lundi 20 septembre 2010

Fermont par Wabush: danger?

Fermont est à 35 km de Labrador City. La partie en jaune, le Labrador, appartient à la province voisine du Québec: Terre-Neuve (Newfoundland). Longtemps, la ligne de la frontière n'était pas indiquée sur les cartes. Elle était contestée par les deux provinces. Ce fut un enjeu pour que les habitants de Terre-Neuve acceptent de faire partie du Canada en 1949.

Se rendre à Fermont, c'est toute une aventure. On peut y aller par la route, mais le chemin est difficilement carrossable, risqué et sans poste d'essence sur de très long parcours. C'est pourtant le seul moyen de s'y rendre en ne sortant pas du Québec.

On peut y aller en train, mais c'est long, coûteux et le train s'arrête à 90 kilomètres plus loin que Fermont. Il faut prendre un taxi, ce qui demande de la coordination. On peut aussi emprunter le bateau et faire un très très long détour. Ou on peut y aller en avion jusqu'à l'aéroport de Wabush en banlieu de Labrador City. C'est ce que nous avons fait. Mais peu importe le moyen, ça vaut vraiment le coup.

Fermont est un petit bijou à découvrir. Je meurs d'envie de vous la présenter. Cette ville m'a tellement séduit que j'ai éprouvé beaucoup de peine à comprendre pourquoi le Québec n'avait jamais pensé à permettre un accès routier qui se respecte. Il m'a semblé qu'on aurait pu prévoir un barrage électrique de moins et compléter le réseau pour se rendre à Fermont, une ville à découvrir. Il aurait fallu peut-être convaincre Franco Fava.

Mais, pour ne pas mettre la charrue devant les boeufs (très rare en ce lieu), reprenons le départ en avion où je l'avais laissé à la fin de mon dernier billet.



Suite du billet précédent

Les deux agents de bord ont vérifié si j'avais retrouvé mon billet d'embarquement. Effectivment, je l'avais. Et il était clair que je n'étais pas assis au siège qui m'était réservé. J'avais une bonne raison: un passager était déjà assis à ma place. Ne voulant pas l'incommoder, j'avais pris un siège à la gauche de l'allée. Je n'avais pas voulu prendre de chance en interpellant le monsieur. On ne sait jamais, ça aurait pu être un terroriste ou un homme proche du parti libéral. On peut vite se ramasser devant un juge aux idées préconcues.

J'aurais dû signaler le problème. Le monsieur, assis à ma place, voulait aller à Montréal, donc dans une direction tout à fait à l'opposé. Il a manqué le décollage pour Montréal suite à cet imbroglio. Les agents de bord ont fait un bon travail. Le monsieur qui ne parlait pas français n'aurait surement pas trouvé très drôle de se retrouver à Wabush, à 1200 Km de Montréal à vol d'oiseau.

Mais ce qui m'a surpris, c'est qu'il avait pu franchir la barrière de sécurité sans qu'on s'aperçoive qu'il n'était pas enregistré pour cet avion. On aurait pu croire à une histoire de newfees. Je n'ai pas osé rien dire sur le fait que je n'étais pas sûr de l'endroit où je devais m'asseoir. On aurait pu me traiter de frog ou me prendre pour un belge.

Alors, j'avais pris la place où devait être le contrôleur. Ce dernier a accepté que je la garde. Il a repris le sac lui appartenant, à mes pieds et m'a expliqué la procédure pour ouvrir la porte de secours, à ma gauche, en cas de catastrophe. Voici le schéma que je pouvais voir sur le dos du siège qui me précédait.


Vous comprenez que je souhaitais ne pas avoir l'occasion de vérifier si j'avais bien commpris le principe. Et je me demandais bien à quoi pouvais servir d'ouvrir la porte si nous n'avions pas de parachute.

Je ne pouvais oublier tous les accidents d'avion survenus sur la Côte-Nord dont on a tant parlé cet été. Paradoxalement, je n'ai plus peur du tout de voyager en avion. La sensation est tellement agréable et le décor tellement féérique. Mais je n'orais jamais osé ouvrir la porte et sauter en visant la rivière magnifique en bas.


Par curiosité, je me suis tout de même posé la question: le métier de pilote est-il dangeureux? Qu'est-ce que vous en pensez? Par hasard, j'ai trouvé la réponse à ma question aujourd'hui. Le métier de pilote est effectivement un des plus dangeureux. Vous pouvez voir le top 10 des emplois les plus dangeureux aux USA tel que compilé par Forbes le 9 septembre 2010.

