jeudi 13 janvier 2011

La Côte Nord: la menace et l'espoir

Havre-Saint-Pierre, Côte-Nord
Le 16 janvier 2009, Laure et moi mettions les pieds pour la première fois sur la Côte Nord. Je profite donc de l'occasion pour parler un peu plus de l'univers magnifique dans lequel nous nous trouvons et de ses immenses possibilités. Je vais faire un retour sur le climat. Puis, je vous réserve de nouvelles découverte de cet univers fascinant plein de promesses.
Je suis tombé instantanément sous le charme. Je le suis encore autant, peut-être même plus. On peut ici oublier tous les malheurs du monde. On peut faire le vide dans sa tête, connaître une grande paix inntérieure. Les emplois bien rémunérés ne manquent pas. Et le potentiel de développement est fascinant.

Parallèlement, les dangers, les menaces sont bien présentes sans être évidentes. La neige fait toujours défaut. Les amateurs de motoneige ont bien hâte de sortir leurs bolides.
Il n'y a presque pas de route pour aller vers le nord et plusieurs des habitants d'ici ont des installations de fortune dans le bois. C'est là qu'on trouve refuge les jours de congé. Mais... la neige se fait rare. Les glaciers fondent et l'océan se réchauffe.

Il ne faut pas perdre espoir trop vite. On l'attend cette neige. On se plait à penser qu'elle finira bien par se pointer. Et on profite de tout ce qu'il y a de beau et réconfortant ici. On aime le calme, la tranquilité. Lorsque je suis arrivé ici, il y a deux ans, ce qui m'a frappé le plus, c'est le calme des gens. On n'est pas stressés.

Chaloupe qui hiberne sur la plage de Havre-Saint-Pierre, janvier 2009
Lorsque je suis arrivé sur la Côte-Nord, il n'y avait aucune trace du réchauffement climatique. Au contraire! Toutes nos connaissances de Sherbrooke nous avaient prévenus: Sur la Côte-Nord, vous avez besoin de vous habiller bien chaudement. Je m'étais acheté, avant de partir, des vêtements pouvant nous permettre de supporter des températures de -40 degrés Celsius. Et par hasard, peu de temps après notre arrivée, il faisai -43 avec le facteur refroidissement.

Voici de quoi j'avais l'air ce matin-là de janvier 2009 en prenant ma première marche. Courageusement, j'ai marché d'un pas alerte, n'hésitant pas à faire quelques détours au hasard pour mieux apprécier la nature

Le surlendemain, je me suis habillé de la même façon, ne me doutant pas que la température était revenue à la normale, soit beaucoup moins froide et, le vent en moins. Je me suis photographié, devant le miroir, juste avant de partir.

Lorsque, une heure plus tard, je suis arrivé au bureau de poste, il y a avait un colis. Je me suis adressé à la réception. La dame m'a regardé, a regardé à terre, puis elle a pouffé de rire. Vous n'êtes pas habitué au froid vous monsieur? J'ai remarqué que personne n'était déguisé comme moi.

J'ai dit: Je pensais que c'était toujours froid comme les autres journées ici. Elle n'a pu s'empêcher de rire à nouveau, l'air de dire: le Pôle Nord, c'est plus haut monsieur.

Havre-Saint-Pierre, janvier 2009, Promenade des Anciens
J'avais écrit peu après mon arrivée: C'est incroyable un froid pareil. Une température de -43 degrés Celsius. C'est quelque chose. Il faut être bien habillé. J'avais ajouté: Jamais je ne pourrais vivre dans un endroit où il n'y a pas de neige l'hiver.L'ironie du sort a fait que, dans ce pays de glace, la neige a pris de longues vacances. Dame Nature a tout gardé pour les Américains et les Français.

