jeudi 9 juillet 2009

On ne change pas sa nature?

À ma retraite, j'ai entrepris des cours comme analyste-programmeur en informatique, de jour, à temps plein. J'avais 53 ans. J'étais le seul de mon âge.

Après un début fulgurant, j'ai commencé à souffrir de sommeil. Le cours était intensif et il était rare que l'on puisse se permettre plus de 5 heures de sommeil. Nous étions tous dans cette situation. Nous arrivions en classe les traits tirés. Au début, je faisais le comique. Puis j'ai commencé à rouspéter.

Un jour, j'ai décidé de ne plus jouer le jeu. J'ai voulu avoir du temps pour vivre, voir mes enfants, m'occuper de ma mère. Cette dernière commençait à avoir des problèmes de santé. Retraité, j'avais encore moins de temps à consacrer à mes proches. Je me suis dit: C'est fini! Ce n'est pas le genre de vie que je veux maintenant.

J'ai avisé le secrétariat de l'école de ma décision, une larme à l'oeil. Le directeur était en vacances. À son retour, il a demandé à me voir. Il ne comprenait pas que j'abandonne avec les notes que j'avais. Il m'a encouragé et m'a offert des services pour reprendre les cours perdus.

Il m'a fait des suggestions pour améliorer mon approche et ma gestion du temps. J'ai accepté et j'ai dit: D'accord! Vos conseils sont sages, je vais changer. Sa réplique m'a fait longuement réfléchir. Il m'a dit: On ne change jamais sa nature. On peut juste s'adapter.

Depuis, j'ai eu plusieurs fois l'occasion de réaliser qu'il avait raison. J'ai souvent constaté que mes idées fondamentales d'aujourd'hui, je les avais déjà à l'adolescence. Il m'est arrivé, en discutant avec ma soeur Micheline par exemple, de réaliser qu'une perception que je croyais liée à l'expérience était identique à celle que je défendais plus jeune.

Prenez par exemple ma conception du cerveau et la pensée. Très jeune, j'avais eu des prises de conscience marquantes. Cette phrase de Yves sur le cerveau qui continue de fonctionner après que tout le corps s'est arrêté; La lucidité de Nicole après son délire et le verdict du médecin sur les dommages irréversibles du cerveau. Tout ça a continué de m'habiter. Y a-t-il une différence entre les idées de mon travail de fin d'étude et ce que je pense maintenant sur le cerveau, la pensée et le cerveau peuvent-ils exister indépendemment l'un de l'autre?

Autres dimensions: l'amour peut-elle changer la nature de l'amant? Nos croyances religieuses peuvent-elles changer nos comportements?

Si la vie était comme ça...
Changer
(Don Juan - http://www.comedie2000.com)

Changer, après avoir reçu l'amour comme un cadeau
Après avoir touché ce qu'il y a de plus haut
Pour lui, j'ai changé
Changer, après avoir touché le satin de sa peau
Après avoir scié le dernier des barreaux
Pour elle, j'ai changé

Changé pour que l'amour arrive
Changé pour que la passion nous délivre
Pour qu'un jour notre histoire soit écrit dans le livre
Changer, changer pour l'amour s'étendre
Des forêts de Shanghaï à l'Irlande
Pour qu'il ait de l'amour
Quand il faudra se rendre
Changer

7 commentaires:

delphinium a dit…

On ne change pas sa nature, on peut juste s'adapter. C'est tellement vrai. Je passe vous faire un petit coucou, je suis un peu en pause de blog, trop fatiguée pour faire des commentaires intelligents. ;-) je vous embrasse

Jackss a dit…

Dans la section bleue, à droite, il y a un blogue de JBG. Son dernier billet: Quand je vois une fleur, je sais que Dieu existe.

Ma curiosité a été piquée. C'est ce que voulait ce titre accrocheur. Pour avoir déjà lu des commentaires et des billets de JBG, je savais que nous ne partagions pas les mêmes visions.