Mais, rassurez-vous, nous sommes arrivés facilement à bon port à Wabush, ville attenante à Labrador City. Aussitôt descendus de l'avion, on réalise que nous ne sommes plus en territoire québécois. Le Québec est à 15 minutes en auto. Mais il y a décalage horaire, linguistique et politique. Même à l'aéroport, je n'ai pu me faire répondre en français. Je ressentais un certain charme cependant lié au dépaysement.



Le lendemain, après avoir déposé nos pénates à Fermont, nous avons pu visiter un peu Labrador City et les environs. Je voyais tout ce beau monde et j'avais le goût de partager mes états d'âme. Nous sommes entrés dans un magasin Hart où une gentille demoiselle nous parlait en anglais d'une façon alerte. Sa façon de s'exprimer me séduisait.


À ma grande surprise, la demoiselle nous a adressé la parole rapidement en français aussitôt qu'elle a reconnu notre accent. Et ce qu'elle m'a dit m'a renversé. Vous ne pourrez jamais deviner.

À suivre...

11 commentaires:

  1. Le récit de ta visite à Fermont m'a fait sourire et rappeler des souvenirs parce que j'ai vécu 10 ans à Fermont:
    1- notre "sortie" familiale du dimanche consistait souvent à aller manger du "chinois" à l'hôtel de Wabush
    2- en 87 pour monter à Fermont par la 389 nous passions directement sur le barrage de Manic 5. Ce n'était plus possible dans les années suivantes, la route passait alors au pied du barrage et c'était tout aussi impressionnant.
    3- j'habitais un duplex sur la rue parallelle au "mur".
    4- à l'époque je qualifierais Fermont de ville idéale pour les jeunes familles grâce aux multiples activités offertes pour elles, d'endroit rêvé pour les chasseurs et pêcheurs, d'un lieu propice pour consommer drogue et alcool à en développer une dépendance tellement les occasions de consommer étaient présentes partout. Finalement un peu tout le monde y trouvait son compte....

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  2. Bonjour Gaétan,

    Toi, tu es un vrai gars de la place! J'imagine tous les bons souvenirs que tu as dû en garder. Et je t'envie un peu.

    Tu résumes à merveilles la situation. On y trouve côte à côte le meilleur et le pire. Il y a bien sûr des problèmes de consommation, comme partout où il y a de l'argent.

    Après avoir visité Fermont, je vois d'un tout autre oeil ce milieu où tu as eu le privilège de séjourner. C'est à voir! Ça donne aussi une occasion de mieux concevoir des réalités qui nous concernent en termes de développement et choix pour le futur.

    Je conseillerais à tous les Québecois d'aller y faire un stage.

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  3. Je suis contente que Gaétan t'ait lu, je savais qu'il avait habité longtemps à Fermont. Ses souvenirs et ton billet, j'en aurais pris pour encore lontemps, tellement c'est passionnant.

    À ta question à savoir pourquoi la route n'est pas plus carossable pour se rendre à Fermont, je répondrai par une citation de tes propres paroles sur un autre sujet : « S'il y avait eu une piasse à faire avec ça, ça ferait longtemps que quelqu'un y aurait pensé ».

    Mon gendre avait fait de l'autostop pour y aller tourner son film de la semaine, c'est sûr que t'arrêtes pas en chemin qu'il disait (!) et le gars qui l'a embarqué roulait en fou tout le long de cette route, il était habitué de la faire. Mon gendre a eu la peur de sa vie sur la route de Fermont!

    Bravo pour ce billet et les photos, j'ai hâte à la suite.

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  4. C'est très intéressant ce que tu racontes, Zoreilles

    Je trouve l'idée du reportage géniale. Ton gendre a été bien inspiré. Et faire le voyage sur le pouce, c'est impressionnant. Qu'est-ce qui s'est passé par la suite avec le film? Il a aimé ce qu'il a vu à Fermont?

    J'ai acheté le DVD de TVA sur Fermont. Il me reste à le visionner.

    Le temps me manque. La Commission Bastarache retient mon attention. Je connais d'ailleurs des personnages dont il est question ayant travaillé à la CSST. Il y en a même plusieurs avec qui j'ai travaillé de près.

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  5. @ Jacks : Pour répondre à ta question, Dominic n'avait pas le choix de faire du pouce pour monter à Fermont, le budget alloué par Muv Media chaque semaine était minuscule et ça faisait partie du défi à relever de produire un court film chaque semaine avec peu de moyens. La semaine d'avant, il avait eu une passe pour embarquer sur le Nordik Express.

