Il y a deux façons de vivre sa vie:
l'une, c'est de faire comme si rien n'était un miracle.
L'autre, comme si tout l'était. (Albert Einstein)
Peronnellement, je vais souvent d'une conception à l'autre. Il y a des jours où je suis plutôt croyant, d'autres moins. C'est la lecture de la souffrance humaine qui me fait vasciller d'une croyance à l'autre. L'univers est à la fois fascinant et cruellement impitoyable. Il m'arrive de perdre tous mes repères face à la la misère, la souffrance, la douleur. Et en même temps, je reste émerveillé par les ressources et la grandeur des sentiments humains, la force, les capacités dont ils disposent pour s'entr'aider, garder le moral.
Suite au tremblement de terrre en Haîti, par exemple, on a vu de tout:
- ceux qui volent et fraudent
- ceux qui se font justice eux-mêmes.
- Des gens qui ont remercié le ciel d'être vivants
- ceux qui ont pleuré; ceux qui ont trouvé le moyens de sourire en racontant leurs peines;
- ceux qui ont aidé par amour
- Ceux qui ont consolé en ayant besoin de l'être
Par ailleurs, imaginons un instant que l'univers soit parfait, sans mystère et sans misère. Imaginons que nous savons tout de la vie, son origine, son sens, sa raison d'être.
L'homme n'aurait pas à faire de recherches, améliorer ses connaissances, sa qualité de vie en société. Tout serait déjà parfait à un point tel que nous n'aurions qu'à l'admirer, sans vouloir rien y changer. Nous n'aurions même pas le goût de lire pour apprendre, comprendre l'univers. Le mot innovation serait absent du dictionnaire.
Paradoxalement, nous perdrions vite de vue la richesse d'un monde à découvrir pour l'améliorer. C'est pourtant une capacité innée chez l'enfant. Il est curieux, ouvert à tout. Il apprend à marcher en tombant. Une fois devenu adulte, on dirait qu'il oublie vite cette réalité. Tomber, c'est le meilleur moyen d'avancer. C'est la vie.
L'imperfection du monde, ses épreuves sont vite une occasion de ne plus croire en l'existence d'un dieu intelligent et bon. J'aime réfléchir sur le sens de la vie. J'aime réfléchir sur tout, même sur ce qui est tabou.
En même temps, je suis étonné de voir comment il est difficile de communiquer le résultat d'un cheminement intérieur. L'essentiel est invisible pour les yeux (Le Petit Prince, St-Exupéry). Je dirais même que l'essentiel que l'on découvre en soi-même est pratiquement impossible à transmettre. L'idée se greffe à du vécu qui a germé dans des petites misères au quotidien. Et personne n'a vraiment le même. C'est comme une chanson qui donne des émotions. Tout le monde entend les mêmes mots, les mêmes sons. Mais je crois que personne ne ressent la même chose. La qualité d'une chanson, c'est qu'elle demeure quand même significative pour un grand nombre.
Avoir le temps de réfléchir, avoir l'environnement pour le faire, c'est tout un cadeau. Je l'avais presque perdu, travail oblige. J'ai manqué d'occasions de me permettre des détours improvisés intérieurs, dans un environnement calme et inspirant. C'est fou tout ce qu'on peut découvrir quand on prend le temps de réfléchir. Encore faut-il en avoir le temps, le goût, l'occasion.
Puis tout naturellement, j'ai pensé aux politiciens si pris par un quotidien presque inhumain, rempli de problématiques et de défis à donner le vertige. Où ces hommes trouvent-ils le temps de réfléchir. J'ai parfois l'impression qu'on perd le sens des valeurs. J'aurais pu dire qu'on perd facilement le nord. C'est la raison pour laquelle je n'ai jamais voté plus de deux fois de suite pour le même parti politique.
En démocratie, tous doivent avoir la chance de s'exprimer. Mais les dérives et les débordements sont toujours à craindre. Il n'y à pas que nos gouvernements qui cherchent à manipuler nos façon de penser.
Au delà de ces phénomènes de contrôle du pouvoir, d'expression de certaines idées corporatives, il existe un domaine de réflexion qui ne cesse de m'émouvoir et me surprendre: c'est tout le domaine des arts que notre premier ministre Stephane Harpeur voudrait bien voir relayer au second plan, surtout que le Québec y excelle.