Le billet de JBG se résume ainsi: On ne peut croire en Dieu parce que l'univers en riche en beautés et en harmonie. On ne peut conclure que tout ça ne peut être l'oeuvre d'un être intelligent. La beauté est subjective. On pourrait trouver beau n'importe quoi.

Pour moi, il s'agit d'une hypothèse. Je crois que toute réalité mérite des nuances. Il y a, je crois, des formes de beautés subjectives et d'autres universelles. Je marchais tout à l'heure sur le bord de la mer, sous un ciel sans nuage. Je ne vois pas comment on peut voir un tel décor sans émerveillement.

Mais peu importe ce que je pense, je crois que l'important, c'est l'ouverture d'esprit. Il n'y a pas pire sot que celui qui croit posséder la vérité. J'avais déjà cette opinion au Collège dans les années 60. Je n'ai pas changé.

J'ai été impressionné de constater que le blogue de JBG était dans mes favoris et mon blogue dans les siens, même si nos visions sont à l'opposé. Je respecte donc son opinion et tenter de la comprendre m'aide à avancer.

Jackss a dit…

Bonjour Delphinium

Ce simple commentaire dit beaucoup. Je crois qu'il est sain de faire des pauses de blogue. Je crois qu'on devrait tous le faire.

Même quand je te vois moins, tu demeures dans mes pensées. C'est vrai. Un simple coucou me fait plaisir.

Prends bien soin de toi. Penser à soi, ça devrait être la règle de base quand on est sensible aux autres. Le conseil de penser aux autres, ça devrait être réservé uniquement à ceux qui ont tendance à ne penser qu'à eux-mêemes.

le neurone ectopique a dit…

Fondamentalement d'accord. Ce qui ne veut pas dire renoncer à s'améliorer ou aux petites victoires.
Et si la nature reste la même, les comportements peuvent évoluer.
Pour ce qui est des religions, on le voit trop bien, il est évident qu'elle influence le comportement de certaines personnes, mais dans l'ensemble, elles n'amènent rien de bon et l'humanité fera un grand pas en avant quand elle arrêtera de croire mille sornettes pour enfin commencer à réfléchir.

la solution de facilité

Jackss a dit…

Le neurone ectopique,

Au risque de te surprendre, je suis totalement d'accord avec toi. Je n'ai même pas de nuances à ajouter.

Quand mes enfants étaient jeunes, je leur inventais des histoires tous les soirs pour les endormir. C'était ma façon de leur passer des messages, de leur transmettre des éléments de la sagesse dont j'avais hérité.

Je serais bien inquiet si je constatais qu'ils croient aux histoires que je leur ai racontées.

le neurone ectopique a dit…

Là-dessus aussi nous nous ressemblons un peu. J'ai inventé bien des histoires pour mes plus jeunes dont quelques-unes vivent encore dans ma mémoire.
Et je ne suis pas étonné que tu partages mon point de vue, n'avons-nous pas tous l'impression de détenir une part de vérité qui nous semble tellement évidente que tout le monde devrait la partager ?

la parcelle de vérité

Jackss a dit…

Bonjour le neurone,

Je suis ravi de réaliser que nous sommes totalement d'accord jusque là. Je n'aurais pas osé le dire, mais je ne comprends également pas pourquoi tout le monde ne pense pas ainsi.

J'aime bien ta formulation partielle de vérité parce qu'il y a encore beaucoup à dire. Et c'est la suite qui peut laisser le plus de place à des points de vue différents. C'est normal, nous n'avons ni le même vécu, ni la même éducation.

Quoique... il est parfois surprenant de voir comment je peux ressentir une communauté de pensée avec des gens qui ne vivent pas sur le même continent.

Je me plais parfois à rêver qu'on puisse un jour découvrir des habitants d'une autre planète pour voir ce qu'ils pensent. Certains ont déja prétendu en avoir rencontrés, mais ça c'est une toute autre histoire.