mardi 3 juin 2014

Compétition provinciale des pompiers 2014

Aujourd'hui, les pyromanes n'avaient qu'à bien se tenir. Il y avait des pompiers partout dans l'église de Havre-Saint-Pierre. En plus, ils étaient accompagnés de chevaliers portant fièrement l'épée à l'épaule. En ce beau dimanche du1er juin 2014, c'était la messe des pompiers. Un événement qui a rempli l'église. L'idée n'avait rien à voir avec la peur du feu. Je me sentais privilégié. C'est pas donné à tout le monde d'assister à la messe des pompiers. Même les jeunes et les jolies dames étaient au rendez-vous. Vous comprenez, des pompiers, c'est beaux, grands et forts.
Je me surpris à rêver de devenir pompier.

Il y avait de l'ambiance, des gens de tous âges qui respiraient la bonne humeur. C'est dans ce genre d'évènement que l'église prend tout son sens dans une petite municipalité isolée.
J'ai vécu quelque chose d'unique qui m'a fait comprendre ce que l'église pouvait apporter à sa communauté il y a plusieurs années.


Havre-Saint-Pierre, messe des pompiers 2014
Havre-Saint-Pierre, chorale de la messe des pompiers

La cérémonie voulait souligner un événement marquant qui fait l'objet de la fierté de tous les habitants de la municipalité:

la 22è édition de la Compétitions Provinciale Des Pompiers qui se tiendra les 27, 28 et 29 juin prochain.

Je vis ici temporairement. J'y ai passé avec Laure la majorité de mon temps depuis janvier 2009, mais je vous avoue que cette fierté, ce sentiment d'appartenance et d'entr'aide, je le ressens jusqu'au plus profond de moi-même. C'est précieux pour une collectivité. Je dirais que ça n'a pas de prix. La meilleur façon d'en parler, c'est de laisser ces images le faire:


Père Jean-Marie Akoun






Le site a sa page Facebook Vous pouvez cliquer sur le lien précédent pour y avoir accès.


Origine et signification

La paroisse a une longue histoire.

Un groupe de familles acadiennes des îles de la Madeleine s'installent, en 1857, à un endroit dit Pointe aux Esquimaux, sur la Côte-Nord, à quelque 200 km à l'est de Sept-Îles et à 870 km au nord-est de Québec, par la route. C'est ainsi que naquit Havre-Saint-Pierre.

En 1927, la dénomination est modifiée en Havre-Saint-Pierre. en 1924. Le père oblat Charles Arnaud y a célébré la première messe le 29 juin 1857, jour de la fête de saint Pierre, patron des pêcheurs. Considérée comme la plus grande agglomération de la Côte-Nord jusqu'en 1936, date de la fondation de Baie-Comeau, Havre-Saint-Pierre demeure la plus importante municipalité de la Minganie.

La Côte-Nord compte plusieurs églises fort charmantes dont la survie n'est pas assurée. Elles agrémentent le paysage et coûtent cher d'entretien. Les nouvelles vocations se font rares comme partout ailleurs. Nous avons longtemps envoyé des missionnaires en Afrique. Les temps ont bien changé. Le curé de Havre-Saint-Pierre, le Père Jean-Marie Akoum, vient du Burkina Fasso en Afrique. C'est à notre tour d'être un pays de mission pour les chrétiens venus d'ailleurs.

La messe de ce matin valait la peine d'être vécue. La communauté s'était mobilisée dans ce lieu de rassemblement. L'ambiance était à la fête. Tout le monde avait l'air content de participer à cette fête solennelle. C'était beau de voir tout ce monde à l'air bon enfant.

Je ne veux surtout pas lancer un appel au retour de la religion sur la place publique. Dieu m'en garde! Je crois que la société doit demeurer laïque. Notre identité, surtout dans les grands centres, se fonde sur trop de valeurs et de croyances différentes. Il y a une certaine magie à se donner des occasions pour partager une certaine forme de candeur avec celle des enfants.

Havre-Saint-Pierre, Compétition provinciale des pompiers 2014
Mémoires vives
Cette communauté de Havre-Saint-Pierre, elle a un cachet assez exceptionnel. Longtemps sans lien terrestre, ses habitants continuent une communauté tissée serrée. Sa population connait l'entraide, la débrouillardise et la joie de vivre. Elle est calme et près de la nature. C'est impressionnant de voir son rayonnement. Imaginez, une communauté de 3500 habitants, loin de toute concentration urbaine importante qui sait être connue si loin. Et les pompiers de Havre-Saint-Pierre ont un digne ambassadeur. Je pense au téléroman de Radio-Canada Mémoires vivres. Le héro de la série, Philippe De Grand Pré y joue le rôle d'un pompier de Havre-Saint-Pierre.