Le cinéma me fascine, La sensibilité et le regard génial des cinéaste, le jeu dramatique des acteurs aussi. La puissance des trames sonores m'épate. Tout cela tient du prodige et relève presque du miracle. On sort souvent d'une salle de cinéma presque transformé. Il faut un bon moment avant de retomber sur terre.
Ce titre me fait réaliser une chose cocasse. J'ai eu mon premier emploi par hasard à la fin de mes études. Et mon patron était Monsieur Azhar (hasard). Ce n'est pas une blague. Ce monsieur Michel Azhar qui avait été mon patron à St-Hyacinchte a même enseigné à Laure à l'Université de Sherbrooke. Il y a de bien de drôles de hasards.
Je constate avec plaisir, Jacques, qu’en ce qui te concerne, la retraite n’a pas tardé à reprendre tous ses droits. Il y a beaucoup de matière dans ce texte; il va me falloir un peu de temps.
RépondreSupprimerPour l’heur, je commencerai par cette réflexion de ta part:
«C'est fou tout ce qu'on peut découvrir quand on prend le temps de réfléchir. Encore faut-il en avoir le temps, le goût, l'occasion.»
Paradoxalement, pour comprendre la vie, la réflexion n’est utile qu’après l’arrivée d’une intuition, pour l’analyser et la comparer à ce que nous connaissons déjà en vertu de notre passé. Et c’est dans le silence de notre mental, aussi court soit-il, que nous viennent ces intuitions issues de notre Moi profond. Notre mental avec sa faculté de raisonnement que nous croyons toute puissante, ne nous sert qu’à juger. Il nous sert aussi à mettre bout à bout toute une série d’éléments déjà connus, ou bien, à classifier et à compartimenter les informations nouvelles.
Tu parles aussi de la difficulté de décrire notre cheminement intérieur. Cela est très juste et c’est, comme tu le sais, ce qui m’avait amené à mettre un terme à mon blog en février 2011. J’avais par la suite, ajouté 5 nouveaux articles en décembre dernier avant d’arrêter de nouveau, mais là, avec ce que tu viens d’écrire, j’envisage la possibilité de reprendre de nouveau. Je vais voir. Je laisserai monter les intuitions, avant de les accaparer avec mon mental pour les réfléchir avec ma raison et qui sait, pour les rédiger :-)
Bonjour Réjean
RépondreSupprimerIl y beaucoup de matière, j'en conviens. J'en mets un peu plus que le client en demande. Une idée en amène une autre. Je ne connais pas le syndrome de la page blanche. C'est probablement lié à mon côté un peu hyperactif. Il y a toujours des avantages et des inconvénients aux aspects qui nous caractérise.
Et justement, même si j'aime bien la retraite, elle pourrait s'avérer de courte durée.
Je comprends ta tentation d'écrire à la fois exaltante et exigeante au plan personnel. C'est un peu normal.
Je sais ce que sais. Tu peux faire confiance à ton intuition. Tes idées sont toujours riches et intéressantes.
Je n'ai pas vu Monsieur Lazhar. Il faut compter 5h aller-retour pour aller au cinéma. Mais le personnage et la thématique me fascine. Je suis fier de son succès.
RépondreSupprimerPour partager avec tes amis/es cette magnifique chanson qui vous fut dédiée, à toi et ta douce.
RépondreSupprimerJe reviens pour ton billet, juste un peu plus tard.
Vous touchez à plusieurs sujets, je ne saurais commenter mais ce qui m'impressionne, c'est de devoir rouler 5h aller-retour pour visionner un film!
RépondreSupprimerJe me dis qu'une fois rendu, on doit regarder tous les films à l'affiche!
Grand-Langue
Bonjour GL
RépondreSupprimerTu trouves que je touche plusieurs sujets à la fois?
Que voulez-vous! Il faut croire que j'ai une grand langue... Mais je vais tenter de modérer mes transports pour la prochaine fois. :-)
La distance pour le cinéma est grande. C'est le temps qui manque. La distance, comme telle, on s'y habitue. Les gens d'ici sont habitués à composer avec cette réalité.