J'étais loin de me douter que je connaîtrais un hiver sans neige l'année suivante, en 2010. Et maintenant, il ne reste qu'à souhaiter que 2011 nous en apporte.
Cliquez pour agrandir les photos

Baie-Johan-Beetz, avril 2009

Havre-Saint-Pierre, 14 janvier 2011
Hôpital Havre-Saint-Pierre, 14 janvier 2011
La fenêtre illuminée du bas: bureau de Laure
Notre rue, 14 janvier 2011, vers 8h du matin
Oublions la température. Parlons un peu des bonnes nouvelles. Il parait qu'il en faut pour se remonter le moral. Le potentiel économique de la Côte-Nord, il est inimaginable. Ce territoire est aussi immense que la France. Il y a là plein de ressources qui dorment. Le besoin de main-d'oeuvre est si grand, pour des emplois bien payés, qu'il devient un des principaux problèmes au développement des ressources.

Vòilà la bonne nouvelle. Mais, il y a tout de suite beaucoup de questions à se poser. On peut se demander qui va en profiter, pourquoi on ne discute pas plus ouvertement des options possibles à mettre sur la table et pourquoi on n'a jamais pensé aux infrastructures. Autrement dit, si on ne fait pas de route, si on ne construit pas de maisons, il y a peu de chances de trouver des travailleurs.

Quand j'entendais parler du potentiel minier du nord du Québec, j'imaginais toujours des régions inhospitalières, sans relief et sans paysage attrayant. C'est tout le contraire!

À suivre...

12 commentaires:

  1. Bonsoir Jack,
    Les idées reçues...
    Quand j'ai commencé à me passionner pour la Côte Nord, je n'avais pas idée des distances(il parait que c'est le cas des Européens en général).
    J'ai bien lu votre accueil dans le billet précédent, je vous en remercie.
    Aubure est un charmant village, plein de souvenirs pour moi, mon mari était originaire de Sainte-Marie*aux Mines, la vallée en bas, et quand il était lycéen et étudiant, y accompagnait des groupes de jeunes en tant que cuistot.
    Je suis très curieuse de lire vos souvenirs de votre séjour à Aubure.

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  2. Mariejo,

    Ton commentaire est très pertinent. Même les québécois connaissent si peu ces réalités. Avant de venir ici, il y a deux ans, je n'avais aucune idée de ce qui se trouvait ici sur la Côte-Nord. Sinon, j'aurais sûrement été tenté d'y venir avant.

    Ce territoire est immense, plein de richesse, de charmes. Il y a ici une qualité de vie à découvrir et mettre en valeur.

    Évidemment, l'Alsace n'a rien à nous envier non plus. J'ai tellement adoré aussi cette région. Un bijou! Je l'ai aimé. Mais je dois dire, avec le sourire, que j'ai aussi eu peur. Les montagnes demandent du courage! Il faut être braves en auto. :-)

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  3. J'attends la suite avec impatience. La Côte-Nord, après mon coin de l'Estrie, c'est le pays de mon coeur! La première fois, nous sommes allés jusqu'au bout du bout de la route, en fouinant un peu partout. La dizaine d'autres fois à Port-Cartier principalement, pêcher le saumon et la truite.
    À Havre St-Pierre, sur cette même plage, j'ai été initiée au kayak par des gens de chez vous qui nous ont amené en excursion dans les Iles de Mingan. Le soir, nous avions mangé une pizza aux fruits de mer chez Julie. Les bons souvenirs s'échelonnent comme ça tout au long de la Côte et c'est vrai que les gens sont chaleureux, gentils, pas compliqués, reposants. Vive la Côte-Nord!