Depuis que j'ai écrit ce billet, j'ai reçu plusieurs messages et même des courriels qui démontrent le grand intérêt pour l'événement et la Côte-Nord. On a attiré mon attention sur un article du Journal Le Soleil de Québec très élogieux pour la région. Cliquez sur le lien précède.



Havre-Saint-Pierre, Centre de santé le 12 juin 2014
Chaque jour que je vis ici, à Havre-Saint-Pierre, ce que je vis, c'est du bonheur à l'était pur, du  bonheur tout simple, vrai, profond, gratuit. Je vis dans un univers qui me fait plein de cadeaux. Et je ne m'habitue pas. Tenez, hier par exemple...

Jeudi le 12 juin 2014

Il était environ 16h30. Tout à coup, il m'a pris une fantaisie, le genre de fantaisie qu'on ne trouve pas partout. J'ai décidé de prendre ma caméra et aller marcher sur le bord de la mer face à l'hôpital. Je me suis dit que ça serait amusant de photogrphier des baleines. On n'en voit pas tout le temps, mais avec un peu de chance, ça pourrait se produire.

Et bien, croyez-le ou non, le miracle s'est produit en très peu de temps. Je venais tout juste d'entreprendre ma marche au bord de la mer lorsque un bruit d'eau a attiré mon attention, à quelques pieds à peine de moi. Le temps de mettre ma caméra en position, j'ai aperçu un bout d'aileron.





Havre-Saint-Pierre, baleine juin 2014




Tyler Rudolph
Un jeune homme et son enfant étaient tout près, immobilisés sur une bicyclette. Il m'a demandé si c'était un roqual. Il avait probablement raison, mais, vous savez,  moi je ne suis pas tellement un expert en poissons, ni les petits ni les gros. Je lui ai dit que je n'étais pas originaire de la région même si je l'habitais depuis un bon bout de temps. J'ai ajouté que j'étais originaire de Sherbrooke. Nous avons fait connaissance. Il m'a dit être originaire de Winnipeg, s'appeler Rudolph Tyler. Il m'a permis d'apprendre que l'on pouvait obtenir des informations sur internet concernant ses occupations.

J'ai pu savoir ainsi qu'il était chercheur et biologiste. Il était donc normal qu'il en sache plus que moi sur les gros poissons.


Voici le lien:
http://www.abitibiexpress.ca/Societe/Environnement/2013-03-05/article-3193212/Chemins-mortels-pour-le-caribou-forestier/1

Nous vous invitons à consulter la page Facebook de la Compétition Provinciale des Pompiers 2014 en cliquant sur le lien qui précède.


 
vendredi le 27 juin 2014

Le grand jour de l'ouverture est enfin arrivée. Tout est calme pour le moment. La parade des pompiers débute ce soir à 19 heures dans les rue de la municipalité jusqu'au lieu du site. L'endroit est exceptionnel avec son bord de mer. Le beau temps est au rendez-vous pour toute la fin de semaine.



En soirée, le 27 juin, il y a eu une parade très joyeuse et fort instructive. Même si je m'en doutais, j'ai réalisé edirect que le métier de pompiers, c'est d'arroser. Et je vous jure que je me suis fait arroser joyeusement. Mais, en contrepartie, le plaisir des spectateurs, c'est d'arroser les pompiers. Croyez-moi: on ne gêne pas. Une vraie séance de défoulement. Je me suis même fait verser un plein seau d'eau dans le cou.

Compétition provinciale des pompiers 2014, la parade

vendredi 30 mai 2014

Rivière-au-Tonnerre

Rivière-au-Tonerre


Cette semaine, je suis allé à Rivière-au-Tonnerre, une charmante municipalité de 350 habitants, à mi-chemin entre Sept-Îles et Havre-Saint-Pierre. Un endroit de rêve. Il est surprenant de voir qu'il y a si peu d'habitants dans ce milieu de rêve.

En haut, vous avez une église normande que l'on peut visiter tous les jours de la mi juin à la mi septembre. Ça vaut le détour. J'irai visiter l'intérieur cet été et je vous en reparlerai.

D'où vient le nom de Rivière-au-Tonnerre. C'est que l'endroit, au bord de la mer, est enclavé et contient de nombreuses roche chauffées par le soleil. Il en résulte ne nombreux craquements par moments qui donnent l'impression de coups de tonnerre.