On parcourais autrefois de grandes distances à pied ou en traîneau à chiens si on en avait les moyens. On m'a parlé du temps où les hommes faisaient de longues distances pour travailler l'hiver. On m'a même parlé de ceux qui se rendait au boulot à pieds à Baie-Comeau, à 500 km d'ici.
Cette vaillance se perd. On ne trouve même plus de jeunes pour passer les dépliants aux maisons. On doit faire venir du monde de Sept-Iles pour le faire. Avec les mines et le plan Nord, la main-d'oeuvre se fait rare. On veut de gros salaires ou ne rien faire.
« Et si l'univers était parfait, sans mystère et sans misère... » la vie ne nous semblerait-elle pas statique, ennuyeuse ? Doit-on en conclure que c'est la dualité qui est le moteur de la création ? Doit-on en conclure que nous sommes partie prenante de cette création ?
RépondreSupprimerL'UNIVERS N'EST PAS PARFAIT, C'EST LA VIE QUI L'EST ! L'univers est un processus de création en mouvement perpétuel.
De plus tu dis, Jacques : « L'imperfection du monde, ses épreuves, sont vite une occasion de ne plus croire en l'existence d'un dieu intelligent et bon ».
Dieu juge-t-il ?
Comment un dieu omniscient le pourrait-il s'il sait tout de son univers, de toute éternité ? Ce que nous appelons, imperfections, ne ferait-il pas partie justement d'un plan «PARFAIT» de création, dans un mouvement perpétuel ? Pour qu'il y est mouvement, il faut un moteur, et ce dernier nécessite deux polarités pour fonctionner, le positif et le négatif, le féminin et le masculin, le bien et le mal.
Le mot « mal », justement, est une notion relative qui est fonction de notre évolution dans le temps. Ce qui est bien un jour, devient mal, un autre jour. Et au risque de me répéter, ce que nous considérons mal, chez les autres, c'est ce que nous refusons de voir en nous-mêmes.
Ne pouvons-nous pas envisager que LA SOURCE (puisque le mot dieu a été pas mal galvaudé avec le temps), soit justement tout ce qui est dans l'univers ? Que LA SOURCE soit chaque atome de tout ce qui EST, y compris de chaque être humain, BON OU MAUVAIS ?
Jacques,
RépondreSupprimerIl y a tellement d'éléments à prendre en compte dans tes deux derniers articles, que j'ai décidé d'y répondre dans un billet sur mon blogue, car mes commentaires auraient été beaucoup trop long. :-)))
Et si l'univers était parfait?
Bonsoir Jackss
RépondreSupprimerJ'ai lu,hier,dans le Journal de Montréal,cahier week-end,que Michel Tremblay allait écrire un livre sur le hasard,voici un extrait de l'article.
«Le sujet du livre,c'est le hasard.
On pense très peu souvent aux rencontres importantes qu'on a faites dans notre vie et qui dépendent du hasard.
Si une journée,tu es quelque part et que tu rencontres quelqu'un qui va changer ta vie,tu ne le sais pas.
Mais 30 ans plus tard,tu te dis que si tu n'avais pas été là,tout aurait été différent.» fin de l'extrait de l'article.
En lisant ce texte,j'ai pensé qu'il y a 35 ans,je m'en allais au jardin botanique,je tardais à quitter la maison,car à la télé,il y avait une émission dont le sujet m'interessait,et il y avait une conférence d'annoncer,donc,je décide d'aller à cette conférence,et c'est là que j'ai rencontré mon conjoint,nous sommes ensemble depuis 35 ans,ce n'était pas dans mes projets de me retrouver au centre-ville,mais voilà...
Bonsoir Linda,
RépondreSupprimerTu ne me croiras peut-être pas, mais je pensais à toi pas plus tard qu'hier. Je me disais que je n'avais pas eu de signe de ta présence ici depuis un bon moment.
J'ai été très intéressé par la nouvelle du prochain livre de Michel Tremblay. J'ai adoré l'extrait que tu as laissé à ce sujet. Et je viens d'en parler avec Laure, ma compagne depuis 44 ans.
Je lui disais que ce texte permettait de réaliser que si nous ne nous étions pas rencontrés fin 1966, rien de ce qui est arrivé par la suite ne serait arrivé. Nous avons changé totalement de région, de carrière, etc. etc. Et ce qui est fascinant aussi, c'est le nombre de personnes significatives pour nous que nous avons rencontrés à plusieurs reprises par hasard dans des lieux et des contextes complètement différents et imprévisibles.
