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dimanche 21 juin 2015

Mon père

Aujourd'hui, c'est la fête des pères et je ressens beaucoup d'émotions.
Être père, ce n'est pas rien.

Dans plusieurs familles, on se réunit aujourd'hui pour témoigner son amour et son admiration pour son père. On prend un bon repas et on met le focus sur l'image du père, son importance, l'amour, la fierté et l'attachement qu'il inspire. Mais ce n'est  pas toujours ainsi, hélas. Parfois, c'est l'occasion de réaliser que son père a quitté la maison ou qu'il a quitté ce monde.

Mon père et moi - 1967
Je n'ai pas connu beaucoup mon père. Je n'étais pas toujours à l'aise avec lui. Mais je l'aimais profondément et je le sentais attaché. Mon père est un homme qui a beaucoup souffert. J'ai eu une relation tout à fait privilégiée avec lui, en particulier la dernière fois que je l'ai vu. J'avais passé toute une journée avec lui deux ou trois jours avant sa mort. J'étais loin de me douter que sa fin était aussi proche. Il m'a dit des phrases qu'on ne peut oublier. Il a trouvé le moyen de rire à plusieurs reprises. Il m'a parlé beaucoup de ma mère, la personne qu'il avait aimé le plus au monde, selon ses dires. Il souhaitait probablement que je lui fasse le message.

Il m'a dit, entre autre, qu'il envisageait sereinement la mort. Il avait ajouté: Je suis sûir que Dieu existe. Ça ne se peut pas avoir souffert autant pour rien dans cette vie. Il me semble que ça doit servir à quelque chose! J'ai manqué ma vie, mais je ne veux  pas manquer ma mort.


Nicole (à droite)
Son dernier Noël - 1956
Quand mon père etait revenu à la maison en 1965, après 9 ans d'absence totale, ma soeur Nicole était décédée depuis déjà 8 ans.
Je ne sais pas s'il connaissait la nouvelle avant de revenir. Depuis qu'on avait perdu sa trace, on ne savait même pas s'il était toujours vivant. Je le cherchais. J'avais déjà écrit à certains de ses amis d'enfance que je ne connaissais pas pour leur demander s'ils avaient de ses nouvelles et pouvaient m'en donner.

Je me souviens bien de la dernière fois que j'avais vu mon père. Nous étions pensionnaires à l'Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe. La vraie maison où nous avons grandi, c'est là.

Dans la section de droite au sous-sol, c'est là que j'étais pensionnaire avec Yves. Juste au dessus, c'était l'étage des filles. C'est la que Nicole et Micheline étaient pensionnaires. L'entrée, vis à vis le clocher, c'était celle du parloir. C'est là qu'on pouvait avoir de la visite le dimanche lorsqu'il n'y avait pas de sortie.

Hôtel-Dieu Saint-Hyacinthe
C'est donc par là que s'était présenté mon père, seul, étant séparé de ma mère. Je me souviens très bien que papa avait tenu Nicole dans ses bras pendant tout le temps de la visite. Il pleurait comme un enfant. Nicole était remarquable. Elle ne passait jamais inaperçue. Et mon père l'aimait tellement!
Le plus tragique, c'est que ce fut la dernière fois que mon père a pu voir Nicole.

J'étais ému et je le voyais sous un côté humain qui me laissait croire ou du moins espérer qu'il revienne un jour avec ma mère. Malgré ses divergences conjugales, ma mère n'a jamais parlé en mal de notre père. Mais lorsqu'elle parlait de lui, elle y faisait toujours allusion ainsi: Celui que vous connaissez...



Selon mes souvenirs, c'est la dernière fois que je l'ai vu avant qu'il ne réapparaisse de façon aussi soudaine que mystérieuse. Il disait avoir habité le Grand Nord, la terre de Baffin. Il disait avoir été cuisinier dans l'armée, avoir connu des saisons avec 6 mois de soleil et 6 mois de nuit. C'est ce qu'il disait.

Nous ne savions pas si c'était vrai.
Mon père disait-il la vérité lorsqu'il parlait de ses aventures dans le Grand Nord? Mais oui, c'était vrai. Nous en avons eu la preuve. J'ai retrouvé des photos de lui dans le grand nord après son décès.

Peu importe la situation, je pense que notre père a toujours une image importante pour nous. C'est dans la nature de l'être humain d'y être attaché et d'y trouver des sources d'inspirations, peu importe l'expérience que nous avons eue avec lui. Quand mon père est décédé, j'ai eu une peine qui je n'aurais jamais pu imaginer. C'est dommage que ce soit toujours à cet instant que l'on réalise l'importance de celui qui vient de partir.

Mais si on ne peut réécrire l'histoire, on peut penser que l'inverse de cette réalité est à notre portée.
Je ne peux rien faire pour ma relation avec mon père puisqu'il est parti. Mais j'ai à coeur de donner le meilleur de moi-même pour que mon souvernir soit inspirant et réconfortant lorsque je serai parti à mon tour. La vie est une roue qui tourne et se prolonge d'elle même de façon mystérieuse.

Bonne fête des pères à tous!