dimanche 13 juillet 2008

Dame Nature

Quand l'homme n'aura plus de place pour la nature, peut-être la nature n'aura t-elle plus de place pour l'homme.
[Stefan Edberg]




Les fraises! C’est bon des fraises. Surtout lorsqu’on vient de les cueillir. Et ne me demandez pas d’aller les cueillir en Californie. J’ai toujours trouvé assez fou de voir les super-marchés, même des grandes chaînes d’épicerie canadiennes, faire venir des fruits et légumes à plusieurs centaines de kilomètres à la ronde, alors qu'il y en avait,tout frais, près de chez-nous.

Heureusement que Dame Nature ou le génie du hasard(appelez-ça comme vous voudrez)est là pour nous ramener à l’odre. C'est presque toujours comme ça. Mère Nature se venge ou se fait entendre lorsque les abus sont trop criants.

Prenez par exemple, tous les excès de la mondialisation. Les pays du tiers monde sont envahis par les plus développés, dont les pays d’Amérique du Nord, pour ne pas les nommer. Et les pays d’Amérique du Nord font venir leurs produits d’Asie où là où la main-d’œuvre moins chère. Mais à quel prix au plan humain!

Mais voilà que la mondialisation fait monter le prix du pétrole. La folie atteint des limites que la raison n’aurait jamais pu tolérer. La planète sue. Elle se réchauffe, s’embrouille. Le prix de l’essence fait monter les coûts des produits. Et tout à coup, on se demande s’il ne vaudrait pas mieux économiser coûts et énergie en achetant nos fruits et légumes plus près de chez nous. La Nature avait tout prévu, on dirait. Même la fin du monde n’avait pu réussir à modérer les ardeurs des grands de la terre. Mais l’argent, les coûts, finiront probablement à y parvenir.

Je vais quand même acheter mes bleuets du Lac St-Jean ou du pays de Zoreilles.

5 commentaires:

Zoreilles a dit…

Yessss! Nos bleuets, comme ceux du Lac St-Jean sont les meilleurs, tu y gagneras en saveur et en bienfaits tout en privilégiant l'achat local, en soutenant à ta manière et dans la mesure de tes moyens notre économie, notre industrie agroalimentaire. Bravo!

Je t'en raconte une petite vite : une amie à moi s'en va à l'épicerie vendredi matin, elle veut des poivrons verts. Ils viennent de la Hollande et ils sont chers. Ça l'étonne un peu, on en produit de magnifiques au Québec et même dans notre région. Elle n'en achète aucun et va ensuite poser la question directement au monsieur responsable du rayon des fruits et légumes. Peut-être qu'elle va être perçue comme une chiâleuse, même si elle a été très polie et très avenante, mais elle a tout de même sensibilisé quelqu'un de significatif cette journée-là.

Le jour où l'on prendra conscience du pouvoir qu'on a sur certaines situations et qu'on aura le courage de prendre nos responsabilités de citoyens... je t'assure que les choses peuvent changer!

Jackss a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Jackss a dit…

Je me souviendrai toujours de ces bons bleuets que nous avions été cueillir sur ton ile. Un vrai délice laissé par Mère Nature tout près de chez toi. Elle te gâte la Mère Nature. Il faut croire que tu la traites bien et qu'elle a le goût de te le rendre.

Je me souviens encore de cette sculpture sur l'autre rive. Elle a une belle histoire. Une personne avant de mourir, avait laissé une sculpture la représentant pour continuer à regarder le lac après sa mort. Cette histoire m'a tellement touché que j'y pense encore par moment.

J'aurais le goût de t'en entendre parler encore, de mon vivant.

Zoreilles a dit…

On avait été aux bleuets sur laquelle de nos îles, ça, j'ai oublié... C'est parce qu'il y en a 103 au lac Dufault!

Mais l'île où il y a la sculpture, c'est l'île aux hérons, la plus grande de nos 103 îles. Tu me fais penser qu'on n'y est pas allé encore cette année.

Savais-tu que notre amie Ghislaine, notre avocate médiatrice de Montréal (as-tu de ses nouvelles, toi?) avait tellement été touchée par cette histoire qu'elle est revenue un été chez nous, qu'elle a voulu qu'on aille ensemble en bateau à cet endroit-là pour disposer des cendres de sa Maman? Ce fut un moment de paix et de sérénité, de silence et de complicité que nous avons partagé ensemble.

