Le meilleur moyen de tuer un homme, c'est de le payer à rien faireOn peut aussi tuer un homme en le forçant à travailler...
Félix Leclerc
J'ai obtenu mon premier emploi par hasard. J'avais fait toutes mes études collégiales avec les options en sciences. Je raffolais des sciences et des mathématiqes. J'étais à l'Université de Montral lorsqu'on m'a offert un travail dans le domaine de la sécurité sociale. J'étais tellement sûr de ne jamais travailler dans ce domaine que j'ai voulu vivre l'expérience. Ce travail d'abord prévu pour un an allait changer le cours de ma vie.
Je n'en reviens pas encore de l'audace qu'on peut avoir à cet âge. La majorité de ma clientèle parlait anglais. Je parvenais à peine à lire un texte simple dans cette langue. Le handicap était sérieux car les problèmes qu'on me présentait étaient très complexes. Certains clients étaient très aggressifs. Heureusement, je ne comprenais pas la moitié de ce qu'ils disaient.
Un peu plus tard, j'ai changé de territoire. Ma nouvelle clientèle s'exprimait en français. Malheureusement pour moi, je comprenais tout. J'ai vite paniqué devant les comportements et les insultes. Alors, pour développer de bons réflexes, j'ai demandé à mes collègues de travail de me référer tous les clients violents. On a vite exaucé mon souhait au-delà de mes espérances.

C'est fou ce qu'on peut faire sous le coup de l'adrénaline. J'ai tout de suite eu le goût de savoir ce qui avait mis le client hors de lui. On avait réduit son chèque parce qu'il n'avait pas fourni de preuves de recherches d'emplois. Je le comprenais parce que je me mettais dans la peau d'un employeur et il était évident que je n'aurais jamais engagé ce monsieur. Chaque fois qu'il avait frappé à la porte d'un employeur, il avait essuyé un refus et connu une baisse d'estime de soi. J'ai donc tout naturellement demandé au client de ne pas faire de recherches d'emplois tant que je ne lui conseillerais pas de le faire.
Aussitôt que j'ai été en mesure d'occuper un poste d'encadrement, j'ai aboli la pratique de recherche obligatoire d'emploi. Une telle pratique n'est avantageuse ni pour le travailleur que l'employeur. Comme employeur, je ne voudrais pas voir des chômeurs sonner à ma porte s'ils ne veulent pas travailler.

J'ai rencontré dernièrement une ancienne travailleuse de rue qui avait recruté des sans abri pour mettre sur pied un programme d'emploi. Ces gens sont vite devenus très motivés à développer le projet de travail et impliquer leurs semblables. Ils l'ont peut-être fait mieux que d'autres sans problèmes.

Cliquez sur la photo pour prendre connaissance de l'étude.
La plupart du temps, ce sont les employés les plus brillants, les plus consciencieux et les plus engagés qui en paient la note. C'est bien triste. Cliquez sur l'image ci-dessus pour plus de détails sur le burn-out.

Pour moi, le chômage n'a pas sa raison d'être. C'est avant tout la volonté politique qui manque. On ne devrait jamais imposer le travail de force et aider ceux qui veulent travailler à trouver le travail valorisant qui leur convient.
Le défi est plus difficile que de détourner des rivières et construire des structures gigantesques.
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