Dans mon cas, le hasard a tout décidé ou presque. Tout au long de mes études, je n'ai choisi que les options de sciences et mathématiques. Toute ma carrière s'est déroulé dans le domaine de l'administration et des sciences humaines. Je n'avais jamais choisi, au collège, les options pouvant m'y préparer.
Vous comprendrez que, dans ce contexte, le cri du cœur de Lucien Bouchard affirmant qu'il n'avait jamais voulu aller en politique m'a beaucoup touché.
« Je ne voulais pas faire de politique. Toute ma vie, j’ai résisté à la politique ! », lance Lucien Bouchard, l’oeil brillant, sur le ton combatif qui l’a propulsé au sommet du firmament politique québécois.
« C’est trop dur, c’est trop ingrat, on en sort à peu près tout le temps mal, de la politique. Je n’étais pas sûr que j’étais fait pour la politique avec mon impatience, mon indépendance d’esprit, mon incapacité de vivre dans un encadrement où je ne suis pas le chef, et ainsi de suite », ajoute le politicien le plus charismatique depuis René Lévesque.Voir Le Devoir, Bête politique malgré lui"
Et pourtant, il a été ambassadeur du Canada en France, Il a été ministre de l'Environnement au sein du gouvernement progressiste-conservateur de Brian Mulroney, puis l'un des fondateurs et le premier chef du Bloc québécois. C'est ainsi qu'il est devenu chef de l'opposition officielle à la Chambre des communes (1993 à 1996). Il a ensuite été premier ministre du Québec de 1996 à 2001 avec le Parti québécois.. Je crois même que ce fut l'un des plus prestigieux. Chaque fois, c'est le hasard qui l'a amené là où il ne voulait pas aller.
En écoutant le documentaire qui décrit ce cheminement présenté à Radio-Québec le 25 août, vous comprendrez mon intérêt à ce sujet. C'est comme si je venais tout à coup de me réconcilier avec le fait de ne pas avoir suivi le chemin que je m'étais tracé. Ça me trotte souvent dans la tête.
On peut trouver plusieurs façon de concevoir le hasard. Il y a plusieurs bonnes raisons pour ne pas faire ce qu'on avait envie de faire. L'une d'elle réside dans une aptitude particulière à s'engager quand une situation vient nous chercher. Il y a environ deux semaines, une amie m'a remis ce texte mis en valeur dans un contenant plastifié pour le protéger. Elle y voyait quelque chose qui me rejoignait. Pour ma part, je trouve qu'il vient jeter un regard particulier sur le parcours que nous décrit Lucien Bouchard.
L'ENGAGEMENT
Tant qu'on ne s'est pas engagé, persistent l'hésitation et la possibilité de se retirer.
Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832 |
Il y a toutefois une vérité élémentaire, dont l'ignorance a déjà miné nombre de grandes idées et de plans merveilleux. Dès l'instant où l'on s'engage, la providence intervient, il se produit toutes sortes de choses qui, autrement, ne seraient pas arrivées.
Toute une série d'événements jaillissent de la décision de s'engager, comme pour l'appuyer part toutes sortes d'événements imprévus, de rencontres et de secours matériels dont on n'aurait jamais rêvé.
Quoi que vous puissiez faire, quoi que vous rêviez de faire, entreprenez de le faire. L'audace donne du génie, de la puissance, de la magie.
Mais, commencez maintenant...
Johan Wolgang Von Goethe
Poésie et vérité, 1817
Ton texte me rejoint beaucoup. L'engagement... On pourrait s'en parler longtemps, de l'engagement... ou du manque d'engagement, de nos politiciens, bien sûr, mais pire encore, de la tendance populaire qui fait des ravages dans notre société, c'est-à-dire de ne rien faire ou ne rien changer, par crainte de se le faire reprocher.
RépondreSupprimerS'il m'arrive de regretter le passé révolu, c'est que ce trait de caractère généralisé qu'est le manque d'engagement mène inévitablement à l'individualisme dont on peut voir les affres.
Heureusement qu'il existe encore des gens qui ne sont pas dans le courant et qui font preuve encore d'une grande insouciance en s'engageant dans toutes sortes de bonnes causes. Souvent, ils travaillent dans l'ombre, ils sont les moteurs silencieux qui font que notre société est toujours très vivable.
J'ai toujours eu un respect immense pour les gens qui savaient s'engager. Je leur permets même de se tromper, de le reconnaître et de continuer d'avancer, avec la force de leurs convictions.