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  4. Est-ce que les Chinois vont supporter les températures polaires et aussi se déguiser? :-)
    J'ai bien aimé l'autoportrait. :-) et j'imagine bien la dame qui pouffe devant son comptoir. Cela me fait penser aux Belges qui débarquent dans mes montagnes et qui mettent les chaînes sur les roues de leur voiture alors que la route est dégagée et qu'il n'y a pas de neige dessus. Enfin, c'est pas gentil de se moquer des autres.
    Pour ce qui est de la neige, on a eu pas mal de neige durant le mois de décembre en Suisse mais maintenant il règne des températures printanières et tout le monde se plaint... de toutes façons je crois que nous sommes obligés de faire avec ce que le climat nous donne. N'est-ce pas?
    Allez, bon WE! bises

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  5. Marico,

    C'est fou comme le monde est petit et plein de hasards. Tous les deux, nous avons le coeur sur la Côte-Nord et en Estrie.

    Mais ce n'est pas tout. Quand tu parles de l'école de kayak, j'imagine que tu parles d'Agaguk. J'étais à 5 minutes de là depuis un an lorsque j'ai eu un coup de fil d'un cousin avec qui j'ai toujours été très lié. J'ai appris qu'il était le père du propritétaire d'Agaguk.

    Le restaurant chez Julie, il va me manquer quand nous quitterons le coin. Une vraie institution en soi. La brochette de fruits de mer est incomparable. Le problème, c'est que ça rend capricieux. Je suis baucoup plus critique maintenant quand je mange des fruits de mer ailleurs.

    Hier, nous avons reçu une cayenne, une vraie dont les racines sont profondes. Elle avait découvert mon blogue par hasard et était honorée de l'image que j'y donnais des Cayens. J'ai bien aimé ce que tu en disais toi-même. Les gens d'ici sont très sensibles aux critiques parce qu'on ne leur isolement, avant la route, les rendaient mal à l'aise.

    J'ai l'intention de parler bientôt de cette époque. Je pourrai aussi avoir accès à des livres d'archive qu'on ne trouve plus nulle part.

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  6. Bonjoour Delphinium,

    Je viens tout juste d'aller prendre les photos que j'ai ajoutées. Quel bonheur! Si on peut se plaindre de la température, il me faut apprécier la chance que j'ai de côtoyer la mer tous les jours, à toute heure du jour.

    Dans des moments pareils, je me dis que le Paradis, s'il existe dans un autre monde, ça doit être comme ça. Dans un tel décor, une telle ambiance, on monte au 7è Ciel facilement. On oublis tous les malheurs. Et ça ne coûte rien.

    Hier, j'ai vu une jeune dame avec sa petite fille de 2 ans environ. Elles marchaient main dans la main, sans cellulaire. La scène était poétique. Je n'ai pu m'empêcher de laisser échapper un sourire complice.

    Les gens marchent beaucoup aussi. C'est beau, émouvant à voir. Une mère et son enfant qui éprouvent un plaisir évident l'une avec l'autre, c'est comme la mer. Ça donne le goût de sourire et ça fait oublier tous les malheurs du monde.

    Je me trouve tellement chanceux d'avoir accès gratuitement à tant de bonheurs. Dommage que tout le monde ne puisse y avoir accès aussi facilement! Pourtant des décors aussi beaux, des moments aussi privilégiés, on en trouve partout.

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  7. Bonjour Jackss, température au sol ici en Suisse à 11h00 du matin, 10 degrés, on se dirait au mois de mars. Je suis en pleine ville, je ne vois pas la nature. Mais je peux prendre les transports publics et en 10 minutes je suis au bord du lac.
    C'est aussi magique le lac, comme la mer.

    Il y a de cela quelques années, j'étais allée en Italie en vacances. Avec mon ami de l'époque, nous étions en voiture sur l'autoroute qui traverse Gênes. Incroyable, l'autoroute traverse le haut de la ville, dans les quartiers les plus pauvres bien sûr. On aurait presque pu serrer les mains des gens aux fenêtres. Je ne m'imagine pas vivre dans un tel endroit, à respirer les gaz des voitures continuellement, à vivre dans des HLM insalubres. Et pourtant cela existe. On n'est, malheureusement, pas tous égaux, devant les moments privilégiés. Qu'en penses-tu? Bises et bon ouikend.

