Jacques et Laure 1974 |
Nous nous complétions très bien. Au début de notre union, j'avais tendance à faire des tâches que j'aimais moins jusqu'au jour ou j'ai réalisé que c'étaient les tâches que Laure préférait. Par contre, il y avait des choses que je voulais que Laure change et je n'y arrivais pas.
Avec le temps, j'en suis venu à me dire qu'on ne change pas fondamentalement. Aimer vraiment, c'est accepter l'autre tel qu'il est. Vouloir le changer peut conduire à beaucoup de frustrations. Par exemple, Laure avait remarqué que je perdais facilement ce que je mettais dans mes poches, mes clés par exemple. La solution qu'elle a trouvé: m'acheter un vide-poche pour garder mes poches vides. Inconvénient: j'ai tout perdu en perdant mon vide-poche. Drôle d'histoire.
Nous achevions notre séjour de quelques mois à Montpellier dans le sud de la France. Pour couronner le tout, nous avions prévu faire un détour en Espagne avant de rentrer à Paris. Chemin faisant, nous laissons monter un jeune homme qui faisait de l'auto-stop, puis nous nous arrêtons pour faire le plein d'essence. C'était le dernier poste avant la frontière. Je fais le plein et au moment de payer, Malheur!
Je trouvais plus mon vide-poche. Je jette un coup d'oeil perplexe au jeune homme que j'avais fait monter. Vous pouvez imaginer son malaise. Je l'était tout autant en me présentant à la caisse.Le garagiste fut très compréhensif et me dit que mon plein d'essence, c'était un cadeau.
Je n'étais pas au bout de mes surprises. Je rebrousse chemin vers Montpellier. Je reviens à l'appartement que je venais de laisser. On me dit que quelqu'un avait retrouver mon vide-poche cachée derrière le bol de toilette d'un centre commercial . Imaginez si ça vous arrivait. Il voulait comprendre d'autant plus qu'il était détective privé. Il m'invita donc à souper en compagnie de Laure et me demanda pourquoi je l'avais mis là. C'est bien simple, répondis-je, je l'avais caché au cas ou je l'oublierais.
Vide-poche original, 1974 |
Laure étant très différente de moi, elle n'aurait jamais fait ça. Mes différences l'amusaient. E j'étais heureux de tout l'attention qu'elle me portait. Elle était douce et si elle avait voulu me changer, nous n'aurions jamais été capable de vivre 53 ans ensemble. Elle n'est plus là. Une de ses dernières paroles, la veille de son décès fut : maintenant, gouvernez-vous.
Salut Jackss,
RépondreSupprimerC'est fou la ressemblance avec ton fils sur cette photo. :)
Content de relire vos mots!
RépondreSupprimerGouvernez-vous! Elle s'dressait à ses proches? À l'humanité?
Ils sont intrigants ces mots.
Quel beau partage. Oui, accepter et meme aimer les différences de l'autre, je vous ai vus, Laure et toi, le vivre devant moi. Et comme vous m'avez fait sourire ! Un exemple de couple, d'équipe, d'amis. Merci pour la belle réflexion !
RépondreSupprimerMerci Pierre. Je le prends pour un compliment.
RépondreSupprimerGrand-Langue,
RépondreSupprimerCe mot hors contexte n’est pas nécessairement évident. Mais il est très précieux pour nous. Laure qui avait longtemps eu peur de la mort affrontais finalement cette réalité avec une certaine sérénité. Nous parlions ouvertement du sujet et Laure le faisait parfois avec une certaine forme d’humour. C’était touchant. Elle voulait dire qu’elle ne pourrait bientôt plus rien faire pour nous et qu’il fallait donc nous gouverner nous-mêmes. J’y repense, les larmes aux yeux.
Bonjour chère Mélanie,
RépondreSupprimerTon témoignage et ta belle sensibilité me touchent beaucoup. Laure t’adorait. Moi aussi. Toute l’affection que tu nous portais comme couple nous faisait nous aimer davantage.Nous avons toujours apprécié ton imagination et ton originalité. La moindre réaction de notre part suscitait un cho teinté d’humour chez toi. Merci pour ce beau commentaire.