Situé à quelques 600 kilomètres à l'est de la ville de Québec, Rivière-au-Tonnerre avec son église de style normand, ses kilomètres de plages et ses paysages d'arbres rachitiques et de tourbières, constitue l'un des plus beaux villages de la Côte-Nord. Il doit son nom au déversement puissant des chutes de la rivière du même nom. Ses premiers habitants, des pêcheurs de la Gaspésie, de Baie des Chaleurs et des îles de la Madeleine qui connaissaient l'endroit pour ses pêches abondantes et son havre reconnu pour sa sécurité, s'y installèrent au cours du XIXe siècle. Ils portaient des noms très variés: Vibert, Beaudin, Leblanc, Lebrun, Blaney, Cody, Boudreau, Duguay et Cormier. En 1850, trois familles résidaient à Rivière-au-Tonnerre. En 1871, on en comptait quatorze formées de 33 adultes et 32 enfants (dénombrées par R.P.J.O Perron, vicaire du petit village).



Quand M. Henri Menier devint propriétaire de l'île d'Anticosti, en 1895, il imposa aux résidants des conditions nouvelles d'existence. Il achetait les maisons et les terrains cultivés, il ne chassait personne, mais tous devenaient ses sujets soumis et devaient payer une rente annuelle au nouveau "roi". Quinze familles dont les Bezeau, Dignard et les Noël, préoccupés de jouir des libertés d'antan, immigrèrent à Rivière-au-Tonnerre.



Longtemps isolé du monde, le village vécut sans radio, ni télévision, ni route jusqu'en 1948, année où l'on achemina les lignes électriques à Rivière-au-Tonnerre. Pas étonnant qu'on y ait construit une des plus belles églises de la Côte-Nord à partir de 1908 et que ses décorations aient été patiemment sculptées au canif. En 1951, la population comptait 618 habitants.
Depuis ses origines, toute l'activité économique du village est liée à la pêche. De 1975 à 1985, Rivière-au-Tonnerre a été qualifiée de "capitale du crabe" mais des difficultés administratives ont amené l'usine de transformation du poisson à fermer ses portes en 1988. On continue tout de même à pêcher le crabe aujourd'hui dont les Japonais sont très friands. La population, actuellement au nombre de 350 habitants environ, continue de subir l'exode de ces enfants vers les villes. Mais il y a ce charme indescriptible qui, lui, demeure : une sorte de mélancolie, un sentiment d'infini et de beauté paisible qu'on ne retrouve nulle part ailleurs au Québec. Et, bien sûr, il y a la mer...
Source:
http://pages.infinit.net/kluk/riviere-au-tonnerre/

Rivière-au-Tonnerre Prix tourisme régional 2012

Il y a beaucoup de potentiel touristique sur la Côte-Nord. Mais il a peu de chance d'être exploité comme il le mériterait. Le Plan Nord, c'est pas ça. Ce sont les mines, l'exploration pétrolière. Je crois que pour la région, en investissant autant dans les infrastructures touristiques, les retombées seraient plus importantes pour la population locale.

On a une formule électoralement rentable avec le slogan L'Économie d'abord.
Un parti politique ne serait jamais élu avec le slogan La personne humaine d'abord.

Une autre priorité demeure le domaine de la santé. Avec la réforme de la santé des années 60, on visait l'accessibilité des soins. Les réformes ont avantagé les médecins. Au point de vue de l'accessibilité,  la situation n'a cessé de se détériorer. Une nouvelle stratégie a vu le jour avec le milieu médical: If you can't beat them, join them. Le négociateur en chef des médecins spécialistes devient Ministre de la Santé.


Caricature La Presse




vendredi 16 mai 2014

Le charme de la mer

Havre-Saint-Pierre 
À gauche: l'hôpital. À droite: la maison bleue où nous résidons. En face, l'Ile du Havre où a habité Louis Joliette. A gauche de l'Ile du Havre: la petite ligne bleue à l'horizon: l'Ile d'Anticosti. Dans le stationnement de l'hôpital: des autos et des camions. Le stationnement est réservé à ce type de véhicules. L'imposant édifice jaune face à la mer: le Portail Pélagie-Cormier, l'endroit d'où partent les excursions pour les îles de l'archipel Mingan. C'est là que Jean Charest avait présenté le plan Nord la première fois. Symboliquement, c'est de là que pouvait partir la plus grande menace pour la région si tout n'était pas fait convenablement.

