de l'aide pour les recherches. Un vrai travail de moines. Le gros du travail a été fait avec des moteurs de recherche très simples. Une de mes collègues a été particulièrement habile pour étudier les photos sur différents sites en les comparant avec les photos de notre journal de finissant. Pouvez-vous imaginer le niveau de difficulté.

C'est fou tout de ce que nous avons découvert. Certains confrères ont eu des positions très enviables. Mais peu importe le chemin parcouru, le niveau de visibilité ou de notoriété, chacun est captivant. Nous avons aussi comparé le choix de carrière avec ce que les hasards de la vie ont provoqué comme changements.

Il nous semble tous que nous venons de terminer nos études. Les souvenirs sont tellement présents. C'est halluciant. On réussit à peine à croire que tant de temps a pu passer. Un choc! Mais savez-vous d'où est venu le pire choc? Déjà, le tiers de la classe se trouve dans la catégorie des disparus.

Il faut réaliser que nous avons l'impression que nous étions ensemble il y a peu de temps. J'ai regardé souvent le journal des finissants. Pour moi, les seuls souvenirs que j'ai des mes ex-confrères s'arrêtent pour la plupart à une période où nous avions 21 ans ou presque.

Imaginez, plusieurs d'entre nous ne se sont jamais plus revus depuis...

samedi 2 mai 2009

Natashquan: John Débardeur

Vue du pont de bois, à l'entrée de Natashquan
On voit se profiler à droite les cabanes dont je vous ai parlé dans le billet précédent, là où l'on traitait la morue et les peaux de phoques.
Cliquez

De Tadoussac à Natashquan, on rencontre 77 rivières tout en longeant le fleuve. Avant de s'avancer au coeur de Natashquan, on n'a pas le choix, il faut passer sur le pont de bois. Mais juste avant de s'engager sur ce monument vieillissant,on ne peut manquer deux édifices: le magasin général Ovila Landry, à droite face à la station service et de l'autre côté de la rue un restaurant invitant: Joe Débardeur. La bonne vieille pizza fut au menu.



Laure ne pouvait résister à la tentation d'une petite visite. Tous ces commerces sont importants dans nos vieux villages d'antan. Ces villages comprenaient tous en effet une église, un magasin général, un bureau de poste et, très souvent, une caisse populaire. Le magasin général éveillait aussi un peu de nostalgie pour Laure parce que son père tenait celui de son village natal à Ste-Clotile de Châteauguay.

C'était comme une oeuvre charitable que de tenir un tel commerce. En hiver, on devait souvent marquer le montant dans un petit carnet en espérant être payé à la venue des beaux jours. Dans ces temps anciens, c'était normal de s'entr'aider, de se priver pour ses voisins. Et il n'y avait pas de tricherie parce qu'on se connaissait bien.

Le magasin général, il est encore resté dans la famille Landry. Juste de l'autre côté de la rue, il y a le restaurant John Débardeur. Le vrai nom du monsieur était John Landry, débardeur dans sa jeunesse et cousin de Gilles Vigneault. C'est ce dernier qui avait tenu le magasin général auparavant. Il avait été maire du village et Gilles Vigneault allait le visiter à chaque passage à Natashquan. Ce monsieur Landry s'impliquait dans tout. II a été agent de transport des compagnies Clarke Steamship, Les Ailes du Nord, Québecair et Air Rimouski. C'était comme l'âme de Natashquan et son décès avait causé toute une commotion. Il avait pourtant 87 ans.

Gilles Vigneault l'a immortalisé dans sa chanson John Débardeur:
John Débardeur charge et décharge
Les caboteurs, les cargos et les barges
toujours à terre, jamais au large
Ça c'est l'affaire de John Débardeur

Noir de charbon, gris d'ciment, blanc d'farine
Portait toujours couleur de cargaisons
Les filles trouvaient qu'il avait triste mine
Lui parlaient pas, lui faisaient pas d'façons
Et cependant qu'on causait d'beaux voyages
Dans l'fond des cales à crier dans l'tapage

John Débardeur charge et décharge
Les caboteurs, les cargos et les barges
toujours à terre, jamais au large
Ça c'est l'affaire de John Débardeur

J'me suis laissé raconter dans les brumes
Qu"il n'attendait que l'moment d's'embarquer
Puis un beau soir, John a changé d'coscume
Beau comme un Prince est arrivé su'l'quai
Les fill's l'ont vu monter par la passerelle
Mais l'débardeur n'avait plus d'oeil pour elles

John Débardeur verra dans l'large
Passer les caboteurs, les cargos et les barges
I'sait leurs noms, I'sait leur carges
Ça c'est l'affaire de John Débardeur


Deux mois plus tard était fait son voyage
Et la belle femme qu"il ram'nait avec lui
L'avait laissé pour un gars d'l'équipage
Qui s'est noyé - un accident - la nuit...
Et comme avant sur les quais, dans les cales
Avec ses chiens p'is ses vieilles culottes sales...


À l'entrée du restaurant une pleine page de journal relatant sa vie est affichée bien en vue. J'aurais dû prendre des notes. J'ai oublié certains détails. À mon âge, la mémoire n'est souvent plus ce qu'elle était.

Mais je me souviens que Laure était radieuse. C'était le 25 avril. La neigne hésitait à partir. Pendant ce temps, à Montréal, les terrasses étaient remplies. Certains défiaient avril, torse nu. Pas à Natashquan.

Par la fenêtre, on pouvait voir l'école où Vigneault avait grandi. C'est la patronne du restaurant qui nous a indiqué ce détail charmant. C'est maintenant un musé à la mémoire des chansons de Vigneault. Ce n'est pas encore ouvert. Je reviendrai, c'est sûr.


De l'autre côté du pont, près de la maison de Gilles Vigneautl, nous n'avons pu résister au charme de celle-ci.