jeudi 20 novembre 2008

Ouverture ou naîveté

Voici deux histoires qui m'ont marqué
Elles touchent nos croyances et notre naîveté

Robert Bradford
L'homme à la valise 1967

Agent de la CIA en poste à Londres, McGill, accusé à tort d'avoir trahi son pays, est contraint de démissionner des services secrets. Voulant à tout prix être réhabilité, il devient détective privé et accepte de résoudre toutes les affaires qu'on lui propose pour la somme de 500 dollars par jour plus les frais. Il n'a qu'un seul bagage : une valise contenant quelques vêtements et son arme.

L'homme a la valise fut une émission très populaire en 1967, l'année de mon mariage avec Laure. Nous avions loué une télé noir et blanc. J'aimais Laure et deux émissions de télé: Chapeau melon et bottes de cuir et L'homme à la valise.

La première émission que j'ai vue de l'homme et la valise fut ma préférée. Je m'en souviens encore. L'homme à la valise, McGill, fut chargé de retrouver en Afrique un criminel qui s'y cachait sous le personnage d'un missionnaire barbu. Il le retrouva. Il fut intrigué de voir comment ce missionnaire était apprécié. Il se comportait comme un saint homme. Au moment de l'arrêter, il lui demanda comment il pouvait faire pour avoir ainsi une double vie aussi différente l'une de l'autre. Le faux missionnaire répondit qu'il s'était fait prendre à son propre jeu. Il était devenu croyant et doté d'un dévouement sans borne pour ses ouailles.

Évêcher St-Hyacinthe

L'autre histoire est vraie celle-là. Je l'avais vécu en 1964 environ. J'étais étudiant au Séminaire de St-Hyacinthe. Nous avions fait la connaissance d'un missionnaire d'Amérique du Sud qui résidait à l'évêcher de St-Hyacinthe en attendant de retourner en mission. C'est un des meilleurs prêtres que j'ai connus. Il prêchait des retraites émouvantes, nous confessait (sauf moi à cause de mes fous rires), recueillait des aumônes pour sa mission du Brésil. Nous étions tous touchés par ses anecdotes, son approche humaine, sa façon de nous expliquer l'évangile.

Au début des vacances, il demanda à un de mes collègues de classe un grand service: se faire reconduire à sa mission. Vous comprendrez qu'il accepta de bon coeur. On ne refuse pas un service à un grand émissaire de Dieu. Chacun doit faire sa part! Le voyage fut très agréable.

Un fois arrivé au Mexique, le missionnaire s'empara de l'auto. Elle ne fut jamais retrouvée. Le missionnaire non plus. Une histoire comme celle-là quand on est adolescent, ça marque! Il faut tout de même avouer qu'on peut parfois faire preuve facilement de beaucoup de naîveté. Même l'évêque s'était fait prendre au jeu.

Ce que je retiens de ces histoires:


Un criminel peut faire un bon religieux. Il peut se prendre lui-même au jeu. Mais le plus souvent, c'est l'inverse. Raêl est un bon exemple. Sa secte a fonctionné longtemps au Québec. Il a profité des tous les avantages fiscaux d'une église. Il a abusé financièrement et sexuellement de ses membres souvent très jeunes. Même ma fille a failli se faire prendre en allant y faire une recherche dans le cadre de son cours de religion. Je me demande bien où il peut être rendu.

Quand je vois tous les abus, toute la violence qui se font au nom de Dieu, je crois qu'il faut souhaiter vivre dans une société civile. Je crois que nous n'avons plus le choix.

En même temps, je crois qu'il y a un vide difficile à combler. Nous manquons de repères, de valeurs communes. C'est la lecture que j'en fais en souhaitant me tromper. Mais je continue de faire confiance à l'humanité et dans les valeurs inscrites dans la nature.

Notre naiveté, c'est aussi du bonbon pour les politiciens. Ils savent que pour une bonne couche de la population on peut dire n'importe quoi, promettre le ciel sur terre et être crus. Ils savent que nous avons la mémoire courte.

8 commentaires:

  1. Super billet!

    N'étant pas croyante, ou plutôt, ayant des croyances païennes et mystiques, toutes les doctrines des religions ne m'attirent pas du tout.

    Je perçois la religion comme une entreprise très et trop prolifique, crée et maintenue uniquement dans le but de rendre un lot de gens choisis toujours de plus en plus riche.

    Par contre, je peux comprendre que des gens cèdent à tout cela, aux sectes et aux manipulateurs devenu sauveurs du genre. Quand on est au bout du gouffre, l'idée d'une aide divine peut être la seule chose qui nous donne envie de s'en sortir...

    Bonne journée, cher comparse!
    -xxx-

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  2. Croyances et naïvetés... On pourrait écrire toute une encyclopédie sur le sujet!

    Je suis croyante (pas en n'importe quoi) et naïve, je pourrais peut-être en écrire un petit chapitre...

    Mais j'ai quelque chose d'autre dans ma personnalité, ça s'appelle la science du doute! Ce que je crois, c'est d'abord et avant tout, ce qui est bon pour moi, pour les autres, pour l'humanité. Inclure plutôt qu'exclure... Et si je vois que tout ça ne va pas dans la direction où j'aime voir évoluer le monde, je n'ai pas la moindre objection à réévaluer la question.

