Quand j'étais dans la trentaine, au début des années 70, un livre révolutionnaire faisait fureur: Le choc du futur d'Alvin Toffler. Ce souvenir m'est revenu à la mémoire alors que je visitais un tout petit village à 80 kilomètres de Havre-Saint-Pierre: Magpie. L'endroit contraste étrangement avec le brasse-camarade quotidien des grands centres urbains. J'appréciais le calme paisible de ce coin perdu, figé dans le temps, à quelques kilomètres des grands bouleversements du Plan Nord.
Alvin Toffler avait vu juste. Il imaginait des changements rapides à plusieurs égards. Ce qui me frappe, c'est de voir comment dans le Nord, on ressent cette lutte entre traditions et bouleversements socio-énomomiqes. L'équilibre n'est pas facile. Et nos dirigeants ne font rien pour prendre le temps de réflexions que plusieurs ajustements nécessiteraient pour que la démocratie et le bon sens éclairé puissent s'exercer. C'est comme si les choix de sociétés que commandent les changements rapides, profonds et non réversibles n'avaient plus leur place.
Dans le choc du Futur, Alvin Toffler avait écrit : le choc du futur est le stress et la désorientation provoqués chez les individus auxquels on fait vivre trop de changements dans un trop petit intervalle de temps. » Ces changements qui nous dépassent sont de trois types :
- Premièrement, la brièveté des choses : nous jetons nos possessions pour en acquérir de nouvelles. La brièveté des endroits : nous quittons les endroits qui nous ont vu naître pour de nouveaux. La brièveté des gens : nous perdons le contact avec nos anciens amis et connaissance et nous avons du mal à créer un contact avec de nouveaux. La brièveté des organisations : les sociétés gouvernementales et les sociétés commerciales créent de nouvelles positions seulement pour mieux les reformer et les changer. La brièveté de l'information : les connaissances scientifiques et populaires ne sont pas figées et s'accroissent de façon rapide et permanente;
- Deuxièmement, la nouveauté. La nouveauté des sciences, qui progresse et qui changera peut-être l'espèce humaine ou la combinera avec des machines. La nouveauté des relations sociales, dans des structures familiales en remaniement permanent ;
- Troisièmement, la diversité. La diversité des choix, la diversité des sous-cultures et des spécialités, la diversité des modes de vie. Cette diversité permet aux individus de se trouver, de s'individualiser au sein d'une société dans laquelle ils ne se sont jamais reconnus.
Nous sommes loin de l'époque où l'église était le principal lieu de rassemblement comme en fait foi ce vidéo de la manif tenue sous l'oeil amusé de la police.
Voir La Presse
Source de la caricature
Une analyse intéressante:
Jusqu’à un certain point, il est normal que l’opposition officielle se comporte de façon opportuniste. Mais dans la crise actuelle, ce point a été dépassé depuis longtemps et Mme Marois porte une lourde responsabilité à cet égard.Voir la suite sur le blogue de Joseph Facal: le lien se trouve à droite: une amère déception
Sur la hausse des droits, ses positions successives font penser à un ballon de football qui rebondit dans toutes les directions de façon totalement imprévisible : gel, dégel, sommet, médiation, indexation, et quoi encore ?
Il y a cependant beaucoup plus grave. Les ordres des tribunaux ont été bafoués. Une minorité a privé la majorité de ses droits. Des casseurs ont semé la destruction. Le mouvement étudiant n’a pas jamais voulu négocier sérieusement jusqu’aux derniers dérapages. Les centrales syndicales ont jeté de l’huile sur le feu.
Pendant tout ce temps, Mme Marois n’avait qu’une ligne : tout, absolument tout, est de la faute du gouvernement. Elle sait évidemment que ce n’est pas vrai.
Le Plan Nord ne parle que de rendement versus bénéfice. En aucun temps, on ne parle de communauté relié au développement de nouvelles régions. Tu montes au Nord seul sans ta famille, 14 jours, et tu reviens au Sud dépenser tes gains sans compter et sans égard envers ta communauté. C'est le fameux IN AND OUT. On détruit ainsi tout lien d'appartenance, lien essentiel au développement de la famille.
