Prenez ce récit de la croisière sur le Nordik Express entrepris au bout de la route 138 à Natashquan. Le hasard a voulu que je vous ramène vite à Natashquan, l'actualité étant devenue trop brûlante.
En fait, le texte qui suit m'a été envoyé par courriel d'une amie qui vient de vivre l'action sur le terrain. La plupart des photos ont été prises du haut des airs avec un appareil que j'avais vendu par hasard à Martine de qui dépend le texte. Et pour ajouter un peu de charme à la présentation, précisons qu'elle est la mère d'Hélène, l'héroïne du billet Hélène et le volcan. Cliquer sur le lien qui précède pour le revoir. Et sans plus tarder, voici le récit de Martine.
Des drames et tragédies affectent le Québec ce mois-ci.
Je me présente, je suis travailleuse sociale de métier depuis 6 ans dans la région de la Côte Nord pour le CSSS de la Minganie à Havre St-Pierre. Mais avant tout, une amoureuse inconditionnelle des grands espaces et de nature sauvage.
Les tragédies évitables nous touchent jusqu'ici en Minganie mais bien évidemment, dans une moindre mesure que Mégantic. En fait , je témoigne simplement d'une réalité suite aux grands incendies de la région nord-côtière.
Photo prise par le pilote au départ de Havre-Saint-Pierre
On peut voir le feu au loin et les iles Mingan à l'avant-plan
Photo prise par le pilote au départ de Havre-Saint-Pierre
On peut voir le feu au loin et les iles Mingan à l'avant-plan
Dès le 18 juillet, mon employeur a mobilisé un petit avion à Havre St-Pierre avec comme seule consigne que je devais donner du soutien à l'infirmier et à la communauté au dispensaire d'un village à 30 kilomètres des incendies de la Minganie.
À deux heures d'avis, j'ai survolé les feux de Baie-Johan-Beetz pour atterir à Aguanish, une communauté de 300 personnes située à 70 kilomètres à l'ouest de Baie-Johan-Beetz et à 20 kilomètres à l'est de Natashquan.
photo prise en plein jour à Natashquan
Photo prise en arrivant au sol à Natashquan vers 17h. Au loin, les lueurs d'un feu menaçant
Aguanish
photo prise en plein jour à Natashquan
Photo prise en arrivant au sol à Natashquan vers 17h. Au loin, les lueurs d'un feu menaçant
Aguanish
La seule présence de l'État Québecois dans le village d'Aguanish est le dispensaire et celui-ci était sans électricité ainsi que toute la région depuis lundi 20h30 le 14 juillet dernier. Aussi, les gens du village se sont retrouvés isolés du monde car, les feux voisins qui couvaient ont obligé le ministère des transports à barrer la seule route qui relie les villages.
Photo prise de l'avion en survolant Baie-Johan-Beetz
Dispensaire de Baie-Johan-Beetz (2010)
Sentier pédestre au cœur de Baie-Johan-Beetz près du dispesaire
Remarquez l'importance de la région boisée. Il y avait là une pourvoirie unique en son genre.
Un cousin amateur de chassse et pêche n'avait jamais rien vu de pareil. Et les facilités de réservations étaient uniques.
On pourrait aussi parler d'une rivière Romaine harnachée que les américains ne veulent plus sans oublier l'île d'Anticosti, presque déjà cédée aux gazières par entente secrète. Vous savez, il y a du chevreuil mais aussi 300 résidents sur l'Ile.
Les dernières nouvelles avant mon arrivée sur les lieux sont celles-ci: les villageois de Baie-Johan Beetz avaient été évacués en toute hâte le lundi 15 juillet à 23h30 sans pré-avis et il était toujours possible que les maisons soient potentiellement incendiées.
Le lien téléphonique n'a jamais été coupé en Minganie et par conséquent, les gens d'Aguanish, inquiets et troublés craignaient à leur tour de tout perdre. Je suis revenue lundi matin à Havre St-Pierre et sur le chemin de retour, je me suis arrêtée pour saluer les gens de Baie-Johan-Beetz et Kathleen l'infirmière. Les gens étaient revenus dans leurs maisons. Ceux qui circulaient dehors voulaient des nouvelles d'Aguanish car des liens familiaux et culturels les tissent sérrés.
Dispensaire de Baie-Johan-Beetz (2010)
Sentier pédestre au cœur de Baie-Johan-Beetz près du dispesaire
Remarquez l'importance de la région boisée. Il y avait là une pourvoirie unique en son genre.
Un cousin amateur de chassse et pêche n'avait jamais rien vu de pareil. Et les facilités de réservations étaient uniques.
De vendredi le 19 juillet à lundi le 22 juillet, le gouvernement a demandé de tenter de contrôler les incendies de forêts. Lundi le 22 juillet , finalement, le gouvernement a demandé d'éteindre le feu. Par contre, à ce jour, nous savons que le monstre est présent car le feu est pris sous la tourbe et couvre toute la région.
Les gens d'ici ont perdu le loisir ancestral de jouir de leurs îles Mignan en 1988 car, elles appartiennent à Parc Canada.
En 1988, la dernière pêche à la morue a été levée à Aguanish.
En 1988, la dernière pêche à la morue a été levée à Aguanish.
En 2013, les gens ont perdu leur territoire de chasse, de pêche et de fruits sauvages. Aussi, depuis les grands incendies de ce mois, les animaux se regroupent sur un terrtoire plus restreint et la nourriture devenue plus rare aura un impact certain sur la faune pour les années à venir.