Bonjour Jacques,
RépondreSupprimerEncore une fois, tu nous portes à beaucoup nous interroger.
«Les mystères du hasard» seraient-ils liés au but ultime de notre vie ? En dehors de la lutte pour la survivance, y aurait-il un but plus profond à nos vies ? Et quel serait-il ?
Si j’avais à revivre ma vie, en sachant d’avance le résultat qui fut le mien jusqu’à ce jour, forcément, j’aurais aimé la revivre différemment. Mais, aurais-je été en mesure de changer le résultat ? Sans doute, qu’il m’aurait été possible de changer quelques aspects de mon parcours, mais mon petit doigt me dit que le destin aurait vite fait de me retrouver au tournant, afin de me réorienter dans le chemin initialement prévu. Les variantes seraient possibles, mais la ligne directrice resterait immuable. C’est le résultat aboutissant dans notre âme qui serait essentiel; cette dernière aurait un plan tout tracé et s’arrangerait pour nous faire vivre de multiples expériences, de quelques natures que se soient, afin d’en arriver à un schéma final équivalent à son plan initial... notre but ultime.
«Garder le cap», «ne rien changer», coûte que coûte, est dû à la peur de l’inconnu.
Il a bien raison, ce monsieur Von Goethe. Pour avancer dans la vie, il ne faut pas avoir peur de s’engager, de sauter dans l’inconnu. Et c’est en restant «ouvert à ce que le quotidien nous apporte», que cette providence dont il fait mention, opère comme un guide dans notre progression. Le génie n’appartient assurément qu’à ceux qui osent.
La vie est un long fleuve tranquille. Toute l’eau qui s’écoule, aboutira inévitablement à sa source, l’océan, peu importe le temps qu’il lui faudra et les obstacles qui se mettront sur son chemin. Et pour nous, les humains, quelle est-elle, notre source ?
Zoreilles,
RépondreSupprimerBon retour de vacances et bon cueillette de bleuets. J'y suis allé hier. Le hasard à voulu que la récolte soit exceptionnelle aussi. On peut dire la même chose de la température cette année. Pour la première fois en 5 ans, nous avons connu la chaleur et l'humidité. Tous s'accordent à dire qu'on n'a jamais vu ça ici. La vraie question est de savoir si c'est un hasard. Certains se demandent si ce sont les bassins des barrages de la Romaine qui sont en cause.
Tu parles du manque d'engagement. Et tu as tout à fait raison de faire le lien avec la peur d!avoir des reproche. Il est très dangereux pour un politicien de dire ou faire ce qu'il pense.
Tu te poses les bonnes question Réjean
RépondreSupprimerEt je crois que ce n'est pas un hasard si l'être humain à la capacité de se poser ce genre de questions. Même un ordinateur mille fois plus puissant que le cerveau n'aurait pas cette aptitude.
Tes propos témoignent d'une bonne réflexion appuyé sur du vécu. Ça me semble l'évidence même.
J'aime bien cette question : Si j’avais à revivre ma vie, en sachant d’avance le résultat qui fut le mien jusqu’à ce jour, forcément, j’aurais aimé la revivre différemment. Mais, aurais-je été en mesure de changer le résultat ?
Il m'est arrivé souvent de changer complètement de milieu, me retrouver avec des gens qui ne savaient rien de moi, de mon passé. J'y voyais une occasion en or pour repartir à neuf, ne pas traîner le boulet de certains préjugés, éviter certains piège, me refaire une image neuve. Mais à chaque fois, j'ai vu que je reproduisais exactement ce que j'avais été dans un contexte tout à fait différent.
Dans ta réponse à Réjean, ton dernier paragraphe... j'en suis sidérée! C'est tellement l'expérience que j'ai et les conclusions qui m'ont sauté aux yeux moi aussi que j'aurais pu l'écrire et le signer à deux mains, ce paragraphe!
RépondreSupprimerSi je poursuis la réflexion là-dessus, ça m'amène à penser qu'au fond, notre véritable essence finit toujours par émerger quel que soit le contexte. N'est-ce pas ainsi qu'on retombe toujours dans les mêmes « patterns »? Un jour, à mesure qu'on prend de l'âge, on arrive à les voir se dessiner et on réagit avant d'être trop submergé... Cela s'appelle « un peu de sagesse » mais c'est pas facile de changer notre nature profonde!