Hier, Laure et moi avions le plaisir de prendre un bon repas aux fruits de mer au Restaurant La Promenade. Par la fenêtre panoramique du restaurant, un décor de rêve s'offrait à nos yeux. La mer, le ciel, la terre tout autour, tout étais en bleu avec des teintes de toiles de grands maîtres. On ne pouvait s'empêcher d'admirer cette luminosité tout à fait extraordinaire qu'on ne voit pas ailleurs. Je crois que c'est l'absence d'humidité et de pollution qui nous permet une telle ambiance.

Photo: Amélie Charest
Instinctivement, nous n'avons pu nous empêcher d'en parler et dire comment la vue de la mer était réconfortante. Nous avions tous les mêmes sentiments et la même réaction. Pourtant, nous venions tous de régions différentes. Nous sommes ici la majorité du temps depuis janvier 2009. Chaque jour, la mer m'émerveille. Je la contemple et il me semble que je n'ai besoin de rien de plus pour être heureux.

J'aime prendre des marches, faire mes courses à pied. Mais je suis comblé. Même sans sortir, j'ai la mer en vue. Ce matin, en regardant par la fenêtre, j'ai vu se profiler le Bella Desgagnés, ce bateau-cargo qui approvisionne tous les villages que la route ne rejoint pas encore. En plus, il permet de transporter des autochtones, des touristes et leurs véhicules si désiré.


Bella Desgagnés
Le Bella Desgagné ne reste pas là longtemps. Un écriteau précise ceci:
Stationnement exclusif au Centre de Santé.
Remorquage à vos frais.

Il poursuit sa route jusque devant le resto-Bar l'Écoutille, mon voisin d'en face.
J'ouvre la porte et je prends cette photo sans même sortir de la maison.

Bella Desgagnés, 15 mai 2014 face au resto-bar l'Écoutille
Le même endroit, il y a 6 semaines



Bon revenons à la journée d'hier, à la vue du Bella Desgagnés.
Je fais un zoom avec ma caméra pour mieux voir ce qui se passe sur le pont.
À ma grande surprise, je vois que ceux que je voulais espionner m'espionnaient déjà. On y voit un photographe et un caméraman.

Du pont du Bella Desgagnés
Un peu plus loin, il y a des préparatifs pour installer les embarcations maritimes en prévision de la belle saison.



Mais, il y a un vestige de l'hiver qui s'achève: la fièvre du hockey est bien perceptible.
Voyez le drapeau qu'on arbore fièrement.
Marina de Havre-Saint-Pierre: des partisans du Canadien de Montréal
Comment ne pas être heureux quand on vit dans un tel paradis?  Tout ce que la nature nous offre est tellement merveilleux. L'endroit est habité depuis fort longtemps. Il fut découvert en même temps que le Canada, en 1534. Il semble qu'il y avait des autochtones il y a 6000 ans. Et pourtant, malgré la beauté de la nature il n'y a que 3600 habitants. Logiquement, c'est difficile à comprendre quand on pense à tout le problème de surpopulation ailleurs sur la planète.

En même temps, on ne peut s'empêcher de réaliser que la nature est si belle et accueillante, c'est que l'homme n'a pas encore eu l'occasion d'y laisser sa marque. Il faut aller 225 kilomètres à l'ouest pour y voir des feux de circulation.
 
Petit détour improvisé de l'autre côté de l'Atlantique

Des nouvelles de notre fils Jipé en tournée en France



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jeudi 8 mai 2014

Amour et gloire: morts ou vifs

Quand les hommes nous aimerons d'amour
Ce sera le bonheur sur la terre
Mais nous nous serons morts, mon frère
(Parodie du texte de Raymond Lévesques)

Être reconnu et aimé de son vivant, c'est tout un défi.
On peut l'être un peu, beaucoup, passionnément, mais ces sentiments sont très éphémères.
Souvent, les grands hommes, les artistes, les politiciens, les philosophes ou autres doivent attendre d'être morts avant d'être reconnus. Plusieurs, parmi les meilleurs, connaissent même une fin tragique. La liste est longue.

Pensons simplement à ceux-ci: Cicéron, Thomas More, Jésus de Nazareth, Jeanne D'Arc, Martin Luther King, John F. Kennedy, Gandhy



Chacun dans son domaines, ces personnalités ont su transformer le monde. On peut les contester, mais on peut dire qu'ils ont tout donné pour une cause en laquelle ils croyaient sincèrement. Je ne comprendrai jamais vraiment pourquoi tant de monde ont tellement de difficulté à distinguer les profiteurs des vrais natures sincères et engagées.

On pourrait aussi parler de tous ces hommes et ces femmes morts dans la misère, presque inconnus. Pourtant ils avaient laissé de grandes œuvres, des trésors dont on profite encore de nos jours dans tous les domaines: peintures, sculptures, œuvres littéraires, théâtrales, pièces musicales, etc.

