mardi 24 février 2009

Comment marche le monde?

Je suis à Havre Saint-Pierre depuis cinq semaines déjà. Je suis heureux. Calme. La neige est mon décor. Le froid mon ami. Je marche. Je n'ai besoin de rien de plus pour être heureux. Le bonheur, c'est gratuit. Ma fourgonnette était en panne, sans frein. Aucun garage n'avait le temps de la réparer? Quelle merveille! Tant qu'on ne la répare pas, ça ne coûte rien. Et j'ai retrouvé le plaisir de marcher.

Hier, j'ai vu une formidable tempête qui mettait beaucoup d'ambiance. Et j'ai été heureux d'apprendre que c'était la meilleure période de l'année pour en avoir d'autres. Le plus merveilleux, c'est que les tempêtes sont gratuites. On n'a même pas à réserver notre place à l'avance, s'entasser pour la voir. Elle nous trouve n'importe où.



Il y a très peu de commerces ici. Il faut 5 heures de route aller-retour pour aller magasiner à Sept-Iles. Ailleurs, on ne magasine pas longtemps. Je profite de la nature. Pas des magasins. Je n'ai même pas le goût de consommer. C'est le bonheur total. Je suis comblé avec le peu que j'ai.

Je ne consomme plus. Whops! Permettez que je choisisse une autre expression: je ne dépense plus. Mais à la télé, hier soir, au bulletin de nouvelles, on a presque réussi à me rendre coupable. Il parait que c'est la catastrophe de l'heure sur la planète: plus personne ne veut dépenser. Misère! Je me sens égoïste. Je n'ai besoin de rien. Mais si je ne dépense pas, l'économie va foutre le camp. Pourtant, économiser ça veut dire ne pas dépenser. Et Jean Charest s'est fait élire en disant L'Économie d'abord. Je suis mêlé. Ne vous inquiétez pas. Je fais semblant de l'être.

Je réfléchis: Comment ça marche?

Il faudrait payer du monde pour qu'ils fabriquent des objets dont je n'ai pas besoin pour être heureux? Les faire transporter dans des gros camions qui vont polluer? Il y a là tout un paradoxe.

Mais, je ne peux m'empêcher d'être triste à la pensée de tous ceux qui ont perdu leur emploi, leur maison, leur dignité. Et je rêve. Je rêve qu'on ne fasse pas travailler le monde pour rien, simplement pour faire rouler l'économie. Je rêve que l'on crée des emplois valorisants, gratifiants, stimulants, utiles. Je rêve qu'on crée des emplois pour améliorer la qualité de vie de tous nos concitoyens, en particulier les plus mal pris.

Ce soir à Radio-Canada, le bulletin de nouvelle a fait place au discour en direct de Barack Obaman. Quel vent de fraîcheur! Quelle inspiration! Il fallait peut-être que les États-Unis descendent aussi bas pour qu'ils retrouvent un début de sens des vraies valeurs. Je suis ému quand je vois ce Président communiquer ses valeurs en allant toucher son auditoire et donner le goût à chacun d'aller puiser ce qu'il a de meilleur en lui. Les visages de ceux qui l'écoutent sont éloquents et porteurs d'espoir.

Je vous laisse avec le décor emprunté pour mes marches quotidiennes.
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Avant de vous quittez, permettez-moi un petite confidence. Laure vient d'aller au lit. Elle était un peu fatigué après 7 jours de travail en ligne. Elle est en congé demain. Et savez-vous ce qu'elle m'a dit lorsque je suis allé lui donner sa bise? Vous ne pouvez pas deviner. Elle m'a dit: Demain, j'aimerais qu'on aille voir au garage si le monsieur peut réparer notre fourgonnette. Misère! Je vais être obligé d'arrêter d'économiser...

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut Jackss,

C'est curieux au fond qu'on parle tant d'économie et qu'au fond on sous-entend qu'il faut dépenser plutôt qu'économiser.

Anonyme a dit…

Bonjour Jacques,

La consommation fait parti d’un engrenage servant à promouvoir l’accroissement du profit. J’ai peine à croire, que certaines personnes, pour ne pas les nommer, s’imaginent que cette croissance puisse être infinie.

La consommation certes est nécessaire, pour la nourriture, les vêtements, l’habitation. C’est la surconsommation qui est le problème et on tente de nous faire croire que cette dernière est nécessaire pour notre bien-être, alors que dans les faits elle ne sert qu’à alimenter la soif incessante de la quête de l’argent et du pouvoir par les élites. Le travail est devenu dans cette optique, une forme d’esclavage choisie ou obligée, dont le but est de favoriser cette surconsommation, par l’atteinte de la richesse qu’on nous fait miroiter.

L’argent est-il vraiment nécessaire ou n’est-il qu’une forme déguisée d’asservissement des masses ?

LoupDeVille a dit…

Sublime billet, j'ai arrêter mon boulot alimentaire pour lire ce billet et le temps s'est arrêter autour de moi ;-)quelques minutes tic tac faisait ma montre à mouvement (très ancien modèle ) je ne SUR-consomme pas à outrance. Mais c'est vrai que la pub et beaucoup de choses autour nous incite à consommer.

Je viens de pendre une pause hors de Montréal, mais pas aussi loin que toi tu es simplement dans lanaudière mais suffisament en campagne pour avoir une rivière qui coule au bout du terrain. c'est bucolique pour les "gens de la métropole"

Jackss a dit…

Bonjour Pierre,

Face à une problématique du genre, je me dis que la contradiction apparente est le signe que quelqu'un n'a pas fait ses devoirs.

Pendant que le système américain croulait sous les dettes, je me souviens d'avoir entendu Georges W. Bush demander aux Américains de continuer à dépenser.

@Réjean,

Tu as raison. Il faut penser aux besoins élémentaires. Il faut aussi des produits qui résistent à l'usure.

Lorsque j'ai pris ma retraite, je me suis inscrit, à plein temps, de jour, dans une Centre de Formation Professionnelle. On y formait des ébénistes.

Le cours était très bien structuré, donné par des pro. On nous enseignait l'art de fabriquer des meubles avec une durée de vie limitée. On aurait pu construire des meubles capables de durer 150 ans ou plus. Mais, on expliquait qu'on tuerait la profession si on le faisait.

Prenons un exemple: IKEA. Les meubles sont des petits bijoux de conception: simples, faciles à assembblée, avec un design agréable à l'oeil. Il ne faut cependant pas les déménager trop souvent. Pendant ce temps, on cherche des trucs pour réduire les masses de produits à envoyer aux vidanges. Les cours de récupération sont pleines.

Pensons aux produites électroniques, les électro-ménagers, les autos. Un auto électrique coûterait moins cher d'entretien, ce qui déplait aux compagnies d'auto.

Jackss a dit…

LoupdeVille,

Je suis flatté par ton commentaire. Profiter d'un moment de détente pour venir me voir, c'est sympathique.

L'expression de ton amour de la nature est une douce musique à mon oreille. Je vois qu'elle te rend bien la Nature. Mais lorsque je vois ici toutes les pelles mécaniques à l'oeuvre, je vois qu'on veut la respousser dans ses derniers retranchements. On tue le bonheur en courrant après. Nous lui marchons sur le corps.

Heureusement, il y a encore des loups de ville qui savent encore la courtiser.

Jackss a dit…

Tout à l'heure, le bonheur est encore venu frapper à ma porte.

J'en suis venu à me demander si je suis encore vivant tellement la chance me sourit.

À suivre...