Voir la violence de notre univers est insupportable. Les grands reportages télévisés en montrent le visage sous différents aspects: la violence faite aux femmes, les enfants soldats, les prises d'otage à des fins politiques ou les enlèvements pour s'enrichir, les réfugiés laissés à eux-mêmes, les fonds humanitaires détournés, les populations dépouillées de tout aux profits des multinationales, la torture, les prisonniers politiques, la violence dans les écoles, les gangs de rue, les populations désespérés, humiliées, les sans papiers, les malades mentaux sans abris, les personnes âgées abusées, les filles de rues abusées, etc.
Ce qui me révolte un peu pour ne pas dire beaucoup, c'est qu'au delà du spectacle télévisé, il ne se passe rien. Il n'y a ni responsable, ni piste d'actions, ni même de discussions entre des acteurs susceptibles d'agir.
La violence qu'on nous montre, c'est ailleurs. Mais lorsqu'elle nous touche, si minime soit-elle, on ressent comme des vertiges. On la craint, on panique, on la fuit, on tremble.
Tout jeune, avant même d'aller à l'école, je l'ai entrevue la violence. J'ai vu un homme ivre en pleine rue battre son enfant. À l'adolescence, j'ai vu ce qu'on appelait à l'époque des gangs de vestes de cuir s'affronter au milieu de la rue, devant chez moi, à coup de poings et à coup de chaines. J'avais le coeur qui battait presqu'à rompre ma poitrine. Ça m 'a marqué.
Quand j'ai commencé à travailler comme agent d'aide sociale, la rencontre avec mon premier client aggressif m'a traumatisé. J'aimais mon travail. J'ai donc décidé de vaincre cette peur. C'est ainsi que j'ai demandé qu'on me réfère le plus de clients aggressifs ou violents possible. J'ai été exaucé. J'ai été responsable des dossiers de prisonniers, des clients sans adresse, ceux qui se présentaient à la réception en état de crise et de tous ceux que me collègues avaient identifiés comme tels.
Je n'ai jamais vaincu complètement mes peurs. Mais j'ai appris à vivre avec elles, comme un artiste vit avec le trac. J'ai vite découvert que ce sont les premières minutes qui étaient difficiles et que la suite était la plupart du temps très riche au plan humain.
Peu après que j'aie demandé qu'on me réfère les clients aggressifs ou violents, il s'en présenta un qui avait toutes les caractéristiques recherchées pour répondre à mon souhait. Il avait déja lancé des chaises, des cendriers et il était à la réception en état de crise. J'ai pris un grand respire et je suis descendu à sa rencontre.
A suivre...
En attendant la suite, voici deux invitations:
- Réjean a réalisé un vidéo très émouvant sur son dernier billet. C'est à voir. Très émouvant. J'ai été impressionné par le texte écrit par son père et le montage que Réjean en a fait. Cliquez sur le lien suivant:Les voeux de Réjean
- Petit message recu de notre amie Caracol (Carole Facal) aujourd'hui dans ma boîte de courriel:
Je n'écoute jamais la télé... Mais on m'a dit que le vidéoclip du Mépris était la semaine dernière dans le Top 5 Musimax!
C'est bon de savoir que tous ces beaux votes servent à quelque chose, n'est-ce pas! Je vous redonne le lien si vous voulez le maintenir au sommet... On peut voter chaque jour pour les plus motivés d'entre vous:
http://musimax.com/top5/franco/index.php
C'est tout un sujet la peur, la violence, la colère, etc....
RépondreSupprimerÀ première vue on se méfie de tout ça. Pourtant, si on ose y regarder de plus près, on pourrait être surpris de se rendre compte qu'on l'aime et la souhaite cette violence.!
La réaction des gens est très souvent de regarder le bulletin de nouvelle pour VOIR....Voir quoi ? Ce qui est arrivé de grave ? Surement pas pour avoir des nouvelles de choses qui vont bien, ces nouvelles-là n'attirent personne !
La réaction des gens est très souvent de parler de leur problèmes. De "supporter" les problèmes de leur amis en se penchant dessus, en se lamantant avec eux, en "compatissant"....s'ils se rendaient compte que cette façon de faire met de la réalité dans le problème et l'emplifie le croieraient-ils ?
La réaction des gens est très souvent hargneuse et négative quand ils entendent les autres autour d'eux parler de leur bohneur! On est volontier jaloux des autres dans leur bohneur, etc...
On pourrait me répondre que "ben non, on réagit comme ca par amour les uns des autres " pfff....je n'y crois pas, parce que je sais comment est fait l'inconscient, je sais qu'il nous joue des tours et que du moment que l'on se met à cesser de faire l'autruche, on réalise que toute cette violence, ces problèmes, ces peurs, cette facon de vivre malsaine qui nous empoisonne c'est nous-mêmes qui la créons inconsciement, et parfois même consciement !
Ce n'est pas un billet pessimiste, même s'il en a l'air. Mais je suis un peu lasse d'entendre toujours le même refrain des gens, à savoir que personne ne veut la peur et la guerre mais tous font ce qu'ils faut pour l'avoir ! ;-))
Ceci dit, j'ai bien hâte d'avoir la suite de ton histoire !
Bonjour Cricri,
RépondreSupprimerElle est passionnante ton analyse. Brillante! Je ne la vois pas comme négative. Ce que tu décris ressemble tellement à la réalité telle qu'on l'observe régulièrement.
C'est vrai qu'on aime la violence. On n'a qu'à penser au genre de films qu'on va voir au cinéma. Un film sans violence fracasse rarement des records au box office.
Un aspect m'a particulièrement frappé dans ton commentaire: la jalousie. Je crois que tu vises juste. Et j'ai bien aimé ta façon de l'aborder.