Plus près de nous, on ne peut penser à tous les politiciens dont on a reconnu la valeur seulement après leur défaite. A ce titre, le Parti québécois a battu presque tous les records en sacrifiant des chefs dont plusieurs partis politiques auraient rêvé. On peut citer les Parizeau, Landry, Boisclerc, Bouchard etc.

Une fois écartés, ces hommes brillants n'ont pu le droit de s'exprimer, sinon on les traite de belles-mères! Plusieurs candidats d'envergure ont aussi été écartés très vite, du revers de la main, avant d'avoir pu se présenter. Et ça risque de se reproduire encore.

Même René Levesque n'a pas échappé à cette triste réalité. Le Parti qu'il avait fondé, l'équipe du tonnerre qu'il avait rassemblée, lui ont réservé une bien triste fin. On a dit qu'à la fin, sans appui, il n'était devenu que l'ombre de lui-même. La vie politique ne pardonne pas dans certains milieux. La vie elle-même est impitoyable à bien des égards. Il faut souvent attendre d'être mort avant de recevoir toutes les louanges qui font si chaud au cœur.

Dernièrement, j'ai été renversé de constater jusqu'à quelle point peut aller la bêtise humaine quand vient le temps de reconnaître la valeur d'un grand personnage encore vivant. Je veux parler de Gilles Vigneault.

La dernière fois que je suis allé à Natashquan, la patrie de Gilles Vigneault, j'étais un peu triste de voir dans quel état se trouvaient la maison natale de Gilles Vigneault et les autres sites historiques où il avait vécu. J'avais d'ailleurs indiqué sur mon blogue que je ne comprenais pas pourquoi on laissait tout aller à l'abandon. Je trouvais bizarre qu'aucune inscription ne vienne indiquer aux admirateurs de Gilles Vigneault l'identification des lieux en question.

J'ai été très heureux d'apprendre l'année dernière que le Gouvernement du Québec avait décidé de remédier à la situation. On avait annoncé un montant de 175 000$ pour revitaliser les lieux. Natashquan en a bien besoin, isolée sans trop de ressources. La route permet un accès plus facile et le tourisme a besoin d'être soutenu. Mais la réaction de mes concitoyens m'a  renversé. On disait qu'il fallait plutôt donner l'argent à ceux qui en manquaient, aux jeunes, aux vieux, au pauvres. Avec un tel raisonnement, on n'aurait peut-être pas encore découvert l'Amérique.

On comprend mal l'importance des arts pour la richesse et l'envergure d'une nation. Et en plus, c'est rentable économiquement. Les Américains et les Français l'on compris avant nous. En plus, notre créativité à cet égard a souvent été reconnu au plan international. Gilles Vigneault a récolté plus de critiques que d'appui pour la mise en valeur de sa terre natale.

Gilles Vigneault a été insulté et a refusé toute aide pour rénover les lieux. Ces travaux étaient nécessaires pour éviter que tout ce qui reste ne s'effondre, vu l'état des lieux. C'est ce qu'il a exprimé à la fin de l'entrevue à Tout le monde en parle.

Je vous invite à voir la réaction de Gilles Vigneault à l'émission tout le monde en parle.
Cliquez sur Gilles Vigneault à Tout le monde en parle.

Voici ce que j'avais déjà laissé sur mon blogue en 2012:

Jamais je n’aurais pensé visiter si souvent Natashquan. C’est le commentaire que j’avais fait à Laure en ce 23 mai 2012. Il y a quelques années à peine, jeunes retraités, nous disions que ce serait une bonne idée d’aller un jour voir cette ville légendaire qui a vu naître Gilles Vigneault.

Maison paternelle de Gilles Vigneault à Natashquan. Elle est toujours là, telle quelle.

Gilles Vigneault, maison paternelle avril 2010


Au début, j'avais confondu la maison paternelle de Gilles Vigneault et sa maison natale. Je cherchais et je m'informais non sans peine. Je me suis même retrouvé dans la cour d'un inconnu qui me demanda ce que je faisais là. Je lui ai demandé si sa maison était celle de Gilles Vigneault. Il a vite dit que c'était sa maison à lui.

Où était la maison natale de Gilles Vigneault?
Pourquoi n'y avait-il aucune indication sur sa localisation?
On m'a dit que la maison était en rénovation et deviendrait possiblement un site culturel.

Une fois arrivé sur place, j'ai voulu m'assurer que je venais de repérer la vraie maison natale de Gilles Vigneault.