    Il a rencontré des gens formidables sur la Côte Nord, ils l'ont aidé à sortir des sentiers battus. Parce qu'il y a tant à voir là-bas, à vivre et à comprendre.

    Il était fasciné par le « mur » de Fermont dont il avait entendu parler, il a voulu faire son film là-dessus. Et aussi sur l'ambiance qui régnait dans cette ville isolée, le quotidien des gens de là, qui s'enracinent plus ou moins, certains fuient quelque chose, d'autres carburent à tout ce qui se trouve là, je me souviens d'une entrevue avec le gars de la radio de Fermont, ça parlait tellement. Son truc, c'était de faire des images et des rencontres qui parlent plus longtemps que le film...

    Dominic a été un concurrent curieux, amoureux du Québec et de ses régions, il est comme ça, lui, c'est dans sa nature. Ses films étaient différents des autres concurrents. Il a remporté à la fin le Prix du public et il dit qu'il a remporté plus que ça, par la richesse de son expérience et des gens côtoyés.

    Dans ce temps-là, il n'était pas encore mon gendre, il l'est devenu l'année d'ensuite mais je le connaissais comme jeune cinéaste prometteur de chez nous! J'aime depuis toujours le regard qu'il porte sur le Québec après avoir voyagé beaucoup dans le monde et avoir vécu et étudié 4 ans à Montréal.

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  6. Dominic a été un concurrent curieux, amoureux du Québec et de ses régions, il est comme ça, lui, c'est dans sa nature. Ses films étaient différents des autres concurrents.
    Il a remporté à la fin le Prix du public et il dit qu'il a remporté plus que ça, par la richesse de son expérience et des gens côtoyés.


    Comme c'est charmant ce que tu racontes, Zoreilles! Bravo pour Dominic! Youpi pour lui!

    Tout ce que tu en dis le rend bien sympathique. Son amour du Québec, de la Côte-Nord, ses habitants, ses réalisations, tout ça me plait beaucoup. C'est stimulant! J'aimerais bien avoir l'occasion de voir ce qu'il fait. Et je crois qu'il peut avoir de l'impact. La situation actuelle s'y prête à merveille.

    Dans tout le développement qui se fait, c'est justement l'amour du Québec qui devrait guider nos dirigeants. On en développe pas le territoire de la même façon quand on est en amour avec le territoire, les gens qui l'habite. Actuellement, je crois qu'on vise avant tout les ressources des amis et promoteurs liés aux pouvoirs politiques.

    La promotion économique, je n'en rien contre. Au contraire! Mais la mise en valeur et la promotion touristique, sociale et culturelle doivent aussi être prises en compte.

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  7. Dans tout le développement qui se fait, c'est justement l'amour du Québec qui devrait guider nos dirigeants. On en développe pas le territoire de la même façon quand on est en amour avec le territoire, les gens qui l'habite. Actuellement, je crois qu'on vise avant tout les ressources des amis et promoteurs liés aux pouvoirs politiques.

    Tout à fait d'accord avec toi Jackss et encore plus que ça. La situation sent mauvais mais je refuse de faire le dos rond. J'ai hâte aux prochaines élections; je les prépare déjà!

    Voir Fermont, c'est un de mes rêves!

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  8. Marico,

    J'aime beaucoup ta réaction. Je dirais même plus: je l'adore! Je suis tellement attaché à cette terre; j'ai l'impression d'être compris, pouvoir partager avec toi quelque chose que je ressens profondément.

    Et tu as raison: La situation sent mauvais mais je refuse de faire le dos rond.

    Si tu as le goût de voir Fermont, je crois que tu vas avoir encore plus le goût après avoir vu ce que j'ai vu, entendu ce que j'ai entendu.

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  9. Encore une fois, je te remercie pour la visite. Le guide est à la hauteur du pays qu'il me fait découvrir :))
    Bien à toi,
    sébastien

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  10. j'aime beaucoup ton recit du bout de monde, desert et glace, pas de route...
    car j'ai vecu 1 an a Timimoun (Sahara Francais) a l'epoque, oasis entouree de dunes de sable ocre...et SANS routes de Colombechar a Timimoun...avion militaire nous a amene a l'ecole ou nous etions instuteurs FRANCAIS
    un autre bout du monde, isole et si chaud

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  11. Bonjour j'ai un ami qui travaille à Fermont et le 20 décembre 2011...il à vécu une* drôle Anecdotes* pour le retour du congé pour les Fêtes de Noel. A suivre...

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