RépondreSupprimerÇa fait réfléchir, tout ça. On reconnaît des façons de faire qui nous dépossèdent de l'essentiel, moi je trouve. À quoi ça sert, toute cette course folle et ce profit, si en bout de ligne on perd notre humanité, le sens de nos vies, nos liens et nos appartenances?
RépondreSupprimerMoi qui suis attachée à l'histoire et au passé, j'aime faire des liens et des rapprochements, on dirait que ça me rassure de semer des repères ici et là. J'y trouve parfois un sens qui me motive ou qui me fait entrevoir des réflexions neuves.
Ainsi, j'ai remarqué tout de suite la petite église de Magpie qui a une architecture pareille à celles que j'ai vues aux Iles de la Madeleine, celle de Grande-Entrée, de Grosse Île, etc. Beaucoup de villages de la Côte Nord ont été fondés par des Madelinots, ils apportaient avec eux en pays neuf leurs traditions, c'était du solide, du connu, du vécu, du déjà-vu qui les aidait à s'ancrer dans des paysages nouveaux où ils allaient poursuivre.
Pour savoir où l'on va, c'est mieux de savoir d'où l'on vient, j'ai pas inventé ça!
En ce moment, le développement sauvage tout azimut du Plan Nord n'est pas ancré dans rien de solide et dans le respect des populations. Ça part mal...
Zoreilles, amie et complice,
RépondreSupprimerTu as tellement raison, tu saisis tellement l'essentiel et bien plus encore... Avec toi, on se sent toujours tellement compris, peu importe le sujet, les émotions et les enjeux.
Oui je vois beaucoup de choses d'ici. J'en entends beaucoup et j'en devine. Parfois j'éprouve même un sentiment que je voudrais cacher pour ne pas être jugé et il s'appelle méfiance. Je prête peut-êtrede mauvaises intentions. Et le peut-être m'invite au silence. Je pense que la réalité est pire que ce que l'on en dit.
Tu as tout compris le Factotum
RépondreSupprimerTu as aussi très bien résumé. Tu es un connaisseur. Le IN and OUT, voilà une bonne partie du drame. Et on le fait en toute connaissance de cause. On a fait tellement mieux à la naissance de Fermont, un petit bijou de développement qui aurait dû nous inspiré dans tous ceux qui ont suivi. On aurait dû améliorer nos façons de faire et non refaire en moins bien. On a perdu de vue l'humain. Seul l'argent compte avec toutes ses dérives...
On peut bâtir pour l'avenir ou penser à court terme pour détruire le présent en oubliant ce que signifie tuer la poule aux oeufs d'or.
Le mouvement étudiant aurait pu donner un souffle de fraîcheur, susciter de nouvelles prises de conscience, une mobilisation très large. Mais...
Bonjour Jacques,
RépondreSupprimer"Le mouvement étudiant aurait pu donner un souffle de fraîcheur, susciter de nouvelles prises de conscience, une mobilisation très large. Mais...", il semblerait que ce conflit soit utilisé par Ch... & compagnie, pour se faire du capital de sympathie.
Réjean
RépondreSupprimerC'est vrai. Mais il faut dire que les étudiants avaient mis la table pour que la position gouvernementale devienne inflexible. Le porte-parole de la Classé avait dit au tout début de la grève que le gouvernement reculerait parce qu'il le faisait toujours.
De plus, les anarchistes, les provocateurs, tout le monde y a trouvé son compte. Il y a même lieu de se demander si l'esprit critique est encore développé sur les bancs d'école. C'est comme si les pressions venaient de toute part sans que le mouvement ne puisse faire la part des choses, élever le débat, tenir compte des intérêts supérieurs de la nation.
On a bloqué des routes, harcelé des gens honnêtes, fait des affirmations douteuses. Par exemple, la Classé a suggéré d'investir davantage dans l'enseignement plutôt que la recherche.... !!! Pas fort!
Et l'opposition n'a pas encore été à la hauteur de la situation. Encore une belle occasion de manquée. C'est peut-être ce qui est le plus désolant dans cette histoire qui ne mène nulle part.