Et comme j'ai toujours su que la vérité sort de la bouche des enfants, j'ai posé la question à une petite fille dont la maison se trouvait juste en face. La réponse fut claire et sans équivoque, accompagnée d'un geste de la main

Voici la vraie maison natale de Gilles Vigneault


Tout à côté, on s'affairait à refaire une beauté à un bâtiment voisin. En regardant la maison natale de Vigneault et celle-ci, on peut voir une ressemblance d'architecture.
Et visible de là, on peut voir ce paysage emblématique de Natasquan: les galets.
Ce paysage a de quoi inspirer n'importe quel poète.

Sur cette presqu'île trônent 12 des 23 bâtiments originaux construits il y a près de 150 ans. Ces baraquements de pêche servaient autrefois à la préparation du poisson, à l'entretien des agrès ou même à traiter les prises de phoques avant même que Brigitte Bardot ne n'y intéresse.

Aujourd'hui, les galets ne servent qu'à éblouir les touristes. On ne fait plus les pêches miraculeuses qu'on faisait à Natashquan. On a épuisé vite la ressource en draguant les fonds marins, ce qui a rendu presque impossible la regénération de la ressource.

Les premiers blancs venus s'installer à Natashquan venaient de Havre-Saint-Pierre. Ils étaient tous originaires des Iles-de-la-Madelaine où leurs ancêtres acadiens avaient été déportés. Ceux qui s'étaient installés à Natashaquan étaient d'une extrême pauvreté. Ils avaient eu la délicatesse de demander aux montagnais de s'y installer. Ces autochtones avaient sympatisé avec ceux dont la pauvreté s'apparentait à la leur.



Au milieu de la ville de Natasquan, sur la route 138 se trouve une maison d'été que Gilles Vigneault habite encore pendant les beaux jours d'été. J'ai déjà vu des vêtements sur la corde à linge.

La première fois que j'ai vu cette maison, c'était en avril 2010. Actuellement il y a une petite différence. Il y a une pancarte: défense de passer, propritété privée.

Quand je me suis présenté, la  pancarte n'existait pas encore. Je suis  donc allé photographier la maison à l'arrière.

Quand les hommes nous aimerons d'amour
Ce sera le bonheur sur la terre
Mais nous nous serons morts, mon frère
(Parodie du texte de Raymond Lévesques)


Extrait du billet du 26 avril 2009
Nous sommes allés au bout du monde, là où la route s'arrête.

Notre destination: Natashquan, au fin fond de la route carossable de la Côte Nord. C'est facile de s'y rendre. Il n'y a qu'une seule route: la 138. Après Natashquan, il y a la réserve montagnaise de Pointe-Parent, à 7 kilomètres un peu plus à l'est. De là, il y a 18 kilomêtres de route de gravier. C'est tout.

Il est assez impressionnant de voir comment un tout petit village de rien du tout, dans un coin perdu, peut connaître une telle renommée. Il a fallu attendre 1958 pour que l'électricité se rende jusqu'à Natashquan. Il n'y a pas si longtemps, en hiver, la poste était livrée une fois par mois. Le téléphone a déclassé le télégraphe en 1969 et la télévision est arrivée en 1976. On n'arrête pas le progrès! Il n'y a rien de trop beau pour la classe ouvrière.

Il y a une quinzaine d'années, la route ne s'y rendait même pas. Un homme a fait la différence: le poète Gilles Vigneault. Sans lui, le nom de la municipalité ne dirait peut-être rien à personne. Et il n'y aurait peut-être pas encore de route pour s'y rendre. Gilles Vignault a donné la notoriété à la place. Il fallait peut-être un poète pour y parvenir. Mais déjà, vivaient là des personnages plus grands que nature dont je vous reparlerai.

Havre Saint-Pierre est situé à 225 kilomètres à l'Est de Sept-Iles. À partir de Sept-Ils, Havre Saint-Pierre est la seule place de plus de mille habitants. Natashquant, situé à 150 kilomètres à l'Est de Havre Saint-Pierre, compte environ 300 habitants à ce qu'on nous a dit.

A noter que la route s'arrête maintenant 70 km plus loin.
Il est prévu qu'elle se poursuivre jusqu'à Blanc-Sablon, à la frontière du Labrador.

dimanche 27 avril 2014

Entre terreur et bonheur


Voir vidéos
J'ai toujours détesté l'intimidation. Je m'empresse d'ajouter que je ne me souviens pas en avoir été victime. J'ai eu de la chance.  Mais, depuis hier, un événement me hante. Je me suis endormi en y pensant. Et en me réveillant, la même idée m'est revenue aussitôt en tête.