Merci pour cette visite. Elles sont toujours appréciées même si le hasard n'est pas en cause.
Je suis bien heureux de tous les honneurs que vient de remporter aux Jutra Monsieur L'Hasard. Soit dit en passant, j'ai déjà rencontré le cinéaste Claude Jutras. J'étais étudiant et je l'avais invité dans un party privés pour discuter un de ses films. Nous n'étions qu'une douzaine d'amis. Il avait fait le déplacement pour nous, tout à fait gracieusement.
Bon début de semaine, Réjean
RépondreSupprimerTu as beaucoup de sagesse, de la profondeur dans ce que tu racontes. Tu ouvres souvent des portes suite à mes propres commentaires.
Une des réflexions que tu viens de faire m'a frappé tout particulièrement: Et au risque de me répéter, ce que nous considérons mal, chez les autres, c'est ce que nous refusons de voir en nous-mêmes.
Tu as bien fait d'avoir risqué de te répéter. Je ne me souviens pas d'avoir lu ce commentaire de toi. Il faut croire que je n'étais pas prêt à en saisir la portée profonde. Mais cette fois-ci, ça tombe pile,
Je me rappelais hier la distorsion entre le discour de mon père et sa façon de vivre. À l'entendre, on aurait dit un homme parfait. Il relatait souvent des comportements inacceptables chez les autres. Dans ses occasions, on aurait dit qu'il parlait de lui. Et je ne comprenais pas comment il ne pouvait ne pas en être conscient.
Je connais quelqu'un de la famille qui a la même attitude. Je cherchais à comprendre. Et je me rappelais la désolation de mon père dont la distorsion était si grande entre son idéal de vie, sa moralité, et la réalité.
Je m'empresse d'ajouter que je ne peux juger personne. On ne peut que faire de son mieux avec la réalité qui nous est accessible. Avec le recul du temps, je ne peux que me rendre compte que certaines attitudes personnelles du passé méritent une bonne remise en question.
Je vais aller visiter ton blogue. Promis. Le titre du billet est déjà inspirant. Et comme dit le monsieur:
Réjean,
RépondreSupprimermon message s'est envolé trop vite. Je voulais écrire: Et comme dit le monsieur,
Bonne semaine!
Même si j'ai raconté beaucoup de choses dans mon dernier billet, je n'ai pu m'empêcher d'ajouter un paragraphe:
RépondreSupprimerJ'ai eu mon premier emploi par hasard à la fin de mes études. Et mon patron était Monsieur Azhar (hasard). Ce n'est pas une blague. Il y a de bien des drôles de hasards. Je dirais presque même de la prédestination.
Réjean,
RépondreSupprimerTon billet Et si l'univers était parfait>, il est génial!
C'est vrai. Je te rejoins sur beaucoup de points. Tes liens avec mon billet témoigne de ta perspicacité. Tu as bien senti ce que j'ai voulu exprimer, en donnant plus de corps au texte.
Tu parles de solitude. Tu en parles d'une façon qui me rejoint. J'en ai besoin, autant que de bonnes relations amicales.
Un billet très riche encore une fois. Tout au long de ma lecture, j'aurais voulu que tu poursuives ta pensée sur plusieurs sujets et j'y aurais ajouté un petit élément rien que pour te propulser encore plus loin. J'en aurais pris plus, autrement dit!
RépondreSupprimerTu dis ceci : « En même temps, je suis étonné de voir comment il est difficile de communiquer le résultat d'un cheminement intérieur.»
Je te cite pour cette phrase et je l'applaudis tellement je me l'approprie.
Bonjour Zoreilles,
RépondreSupprimerSuite aux commentaires que j'ai reçus, j'ai amputé certaines sections de mon texte pour ne livrer que l'essentiel. C'est bien gentil de dire que tu en aurais pris plus. Je reconnais ta délicatesse proverbiale.
J'avoue que la finale qui traite des arts cinématographiques, je l'ai écrite en pensant à toi, ta brillante famille et ton aventure fascinante où tu vas avoir un rôle à l'écran. Une visite sur ton blogue s'impose si on ne l'a pas déjà fait.
Amitiés,
Jackss