Je sais Jackss que j'ai très souvent des façons de voir et de penser très différentes de la majorité des gens. Quand je lance un propos c'est parce que je le ressens bien en moi, il a une quelconque vérité pour moi. Ceci dit je mesure très souvent ce que je dis parce que je suis consciente que certaines de mes façons de penser choquent. Mais de moi à moi et avec moi je n'ai aucune crainte de regarder ces vérités en face...il y a longtemps que je ne joue plus à l'autruche.
RépondreSupprimerLa spiritualité prend beaucoup de place dans ma vie et je vis un certain éveil qui, j'espère ira grandissant. Je pense que ca aide à sortir de la masse en matière de façon de penser, d'être et de vivre. Ce n'est ni bien ni mal par rapport aux autres, c'est juste différents et surtout c'est fidèle à ce que je suis...:-)
Je ne savais pas du tout si mon propos allait te choquer, je suis tout de même heureuse que non ! ;-)
Bonsoir Jacks,
RépondreSupprimerLa violence est l'unique moyen d'expression que je ne comprendrais jamais. Je ne crois pas qu'il faut être violent pour se faire entendre, en arriver là c'est manqué d'esprit.
Tu vois moi, j'ai plutôt tendance à fuir, et même par la suite j'évite de rester en contact avec la personne qui a des crises de violences et même de colère répétitives.
Je t'embrasse fort,
Sueanne
Cricri,
RépondreSupprimerC'est très sain comme façon de penser. C'est très inspirant. Cette façon d'être et de penser, moi je trouve que c'est un signe de leadership.
Un vrai leader, c'est celui qui va souvent à contre-courrant. Il est vrai. Il dit ce qu'il pense avec une telle sincérité qu'il entraine. Et le plus paradoxal, c'est que tout le monde a l'impression que le leader incarne ce qu'ils sont profondément.
Et justement, en te lisant, je me reconnais à chaque phrase. Alors j'applaudis.
Courrier Noir,
RépondreSupprimerTa réaction est ce qu'il y a de plus normal. Éviter la violence quand on le peut, c'est une bonne réaction. La douceur et l'esprit de non confrontation sont souvent les meilleures armes contre la violence.
Mais il y a des moments où on ne peut y échapper. Dans mon billet justement, il m'a fallu apprendre à composer avec la violence. Sinon, j'aurais dû démissionner.
Souvent, dans mon travail, je me suis trouvé dans des situations impossibles, de quoi passer des nuits blanches. Mais j'ai toujours aimé ces expériences parce qu'elles m'aidaient à mieux me connaître, identifier mes forces et mes faiblesses.
Pour moi, l'un n'allait pas sans l'autre. Ce sont mes plus grandes faiblesses qui me forçaient à trouver des forces en réserve.
Et comme a dit si bien Cricri, ce qui a été bon pour moi, ne convient pas nécessairement à d'autres.
C'est ce que j'ai lu aussi, entre les lignes, dans ton dernier billet ou le précédent.
A la fin de mon billet, j'ai ajouté un lien pour les voeux de Noël de Réjean.
RépondreSupprimerSi j'avais un prix à donner, Réjean le mériterait pour cette réalisation.
Je n'ai pas une grande expérience de la violence (je comme chacun l'expérience de ma propre violence) mais la violence -agressivité (décharge pusionnelle) m'apparaît comme une réaction de défense là où l'organisme est épuisé, stressé par l'environnement. Elle est une défense face à d'autres formes de violences, économiques et sociales avant tout. Je n'aime pas trop psychologiser en premier : les causes fondamentales débordent l'individu et il me semble que parfois, psychologiser permet de faire l'économie des responsabilités collectives, des solutions très concrêtes qui s'imposeraient. Le psychologique est un effet du contexte social et économique dans lequel on évolue.
RépondreSupprimerOn peut prendre pour exemple la violence familiale élevée qu'on rencontre dans certaines communautés inuits. Trop facile de simplement y voir des gens qui ne fonctionnent pas bien sur le plan psychologique. Il est assez évident que les racines de cela sont à chercher de côté de la dysculturation (le passage du nomadisme à la sédentarisation, c'est l'effondrement d'une culture et avec elle, des repères qu'elle donne à l'individu pour supporter les contraintes de l'existence et de la vie en commun), de la pauvreté, de l'humiliation, du désespoir de vivre avec devant soio un avenir qui semble bloqué, bouché.
Le remède à ce genre de violence semble devoir être recherché d'abord du côté d'une meilleure répartition des richesses et du respect de la dignité de tous.
Mais il est bien sûr d'autres formes de violences, celles auxquelles on consent non par agressivité, mais par cupidité et lâcheté. Non pas la violence pulsionnelle, mais la violence réfléchie, la violence moyen- pour-obtenir-ce-qu'on-veut. Ces guerres qu'on fait pour servir l'intérêt économique et qu'on laisse faire par indifférence (si nous paralysions le pays à force de manifestations et de grèves, par esprit de solidarité, nos gouvernements n'auraient d'autres choix que de reculer).
Je lis avec intérêt les commentaires des tout le monde et j'attends aussi la suite avec impatience.
Encre,
RépondreSupprimerPour quelqu'un qui dit ne pas connaître la violence, tu en connais déjà beaucoup.
Il y plusieurs formes de violence. Il en existe tout un éventail entre la pulsion et l'intimidation volontaire. Il y a les mécanismes de défenses, les actions désespérées, les réactions criminelles, les comportements liés à des troubles de personnalité, des maladies mentales.
J'ai vécu toutes ces situations. Évidemment, il n'y a pas une seule façon de réagir. Tantôt il faut être humain, tantôt il faut imposer le respect. J'ai des exemples vécus assez éloquents je crois.