Avant de vous parler problème, voici le contexte. Nous avons passé notre congé de Pâques dans notre résidence de Sherbrooke et avons visité les enfants. Ce fut très agréable. Nous avons emprunté le chemin du retour jeudi, le 24 avril. Il faut se rappeler qu'entre notre maison de Sherbrooke et notre résidence de Havre-Saint-Pierre, il y a une distance de 1150 kilomètres.

En arrivant sur le traversier de Tadoussac, nous avons eu une belle surprise. Dans les haut-parleurs, on pouvait entre une composition de notre fils Jipé: Adèle.


Traversier de Tadoussac, 25 avril 2014



En cours de route, le vendredi 25, nous nous sommes arrêtés dans un Tim Horton pour nous dégourdir les jambes et prendre un goûter. Un fois installés à notre table, nous avons vu trois ados âgés environ de 14 à 16 ans se diriger vers le comptoir pour commander. Ils ont demandé de l'argent à la caissière. Elle a refusé. Ils sont sortis dehors. On pouvait les apercevoir comploter par la fenêtre. Je les ai croisés du regard. Finalement, ils sont entrés à l'intérieur du restaurant et se sont installé à une table près de la porte pour y attendre la serveuse qui venait de terminer son travail.

Ils ont voulu lui bloquer le passage. Un des ados a répété qu'il voulait de l'argent. Elle a dit lui avoir donné 40$ la veille. Elle a pressé le pas et s'est dirigée vers la sortie. L'ado lui a lancé: Si tu t'en vas, je vais te battre. Elle est sortie quand même. Les 3 ados l'ont suivi. L'un d'eux a dit aux autres: Je vais l'attraper en ajoutant un terme injurieux.

Tout ça s'est passé sous nos yeux sans que personne ne réagisse. Indigné, je suis sorti. J'ai vu le plus grand des ados avec la fille au bout du mur extérieur. Je me suis avancé vers eux et j'ai demandé à la jeune serveuse si on l'importunait. Elle a hésité et m'a dit: Non. Ça va. Merci monsieur. L'ado m'a fait un sourire comme pour me prouver qu'il était inoffensif. Décontenancé, j'ai quitté les lieux sans trop savoir que faire.

J'ai repris la route. Nous avions encore quelques centaines de kilomètres à parcourir. La route est accidentée, ce qui n'empêche pas la limite de vitesse de demeurer élevée. Il y a beaucoup de gros camions qui roulent joyeusement. La météo prévoyait de la neige.

Route 138, avril 2014

Route 138

Route 138 Vigneault Transport, Havre-Saint-Pierre
 

La route était belle et agréable. Mais tout à coup un épais brouillard s'est abattu sur nous. C'est comme si la nature avait voulu emprunté l'ambiance ressentie dans ma tête.

Je repensais à la scène d'intimidation et à ma réaction. J'avais l'impression que j'aurais du faire plus. Mais quoi? Est-ce que j'aurais dû faire plus, appeler la police, suggérer à la jeune fille de le faire. J'aurais pu aussi rendre une photo de la scène. J'avais une caméra avec un télé-objectif.

Mais non. Je n'ai rien fait. C'est drôle comment on peut se sentir démuni dans ce genre de situation. Les employées du restaurant avec qui la jeune fille travaillait ont certainement été témoins de ce qui se passait.

Pourtant, l'intimidation, c'est affreux, intolérable. Je suis souvent surpris de voir cette impuissance à réagir, même dans les cours d'école où j'ai déjà vu des scènes disgracieuses. Il y a autant de méchanceté que de bonté dans le cœur de l'homme. Les deux viennent me chercher. On ne peut imaginer jusqu'où la méchanceté peut aller. L'histoire nous en a donné des exemples effrayants et elle nous en donne encore beaucoup trop. Même les Nations Unis sont totalement impuissantes dans la plupart des cas.

J'ai fait quelques fouilles sur internet et j'ai trouvé le lien suivant: Intimidation, harcèlement, Frédérique Saint-Pierre, collection du CHU Saint-Justine pour les parents.

Voici un court extrait de la présentation du livre:
Loin de constituer un phénomène banal, cette forme de violence et de pouvoir sur l’autre est un sérieux et préoccupant problème social qui suscite de l’incompréhension, de l’indignation de même qu’un sentiment d’impuissance et de détresse. Nombreux sont les jeunes qui se sentent isolés, sans voix et sans espoir devant l’intimidation et le harcèlement.