Zoreilles,
RépondreSupprimerLe hasard me mystifie. J'ai encore tellement à raconter sur le sujet. J'aurais pu ajouter beaucoup d'éléments au dernier billet, des éléments qui me sont tombés sous la mains en même temps comme des morceaux de casse-tête tombés en même temps à la même place.
Parmi ces mystères liés au hasard, tu as une place évidente. Il y a tellement de points de ressemblances.
Un jour, à mesure qu'on prend de l'âge, on arrive à les voir se dessiner et on réagit avant d'être trop submergé... En effet avec l'âge j'en prends de plus en plus conscience. Il faut toute une vie pour apprendre à se connaître. Et tu as bien raison de faire le lien avec la sagesse. Le fait de me connaître beaucoup mieux me permet de mieux réagir même si fondamentalement je demeure le même.
On ne choisit pas qui on est et ce qui nous arrive, mais on peut choisir comment réagir.
Je suis chanceux. Laure et moi avons deux anniversaires de mariage: le jour de la fête du travail et le 4 septembre.
RépondreSupprimerJ'ai appris aussi, par hasard, que mon filleul s'est aussi marié le 4 septembre comme nous. Ce détail prouve qu'il faudrait que je le vois plus souvent. Un parrain devrait, semble-t-il, avoir certaines obligations. :-)
Quelle intéressante réflexion...
RépondreSupprimerAu fond, cela remet en perspective ces choix que l'on fait rationnellement, consciemment, par rapport à ceux que l'on fait de façon inconsciente. Plutôt que d'être basés sur qui l'on souhaiterait être, ils le sont sur qui l'on est fondamentalement.
Est-ce qu'un événement est survenu là sur ma route, par hasard ou s'il a attiré toute mon attention, parce qu'il correspondait à un élément fondamental de ma personnalité?
"Il était là et je ne l'ai pas vu" ou "il était là et je l'ai vu, parce que j'avais besoin de le voir à ce moment particulier de ma vie."
Lucien Bouchard a eu beaucoup plus d'influence en politique nationaliste qu'à titre de représentant de l'association pétrolière et gazière.
Dans le premier cas, c'était ses
convictions profondes qui le menait alors que dans le second, il avait été engagé pou ses habiletés de négociateur et pour l'influence qu'il aurait pu avoir sur la population du Québec, mais il était alors au travail, il ne poursuivait pas une quête de lui-même et les résultats ont été en conséquence.
Pierre
RépondreSupprimerAu fond, cela remet en perspective ces choix que l'on fait rationnellement, consciemment, par rapport à ceux que l'on fait de façon inconsciente. Plutôt que d'être basés sur qui l'on souhaiterait être, ils le sont sur qui l'on est fondamentalement.
C'est bien dit. J'aime bien ta formulation qui traduit bien une façon logique de réconcilier la réalité qui se présente à nous comme par magie.
Une chose est sûre: il y a plein de coïncidences qui se produisent sans arrêt. Ce qui fait la différence, c'est notre capacité de les capter ou non. Et c'est ce que nous sommes fondamentalement qui peut probablement faire la différence. Il y a tout un jeu entre ce que l'on est et ce que l'on souhaite devenir.
Il y a aussi ce sur quoi nous sommes centrés. J'ai déjà vécu des expériences assez éloquentes à cet égard. Nous étions un jury de 3 personnes qui devions suivre 3 candidats en entrevue de sélection appelés à répondre de façon interactive l'un avec l'autre.
Chaque membre du jury devait se concentrer sur un seul des 3 candidats. Après l'entrevue, nous devions mettre nos observations en commun. C'est incroyable comment nous avions perçu la réalité de façon différente. Une foule de détails nous avaient complètement échappé. Mais nous pouvions faire plusieurs liens en rapport avec le candidat qu'on observait et ce que les autres membres du jury nous rapportaient des autres.
Billet intéressant. Je ne sais pas ce que ça aurait donné si je m'étais laissée guider par le hasard parce que ce ne fut pas le cas. J'ai voulu faire de la musique, ma vie et c'est ce que j'ai fait. J,aurais bien aimé aussi être comédienne, alors maintenant, j'utilise ce talent pour faire rire les enfants avec mes marionnettes.
RépondreSupprimerJ'aime bien les paroles de Goethe. Pour ma part, je crois que je me suis vraiment engagée et donnée à fond dans ce que j'aimais et aime encore. Bizous à toi cher Jackss xxx