Notre voisin, Magella, qu'on appelait Mage, parce que ça lui convenait tellement, était un être tout à fait authentique et attachant. On le connaissait même avant d'être voisins, il faisait partie du paysage sportif de notre ville et il avait une telle patience avec les enfants que nous avions été et que nous étions encore un peu. Avec lui, sa femme, Paulette, et ses enfants, on a vécu de beaux moments ici, des étés sans fin, on allait voir ensemble les couchers de soleil au large des îles en laissant dériver nos petits bateaux, Mage voyait des formes dans les nuages et dans les rochers, ça le fascinait, on veillait au feu en revenant, nos enfants s'endormaient avec des gros sacs de couchage sur des chaises longues ou dans nos bras, on s'organisait des soirées d'étoiles filantes sur nos quais au mois d'août, on se patentait des radeaux, on partageait nos talles de bleuets, de framboises, l'hiver, on allait chercher notre arbre de Noël ensemble, pour faire du ménage dans les sapinières, on construisait des forts, des bonhommes de neige, des sculptures géantes que Mage peignait, etc. Il était plus vieux que nous mais pas tout à fait un vieux non plus. Il connaissait le lac « comme le fond de sa poche » qu'il disait, parce qu'il avait grandi ici, et c'était vrai. Ce lac était un peu le sien.

Il a eu un cancer. Il a lutté. Il a espéré. Et nous aussi. Quand il a su que c'était la fin, il a voulu réaliser quelque chose. Il s'affaiblissait. Il a demandé l'aide de Crocodile Dundee...

Ils sont partis tous les deux ensemble en bateau, se sont ancrés à l'île aux hérons. Mage avait apporté ses cannettes de peinture. Crocodile Dundee était contre ça de peinturer un rocher, c'était contre nature mais il n'a rien dit, il a respecté que Mage y tenait beaucoup. Mage avait toujours vu une tête de loup dans ce rocher. C'est ce qu'il a peint, une immense tête de loup mais qui représentait un peu une tête d'homme aussi, dépendamment du côté où on le regarde. Mage avait un imaginaire créatif, un talent fou pour la peinture et la sculpture, il nous l'avait prouvé souvent avec ses installations de glace devant chez lui pour amuser nos enfants... autant que nous.

Il avait besoin de Crocodile Dundee pour lui tenir l'escabeau dans le bateau, avec des cordelles pour s'accrocher aux arbres de la paroi rocheuse, en tout cas, ça n'a pas été long, il savait exactement comment faire voir aux autres ce qu'il voyait lui-même.

À la fin, quand il a été satisfait de son oeuvre, il a signé « Dieu » là où normalement, il aurait dû signer Mage. Il était content, recueilli... mais pas triste.

Aujourd'hui, Paulette est toujours notre voisine, les enfants sont des adultes, ils habitent loin et reviennent passer l'été ici, pour que leurs enfants connaissent la même enfance qu'eux ont connue, au bord du lac. On voit donc grandir les petits-enfants de Mage et Paulette, leurs cris joyeux et leurs baignades ont remplacé ceux de nos enfants, maintenant devenus adultes aussi.

Chaque été, comme un pèlerinage, ils retournent voir le loup à Mage à l'île aux hérons, ils y vont en famille. Paulette qui n'aime pas l'eau du tout fait exception et les accompagne lorsqu'ils y vont. Crocodile Dundee est devenu celui « qui connaît le lac comme le fond de sa poche » et quand Denis, le fils de Mage, lui demande des renseignements ou un coup de main, il lui répond toujours en lui parlant de son père, en lui racontant des anecdotes à son sujet et je crois que pour Denis, c'est une manière de prolonger la vie de son père.

Jackss a dit…

Il y a longtemps que je n'ai pas eu de nouvelles de Ghislaine. Peut-être 3 ou 4 ans. Depuis, plus de nouvelles.

Cette histoire de Mage, je crois que je l'ai relue trois fois. Elle éveille toute une symbolique. Elle me rejoint et m'interpelle. Elle éveille plein d'images et de réflexions. On dirait qu'elle va chercher tout l'essentiel de ce que doit être la vie: l'appel de la nature, le don de soi, l'amour, la mort, le goût de se projeter dans un monde sans fin. J'ajouterais: le goût de créer pour donner, donner quelque chose qui sera encore là quand on sera parti.