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  8. Le québec entier, s'il était connu, constituerait un paradis pour tant de gens vivant ailleurs dans des conditions malheureuses.

    Dans les grandes villes, on ne connaît rien des régions, trop occupé à se rgearder le nombril. Tant mieux!

    N'en dites pas trop!

    Accent Grave

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  9. Accent Grave,

    Chapeau! Je loue ta perspicacité. J'adore tes réflexions.

    Le québec entier, s'il était connu, constituerait un paradis pour tant de gens vivant ailleurs dans des conditions malheureuses.


    C'est effectivement ce que je pense. Les gens des grands centres n'ont aucune idée de tout le potentitiel ici pour régler leurs problèmes. Ils se prennent souvent pour le centre du monde. Ils ne connaissent rien du Québec riche en solutions pour tous les problèmes qu'ils dénoncent à grands cris.

    Tu ajouter cette phrase magnifique: N'en dites pas trop! C'est justement ce que j'entends parfois des gens d'ici qui ont peur de se faire envahir si trop de monde découvre le Paradis caché où ils vivent.

    Et justement, j'ai le goût d'en parler. Je possède une mine de renseignements pour mettre cette réalité en lumière. J'ai un bagage passionnant en mains et en tête.

    Les prochains billets seront éloquents à cet égard.

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  10. Bonjour Delphinium

    On n'est, malheureusement, pas tous égaux, devant les moments privilégiés.

    J'aime cette complicité que tu fais ressortir à travers nos deux univers. Je ressens comme un même emballement dans des contextes qui n'ont pourtant sont très différents, à première vue.

    Mais il y a la puissance de la nature, sa grandeur, son charme. C'est une bénédiction du Ciel de pouvoir y avoir accès et en profiter. Je dirais même que c'est rare.

    Tu dis que nous sommes loin d'être égaux. J'y pense tous les jours. Et ce qui me frappe souvent, c'est de voir comment les plus beaux sites au monde sont transformés en enfer. Les pays où règnent les guerres, les conflits, les rivalités, les enlèvements, l'insécurité, la terreur idéologique ou politique, les théâtres de drames humains et sociaux, souvent ça se passe dans de véritale paradis de rêves au plan du décor.

    J'ai bien aimé ces souvenirs auquels tu vien de faire références. Ils ont de quoi faire réfléchir.

    Bises à mon tour, chère amie, et bonne semaine avec un peu de neige en prime.

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  11. un hiver sans neige chez vous !!
    et en France la saison de ski a ete un grand plaisir pour les skiers et
    les hotels et toute l'infrastructure qui fait travailler les gens "vacances de neige"..tous etaient agreablement surpris
    Bonne journee

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  12. Voila ce que je viens d’écrire pour toi, et pour te donner de mes nouvelles…
    Mais si tu ne passes pas par chez moi…

    Jackss,
    Si seulement je pouvais trouver les mots adéquats pour exprimer la sensation d’être en suspends que je ressens. Je me pose des milliers de questions.
    Dois-je rester ? Dois-je repartir ? Pourrais-je réaliser mes rêves ? Un jour ? Jamais ?
    Je ne sais plus quoi sentir. J’ai l’impression d’être anesthésiée de tout. Je suis dégoutée.
    J’étais passée hier par ton blog et celui de Zed pour rattraper vos post, mais je me suis sentie tellement en décalage que je n’ai pas pu trouver ce qu’il fallait dire. Vous lire m’ouvre des fenêtres, mais la réalité reprend le dessus très vite dernièrement.
    Je ne sais pas ce qui va se passer… en moi en premier lieu… à l’intérieur de mon être.
    Oui !!!! C’est en suspends que je suis, tel un funambule…
    Je ne te remercierai jamais assez Jackss… pour les mots et les photos, et tout ce que tu prends le temps de me faire partager.
    Grosses bises de Beyrouth, à toi et à tous ceux qui grâce à toi me lisent.

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