Tu es très au courant Réjean
RépondreSupprimerJe viens de lire dans cyberpresse que les appuis aux étudiants s'effritent
Dans des situations de ce genre, tout le monde, sans exception, cherchera à avoir raison. Chacun des camps trouvera toujours des arguments à opposer à l’autre camp. Et le perdant sera celui qui cèdera le premier ou qui se verra imposer par la force, le dictat de l’autre. C’est comme ça que cela dure depuis la nuit des temps.
RépondreSupprimerPeu importe les causes, peut-on espérer que tous les camps vont devenir un jour totalement raisonnables et que tous, sans exception, accepteront d’amorcer un dialogue productif et qui soit surtout... sincère ? J’en doute énormément. Il y aura toujours, dans le paradigme actuel, quelques moutons noirs (les profiteurs) pour tirer la couverture un peu plus de leur côté.
Ton billet s’intitule «Le choc du futur». C’est le choc qui oppose deux humanités diamétralement opposées. Il y a ceux qui ont les moyens de leurs ambitions égoïstes et qui ont le pouvoir et la force à leur service pour imposer leurs visions, et il y a ceux qui n’ont d’autres moyens que de manifester, pour montrer leur ras-le-bol face aux abus ou leurs frustrations de ne pas avoir tout ce qu’ils désirent. Et comme la simple manifestation ne donne généralement pas beaucoup de résultats, il y en a certains, qui n’ayant plus rien à perdre, n’hésiteront pas à user de la violence. Encore là, c’est L’HISTOIRE qui se répète, avec les révolutions.
Le choc du futur se prépare depuis très longtemps. Il se conjugue de plus en plus au présent, désormais. C’est lui qui espérons-le, éveillera les consciences car la raison, de toute évidence, ne nous aura rien appris au cours de notre HISTOIRE SANS FIN.
Vivement que viennent à nos consciences endormies, tous camps confondus, la vision d'une autre façon de voir la VIE !
Très juste, Réjean
RépondreSupprimerTout se joue de plus en plus au présent. Le passé se perd et le futur vient trop vite pour exister autrement qu'au présent, globalement, universellement.
Le temps s'accélère et les forces qui s'opposent prennent de l'ampleur avec des moyens aussi emballants qu'inquiétant. Bien malin celui qui pourait imaginer ce que sera notre monde dans 100 ans. Tout ce qu'on sait, c'est que ça n'a rien à voir avec l'univers que l'on connait.
Vigneault disait que, plus jeune, il regardait passer le temps. Ce n'est plus possible de nos jours, sauf dans quelques coins perdus de la Côte-Nord ou peut-être de l'Abitibi, la Gaspésie, les Iles, l'Ile d'Anticosti. Mais ça va probablement changer vite car on fait des plans en haut lieu.
Jacques,
RépondreSupprimerTu dis que : «Tout se joue de plus en plus au présent. Le passé se perd et le futur vient trop vite pour exister autrement qu'au présent, globalement, universellement.»
Je ne dirais pas que le passé se perd, bien au contraire, car, si je te comprends bien, même si notre destin se joue de plus en plus dans notre présent, actuellement, au niveau mondial, il n’en demeure pas moins que nous y résistons en fonction justement de notre passé, de notre HISTOIRE. Le passé est notre seule référence et sans lui, notre faculté de raisonnement perd complètement pied face à ce qui nous parait de plus en plus être de L’INCONNU.
Il viendra un moment où nous serons obligés de «LÂCHER PRISE» si nous ne voulons pas nous autodétruire.
Bonjour Réjean,
RépondreSupprimerIl y a toujours deux côtés à une médaille. C'est ce que je retiens de ton commentaire. Les traditions se perdent, on n'attache plus la même importance à nos racines, notre histoire, sauf que... nos comportements et nos réactions viennent de quelques part. On ne peut le nier. Il y a souvent une grande marge entre ce que l'on dit et ce que l'on fait inconsciemment.
Parfaitement d'accord avec vous en ce qui concerne Marois. N'oublions pas non plus ce que l'on nomme l'artistocratie. Ce sont ces petits personnages connus qui affichent le carré rouge afin d'augmenter leur capital de sympathie.
RépondreSupprimerIl s'agit aussi d'une petite dictature accrochée aux mamelles des gouvernements, à l'image des grandes sociétés.
Grand-Langue