
Coke, jeu, prostitution, corruption, intimiditation... Y rien de trop beau pour la classe ouvrière.
Avec tout projet d'envergure, il y a des coûts sociaux qu'on a souvent du mal à évaluer et contrôler. On ose à peine effleurer le sujet. Loin de moi l'idée qu'ici, c'est pire qu'ailleurs. Partout où roule de l'or, il y a des loups qui rôdent. C'est inévitable. Je m'empresse d'ajouter que les gens d'ici que je connais sont sympathiques et admirables.
J'ai entendu parler avec ironie du projet de barrages électriques sur la Rivière La Romaine: la Rome and coke. Le projet La Romaine, ce n'est qu'une toute petite partie d'un projet gigantesque: Le Plan Nord. Voir le documentaire intéressant sur l'arnachement de la rivière La Romaine. Cherchez le courant.
Havre-Saint-Pierre, une toute petite ville en subit les contrecoups. Il faut se rappeler qu'il faut faire un voyage de 5 heures aller-retour à Sept-Iles pour aller au cinéma ou tout simplement faire nettoyer son linge dans une buanderie. Mais on trouve facilement le moyen des s'offrir des services privés plus sophistiqués dignes des plus grandes villes.
Il n'y avait en apparence pas de prostitution à Havre-Saint-Pierre lorsque nous y sommes arrivés en début de 2009. La situation a changé depuis un an. Et nous n'y sommes pour rien. Je vous le jure!

Voir: La prostitution à Havre-Saint-Pierre.
Il est conscient que sa sortie risque de faire des vagues dans son coin de pays. Après tout, la municipalité de Havre-Saint-Pierre, située près du mégachantier, compte seulement 3 279 habitants, selon le ministère des Affaires municipales. Tout le monde se connaît. Néanmoins, il souhaite à tout prix attirer l’attention du public sur les conséquences du boom minier et du chantier hydroélectrique.
La prostitution a ses ardents défenseurs. Il paraitrait qu'un certain DSK en est un. Mais il ne faut pas croire tout ce que l'on entend. Il faut des preuves et laisser aux tribunaux le soin de faire leur travail. Mais, se fier sur le jugement des juges est parfois un peu hasardeux. Un jugement récent a fait partler de lui jusqu'en France, notament sur France 24 en ces termes:
Trois femmes de Toronto, capitale de la province d'Ontario, avaient défié devant les tribunaux en octobre 2009 des lois contre la prostitution. La Cour supérieure de l'Ontario avait invalidé un an plus tard des lois interdisant notamment la tenue de maisons closes et le racolage de clients.
Voir Contexte légal de la prostitution au Canada.


Revenons aux jugements des juges de l'Ontario dont a parlé plus tôt. Je vous recommande chaudement cet article du journal Le Devoir que vous pouvez lire en cliquant sur
La postitution, un jugement qui oublie les victimes.
Voici un extrait assez élgoquent du reportage:
Selon différentes études canadiennes et québécoises, de 33 à 80 % des femmes dans la prostitution ont été victimes de sévices ou de violence sexuelle avant leur entrée dans le système prostitutionnel, et l'âge moyen auquel elles y sont entrées est de 14 ans. Cela signifie qu'une très grande part des personnes prostituées ne seront pas touchées — ni protégées — par une loi qui décriminaliserait la prostitution. C'est aussi la preuve que plusieurs d'entre elles n'ont pas eu l'occasion de faire un «choix éclairé».
92% pour cent des personnes prostituées au Canada affirment qu'elles sortiraient du système prostitutionnel si elles en avaient la possibilité.
Pourquoi alors ne pas criminaliser ceux qui profitent de cet état de faits, clients-prostitueurs et proxénètes, décriminaliser les personnes prostituées et mettre en place des programmes de réinsertion plutôt que des bordels? Le jugement de la Cour d'appel de l'Ontario va à la fois à l'encontre de la logique, de la compassion et des besoins réels des personnes dans la prostitution.
Comme le souligne le professeur de sociologie Richard Poulin: «À Amsterdam, où il y a 250 bordels, 80 % des personnes prostituées sont d'origine étrangère et 70 % d'entre elles sont dépourvues de papiers, ayant été victimes de la traite.» Difficile, dans ces conditions de sortir de l'ombre... Encore une fois, la loi ne semble pas faite pour protéger les victimes du système prostitutionnel.
En 2008, le journal La Presse a produit un très beau dossier sur la prostitution à Montréal. Le lien qui précède comporte plusieurs reportages fort intéressants.
Tout se passe rapidement. Dix minutes, parfois quinze. Après la fellation, Pierre sent un immense vide. Il est toujours déçu, jamais comblé. Sa sexualité est sans fond. Il se sent coupable, honteux d'avoir cédé à ses démons. L'éternité, dit Pierre, c'est entre le moment où tu as joui et celui où tu débarques la fille de ton auto. Quand elle part, je la regarde et je me dis : «Je ne veux plus, c'est trop moche. La Presse
On pourrait aussi penser au reportage de J.E. qui a démasqué plusieurs prédateurs sexuels qui attiraient des filles mineures par internet. Les enquêteurs de JE leur ont joué un mauvais tour dont plusieurs vont se souvenir longemps. Voir le 1er reportage en cliquant sur prédateurs sexuels. Je pense à ce pompier volontaire, bon père de famille, qui a été démasqué et devenu la risée de tout le monde en plus de perdre son travail. Le reportage a mis le feu aux poudres. Je sympathise avec le monsieur en imaginant l'immense détresse qu'il doit ressentir.
Est-ce qu'on va finir par légaliser totalement la prostitution? Si on légalise la prostitution, avez-vous une idée de ce que le gouvernement pourrait recueillir en impôts? Vous avez votre réponse.
Bien sûr, je provoque un peu. Nous sommes dans une société ouverte et évoluée. Mais comme rien n'est jamais acquis, il faut demeurer vigilants. Tout ce qui n'avance pas recule. Il faut voir l'exemple de certains pays, notamment en Amérique du Sud, pour réaliser qu'une société qui ferme les yeux sur le raccolage de la mafia avec ses institutions finit par être de plus en plus envahie par elle. Un jour, même l'armée ne suffit plus à rétablir le contrôle démocratique des institutions publiques.
Tout à fait par hasard, sur le blogue de Joseph Facal dont le lien est à droite, sous le titre Punitions divines on parle de sondage d'opinions. Le suivant montre comment on est à des années-lumière de d'autres sociétés. Voici un élément qui a été sondé:
Pensez-vous que les gens qui commettent l’adultère méritent la lapidation ? La lapidation, c’est tuer à coups de pierre. C’est oui à 82 % en Égypte, à 82 % au Pakistan et à 70 % en Jordanie.
Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à ce passage biblique: Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre.
On dirait qu'on a toujours tendance à aller dans les extrêmes. Il faut réaliser que c'est ainsi qu'évolue l'humanité. C'est rarement par la voie du milieu.