On pourrait aussi parler d'une rivière Romaine harnachée que les américains ne veulent plus sans oublier l'île d'Anticosti, presque déjà cédée aux gazières par entente secrète. Vous savez, il y a du chevreuil mais aussi 300 résidents sur l'Ile.
Mais revenons à Aguanish, Aguanish juillet 2013
Ici, les gens ont vécu l'abandon, car malgré les multiples appels des maires de la région depuis le début juillet, le mot d'ordre était de laisser brûler. Ici, depuis le 15 juillet, les gens ont vécu de la peur, celle de perdre leurs frères, pères, et fils et ils craignent par-dessus tout l'oubli car, après tout, il n'y a pas eu de mort. Mais c'est tout juste. Chaque récit entendu des hommes qui sont sortis des pourvoiries en catastrophe est un miracle, sans compter la douleur inouïe de l'attente déchirante des familles qui les espéraient aux guérites de la route 138. Les intervenants ont dû faire de voyage de retour en auto
Mais il faut garder à l'esprit que, tout comme la catastrophe de Lac-Mégantic, le tout était parfaitement évitable. Et l'impact économique aurait mérité qu'on lui accorde une attention à la mesure des dégâts considérables qui lui ont été causés. La population n'a pas senti une grande sensibilité à l'extérieur de ses frontières. Elle en a souffert.
Après 4 jours de sa folle sortie de la forêt , Roger cultivait tranquillement son jardin chez lui, à Aguanish. Il était l'un des guides survivants d'une pourvoirie aujourd'hui anéantie. Quand Roger est sorti de l'enfer, la SQ était présente, mais pas d'ambulance et il est parti vers son village. Et voici son commentaire troublant: nous voulions un pays et j'y croyais, mais pour le Québec, ma vie vaut pas plus qu'un bout de bois.
Ah oui, en passant, les villages nommés sont des villages blancs, il y a aussi un autre peuple oublié qui occupe le territoire depuis des siècles et à ce jour, l'avez-vous entendu?
Martine Roux,
de Havre St-Pierre le 24 juillet 2013
Vidéo du feu menaçant Baie-Johan-Beetz
Cliquez Barrage sur la 138
Selon environnement Canada, il ne faut pas accuser les changements climatiques. On veut se faire rassurant. Bien moi, je ne suis pas rassuré. Et je crois qu'il faut arrêter de jouer aux autruches. Il y a de ces évidences qu'on prend beaucoup de temps à admettre. Le mot à la mode: se faire rassurants.
Vous voulez savoir pourquoi on a laissé brûler la Minganie? Les pompiers le savent et ils sont en furie.
Lisez ce message reçu samedi matin par courrier électronique: «Bonjour M. Lavoie, nous sommes 21 pompiers en direction de la Côte-Nord, pas pour Havre-Saint-Pierre, mais Manic 5, et oui il y a du bois à protéger pour les compagnies forestières. Nous sommes aussi enragés que la population de la Minganie. Nous voulons être entendus et dirigés par le gouvernement, pas par la SOPFEU, qui est à la solde de l'industrie forestière.
Vous savez où ils étaient ces pompiers, pendant que les feux de forêt isolaient Natashquan et encerclaient la baie Johan-Beetz? On les a envoyés dans la région du lac Mistassini pour protéger la machinerie des forestières et une forêt coupée à blanc ou réduite à des arbres sans grande valeur, selon les pompiers qui sont allés sur les lieux. «On a dépensé 8 millions $ en 11 jours dans ce secteur. C'est scandaleux», a révélé l'un d'entre eux. «Pendant ce temps-là, on entendait parler des feux en Minganie, mais on ne pouvait pas y aller.»
(Source La Presse) Cliquez sur le lien pour voir l'article au complet.
Vidéo du feu menaçant Baie-Johan-Beetz
Cliquez Barrage sur la 138
Selon environnement Canada, il ne faut pas accuser les changements climatiques. On veut se faire rassurant. Bien moi, je ne suis pas rassuré. Et je crois qu'il faut arrêter de jouer aux autruches. Il y a de ces évidences qu'on prend beaucoup de temps à admettre. Le mot à la mode: se faire rassurants.
Vous voulez savoir pourquoi on a laissé brûler la Minganie? Les pompiers le savent et ils sont en furie.
Lisez ce message reçu samedi matin par courrier électronique: «Bonjour M. Lavoie, nous sommes 21 pompiers en direction de la Côte-Nord, pas pour Havre-Saint-Pierre, mais Manic 5, et oui il y a du bois à protéger pour les compagnies forestières. Nous sommes aussi enragés que la population de la Minganie. Nous voulons être entendus et dirigés par le gouvernement, pas par la SOPFEU, qui est à la solde de l'industrie forestière.
Vous savez où ils étaient ces pompiers, pendant que les feux de forêt isolaient Natashquan et encerclaient la baie Johan-Beetz? On les a envoyés dans la région du lac Mistassini pour protéger la machinerie des forestières et une forêt coupée à blanc ou réduite à des arbres sans grande valeur, selon les pompiers qui sont allés sur les lieux. «On a dépensé 8 millions $ en 11 jours dans ce secteur. C'est scandaleux», a révélé l'un d'entre eux. «Pendant ce temps-là, on entendait parler des feux en Minganie, mais on ne pouvait pas y aller.»
(Source La Presse) Cliquez sur le lien pour voir l'article au complet.