Il y a 350 ans, il y avait à peine 50 français à Montréal. Tout juste 10 ans après sa fondation, Montréal agonisait. La ville était une immense forêt où se trouvaient en majorité des Iroquois, appelés aujourd'hui Mohawks. La grand mère de Laure en est d'ailleurs descendante directe de cette nation autochtone. Le décor a bien changé depuis. En seulement 350 ans!
Le mot Mohawks signifie mangeurs d'hommes dans la langue de leur ennemis les Algonquins. Vous saurez plus tard ce qu'ils ont fait à mon ancêtre. Heureusement que je ne suis pas rancunier: je n'en tiens rigueur ni à Laure ni à sa grand-mère.
Les premiers français arrivés en Amérique se sont trouvés dans un monde où tout était à bâtir. Il n'y avait même pas un dépanneur sur place. Mais il y avait du tabac sans taxe. Il peut être difficile de comprendre pourquoi certains ont voulu rester une fois leur engagement terminé. Vous devinez? C'est le thème principal de cette première série de billets.
Prenons les choses par le début. Le hasard, ce magicien, a voulu que mon ancêtre JeanDalpé dit Parisot et l'ancêtre de Laure, Pierre Désautels soient arrivés en Nouvelle-France, en Amérique du Nord, à la même période. Celui de Laure en1653 et le mien en 1665. Ils étaient tous deux soldats du régiment de Carignan. Et ils étaient beaux-frères, voisins l'un de l'autre.
Jean Dalpé dit Parisot 1647-1690 était originaire de Rodez dans l'Aveyron. Jacques Parizeau, ancien premier ministre du Québec, est descendant de ce même ancêtre.
L'origine du régiement de Carignan:
Le régiment de Carigan avait été fondé, semble-t-il, dans la lignée de certains croisés, tous catholiques, en quête de missions d'inspiration chrétienne. L'évangélisation de nouvelles colonies, en Amérique allait leur en donner l'occasion. Soit dit en passant, je ne veux pas me mêler des intentions passées de mes ancêtres. Je m'en dissocie pour éviter toute représaille (sourire).
Depuis 1641, la Nouvelle-France vit continuellement sous la menace iroquoise. Recevant un jour Mgr de Laval à Versailles, Louis XIV lui promet d'aider militairement la Nouvelle-France.
Un régiment de l'armée royale avait pris part à toutes les guerres de la monarchie, depuis plus de vingt ans, et s'était couvert de gloire en combattant les Turcs. C'était le Régiment de Carignan. En 1653, le roi accorde une aide importante à la défense de sa colonie et envoie 1300 soldats appartenant au Régiment de Carignan-Salières pour mater les Iroquois. On avait d'abord tenté d'envoyer du renfort en juin 1653.
Le navire parti de St-Nazaire en France le 20 juin avait des troubles. De gros troubles! On s'aperçut que le navire était pourri et prenait eau de toutes part. Comme on pouvait compter sur l'équipage régulier, de même que sur la centainge de passagers masculins pour étancher le navire, on continua le voyage. Certains soldats de Sa Magesté étaient furieux. Il s'en trouva même pour se jeter à la mer afin de regagner le rivage à la nage. C'est ce qu'on peut appeler de l'élimination naturelle.
On avait finalement décidé de rebrousser chemin vers St-Nazaire et reprendre le voyage une fois les réparations effectuées.L'équipage arriva à bon port le 22 septembre 1653. Seuls les plus braves et les plus forts parvinrent en Amérique. Ça semble prétentieux (sourire), mais c'est ce que j'ai compris. Dans ce cas, il s'agit de l'ancêtre de Laure: Pierre Desautels 1631-1708, dit Lapointe, originaire de Malicorne-au-Mans. Je ne sais pas toujours si je dois qualifier le caractère de Laure de tenace ou de tête dure, mais je sais au moins d'où ça vient! (sourire discret)
Le mien, Jean Dalpé dit Parizot a connu une traversée moins périlleuse en 1665. Mais il ne perdait rien pour attendre.
J'aurais pu intituler cette série de billets: Comment courir après le trouble et vouloir continuer?
À suivre...
Cliquez sur la photo de Jacques Pariseau pour plus de détails sur sa biographie et le lien avec notre ancêtre Jean Dalpé (appelé d'abord Jean Delpué ou Jean Delpeche)
pédagogique et passionnant , j'attends la suite de l'aventure.
RépondreSupprimerkenavo comme on dit chez nous en Bretagne
Bienvenue Marguerite-Marie,
RépondreSupprimerJ'étais curieux de voir d'où viendrait le premier message. Voyant qu'il n'y avait aucun message, j'ai failli hier retirer le billet. Je me demandais si mes histoires de familles lointaines étaient d'un quelconque intérêt.
Vous sauvez donc le voyage en Nouvelle-France. Bienvenue à bord.
Bonjour Jackss,
RépondreSupprimerJ'ai trouvé de billet très intéressant, même si je n'avais pas (pas encore) commenté.
Souvent, un billet devient une induction pour autre chose. Internet étant une bibliothèque grand format pour bouquiner, une idée en entraîne une autre et c'est fou tout ce qu'on découvre. Demeurant tout près de Carignan, sur les rives du la rivière Richelieu (anciennement la Rivière aux iroquois), j'ai poussé la recherche pour en découvrir un peu plus sur ces deux communautés (Les iroquois et le régiment Carignan).
Quand on voit une succession de grands destins dans une même famille, c'est à se demander si c'est attribuable à des habilités quelconque, transmises génétiquement, à des valeurs qui passent aux générations suivantes ou simplement au fait qu'en voyant de près ses proches réaliser de grandes choses alors qu'ils sont des humains comme les autres, on se dit que c'est finalement aussi à notre portée.
Dans l'excellent film "Au bord du désastre", Anthony Hopkin fait dire à son personnage, milliardaire: "Ce qui est à la portée d'un homme est à la portée d'un autre".
Bonjour Pierre,
RépondreSupprimerJe suis heureux de l'intérêt que le billet a soulevé. J'ai eu la chance de mettre la main sur des livres et des documents fort intéressants sur le sujet.
Je ne sais pas si tu connais la Grande Recrue de 1653. Un bijou. Des renseignments précis et passionnants. J'ai aussi un livre trouvé au Centre de généalogie des Cantons de l'Est très passionnant sur les débuts de la vie de mes premiers ancêtres.
Je vais en parler dans mon prochain billet en donnant des références.
Il y a aussi des renseignements intéressants sur internet, mais il ne sont pas tous très exacts et se contredisent à l'occasion. Ce qui est un peu normal. Mais ça ne change rien au fond de l'histoire
Me voilà encore prise au piège, prise par tes histoires, en attente de la suite!!!!
RépondreSupprimerBonne année à toi :-))
Je t'attendais avant de continuer, Encre
RépondreSupprimerJ'aurais pas voulu que tu vois la fin de l'histoire avant de voir le commencement! :-)
C'est très intéressant... Ça me rappelle le film Robe noire qui m'a vraiment marqué et où on peut comprendre toute la misère et la ténacité qui tenait presque de la folie des colonisateurs...
RépondreSupprimerBonjour Magenta,
RépondreSupprimerTu as bien raison: ça frise presque la folie ce goût de l'aventure.
Je voyais tout à l'heure au télé-journal qu'il y a de plus en plus de jeunes qui s'enrôlent pour aller combattre en Afganistan.
Ce qui m'a toujours impressionné aussi c'est de voir que plus on est jeune, plus on est prêt à risquer sa vie. Un peu paradoxal.