J'avoue que ce genre de situation me trouble un peu. J'ai du chagrin à l'idée de tout ce qui existe sur notre planète en terme de violence et d'intimidation.

Quand les hommes vivront d'amour
Il n'y aura plus de misère
Et commenceront les beaux jours
Mais nous nous serons morts, mon frère


 (Raymond Lévesque).

Le chemin du retour fut beaucoup plus long qu'à l'habitude à cause du brouillard. Et heureusement, un événement intéressant m'attendait en entrant à la maison. Il y avait un courriel de mon fils Jipé Dalpé. Il faisait référence à une expérience assez extraordinaire qu'il a l'occasion de vivre avec Vincent Vallières en milieu scolaire. Comme le hasard fait bien les choses, le collège dont il parle, je le connais très bien. Ce collège (le Collège St-Maurice) est voisin du séminaire de St-Hyacinthe où j'ai fait mon cours classique il y a fort longtemps. Ma sœur Micheline y a fait ses études.


Jipé Dalpé au collège St-Maurice

 

Voici un extrait d'un article paru dans Le Courrier de St-Hyacinthe. Dans le cadre de sa tournée, Vincent Vallières s'est associé au multi-instrumentiste Jipé Dalpé afin d'offrir aux salles de spectacle et aux écoles secondaires de certaines régions des rencontres portant sur la culture québécoise. À Saint-Hyacinthe, les étudiantes du Collège Saint-Maurice ont eu la chance d'assister à un atelier d'écriture préparatoire en vue du spectacle de Vallières présenté aux groupes scolaires le 24 avril en après-midi.       

C'est grâce à une bourse de 30 000 $ offerte par Leonard Cohen au Conseil des arts et des lettres du Québec que Vincent Vallières peut réaliser sa tournée scolaire. Tout comme le voulait Cohen, l'auteur-compositeur-interprète contribue au rayonnement et à la promotion de la chanson québécoise et redonne, à sa façon, à la collectivité.

« Ce projet nous permet une proximité nouvelle avec les jeunes, a expliqué Vincent Vallières. On entend un peu partout que les jeunes ne sont pas intéressés par la chanson et par la culture québécoise, qu'ils n'ont pas de projet. En les rencontrant sur leurs territoires, on constate que ce n'est pas du tout le cas et que la plupart des jeunes ont beaucoup de respect, d'ambition, de projets et qu'ils vont tout faire pour les réaliser. »

Collaboration essentielle


Dans le but de préparer les jeunes à la portion conférence des spectacles, Jipé Dalpé, qui a assuré les premières parties de Vallières pendant sa tournée Le monde tourne fort, effectue la tournée des écoles.

« Nous n'en sommes qu'au début de la tournée des écoles et la réponse est étonnante, a avoué l'artiste. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre parce que parfois les jeunes peuvent trouver la poésie quétaine et avoir l'air désintéressé quand il s'agit d'écriture, mais finalement, tout se passe bien! » « Le but de l'exercice est de produire assez rapidement et de voir comment les jeunes peuvent se servir de leur imagination, partir de rien et finir avec quelques phrases, des idées et surtout l'envie de continuer. Tout le monde a réussi l'exercice, les étudiantes ici ont écrit des choses vraiment intéressantes et on voit qu'il y en a plusieurs qui ont des talents d'auteurs », a admis Jipé .

 

La vie est ainsi faite. On côtoie continuellement le meilleur et le pire de la race humaine.

Quand les hommes vivront d'amour
Il n'y aura plus de misère
Et commenceront les beaux jours
Mais nous nous serons morts, mon frère

Ces paroles sont celles d'un grand poète québécois: Raymond Lévesque.
Nous avons besoins d'un peu plus de poète et d'un peu moins de promoteurs financiers.
Malheureusement, ce n'est pas ainsi que raisonnent nos politiciens et ceux qui prétendre qu'il faut penser Économie d'abord.

Petite parenthèse:

 
Le Festival Aurores Montréal revient aussi pour une deuxième année, du 19 au 25 mai 2014.
Cet événement est organisé par des professionnels français avides de nouvelle musique québécoise. Monique Giroux agira à titre de porte-parole alors que Dear Criminals, Jipé Dalpé, Groenland et Caracol comptent également parmi les têtes d'affiche. Aurores Montréal se veut un festival «francophone des musiques actuelles canadiennes» et «un tremplin parisien pour les artistes québécois émergents».(Source: La Presse, printemps québécois à Paris)

 http://www.sortiraparis.com/scenes/concert-musique/articles/58361-le-festival-aurores-montreal-2014-gagnez-vos-invitations