    En fait, à part une ou deux certitudes chèrement acquises, je demeure une chercheuse, n'affirmant rien haut et fort, prête à entendre les autres respectueusement, toujours avec ma très chère science du doute. Et la nature humaine continue de m'émerveiller, de me donner bien souvent l'espoir d'une humanité... qui s'humanise!

    Qu'on le veuille ou non, qu'on l'admette ou non, lorsque toute forme de spiritualité est absente, qu'est-ce qui peut bien donner du sens à notre vie?

    Les sectes me font peur, parce qu'elles comblent ce besoin essentiel de « donner du sens à la vie » de la pire façon qui soit, en manipulant la partie la plus vulnérable des êtres humains.

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  3. La foi est un tourment chez moi, j'ai cru l'avoir mais je pense que je n'ai regardé qu'à travers l'éducation catholique que j'ai eu. Je suis pourtant attirée par ce monde mystérieux qu'est avoir foi en dieu, je suis attirée par la beauté des cathédrales, des églises, ... Des cimetières, par les icones, parce qu'elle me pousse à écrire, à me questionner sur moi-même, sur ce que je dois accorder à ce monde (qui je t'avoue m'horrifie), chercher la raison pour laquelle j'existe, ... Trouver des réponses aux horreurs de ce monde. Quant à la naïveté, je suis allergique à la foule (sérieusement, je peux m'évanouir si je suis trop entourée), en étant en reclus, je suis moins touchée par la naïveté.

    Bel article Jacks,
    Je t'embrasse fort mon ami,
    Sueanne

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  4. Âme tourmentée,

    C'est toute une aventure que la vie! Comme l'a dit si bien Claude Dubois: Même si on n'est pas croyant, on dirait qu'il y a des moments dans la vie où on a besoin de croire.

    Je crois que chacun fait son chemin à la recherche de serenité. La vie se charge du reste. Il suffit que l'on soit vrai,vigilant et près de ses émotions. Ça te ressemble beaucoup.

    Ton commentaire m'a été très utile. Il a éveillé ma réflexion.

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  5. @Zoreilles,

    Qu'on le veuille ou non, qu'on l'admette ou non, lorsque toute forme de spiritualité est absente, qu'est-ce qui peut bien donner du sens à notre vie?

    Pour moi, c'est tout à fait ça. Ma pensée est très proche de la tienne. Toutes les formes d'expression de l'art m'émerveillent et me transportent vers quelque chose de plus gand que moi. Ce n'est pas un hasard, je crois, si la spiritualité a inspiré tant d'artistes.

    Je crois aussi que ce qu'il y a de plus merveileux dans la vie attire le meilleur comme le pire. La religion en est un exemple comme le web lui-même.

    @Sueanne,
    Merci pour ton appréciation. J'y suis sensible. Ce qui t'attire et t'horrifie a le même effet sur moi. Je dirais même que tu l'amplifies pour le mieux.

    Dans mon cas, mes croyances se consolident avec les années. On pourra croire que c'est normal que l'âge nous rende plus sensible. Peut-être! Mais ce n'est pas ma renontre avec le psychopompe qui en est la cause. C'est plutôt le résultat d'une longue réflexion.

    Le phénomène de la souffrance me préoccupe aussi beaucoup. J'ai un autre billet en préparation, à partir de faits vécus. Je les trouvent touchants.

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  6. Bonsoir Jacks,
    Je viens de lire un article sur un blog; dont je ne ferais pas la pub ni remettre les pieds. Article sur les femmes battues, article qui au bout de quatre ligne souligne que "les arabes" aiment battre leur femme et que cela n'étonnait pas l'auteur de l'article. C'est pas de la naiveté ça ? dire au monde entier que les "arabes" frappent leur femme, alors que cela existe depuis des siècles dans la totalité des pays de cette planète. Il a trop bu, il bat sa femme, ... il a des soucis il bat sa femme ... Partout des femmes sont battues et des hommes aussi et non pas comme le souligne un certain blog chez les "arabes". J'aime a penser que l'auteur est naive et non raciste parce que le racisme c'est pire que tout.

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  7. Le racisme, c'est pire que tout. C'est tellement vrai.

    Il faut le dire, Sueanne. Il faut le dire encore jusqu'au moment où on se trouvera ridicule d'être raciste. Le racisme nait de la peur ou du narcisme racial. Dans les deux cas, c'est détestable.

    Internet, c'est le véhicule du pire et meilleur. Le meilleur, c'est justement que tout le monde peut être témoin. Le meilleur c'est de le dire, avoir les moyens de dénoncer.

    Merci de le faire!

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  8. Le pouvoir sur les âmes est un pouvoir si grand!!!! Et que fait-on lorsqu'on dispose d'un tel pouvoir, généralement ?? ;-)

    Ce pouvoir peut être un pouvoir de libération (je pense aux toiles de Picasso, au rire libérateur de Dali, à Nietzsche et à mon cher Spinoza mais il y en a eu tant d'autres), ce peut être, à l'inverse, un pouvoir de direction et là on dérape vite. Je ne nommeria aucun nom, ils sont légion ;-)
    Bonne journée à toi et merci pour cet excellent billet.

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